29 novembre 2007

Patrick Watson - Close to paradise (2006)

C’est avec un peu de retard que je me décide à vous parler de Close to paradise puisque l’album, s’il revient à la mode aujourd’hui, est dans les bacs depuis septembre 2006. Deuxième opus du quator (et non de l’artiste solo) Patrick Watson après l’également très réussi Just another ordinary day, ce Close to paradise nous vient comme par hasard de la prolifiquissime scène de Montréal, on s’en serait douté.


Signé chez V2 et enregistré à New York, Patrick Watson (leader de son groupe) s’est cette fois ci payé la présence d’ Amon Tobin sur 3 titres ainsi que celle de Katie Moore et Elizabeth Powell aux chœurs. Le résultat de cette alléchante recette ? 13 titres de pop orchestrale, de folk aérien et d’electronica discrète tour à tour murmurés ou scandés par le sosie de voix de Jeff Buckley. Une fois cette inévitable comparaison effectuée, prenons le temps d’apprécier Patrick Watson en tant que tel.


"Les mélodies m’importent moins que les sonorités", c’est pas moi qui l’ai dit, c’est Patrick. De formation classique, puis jazz, Patrick évoque Eric Satie (Mr Tom) lors de douces ritournelles planantes et hautement cinématographiques (The weight of the world où l’on s’attend à tout moment à voir débarquer le Beetlejuice ou Mister Jack de Danny Elfman). Sans doute la part d’ombre de Patrick qui au passage égraine avec classe des paysages soyeux, des grands espaces de rêverie solitaire, des envolées pop de quiétude onirique, enfin ce genre de chose quoi.


Sur Slip into your skin, la douceur des arrangements fait place à une conférence à trois entre voix, cymbales et piano dans un flow langoureux à peine perturbé par des chants lointains de sirène. Dans The Storm ce sont guitare sèche et chœurs qui se répondent avec harmonie dans un pays lointain et enchanteur. C’est sur Daydreamer que la ressemblance avec son ombre de Menphis se fait la plus prononcée : voix perchée cristalline, songwritting pop évident, appels fantomatiques et grincements dans le fond du tableau, tout rappelle Jeff.


Reste le titre éponyme lancinant comme un Meddle et bien sûr Giver et The great escape, mes deux chouchous, tout en montées et descentes vertigineuses et subtiles. Entre Anthony and the Johnsons et The Sleepy Jackson, Patric Watson (ça fait beaucoup de "son") semble avoir trouvé sur Close to paradise un état de grâce et un style bien à lui : la pop céleste lancinante en mouvement permanent.


En Bref: Un concentré de douceurs folk et de pépites pop pour un deuxième album qui en a déjà conqui plus d'un, "1 aller simple pour Montréal s'il vous plait!"




Je vous laisse en compagnie des clips issus de Close to paradise, je n’ai pas pu choisir tant ils sont tous de qualité :



Patrick Watson - The Great Escape
envoyé par Patrick-Watson





Patrick Watson - Drifters
envoyé par Patrick-Watson





Patrick Watson - Luscious Life
envoyé par Patrick-Watson

Lire la suite

28 novembre 2007

SebastiAn - Killing in the name of SebastiAn (2007)

Vous aimez Justice et les "Daft punkiens" ? Alors vous avez certainement déjà succombé aux rythmes syncopés, aux synthés ultra-saturés et à la lingua robotica de SebastiAn, petit pensionnaire vicelard de l'hype-issime Ed Banger. Il tournait depuis un moment sur Internet, son remix brute du tube "Killing in the name" des Rage against the machine débarque format platine. Crions d'ores et déjà au loup, les fluo kids vont adorer.

Galette déposée, diams en action, flash-back. De retour début 90's, la tête se balance d'arrière en avant inlassablement, le reste du corps lui disputant les honneurs. L'odeur de la salle de concert suitante et excitée titille vos organes. 1993 : Rage against the Machine bombarde son hymne métallique punko-rap-scandé, "Killing in the name". Satanée nostalgie. On pourrait presque mettre en garde le jeune Sebastian Akchote alias SebastiAn. Pas de sacrilège fils ! Mais ce "daft-kid", auteur de remix devastateurs de Uffie, Sebatien Tellier ou Kelis, n'est pas des maladroits sans respect.

