27 décembre 2008

M. Ward au Café de la Danse le 26 février 2009

2009 pourrait bien être l’année de Matt Ward. L’actualité du songwriter de Portland n’a en effet jamais été aussi riche. Son nouvel album, successeur du génial Post-War (2006), paraîtra le 17 février sur Merge Records, et il viendra le présenter à Paris le 26 du même mois. Hold Time comprendra 14 titres dont des collaborations avec Lucinda Williams, Jason Lytle (leader des défunts Grandaddy), Tom Hagerman (DeVotchKa) et Zooey Deschanel. Avec cette dernière, M. Ward donnera également dans les prochains mois une suite au Volume One de She & Him paru cette année. Enfin, le projet de supergroupe qui l’associerait à Conor Oberst (Bright Eyes) et Jim James (My Morning Jacket) est toujours dans l’air, sans qu’aucune date n’ait été annoncée. J’en connais certains qui se couperaient un bras pour voir ça.

Une seule chanson du nouvel album a été mise en ligne pour le moment. Pour l'écouter, visitez son site et cliquez sur le bouton du vieux téléviseur de la page d'accueil.

Mise à jour : L'intégralité de l'album en streaming ici.

Le 26 février 2009 à 19h30 au Café de la Danse, 5 passage Louis-Philippe, Paris 11e.
Tarif : 22 euros (+ frais de loc.)


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Son Myspace

“To Go Home” en live :

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26 décembre 2008

Flying Lotus - L.A. EP 2x3 (2008)

Apparu en fanfare il y a deux ans avec son 1983 EP, Steven Ellison alias Flying Lotus a signé chez Warp en 2007 et tranquillement poursuivi son ascension cette année avec la sortie de l’album Los Angeles, qui fait ici l’objet d’une seconde salve de remixes. Souvent considéré comme un producteur de hip-hop instrumental, le musicien de Winnetka (Californie) est tout aussi proche d’une électronica à la Boards Of Canada, même si ses beats rappellent autant Prefuse 73 que Madlib. Petit neveu d’Alice Coltrane, il a visiblement hérité d’un goût pour le défrichage musical et l’expérimentation.

Pour moi qui ai tendance à me plaindre du manque de créativité du hip-hop ces dernières années, de tels artistes sont des bénédictions. Organique, tout à la fois jazzy, brut de décoffrage et délicatement psychédélique, le son de Fly Lo incarne sans nul doute l’avenir du genre, ou du moins l’une des pistes qu’il pourra emprunter dans les années à venir. Au lieu de laisser tourner une mélodie samplée sur une rythmique fixe, le jeune prodige se laisse guider par les textures et les sons concrets et développe un dogme de l’accidentel directement issu du jazz et de l’ambient. Crépitements, bleeps et autres débris sonores n’ont rien de décoratif : ils sont au centre du processus créatif. Les beats n’en sont pas moins saignants et bouncy - n’oublions pas que notre homme vient de la West Coast, et les infrabasses font le lien avec la scène dubstep britannique, avec laquelle il entretient d’étroites relations.

Alors que le premier EP de la série contenait quelques inédits, celui-ci n’offre aucune nouvelle prod mais d’excellents remixes, tous réalisés par des petits gars qui montent. Samiyam, avec qui il avait brièvement collaboré au sein de FLYamSAM, livre une superbe version de “Grapesicles”, très influencée par Jay Dee pour ses petites touches de claviers soulful. Dans le même esprit, Nosaj Thing, dont le premier album sortira d’ici peu, met “Camel” en sourdine pour un remix cotonneux comme un cumulus. “Roberta Flack”, l’une des plus belles pièces de Fly Lo, subit quant à elle deux traitements radicalement différents : tandis que Martyn syncope la mélodie et insère des percus, l’Irlandais Mike Slott, moitié des recommandables Heralds Of Change, fait scintiller de féeriques nébuleuses synthétiques et emporte la mise. Assurément l’un des deux moments forts du disque, l’autre étant le dantesque “Secrets (Soundmurderer Refix)”, avec son surprenant final jungle. Quant au remix de Ras G, presque dénué de beat, il fait un peu office d’intrus sur cet EP. Il n’en reste pas moins un intéressant track d’ambient qui fera verser une petite larme aux amateurs de Sabres Of Paradise.

Si à tout hasard vous vouliez acheter ce vinyle, qui en somme ne contient que des bombes, faites vite, car il risque de connaître le même destin que le premier volume, qui a atteint les 100$ sur Ebay en seulement quelques semaines. Sinon, il sera toujours possible de se rabattre sur la version digitale, avec trois autres remixes comme lot de consolation.

En bref : Une très belle série de remixes qui confirme encore la créativité de Flying Lotus et de toute la nouvelle garde de producteurs qui l’entoure. Un son indéfinissable, quelque part entre ambient, dubstep et hip-hop abstrait. Et si c’était ça, l’avenir ?



Flying Lotus - Roberta Flack (Mike Slott Other Mix).mp3

Son Myspace
Le site de Warp Records

A noter : Le troisième volume paraîtra début 2009. Flying Lotus sera également aux manettes d’une compilation DJ Kicks dans les mois à venir.

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23 décembre 2008

Bodies Of Water - A Certain Feeling (2008)

Arcade Fire est effectivement le premier nom qui vient à l'esprit à l'écoute de ces 9 chansons brûlantes et frémissantes, dans lesquelles le chant gospel côtoie une certaine spiritualité qu'on aurait tort de ne labelliser que chrétienne. Il s'agit avant tout, comme de plus en plus dans la pop actuelle, de Besnard Lakes, Blanche aux White Stripes (vrai ex-couple) en passant par les freudiennes Fiery Furnaces (relation frère/soeur) d'une véritable affaire de couple qui unit les Metealf. 

Et que c'est davantage le ravissement de jouer ensemble, et sans doute une quête écolo qui donne à cette musique toute sa fièvre, toute cette ferveur exacerbée. Pour autant, et bien qu'en en faisant des tonnes dans la vocalise qui s'installe et qui dure au sein d'un même morceau, rien de tout ce qui nous est donné d'entendre ne sonne vain, ni n'est teinté d'affect ; pas de sentiment de surenchère inutile donc, juste l'impression d'écouter de la vraie bonne musique, bien écrite, bien interprétée, et où  affleurent quelques unes des plus importantes influences pour ce qui est des groupes mixtes.
Il y a certainement du Abba comme source évidente d'inspiration sur le debut album Ears Will Pop & Eyes Will Blink (2008). C'est à ce bel unisson de voix, à cette foi en le couple qui déplacerait des montagnes que l'on doit sans doute des splendeurs comme "Only You", "Gold Tan Peach And Grey", le monumental "Under The Pines" avec son intro échappée d'un vieux Alice Copper, et son refrain épique qui n'est pas sans m'évoquer la vibe enchanteresse de Bright Eyes.
Ailleurs, et presque tout le temps, c'est aux Belle And Sebastian première époque que font penser ces mini-symphonies que sont "Darling, I LoveYou" ", Water Here" ou "Even in a Cave". La tessiture des voix, leurs mélanges rappèlent le meilleur de la mixité folk américaine, qu'il s'agisse des fabuleux Mamas And Papas ou bien des tout aussi essentiels 5th Dimension. Ces chansons sont belles, tout simplement, l'album est homogène dans sa qualité, tout est bien exécuté ; voila un album qui restera. Le disque est sorti durant l'été et a plutôt recueilli des suffrages laudatifs et polis.