De l'acidité et de la puissance des Rage il garde tout, customisant la hargne façon basses sur-saturées et refrains robotisés. C'est toxique et peut violenter le dancefloor. Pas de défiguration, lifting réussi. Les jeun's qui étaient arrivés après Bombtrack et l'avaient oublié ensuite ont une belle porte d'entrée. Petite passade, je les rejoint. Ce "Killing in the name" customisé est servi avec un reédit du single "Walkman", goûteux.

En bref : Remix d'une titre-monument réalisé sans bavure, à découvrir et à user en soirée




"Enregistrer la cible sous" : "Killing in the name of SebastiAn"

Génération myspace : La page de SebastiAn

Deux remix de SebastiAn trouvés sur Deezer.com :

free music

Lire la suite

27 novembre 2007

88 Magic - The Many Moods of....(2007)

Sous cet énigmatique patronyme se cache la délicieuse Gere Fennelly, pianiste et "clavier" émérite, musicienne de studio prisée et occasionnellement donneuse de concerts.

Pourquoi ce coup de projecteur sur l'artiste ? Tout simplement parce qu'au hasard de pérégrinations sur le Net concernant le groupe pop Redd Kross en sommeil depuis 10 ans - le batteur a tourné avec Air, le bassiste avec Beck-, l'on apprend  que ceux-ci se sont récemment reformés et sont à l'aube de sortir un nouvel album.

Dans le même temps, Gere Fennelly qui le temps d'un album de power pop grandiose, Phaseshifter (93) avait fait partie du line-up des frères Mac Donald, fait reparler d'elle avec un album instrumental et passant en revue tous les styles affectionnés par la dame, d'où son titre The Many Moods Of..."
Souvenir de cette fée gesticulante jouant de l'orgue dans son immense djellabah psychédélique au mythique Town And Country Club de Camden Town, un beau soir d'été d'août 92. De là,  parcourir son site qui passe en streaming la totalité de son nouvel album revêtait tout son sens.

Swing, bossa, tangos, et surtout scories dignes des meilleures B/O d'Ennio Morriconne ou Nino Rota, voila quelques exemples de plaisirs que l'on peut s'inoculer à l'écoute de l'album de Gere Fennelly.....pardon de 88 Magic.

En bref : des doigts de fée aux services d'arrangements de velours. Le genre de trip instrumental que ne renierait pas un certain Barry Adamson ; on'en jette encore ?

Ci-après, un site qui présente , outre l'itinéraire de Gere, de nombreux extraits de son album

Lire la suite

Sun Dial - Other way out (1990)

J'ai lu quelque part qu'il y a ceux qui connaissent Other way out et les autres. Parce que Sun Dial est un groupe atypique et parce qu'il faut bien l'avouer ce disque est un pavé néo psychédélique dans la marre du rock US 90's, je vous invite à faire partie de cette deuxième catégorie.

Considéré par une poignée de renseignés comme un album mythique d'acid rock indépendant, Other way out est le premier coup de maître du groupe à géométrie variable emmené par le blondinet bricoleur Gary Ramon, musicos chronique, créateur du label Acme et collectionneur notoire de musique psychédélique. En bon élève drogué qu'il est, le petit Gary a sagement assimilé 13th floor elevator, Jefferson Airplane, Iron Butterfly et consorts. Tout dans ce disque faramineux pour esprits psychotropes rappelle les 60's, des soli de guitare aux ingédients instrumentaux à base de sitars, tambourins et flûtes orientales.

Une fois dépassé ce côté Beatles période Hari Krishma, Gary Ramon au chant et à la guitare, Dave Morgan à la batterie et Anthony Clough à la basse s'en donnent à coeur joie dans la cabane au fond du jardin de papa. Sun Dial joue des compos ouvertes (quasiment que des jam sessions sous cachets) et exotiques pendant des heures que l'on imagine aisément bénies par les dieux de la musique. En effet, solo de guitare obligatoire sur chaque titre sans jamais basculer dans la démonstration lourde et poussive. Ca coule.

Comme toujours avec Sun Dial, Other way out est avant tout un album de guitare: reverb, distorsions, wah wah, et paf, le chien! Incandescentes, elles feraient pâlir d'envie le Clapton de Cream sur Lone Blues. Largement chroniqué chez les Stoners sans pourtant en être complètement, c'est dans le grunge qu'il faut aller chercher ce chaînon manquant entre Syd Barrett et Nirvana.

Nirvana justement il en est question lorsqu'on se penche sur Gary Ramon, pas tant dans la voix mais d'avantage dans l'attitude et le look. Voix bidouillée sur Magic flight, écrasée à d'autres moments, elle n'est jamais aussi rebelle que celle de Kurt mais n'en demeure pas moins tout autant hypnotique.

Petit bémol à ce tableau idéal (hormis une pochette pas folichonne), l'absence de réelles chansons, pas de mélodie non plus mais plus une succession de tours de force qui paraissent naturels et s'expliquent par des titres forcément évocateurs, Exploding in your mind, World without time ou encore Other side hommage indirect aux Doors me semble t-il.

Largement ré-édité sur nombreux labels (Tangerine, UFO, Acme...) vous pourrez vous procurer Other way out d'une faon ou d'une autre et découvrir ainsi l'un des secrets américains les mieux gardés des 90's. Un trésor qui permet de fermer les yeux et d'écouter boeufer Kurt Cobain, Ray Manzarek et Jimi Hendrix. Et ça, c'est pas donné tous les jours.

Lire la suite

26 novembre 2007

MeShell NdegéOcello - The World Has Made Me The Man Of My Dreams (2007)

Le 7ème album de Michelle Lynn Johnson, ancienne disciple de Prince et bassiste émérite est une franche réussite. Intitulé fort justement The world has made me the man of my dreams,  clin d'oeil appuyé à une bisexualité assumée, le disque concentre le meilleur qu'a eu à offrir la musique noire dans sa déjà longue déclinaison soul/jazz/trip-hop/funk.
Le vaporeux "Heditha", serti de nappes ambient constitue la rampe de lancement idéale de ce brillant album via "Sloganeer" sorte de tuerie trip hop aux rythmiques endiablées limite jungle et calquée sur le "A forest" de The Cure que n'aurait pas désavoué Tricky, 

Le reste de l'album oscille entre moments incroyablement apaisés, un riff de guitare tantôt menaçant ("Evolution"), tantôt languide façon Portishead (le bien nommé "Lovely Lovely") et le travail sur les textures sonores est énorme. On sent que le backing band de Me'Shell regorge de virtuoses patentés mais il ne donnet jamais dans la surenchère ; tout est dans le feeling, dans les ambiances......
De temps en temps, certains up-tempos tels "Headline" ou "Article 3" déchirent l'espace sonore fait de moiteur et d'ouate. En contrepoint, tandis que "Virgo" donne dans le swing chaloupé, "Solomon", titre dédié au fils de Me'Shell, s'oriente vers un dub hypnotique.Voix de velours, talent mélodique hors pair, production incontournable, "A Stripper Classic" achève, et de quelle façon, cette odyssée spaciale onirique.

Il paraît presque loitain le The Spirit Music Jamla : Dance Of The Infidel, tout de jazz presque entièrement instrumental qui précède cette 7ème livraison. On oublie aussi certaines productions neo soul lisses des débuts. Voici l'album crossover de MeShell, qui perpétue la tradition de ses frères et soeurs d'ébène. Les figures tutélaires Nina et Marvin qu'elle reprenait brillamment sur son Peace Beyond Passion, peuvent dormir en paix.