Tout est affaire de bon goût chez cette chorale de quatre personnes (eh non ils ne sont pas 15, même s'ils envoient !), jusqu'à son nom emprunté au livre de nouvelles de Rosanne Cash. L'americana, genre galvaudé s'il en était, est en passe de renaître de ses cendres avec ce nouvel orchestre d'une finesse mélodique et d'une justesse sans faille.

En bref : au moins 10 références de groupes majeurs à l'écoute de cette oeuvre-là, et surtout un songwriting admirable, une interprétation à faire se dresser les poils. Qu'importent les classements déjà parus, la grande claque de cette fin d'année a pour nom les Bodies Of Water.



"Under The Pines" :
"Only you" en live :
Bodies of Water~Only You from LaundroMatinee on Vimeo.
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The Wave Pictures - Instant coffee baby (2008)

Comment taire plus longtemps l’existence d’un tel groupe ? C’est toujours la copie rendue que l’on se rend compte de ce que l’on a oublié. Bodies Of Water pour certains, The Wave Pictures pour moi, qui à mon humble avis méritait largement d’être cité au moins une fois. Certes ce trio anglais de Wymeswold n’invente rien, ou si peu, mais l’heure de musique déversée par ce véritable premier album (le six ou septième si l’on compte les Cd-r distribués ici ou là) est tout bonnement parfaite. Présenté comme un disque de folk à la Stanley Brinks (avec qui ils partagent une forte amitié, tout comme avec Coming Soon ou Jeffrey Lewis), Instant coffee baby est pourtant en ce qui me concerne un pur album de brit pop simple et addictive. Et quand je dis simple, je ne parle pas des compositions ni des textes, nous y reviendrons, je parle plutôt d’une certaine simplicité lo-fi à l’enregistrement (live d’ailleurs) qui il est vrai peut évoquer la fratrie Herman Düne époque Not on top, notamment sur le titre éponyme, "Friday night in Loughroubgh" et "I remembered". Pour ces deux-là, le rythme entraînant, les lalala lala et autres chœurs rappellent effectivement le style folkeux. Pour le reste, ça n’est pas si simple.

Groupe vieux de dix ans déjà emmené par le génial Dave Tattersall à la voix légèrement nasale si particulière, les Wave Pictures anciennement Blind Summit comptent également dans leurs rangs Franic Rozychki et Jonny Helm. Libre comme l’air, le trio joue de l’acoustique comme si c’était de l’électrique, avec un romantisme anglais affriolant et profond, immanquable sur "Avocado baby" ou sur le hit "Just like a drummer" qui affiche une science du break, du rythme et du mouvement à toute épreuve. Alliés à des chœurs qui se transforment en harmonies vocales, ces effets en font un classique instantané. Cela me ramène aux structures, assez simples finalement, généralement constituées d’une intro, d’un solo de guitare, et d’un final en chœur, entre potes. Schéma rassurant et traditionnel rarement perturbé par une ou deux ballades late 50’s / early 60’s comme "Red wine teeth" ou "January and December", tout en arpèges ensoleillés, encore que "Cassius Clay", le titre clôturant l’album, remporte haut la main la palme de cette catégorie.

L’autre force encore non évoquée de cet album et de ce groupe en général, contrairement à bon nombre de leurs contemporains, c’est l’immense qualité des textes, débordants d’humour et d’imagination, et plutôt facilement compréhensibles pour les semi-anglophones. Dans "Stange fruit for David", David justement, dans un pont mélodique indescriptible assassine l’auditeur par son riff et ses paroles imagées : "A statue is a statue, and marmelade is marmelade, but a statue of marmelade is still a statue". Moi ça m’éclate, surtout avec ce changement de rythme si précieux soutenu par de si jolis violons. En fait du premier riff de "Leave the scene behind" en passant par l’intro ukulélé de "Kiss me", tout est inspiré et cohérent. Entre les deux, vous trouverez des soli de guitares (sur quasiment tous les titres), un solo de saxo (sur "I love you like a madman"), un calypso asséné par une guitare surf (sur "We come alive"), des refrains, des chœurs, des mélodies, des claps, j’en passe et des meilleurs. Le label Moshi Moshi tente pour le coup de relancer l’un des secrets le mieux gardé de la perfide Albion comme on dit, et là cela semble vraiment être le cas. En toute objectivité, je n’avais pas ressenti ça depuis Adam Green, Jonathan Richman, Suede et autres Smiths, c’est peu dire.

En bref : Treize titres de brit pop parfaite sans aucune fausse note. C’est possible de modifier son classement 2008 ?



Le site officiel et le Myspace

A lire aussi : Pete & The Pirates - Little death (2008)

Le clip de "Just a drummer" et le concert à emporter de "We dress up like snowmen" :



The Wave Pictures - January and December
par lablogotheque

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22 décembre 2008

Kid Loco - Party Animals & Disco Biscuits (2008)

Le moins que l'on puisse dire, c'est que le Kid - qui n'en était plus un depuis longtemps - a toujours fait toujours très fort au niveau de ses pochettes. Personne n'a oublié l'emballage sleazy de Kill Your Darlings (2001), et c'est justement parce que ce dernier remontait à plus de 7 ans, qu'on s'était précipité comme des morts de faim sur ce 3ème effort du DJ Shadow des Hauts de Seine.

Jamais là où on l'attend, artiste imprévisible entre tous, qu'allait nous pondre ce coup-ci Jean-Yves Prieur, après l'easy-listening raffinée de A Grand Love Story (98), les différentes déclinaisons DJ Kicks, les soundtracks lounge, le parti pris plus rentre-dedans avec guitares de Kill...?
Réponse, Kid Loco fait du Kid Loco, sans que ce nouvel LP ne rabâche en quoi que ce soit les sonorités enchanteresses des albums précédents. Kid sait se renouveler, tout en gardant ce son qui lui est propre, et qui a fait de lui l'un des fleurons de la french-touch.
L'essentielle nouveauté est le parti pris chanté de ces 11 pistes, là où le Kid naguère, usait d'instrumentaux ou de voix féminines diaphanes pour enivrer son monde. Alors, l'on trouve un peu de tout, dans cet océan d'orgue Hammond, ici instrument phare. Cela va du Air d'avant la boboïsation, époque Virgin Suicides sur un "Theme From The Graffiti Artist" qui reprend un score précédemment enregistré par notre homme. L'irrésistible "The Specialist" évoque lui aussi l'univers ensorcelant des versaillais avec un hypnotique orgue où les Charlatans rencontrent Sofia Coppola via Air.

Le natif d'Antony, d'humeur accorte, nous sert aussi un réjouissant morceau de country pure à grand renfort de slide, "Love Is A ll Around" et qui ne dédaigne pas lui aussi loucher vers le dance-floor, changeant d'option instrumentale en cours de route. Puis ce sont les scratches exercices de style sur le lascif "Oh Lord" d'ouverture, ou bien encore "Pretty Boy Floyd".
Cymbalum et cloches Morriconiennes sont au menu du rétrofuturiste "Hijack Blues #9". Il y a enfin et surtout, bien nichée au coeur du disque et nullement mentionnée au verso de la pochette, cette invraisemblable reprise du "Ann" des Stooges, totalement entêtante, justifiant amplement son statut de cover de l'année, en tout cas une reprise utile, et qui apporte quelque chose à l'original/
Il n'y en a pas tant.

En bref : Kid Loco nous la joue pop rétro, et reprend du service à temps plein derrière le micro, avec une jubilation forçant le respect,  qui donne furieusement envie de trépigner.



le site de Kid Loco, son Myspace

le clip de "Pretty Boy Floyd"
C

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19 décembre 2008

Sun Ra - Disco 3000/Complete Milan Concert (1978/2007)

Sun Ra est de ces artistes dont la connaissance nécessite un effort parfois douloureux. L’hermétisme de sa musique et de son esthétique en rebute plus d’un, tandis que d’autres, les puristes du jazz, l’ont longtemps considéré comme un fumiste. Il faut dire qu’ Herman Pool Blount n’a jamais été un pianiste comme les autres. Emissaire du soleil sur terre, il avait officiellement enterré son nom de naissance pour adopter celui, plus rayonnant, de Leson’r Ra. Il prétendait avoir été enlevé par les extra-terrestres qui l’auraient emmené sur Saturne pour lui révéler son destin de musicien et de messager. Dès les années 1950, il se voue au free jazz et développe une mystique musicale et spirituelle qui lui est propre, mélange de sorcellerie vaudou, de folklores africains, de mythes aztèques et égyptiens, et de psychédélisme. Entouré de son Arkestra, qui prendra des dizaines de nom, il devient une sorte de gourou cosmique et d’artiste protéiforme dont les concerts, ou plutôt les cérémonies, tous les témoins le disent, sont parmi les plus hallucinants de la seconde moitié du XXème siècle. Une sorte d’équivalent jazz de Frank Zappa, au répertoire encore plus foisonnant.

Décédé à l’âge de 79 ans en 1993, Sun Ra laisse derrière lui plus de 200 albums. En choisir un pour aborder le personnage s’avère donc très compliqué. Mais il a bien fallu le faire, et c’est sur Disco 3000 que mon choix s’est porté, même s’il n’est ni son meilleur disque, ni le plus représentatif de son oeuvre. D’abord parce qu’il n’a été édité que récemment dans sa version complète (en 2007 chez Art Yard). Ensuite parce que certains de ses morceaux restent visionnaires aujourd’hui, 30 ans après leur enregistrement. Enfin parce que Sun Ra s’y montre particulièrement inventif dans l’utilisation des claviers électroniques. Et il aimait ça, les claviers, Sun Ra. Durant toute sa longue carrière, il essaiera tous les modèles possibles : Farfisa, Moog, et autres Celesta, et même des machines plus spéciales comme le Theremin ou le Telharmonium. Sur Disco 3000, il utilise, en plus de l’orgue et du piano, un petit clavier extrêmement rare, inconnu de la firme elle-même, le Crumar Mainman. Ce prototype, obtenu on ne sait comment, était l’un des premiers (peut-être même le premier) à permettre l’utilisation de lignes de basse et de beats préprogrammés tout en offrant une poignée de fonctions sonores modulables (clavecin, cuivres, cordes...). Aussitôt touché, aussitôt maîtrisé. Le musicien s’en donne à coeur joie sur ce disque, et l’on comprend vite pourquoi Sun Ra est considéré comme un précurseur des musiques électroniques et de toutes les musiques étranges.

Lors de ce set, qui n’a de disco que le nom, il n’est pas entouré d’une meute de musiciens et choristes comme c’était souvent le cas. Enregistré en quartet au Teatro Cilak de Milan, le 23 janvier 1978, il offre une vision plus intimiste du travail de Sun Ra, qui navigue du free au jazz plus classique et livre surtout deux de ses plus audacieuses incursions électroniques : “Disco 3000” et “Dance Of The Cosmo-Aliens”. Sur la première de ces pièces maîtresses, Ra occupe tout l’espace sonore, au point d’étouffer ses fidèles solistes Michael Ray (trompette) et John Gilmore (saxophone ténor, percussions), qui compensent heureusement par une science du placement hors du commun - Ray est particulièrement éblouissant, bouchant sa trompette ou émettant un léger filet de souffle accentuant l’effet distant et mélancolique de ses phrases. Le batteur Luqman Ali, totalement à l’écoute de son leader, appuie le plus souvent ses fulgurances par quelques roulements épars et cymbales diffuses. D’autant que Sun Ra, on l’a dit, s’amuse comme un petit fou avec la boîte à rythme archaïque de son Crumar Mainman. Il élabore des rythmiques métronomiques et confronte ces structures fixes à des nuées de notes tour à tour indistinctes, dissonantes ou fabuleusement mélodieuses, de sorte que ce morceau-titre marrie l’inconfort du free au côté narratif et rassurant d’une musique plus populaire.

Long de 26 minutes, il débute dans un chaos interstellaire effrayant et se consolide peu à peu jusqu’à l’arrivée du thème chanté, reprise de “Space Is The Place”, l’une des oeuvres les plus célèbres du jazzman. Dans un troisième mouvement, Ra aspire le cosmos des instruments dans le siphon d’un trou noir, avant de recréer un monde inquiétant où rôdent des ombres glacées, mais où la vie finit par renaître dans la violence sous la forme de cuivres stridents et enchevêtrés. Constamment imprévisible, la dramaturgie de cet Arkestra version réduite est extrême en ce sens qu’elle a souvent recours à des effets déceptifs ou, au contraire, à d’inopinés emballements. On a parfois la sensation qu’au thème central s’ajoute un discours sous-jacent, souterrain, qui craquèle régulièrement la surface et contamine un à un chacun des musiciens pour finalement s’imposer en maître. Indissociable du précédent, dont il reprend certains éléments, “Dance of the Cosmo-Aliens” n’est pas aussi luxuriant, mais plus avant-gardiste encore. C’est un beat presque techno qui inaugure ce titre répétitif et minimaliste évoquant autant les compositeurs contemporains à la Terry Riley que le Miles Davis du début des seventies, ou des productions plus récentes comme le breakcore de Venetian Snares ou d’Aphex Twin.