En bref : l'album crossover d'une artiste étiquetée underground ? On le lui souhaite, tant le voyage qu'il nous est donné de découvrir à travers ses chansons habitées, est féérique.

le site off de Me'Shell

Lire la suite

25 novembre 2007

Twisted Charm - Real Fictional (2007)


Autant l’avouer tout de suite, ma découverte de cet album a été fastidieuse et même déplaisante. Le côté brit-pop adolescente des Twisted Charm m’a d’abord rebuté. Et aussi l’impression d’entendre, par moments, des sous-Klaxons surfant insolemment sur l’ample vague fluo qui semble emporter tout sur son passage sans que je comprenne bien pourquoi. Mais la persévérance a payé et, au fil des écoutes, j’ai succombé au “charme tordu” de ces londoniens originaires de Rusden, dans le Northamptonshire (“L’enfer sur terre, un lieu sans vie et sans âmes avec beaucoup d’enfants attardés”, dixit le chanteur, Nathan Doom).

En fait, Real Fictional passerait inaperçu s’il ne bénéficiait pas d’une production hors pair. C’est Lance Thomas, collaborateur de Ladytron et PJ Harvey, qui donne toute son âme au disque. Il opère un traitement électronique discret qui laisse intacte l’énergie punkisante des compositions, et parvient à équilibrer les éléments épars d’une musique qui part dans tous les sens : basse dépressive à la Joy Division, synthés nébuleux et pulsions free du saxophone de Luke Georgiou.

On pense au mariage contre-nature de l’univers synthétique et désincarné de Devo et des rythmiques ska de Madness et The Specials, sous la bénédiction d’un révérend cold-wave. La netteté des arrangements n’exclut pas une certaine saleté du son qui évite à quelques morceaux de sombrer dans la pop de supermarché.

Souvent assimilés aux Klaxons, dont ils ont assuré la première partie, les Twisted Charm n’approchent qu’occasionnellement (Never grow older ou l’excellent single Boring lifestyles) la puissance du phénomène anglais de l’année, mais développent un univers plus fragile, plus bancal et finalement plus attachant. On a moins l’impression de faire face à une machine de guerre catapultant tube sur tube que de pénétrer un garage rempli de freaks se perçant les boutons en étalant leur désoeuvrement.

Si les paroles s’axent pour l’essentiel sur une critique de la société de consommation sans grande originalité (Phoney people, Clone Baby, Television Nation...), la poésie et surtout le cynisme de certains textes sont délectables. This is the London Scene ne manque pas d’auto-dérision, comme si la bande sciait la hype sur laquelle elle est assise. Cinema rend curieusement hommage à Kieslowski alors que Jealousy conclut l’album sur une introspection impitoyable : “Your Jealousy is so ugly” répète Nathan Doom, comme s’adressant à lui-même.

Les Twisted Charm ne changeront certes pas la face du monde, ni de la fameuse scène londonienne. Avec leurs fringues flashy, leur pochette crayonnée et leurs références à J.G. Ballard et au post-punk, ils pourraient d'ailleurs n’être que d’énièmes émanations d’un buzz comme seuls les anglo-saxons savent en monter. Heureusement, il n’en est rien. Un songwriting intelligent et une configuration originale - avec notamment la place centrale laissée au saxophone, choix plutôt étonnant pour un tel groupe - font de ce premier long-format un objet singulier, à la fois ultra-fashion et éminemment nostalgique. De quoi faire tomber bien des préjugés.

En bref : de la pop anglaise teintée de saxophone pour un premier album plutôt réussi.


free music


Lire la suite

24 novembre 2007

Air - Concert aux Docks des Suds de Marseille le 22 novembre 2007

Passée une première partie sympathique mais un brin lénifiante incarnée par les trois donzelles de Au Revoir Simone trop statiques pour susciter autre chose qu'une attention polie, nous voici à attendre le duo versaillais que le monde entier nous envie : les laborantins de Air. Plusieurs attentes ou craintes avant le début du set : que les morceaux soient trop longs et tournent à la démonstration, que le concert (reproche maintes fois fait au groupe) manque de vibes, et surtout qu'enfin le groupe privilégie les deux derniers albums tête à claque de son répertoire, lequel se boboïse avec le temps !