A côté de ces deux bijoux prémonitoires, les morceaux acoustiques paraissent bien conventionnels et pourtant... Le très funky Sky Blues est un sommet de hard-bop cuivré, clos par un solo insensé du pianiste, visiblement influencé par Art Tatum, tandis qu’”Echos of the World” a la délicatesse des plus vaporeux morceaux de Coltrane. Seuls les apocalyptiques “Sun of the Cosmos” et “When There Is No Sun” s’avéreront réellement difficiles à digérer, même pour les amateurs de free jazz. Pour le reste, ne vous fiez pas à ceux qui prétendent que Sun Ra est inaudible : même s’il n’est pas son disque le plus évident à découvrir, Disco 3000 est tout à fait accessible. Profitons en !

En bref : Ce live n'est pas le meilleur album de Sun Ra, mais il est certainement l’un des plus prophétiques et aventureux. Une fabuleuse exploration des possibilités des claviers électroniques. Pour reprendre une vieille formule : à écouter, au moins une fois !



Sun Ra - Dance Of The Cosmo Aliens.mp3


A noter : Plusieurs enregistrements de la très prolifique période italienne de Sun Ra sont disponibles. Tous sont d’excellente qualité. On peut notamment citer Media Dream, capté lors du même concert milanais, ou Other Voices, Other Blues et New Steps, tous deux enregistrés à Rome durant le même mois de janvier 1978 avec le même quartet.

Sun Ra et son Arkestra font un peu de tourisme en Egypte et en Italie :

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18 décembre 2008

Feuilleton audio : les micro-labels - #3 Pan European Recording

Troisième et dernier épisode de notre feuilleton audio sur les micro-labels, réalisé, vous commencez à le savoir, en début d'année pour l'émission Esprit Critique de France Inter. Après Michel Pampelune de Fargo (ici) et Nicolas Maslowski de Makasound (ici), la parole est donnée à Arthur Peschaud, bassiste du groupe parisien Turzi et cofondateur du label Pan European Recording, bien souvent cité dans nos pages pour son excellence et son originalité. A l'occasion d'une interview enregistrée en salle de répétition au Point Ephémère, le jeune homme revient sur le début de sa carrière musicale, la genèse de sa structure et la place des indépendants au sein de l'industrie du disque.


# 3 : Arthur Peschaud (Pan European Recording). Amateurs de rock progressif, de kraut, de musiques électroniques ou expérimentales, Arthur Peschaud et Romain Turzi ont fondé Pan European Recording il y a tout juste un an avec la sortie de la compilation psychédélique Voyage. Depuis, et en seulement six livraisons, les deux garçons ont d'ores et déjà fait preuve de leur audace et de leur bon goût, relayant des disques improbables et épiques, sombres et viscéraux, explorant ainsi les sentiers obscurs et palpitants d'une autre musique française contemporaine. On retiendra pour illustrer cela les albums d'Aqua Nebula Oscillator et Koudlam, chroniqués ici même.




Télécharger le son au format mp3


Le site web et le myspace de Pan European Recording. Le site web de l'émission Esprit Critique.


A lire aussi les chroniques de : Voyage – Facing the history of french modern psychedelic music (2008), Aqua Nebula Oscillator – Aqua Nebula Oscillator (2008), Koudlam – Live at Teotihuacan (2008).



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17 décembre 2008

Third World - 96° in the shade (1977)

Vous vous en rendez compte tous les jours, il fait un froid de canard et la grisaille quotidienne s’acoquine volontiers avec la crise ambiante. Et si le salut de ces considérations occidentales appartenait au Tiers Monde ? Et quel meilleur disque que celui-ci pour réchauffer nos carcasses fatiguées ? Littéralement "35° à l’ombre", en degrés Celsius et non plus en Farenheit, ce deuxième album du groupe jamaïcain fait partie du panthéon de l’histoire du reggae, finalement trop peu mise en lumière sur Dodb. Et s’en priver serait une erreur.

Formé en 1973 par le guitariste Stephen "Cat" Coore et le claviériste Michael "Ibo" Cooper, le groupe fait suite à une autre formation légendaire, Inner Cicle. De formation musicale classique, les deux hommes accueillent pour ce deuxième album un nouveau batteur, Willie "Roots" Stewart et un nouveau chanteur, William Clarke. Connus pour leurs prestations live échaudées, Third World est un groupe complet qui livrera une vingtaine d’albums de 1976 à 2005.

Enorme succès en Europe, 96° in the shade fait autant appel aux rythmes africains qu’ au rythm ’n blues américain. Son successeur, Journey to addis, confirme à ceux qui en doutaient encore le talent de composition de la formation. Improvisations, soli, paroles inoubliables, tout atteste d’un reggae savant et travaillé. Et les arrangements grandioses (dignes des plus beaux moments de pop) de ne jamais sacrifier aux dynamiques des chansons.

Pour ce qui est des morceaux justement, il est difficile de contourner l’arbre "96° in the shade" originellement intitulée "1865" en référence directe aux conditions de vie des esclaves noirs que l’on exploitait sous un soleil de plomb. Ce sera leur tube planétaire, à l’introduction désormais mythique, mais il serait dommage d’oublier les très rastafari "Jah Glory" et "Dreamland", reprise du grand Bunny Wailer.

En bref : Un grand disque de reggae avec des tubes et des arrangements à tomber. Le remède indispensable contre la morosité.
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Le site officiel de Third World

A lire aussi : Black Roots - In session (1985/2007)

"96 Degrees in the Shade" en live au Sunsplash en 1983 :


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Albums 2008 - Le top des blogs

15 blogs, un classement de 20 albums par blog, 195 disques cités, quelques débats, et un article unique posté par tout le monde le même jour à la même heure... Nous sommes fiers de vous présenter le "Albums 2008 : Le top des blogs" soit le classement des meilleurs albums de 2008 vu par 15 blogs musicaux francophones.

L'idée était, non seulement, de confronter les points de vue de bloggers tous spécialisés dans la musique via des approches bien différentes (chroniques de disque, actualité, photos, interviews ou encore billets d'humeurs), mais aussi de réaliser un projet fédérateur afin de mettre en avant les interactions qui existent de plus en plus entre nous. Il en résulte une sélection de 15 disques. Certains sont une surprise, d'autres étaient plus qu'attendus, mais tous ont mérité leur place ici.

C'est la première fois que nous nous lançons dans une telle démarche. Comme tout classement, le nôtre est probablement imparfait et relève d'un consensus entre personnalités ayant des goûts très différents, mais comme les articles que nous postons chaque jour, il a été réalisé avec passion et honnêteté, sans jamais se prendre trop au sérieux. De par les différents bloggeurs qui l'ont composé, nous espérons qu'il aura du sens à vos yeux et qu'il vous permettra de refaire quelques découvertes. En espérant pouvoir remettre ça en 2009.