Chance ! Aucun de ces travers n'aura lieu : les Air joueront précis et concis et ironie du sort, le set sera même un peu court ! Une heure avant le traditionnel rappel de 30', bref, le groupe a enquillé 15 morceaux à 6' de moyenne, durée somme toute correcte, mais un brin frustrante compte tenu de la qualité du concert - il semble que le groupe ait renoncé aux "messes" de 3 heures d'antan !

Pour ce qui est des vibes, bon, qu'attendre d'un groupe dont la scène est constituée d'un arsenal de claviers vintage, avec l'unique apport d'une rythmique (enfin, un batteur, car Godin est le bassiste en chef !) et d'un multi-instrumentiste caché derrière son Korg, tantôt au glockenspiel, tantôt à la guitare etc..... les Air ne se roulent pas par terre mais ça on le savait ; autant demander aux Kraftwerk de s'arroser de bière tiède en faisant des doigts au public ! Mais bon, de ce côté là, c'était plutôt réussi aussi !

Enfin, le répertoire fut tout à fait à la hauteur, voire surprenant et parfois même rafraîchissant ! La rythmique hénaurme d' "Electronic Performers" déchire l'espace et entame le set sous les meilleurs auspices, et c'est rigolo de voir Godin et ses filtres chanter de la même voix que Gene de Ween façon Bob l'éponge (!) et même si plus de morceaux de 1000 Hz Legend (leur sommet selon moi) auraient pu être joués, même si "Dead Bodies", le crescendo fulgurant de Virgin Suicides (2000) a sans doute manqué à l'appel, même si certaines plages de City Reading (2003) débarrassées du bavard talk-over italien eussent été miraculeuses car peu connues du public, même si "Radio#1", .........

Non, l'une des heureuses surprises fut de voir que nous ont été épargnés les moult essais vains de leurs calamiteux deux derniers albums, j'en veux pour preuve Talkie Walkie, dont 3 seuls extraits furent interprétés, les 3 chansons potables de cet album en fait ("Venus", "Cherry Blossom Girl", "Run"), et Pocket Symphony, même cause, même effets, 3 morceaux dont l'excellent "Napalm Love" et deux autres mièvreries transfigurées par le live.

A un moment, Nicolas Godin nous prévient qu'ils vont interpréter un morceau très ancien, pas joué depuis des lustres et répété seulement l'après-midi ; on veut bien le croire, puisque "J'ai Dormi Sous L'eau" renvoie aux tous débuts de Air, lorsqu'ils se sont fait connaître à coups de maxis lounge très tendance ! Ce morceau qui compte sans doute parmi ce qu'ils ont fait de mieux, est une divine surprise d'autant qu'il se voit étiré dans un déluge de son et de lumières, la basse élastique de Godin, de loin le plus souriant (Dunckel lui, est dans son trip!) faisant le reste.

Au final, une impression plutôt positive et soulagée d'avoir enfin vu ce mastodonte qui n'en avait que le nom (seulement 4 zicos, les Air compris !), sur scène ! Un bon raccourci de leur carrière, des morceaux enlevés et bien envoyés, seule la durée du set, on l'a vu, aura quelque peu laissé le public sur sa faim !

Ce concert fut loin en tout cas des fiascos chroniqués ici ou là sur le Net, et qui soulignaient le manque de chaleur et de disponibilité du groupe, plutôt affable donc en ce 22 novembre et débarrassé des soucis techniques qui avaient prévalu lors de sa précédente visite aux Docks ; tout ce petit monde finissant bras dessus, bras dessous à la fin du rappel !

Et à la limite, ne manquait que la présentation des deux accompagnateurs de l'ombre (dans les deux termes, et ça c'est dommage !) pour que ce concert ressemblât à un authentique fait d'armes rock'n'rollien !





Lire la suite

18 novembre 2007

Gravenhurst - Concert à Bordeaux le 14 novembre 2007

Commence la soirée avec Plimplim, inconnu au bataillon et à priori dj chronique bordelais. Lumière bleue, debout face à son computer, il pourrait très bien s'appeler Alain, 32 ans et invité de l'émission Confessions intimes parce qu'il ferait passer le tuning avant sa vie. Pourtant rien de tout cela. D'une installation ultra moderne, un simple Vaio relié par un jack épais comme un pouce à une boîte à effets du plus bel effet, Plimplim puisqu'il s'appelle comme ça agit en fait en tant qu'explorateur sonore. Aérien et captivant le petit homme si ordinaire explore en click 'n cut des mélodies minimales auquelles il ajoute des touches de synthèses numériques. Jamais l'ambiant électronique n'a atteint telle qualité dans la course de l’humanisation des machines. BO parfaite d' A.I. de Spielberg, la musique de ce probable geek étonne et absorbe.

A peine remis de cet encart électronique, je me plais à commenter la chance que j'ai ce soir de pouvoir assister à 25 mètres du pas de ma porte, dans une salle à taille et tarif humains, au concert d’un des groupes anglais les plus intéressants de leur génération, le tout dans le quasi anonymat. Ce sont surtout des fans qui remplissent le Son'art ce soir jusqu'à la gueule. Gravenhurst donc, groupe de Bristol au sud ouest de l'Angleterre emmené par Nick Talbot, ancien leader des Assembly communications. En pleine tournée de leur dernier LP The western lands (en rapport avec un bouquin de Burroughs sorti en 1986), Gravenhurst vient débaler son incroyable capacité à brouiller les pistes, jonglant d'un premier album carrément folk à un second limite post rock, Fires in distant buildings.

Aux premières notes des nouvelles chansons, la patte de Nick est toujours présente, un songwritting impeccable, un son précieux et des envolées électriques profondément mélancoliques. Ce qu'on sait moins c'est que Gravenhurst jouit en live d'une force insoupçonnée: la présence au sein du groupe du batteur Dave Collingwood qui apporte une section rythmique démentielle. Et le folk mélancolique à la Nick Drake que l’on croyait connaître de muer en un véritable show shoegaze, ni plus ni moins. Tête dans le guidon, Gravenhurst alterne les ballades et les tourbillons électriques turbulents. Plus encore, le groupe en live donne la part belle aux morceaux instrumentaux noisy post rock et dansent sur le terrain de My Bloody Valentine et The Jesus and Mary chain.

Pas de véritable surprise sur la playlist, Hollow men et Trust, les deux premiers single du dernier opus, Saints, nouveau titre très efficace également, et puis Velvet cell évidemment, le tube nirvanesque du précédent album. Dans la plus pure tradition anglosaxonne, le plus américain des groupes anglais n’a jamais été aussi calme et violent à la fois, nageant entre classissime éthéré et secousses sismiques déglinguées.

Traditionnellement, Nick talbot termine ses concerts par un passage solo voix / guitare incontournable et c’est là que l’on comprend vraiment qui est la tête pensante de ce groupe. Décontracté, sobre et juvénile, comme un ange au timbre fluet. Les arpèges et paroles de Tunnel, I turn my face to the forest ou Black holes in the hand sont tous simplement magnifiques. Le cercle d’inconditionnels présent ce soir a même droit à une discussion avec Nick qui grand prince laisse choisir les ultimes morceaux par les fans eux-mêmes. Sombre, maîtrisé, mélancolique et dément dans son espace sonique, Gravenhurst vient de grimper de nombreuses places dans ma groupographie idéale.



Ne manquez pas cette formidable vidéo réalisée par les Concerts à emporter, Nick Talbot en solo à la guitare au fond d’une ruelle, magique :


#63.2 - Gravenhurst - Balck Holes in the sand
envoyé par lablogotheque
Lire la suite

12 novembre 2007

Cobblestone Jazz - 23 Seconds (2007)

Du jazz improvisé sur de la techno façon Detroit. Mathew Jonson, Tyger Dhula et Danuel Tate ont juste trouvé le remède dont j’avais besoin pour traverser cet automne déjà hivernal. Le second CD de 23 Seconds, surtout, m’a considérablement excité : c’est un live enregistré à Madrid le 10 mai 2007, et manifestement, Cobblestone Jazz, comme les bananes, se consomme de préférence sur place.