- ALBUMS 2008 : LE TOP DES BLOGS -

01) PORTISHEAD - Third

02) BASHUNG - Bleu Pétrole


03) TV ON THE RADIO - Dear Science

04) MGMT - Oracular Spectacular

05) SIGUR ROS - Med sud i eyrum vid spilum
endalaust


06) SHEARWATER - Rook

07) PONI HOAX - Images of Sigrid

08) BLACK MOUNTAIN - In the Future

09) DEPARTMENT OF EAGLES - In Ear Park

10) THE LAST SHADOW PUPPETS - The Age of
Understatement

11) SANTOGOLD - Santogold


12) FOALS - Antidotes


13) THE MARS VOLTA - The Bedlam In
Goliath


14) MAN MAN - Rabbit Habits


15) THE WALKMEN - You & Me

Redécouvrez le classement général de la rédaction de Dodb ici, et celui rédacteur par rédacteur ici.

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15 décembre 2008

VA - Versatile 2008

Pour la jeune génération, face aux Kitsuné et autres Ed Banger, Versatile est un peu cette vieille dame que l’on connaît mal et que l’on respecte plus pour son passé glorieux que pour son actualité. Pourtant, le label de Gilbert Cohen alias Gilb’R, seul survivant de la "french touch" avec le Yellow de Bob Sinclar et Alain Hô, reste l’un des meilleurs de France et n’est pas en reste en matière d’innovation. Auparavant focalisé sur le downtempo et la house, il s’est ouvert à d’autres sonorités et n’a jamais autant mérité son nom, comme le prouve cette compilation, la seconde seulement en douze années d’activité et d’indépendance.

En dehors des figures historiques de la famille Versatile, place est faite aux signatures plus récentes comme le producteur berlinois The Cave Bear Cult ou les deux psychopathes cinéphiles de Zombie Zombie, présents avec leur récent “Dog Walker” et le remix par Danton Eeprom du suffocant “Texas Rangers”. Le duo formé par Neman (Herman Düne) et Etienne Jaumet, auteur d’un premier album horrifique et psychédélique qui trône dans notre top 10 de l’année, incarne à merveille le tournant kraut-disco pris par le label ces deux dernières années. Même les vétérans Gilb’R et I:Cube s’y mettent à leur manière, sous le nom de Quixote, avec un track sexy à la Quiet Village, sur lequel ils invitent Lisa Li Lund à poser sa voix limpide. Les deux comparses trustent par ailleurs une bonne moitié de la compile, usant de tous leurs avatars du moment.

Sous l’étiquette Chateau Flight, ils remixent “Antibodies” de Poni Hoax et en font un hymne disco-house à la progression irrésistible, porté par un piano façon old-school Chicago et enflammé par l’irruption tardive de la basse, vers la quatrième minute. Ils livrent aussi “La Roquette”, track acide et minimal qui ne dépareillerait pas dans le catalogue de Get Physical ou d’Innervisions. En solo, Nicolas Chaix (I:Cube) rappelle les racines deep-house du label avec deux titres magistraux. Il se paie le luxe de l’autoparodie en adoptant l’excellent pseudo DJ Ringardos (EP à venir) pour un “Was Better In 88” à l’intitulé évocateur, qui sonne comme un vieux Mr Fingers, avec ses nappes douces comme des songes. Une sorte de réponse ironique à ceux qui prétendent que Versatile est dépassé et passéiste. Mais le sommet du disque reste la version live de son très cosmique “Supernovac”, avec sa ligne de basse tendue à bloc, ses breakdowns à l’ancienne et ses accords de synthé glacés... Une tuerie ! Parmi les autres réjouissances, on croise la techno ludique de Fabrice Lig, l’inévitable remix d’Âme du “Repeat Again After Me” d’Etienne Jaumet (déjà chroniqué ici), et un simili-medley de Joakim & The Disco. Tracklisting sans faille, diversité, cohérence et bon goût... Est-il besoin d’en rajouter ? Longue vie à Versatile !

En bref : Sans qu’on puisse le taxer d’opportunisme, Versatile s’adapte au son discoïsant d’aujourd’hui tout en restant fidèle à ses origines house. Cette belle compilation fait honneur à un label qui a encore beaucoup à nous offrir. Un mot suffit à résumer le sentiment que l’on éprouve à son écoute : respect !



I:Cube - Supernovac (Live At The Lanchonete Version).mp3

Le site et la page Myspace de Versatile

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Peter Bjorn And John - Seaside Rock (2008)

Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'album est osé. Pensez-donc, c'est celui de Peter Bjorn and John! L'annonce, faite cet été, de la sortie d'un nouvel album entièrement instrumental avait éveillé une curiosité tout à fait enthousiaste. On attendait alors un nouveau petit bijou de production, une pertinente proposition de pop sans voix. Il faut dire que l'on avait encore le goût des sucreries de Writer's Block (2006) sur la langue; ces gourmandises avaient réussi à ne rien perdre de leur saveur malgré une diffusion assez massive jusqu'au Etats-Unis, où le succès fut énorme.

Alors que fait-on lorsqu'il s'agit de donner suite à une telle réussite? On en fait exactement le contraire, répondent Peter Bjorn and John! Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils semblent s'être amusés à le faire. Ils se sont donc surtout amusés à rendre ce Seaside Rock le plus inaccessible possible. Quant à la distribution, d'abord : Seaside Rock n'a été pressé qu'à 5000 exemplaires, en vinyle uniquement, et sorti dans la plus grande discrétion. Difficile de conquérir le monde avec ça. La langue, ensuite : alors que les paroles claires et engageantes du tubesque "Amsterdam" donnaient littéralement envie de prendre le volant direction nord, Seaside Rock est ponctué de monologues parlés en suédois dans le texte (avec différents accents régionaux pour ceux qui les perçoivent, et là mon ego est ravi) donnent plutôt envie de faire demi-tour avant de finir lost in translation. Puis, le son : alors que Bjorn Yttling nous avait convaincu de son génie en matière de production, transformant les chansons de Writer's Block, ainsi que celles de Lykke Li ou Taken By Trees, en véritables objets de design plastiquement parfaits, il camoufle le peu d'évidence de ce nouveau disque sous une production floue et brouillon.

Et le principal, enfin : à quoi ressemblent les dix morceaux de cet LP? Eh bien à vrai dire, elles se situent entre la blague régressive et l'exercice de style, sans que l'on puisse jamais comprendre les véritables intentions du trio. Dix plages instrumentales, donc, qui ressemblent plus à du work in progress qu'à des titres aboutis. Alors certains morceaux fonctionnent plus que d'autres : le drôle "Say Something (Mukiya)" chanté (oui, chanté!) avec des onomatopées empruntées à Deerhoof, "School of Kraut," d'inspiration justement kraut, ou encore le final "At the Seaside." Le reste semble sans queue ni tête, et sans grande épaisseur. On rêve pourtant au début de chacun de ces titres qu'ils soient à leur manière des propositions pop, tant nous avons été conditionnés par les tubes de Writer's Block. Mais il n'en est rien : ces morceaux n'iront pas plus loin, ce qui est, impossible de le nier, terriblement frustrant. D'autant plus que l'on a toujours pas compris où le trio voulait en venir.

Sauf que! Peter, Bjorn and John viennent de poster un nouveau titre sur le net, deux mois donc après la sortie de cet obscur vinyle. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils savent jouer avec le mystère. La chanson (oui, chanson!) est encore sans titre, et uniquement disponible sous forme d'une vidéo énigmatique, publié sur le site humoristique suédois 1000apor, et qui pose visuellement la question du masque et de l'identité. Et c'est énorme. Le groupe joue encore une fois là où on ne l'attendait pas : ils donnent en effet aujourd'hui dans l'électropop percutante. Le chant de Peter Moren est revenu, et on reconnaît à nouveau la patte précise de Bjorn Yttling à la production, grandement inspiré semble-t-il par son travail avec Lykke Li. Mais pour son retour aux affaires au sein de son groupe, il a choisi de gonfler le son à bloc. Et le résultat est terriblement jouissif. Déjà intitulée par les blogueurs "Hey (Shut The Fuck Up Boy)," cette bombe est l'excellente surprise de cette fin d'année, et l'un des meilleurs espoirs pour celle à venir (album annoncé pour le printemps). Le décevant Seaside Rock n'était donc qu'une manche d'un étourdissant jeu de cache-cache, l'étape d'une trajectoire qui est en train de se révéler passionnante.

En bref : Un Lp d'instrumentaux, dont on ne perçoit pas vraiment la pertinence. Mais un inédit époustouflant récemment posté annonce le meilleur pour la suite.





Voir Myspace et le site officiel

La vidéo d'un extrait de Seaside Rock, réalisée avec la projection utilisée pour un concert caritatif:


Et surtout la vidéo de votre nouvelle chanson préférée:




A lire aussi : Lykke Li -Youth Novels (2008)
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13 décembre 2008

2008 en dix albums...

Invités par des camarades blogueurs à nous prononcer sur les dix meilleurs albums de l'année, voici notre top ten pour 2008. Un classement qui oublie évidemment beaucoup de monde - l'apanage de ce type d'exercice - et qui se comprendra je l'espère comme une humble prescription, établie parmi nos bonnes trouvailles et passions des douze derniers mois.


1. MGMT – Oracular Spectacular (Columbia)

2. Black Mountain – In the Future (Jagjaguwar)

3. Alain Bashung – Bleu pétrole (Barclay)



4. Jazz Liberatorz – Clin d'oeil (Kif recordings)

5. Portishead – Third (Universal Island records)

6. TV on the radio – Dear Science (4AD)

7. Matt Elliott – Howling songs (Ici D'Ailleurs)

8. Zombie Zombie – A land for renegades (Versatile)

9. The Raconteurs – Consolers of the lonely

(XL recordings)

10. Vampire Weekend – Vampire weekend

(XL recordings)


Deux-trois autres pistes d'écoute... Koudlam – Live at Teotihuacan (Pan European recording), Scenario Rock – Histrionics (BMG), Why? – Alopecia (Anticon/Tomlab), Jim Noir – Jim Noir (My Dad recordings).


Les classements de chacun des rédacteurs de DODB ici.



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Top ten 2008 par rédacteurs...

HIP HOP

1. Black mountain – In the future

2. Vampire weekend – Vampire Weekend

3. Department of eagles – In ear park

4. TV on the radio – Dear science

5. Animal collective – Water curses

6. Silver Mt Zion – 13 blues for thirteen moons

7. Bashung – Bleu Pétrole

8. Portishead - Third

9. Mgmt – Oracular Spectacular

10. Zombie Zombie – A land for renegates


Julien

1. MGMT - Oracular Spectacular

2. Jim Noir - S/t

3. Black Mountain - In The Future

4. Okkervil River - The stand ins

5. TV On The Radio - Dear Science,

6. Islands - Arm's way (2008)

7. The Raconteurs - Consolers of the lonely

8. Lightspeed Champion - Falling off the lavender bridge

9. Shearwater - Rook

10. Vampire Weekend - Vampire Weekend


Fabien

1. Koudlam - Live at Teotihuacan
2. Zombie Zombie - A land for renegades
3. Jazz Liberatorz - Clin d'oeil
4. Matt Elliott - Howling Songs
5. MGMT - Oracular Spectacular
6. Lightspeed Champion - Falling off the lavender bridge
7. Wolf Parade - At mount zoomer
8. Islands - Arm's way
9. Midnight Juggernauts - Dystopia
10. Conor Oberst - Conor Oberst


Nickx

1. Scenario rock - Histrionics

2. Bodies Of Water - A Certain Feeling

3. Black Moutain - In The Future
4. Kid Loco - Party Animals And Disco Biscuits
5. Wire - Object 47
6. The Raconteurs - Consolers Of The Lonely
7. TV On The Radio - Dear Science,
8. Bashung - Bleu Petrole
9. Ladytron - Velocifero
10. Nick Cave & The Bad Seeds / Dig!!!Lazarus Dig!!!


Emmanuel

1. MGMT - Oracular Spectacular
2. Why? - Alopecia
3. Ilya E. Monosov - Seven Lucky Plays, Or How To Fix Songs For A Broken Heart
4. Lykke Li - Youth Novels
5. Bon Iver - For Emma, Forever Ago
6. Remote - Dark Enough
7. Frida Hvonen - Silence is Wild
8. Goldmund- The Malady of Elegance
9. Rafter - Sex Death Cassette
10. Jeremy Jay - A Place Where We Could Go


Antoine

1. Portishead - Third
2. Alain Bashung - Bleu Pétrole
3. Jazz Liberatorz - Clin d'Oeil
4. Kenny Larkin - Keys, Strings, Tambourines
5. Victor Démé - Victor Démé
6. Nôze - Songs on the rocks
7. NIN - The Slip
8. Zombie zombie - A Land For Renegades
9. Matt elliott - Howling Songs
10. Four Tet – Ringer


Dave

1. Alain Bashung - Bleu Pétrole
2. Matt Elliott - Howling Songs
3. Portishead - Third
4. Jazz Liberatorz - Clin d’Oeil
5. Arnaud Rebotini - Music Components
6. Tindersticks - The Hungry Saw
7. Jamie Lidell - Jim
8. Nôze - Songs on the rocks
9. Seun Kuti & Fela’s Egypt 80 - Many Things
10. Kenny Larkin - Keys, Strings, Tambourines

La synthèse de tous les classements : ici.


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12 décembre 2008

Wovenhand - Concert au Krakatoa le 12/08/08


Pour ceux qui ont connu le groupe franco-américain 16 Horsepower (splitté en 2005), David Eugene Edwards est un artiste culte. Pionnier de l’alternative country comme ils disent, membre actif du Denver sound et depuis 2000 à bord du projet Wovenhand (anciennement en deux mots) avec son comparse batteur Ordy Garrison, Edwards a fait parler de lui cette année avec la sortie de Ten stones, album ténébreux et salué, produit par Danielson que l’on n’a pas l’habitude d’entendre aussi sombre. Autant vous prévenir tout de suite, Wovenhand ne pousse pas vraiment à la rigolade, et si l’on retrouve des similitudes avec Nick Cave et Bertrand Cantat (avec qui Edwards a déjà collaboré), ce sont bien ses propres démons qui sont en jeu. Affublé d’un bandana façon indien moderne, il fait office de shaman, tantôt possédé, tantôt révulsé, usant et abusant de vrais/faux tocs et marmonnant je ne sais quel dialecte dans son absence de barbe (certains me feront remarquer des points communs avec Tricky). Difficile de reconnaître la part de comédie et la part de peyote là-dedans, mais à vrai dire on s’en fout tant le charisme est impressionnant. Peut-être le premier redneck stoner d’inspiration gospel de l’histoire ?
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Fortement influencé par le folk des Appalaches, Edwards use (et abuse parfois) d’une imagerie chrétienne qu’il déclame d’une voix unique et habitée réservée aux plus grands. En découlent une puissance mais aussi une rugosité au service d’un répertoire crépusculaire et mystique. Alternant entre deux micros et switchant constamment d’une guitare à une autre (toutes plus belles les unes que les autres) quand ce n’est pas un banjo, Edwards (bien qu’assis) attire toute l’attention sur lui aux dépends de musicos pourtant à priori excellents. Le guitariste n’a que très peu l’occasion de s’exprimer, le bassiste fait son boulot, et seul Ordy Garrison tire un bout de couverture de son côté en partant là où on ne l’attend jamais et en se refusant toute facilité rythmique. Le schéma des morceaux, peut-être trop identiques (du moins pour une oreille trop peu avertie, je n’avais écouté l’album que deux fois), part d’une incantation d’Edwards auxquelles viennent se rajouter les autres instruments aboutissant à des parties électriques enlevées et vrombissantes de haute voltige. Un dernier titre à l’accordéon sortira cependant du lot pour clôturer un concert très long (près de 2 heures) chargé en moments de grâce (le duo voix/batterie) mais aussi en passages plus doux à la limite de la transe soporifique. Néanmoins je reviendrai vers Ten stones, c’est sûr.
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Le Myspace et le site officiel
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A lire aussi : Tricky - Espace Julien, Marseille (10/11/08)
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"Off the cuff" en live :

Crédit photo Gary Isaac ©
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10 décembre 2008

Dubstep 2 Breakcore Party - Vendredi 12/12/08, MAC de Bordeaux

Sortons pour une fois de nos habitudes et donnons à l’association Bass Administratorz la lumière qu’elle mérite. Spécialiste des scènes alternatives et undergrounds souffrant d’un manque de visibilité, l’association organise en cette fin de semaine à la Maison des Activités Culturelles en plein cœur du campus bordelais une soirée électronique évolutive autour de deux genres musicaux assez méconnus, le dubstep et le breakcore.
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Originaire du sud de Londres, le dubstep est déjà une mutation du speed garage et du 2 step. Ca ne vous avance pas plus ? Disons que ce sont des ambiances urbaines et futuristes aux basses denses et langoureuses. Pour le breakcore, le rythme est déjà bien plus élevé et fait de mélanges de genres, de ruptures, de références et parfois même de dérision. Tout un programme.
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Du côté des artistes vous aurez droit à Krumble un destructeur rythmique adepte du synthé et du hardware, Kigma jonglant avec les genres avec puissance et finesse, Dext.R membre actif de la scène électro alternative bordelaise, et enfin Claustrophone parisien au beat ultra rapide emprunt d’amen break. Soirée découverte et ouverture musicale en perspective.
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MAC de Bordeaux / Vendredi 12 décembre 2008 / 22h / 5€
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©Crédit photo Céline Eyquem

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08 décembre 2008

Matt Elliott en concert au Point Ephémère (Paris), le jeudi 11 décembre

L'un des musiciens les plus tristes de Grande-Bretagne, mais aussi un des plus talentueux actuellement, Matt Elliott, fera une halte à Paris cette semaine dans le cadre de sa tournée française. Le poète multi-instrumentiste, originaire de Bristol, diffusera son spleen folk au parfum slave le jeudi 11 décembre précisément au Point Ephémère.

Evènement immanquable de la semaine dans la capitale, du moins pour moi, ce concert sera l'occasion de découvrir en live les dernières compositions issues de Howling songs (lire la chronique), dernier album en date du chanteur et troisième volet d'une trilogie inaugurée avec Drinking songs en 2005.

Matt Elliott sera précédé sur scène par le Français Yann Tambour, présent pour son projet solo Thee, Stranded Horse, et son folk décharné lorgnant tout aussi bien du côté des Tyrannosaurus Rex que de la musique traditionnelle nigérienne. En bref, une très belle soirée en perspective, à un prix abordable, à ne vraiment pas manquer...


Entrée : 13 €. Achetez son billet sur Digiticks.


Le myspace de Matt Elliott, celui de Thee, Stranded Horse et le site web du Point Ephémère.


A lire aussi : Matt Elliott – Howling songs (2008)


En avant-goût, « La mort de la France » (Sarko enculé...), captée lors d'une session acoustique et intimiste au Cargo (Caen) :




Toujours au Cargo, « Something about ghosts » :



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The Jesus Lizard - Shot (1996)

Et si c'était lui, l'album de rock ultime?
The Jesus Lizard (et non Jesus Lizard comme le groupe se plaignait souvent qu'on l'appelât), était une formation punk bruitiste,  apparue à l'orée des 90's qui devait bien sûr un tribut certain aux pionniers hardcore US tels Hüsker Dü et autres Dead Kennedys.
Le point fort du groupe-aux-titres-d'albums-en-quatre-lettres qui a souvent mis le feu aux différents Lollapalooza Tour,  c'est qu'il était composé de quatre personnalités marquantes, musiciens importants et non interchangeables. Au delà d'un batteur racé et d'un bassiste débonnaire, le groupe du chanteur cintré David Yow, comptait également dans ses rangs l'un des plus subtils guitaristes qui soient, l'essentiel Duane Denison.
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Mais on ne saurait aborder l'univers de l'un des groupes fétiches de Steve Albini, pour la première fois absent sur ce disque fondateur, sans évoquer la psyché complètement outrée et sauvage de David Yow. Le chanteur de The Jesus Lizard faisait partie de ces frontmen qui sont pour beaucoup dans la dimension scénique de leur groupe. Ses performances live, à l'image de ses textes, évoquaient le stupre, l'aliénation, les sévices, un comportement extrême qui pour certains témoins, faisaient passer Lux Interior ou le Iggy Pop séminal pour d'aimables plaisantins._
Sexe, sang, sueur......pas la peine d'aller chercher des références littéraires du côté de Kerouac ou du Ginsberg chez ce combo radical. Sur scène, Yow se baladait suant, torse nu, dévoilant sa bite à l'occasion - ce qui était bien la moindre des choses pour ce qui était de l'acte d'uriner en live, dont l'intransigeant chanteur avait fait sa marque de fabrique.
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Si les disques précédents, parus chez l'indépendant Touch And Go avaient fait leur effet et, pour les meilleurs d'entre eux, Liar (1992) et Down (94), dénotaient une adresse mélodique confondue dans une sauvagerie sans égale et concise (albums atteignant à peine les 40'), Shot, paru chez la multinationale Capitol, allait magnifier le son bordélique de ces vilains garçons, et ainsi simplement du fait d'une production moins rudimentaire,  rendre justice aux meilleurs hymnes du groupe.
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Sur des accords cisaillants, secs comme des dermes tailladés de lames de rasoir,"Thumper", permettait d'emblée d'affirmer deux choses : Duane Denison n''était pas un guitariste lambda, balançant des riffs punky en bougeant des vertèbres façon Linda Blair. Son jeu, subtil et minimaliste, devait beaucoup au jazz et nombre de ses soli restituaient cette évidence.
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Ensuite, David Yow dont les borborygmes étaient précédemment noyés dans des mix approximatifs, -mais il hurlait plus qu'il ne chantait - a repris le flambeau d'un Johnny Rotten insolent et sarcastique, avec des inflexions démentes, au sens clinique du terme._Le (presque) morceau-titre, "Blue Shot", offre l'une de ces attaques basse-guitare que les Jesus Lizard affectionnent. Tempo saccadé, harmoniques entêtantes, et ce chant d'épileptique où l'on jurerait entendre "possédé" en lieu et place du "passodils" de la chanson._
C'est tout juste si les trainées de slide de "Thumbscrews" et l'accalmie de ses breaks parviennent à  faire oublier combien ce morceau est dangereux.
Les guitares acides en mode Killing Joke - une autre référence évidente- emportent sur une fausse piste à l'écoute de l'intro de "Good Riddance" jusqu'à l'assaut du refrain, où le choix délibéré du faux sied au chant maniaque de David Yow.

_On pourrait ainsi toutes les passer en revue : qu'il s'agisse des breaks de basse malades, des scansions de "Skull Of A German", de l'ébouriffant "More Beautiful Than Barbie" qui balaye tout sur son passage, des digressions jazz de "Too Bad About The Fire", du démoniaque "Now Then" au blues tordu de "Pervertedly Slow"...tout ici n'est que pure folie non feinte.
Après l'écoute de ce disque, tous les groupes de jeunots agités qui revendiquaient une éthique destroy (cf les Vines et leur chanteur autiste à la noix) prêteraient évidemment à rire.
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En bref : un disque toxique, contagieux, sexuel, moite, traversé de fulgurantes et décalées parties de guitare, et assaisonné du chant le plus malsain entendu depuis les Pistols. Le hardcore transcendé par un sens mélodique hors pair.
 


_A lire aussi : Jane's Addiction - Ritual de lo habitual (1990)
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"Thumbscrews" :

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Les U.S.A. contre John Lennon - David Leaf & John Scheinfeld (2008)


Documentaire produit en 2006 mais à peine sorti cette année dans un réseau de salles limité, Les U.S.A. contre John Lennon est un film instructif sur les bouleversements socio politiques apparus aux Etats-Unis entre 1966 et 1976 et surtout sur les réactions de la pop star installée là-bas depuis 1971. Côté contexte, rien n’est oublié : guerre du Viet Nam, manifestations, Black Panthers, Watergate… tout y passe, comme si Lennon s’occupait de la psychanalyse de l’Amérique. Position anti chrétiens, anti racistes, anti guerre, union controversée avec Yoko Ono, le plus rebelle des Beatles ne s’est pas fait que des amis là-bas, on le sait. Jusqu’à son assassinat en 1980 aux pieds de son domicile, Lennon aura été sujet de controverse. Ses accointements avec les radicaux Jerry Rubin, Bobby Seale ou John Sinclair lui rapportent d’être surveillé par le F.B.I., normal quand on connait la paranoïa de ce gouvernement. Et c’est d’ailleurs un peu le faux scoop de ce documentaire qui bien qu’honnête tire des ficelles bien trop évidentes et évite les sujets qui fâchent (arrêt de l’engagement politique contre la fameuse carte verte). David Leaf et John Scheeinfeld (spécialistes du docu avec des réalisations sur Pete Sellers, Bob Hope, Dean Martin, les Bee Gees…) sont apparemment des fans de Lennon et ça se sent.

Cependant rendons à César ce qui lui appartient, Les U.S.A. contre John Lennon contient son lot d’images d’archives toutes plus savoureuses les unes que les autres. Il y a les sérieuses, sur Nixon, Hoover ou le Viet Nam, agrémentées par les commentaires du journaliste Carl Bernstein ou du vétéran Ron Kovic (souvenez-vous, Né un 4 juillet c’était lui) et les franchement humoristiques, comme la conférence de presse donnée sous un drap (et qui rejoint le débat actuel du CV sans photo) ou le passage sur l’hirsute John Sainclair (qui se commente lui-même dans le film) condamné puis relâché pour avoir proposés deux joints à une policière en civil (sic). Quant à l’émotion, c’est Yoko Ono qui l’apporte lorsqu’elle décrit ces années de bonheur mais que l’on sent arriver l’inéluctable. Sans oublier cette scène insurmontable d’autodafés de disques des Beatles lorsqu’ils se mettent les américains à dos en déclarant être plus connus que Jésus. Que de beaux vinyls sacrifiés au nom de quoi ? D’une boutade ? Je vous le demande ?

D’autres séquences sont fascinantes, comme ces bed-ins organisés par le couple ou comment afficher son engagement antimilitariste en restant au lit pour prôner la paix. Car c’est cela le thème principal de ce film finalement, la paix, si simple à obtenir si l’on écoute John, le Peacenik comme on l’appelle. Et c’est là qu’intervient la musique dont je n’ai même pas encore parlée. Jamais je n’avais remarqué la naïveté des textes de Lennon durant cette période : "Imagine", "Give peace a chance", "Power to the people", "Working class hero" et pourtant ce sont tous des hymnes imparables, des chansons intemporelles écrites comme on ferait ses lacets, avec une facilité déconcertante. Et là, malgré le côté trop arrangeant du film, on se dit que ce gars là avait vraiment quelque chose d’exceptionnel, et on se met à envier les journalistes des images d’archives qui assis en tailleur autour du lit du Monsieur l’écoutaient prôner la paix en chanson. Ca ne devait pas avoir de prix. Peace !

A lire aussi : Across The Universe - Julie Taymor (2007)

La bande annonce en VO et "Give peace a chance" autour du lit :



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