Ce projet made in Canada a mis plusieurs années à aboutir et relève d’une intention louable, celle de réapprendre aux amateurs de techno à aimer le jazz. Pas à la manière d’un Saint-Germain et de sa house truffée de solos de sax et de flûte, choses désormais (et malheureusement) bannies par des technophiles avides de sons inédits. Cobblestonejazz se répand dans une veine plus minimale, plus “blippée”, plus actuelle en somme.

Les beats voisinent ceux des productions européennes à la Pokerflat, mais l’atmosphère générale aiguille mes oreilles vers le saint des saints, à savoir Detroit et plus précisément le versant jazzy du label Underground Resistance. La faute aux synthés liquides et aux pianos Rhodes de Danuel Tate, qui jaillissent en fulgurances pointillistes ou se déversent en solos fluides et cristallins.

Côté studio, les perles ne manquent pas. Lime in a coconut, avec son rythme presque booty, a connu un joli petit succès en club ces derniers mois et agrémente encore les playlists de sommités comme Steve Bug ou Richie Hawtin. Slap the back s’écoute comme se vit un songe léger, en souriant, les yeux fermés, avant que PDB ne déroule une profonde vague analogique au milieu de laquelle un mélodica sonne comme le signal de cargos en partance. Tous ces bons titres s’enchaînent bien, mais à la longue la lassitude s’installe. L’album est peut-être un peu trop linéaire pour accrocher l’oreille de bout en bout. La surprise viendra donc du CD 2.

En live, Mathew Jonson épaule Tate aux claviers tout en s’occupant des basses et de la programmation en général, alors que Tyger Dhula gère les percussions et la texture atmosphérique du set. Cette organisation permet au trio de fonctionner comme un vrai groupe, chacun prêtant une attention constante aux agissements de ses partenaires. Voilà pourquoi le second CD, live si l’on excepte les deux bonus tracks, s’avère encore plus jouissif. Plus improvisé mais aussi plus dancefloor, il donne la vraie mesure de Cobblestone Jazz, capable de secouer l’audience tout en la maintenant dans un état de rêverie profond. Et dire que je les ai ratés, il y a deux semaines, au Rex !

En bref : en mixant house minimale et jazz, ce trio canadien explose les dancefloors en toute intelligence.



free music



Lire la suite

10 novembre 2007

Hey Hey My My, Calc, Stuck In The Sound - Concert à Bordeaux vendredi 10 novembre 2007

A peine remis d’une otite chronique, c’est accompagné de soso que je me rends au Krakatoa ce vendredi à Bordeaux. Il faut être au moins deux pour assister à cette triple programmation alléchante au crescendo folk, pop, rock. La mission acceptée, nous pénétrons dans la salle avant que nos billets ne s’autodétruisent.

Deux des trois Juliens de ce soir composent la charmante équipe de Hey Hey My My, groupe d’anciens étudiants bordelais qui émerge tranquillement de la scène parisienne. Aidés d’une influence 90’s indéniable (Nada Surf, Weezer…), ces quatres là s’attachent avec enthousiasme et mélancolie à retranscrir au mieux ce qu’ils ont appris des Blonde Redhead, des Pixies et avant tout de Neil Young auquel chaque titre habrite un hommage à peine caché.

Car c’est avant tout dans le folk que nagent les mélodies d’HHMM : chemise à carreaux, barbe épaisse et harmonica en bandoulière n’attestant pas le contraire. Et ce même si Poison la ballade catchy américaine ouvre de bien nouvelles directions à ce groupe très attachant, aux membres discrets et sympathiques. Une très belle et sincère représentation de la pop folk française telle qu’elle devrait être dans un monde parfait.

De la discrétion il en est plus que jamais question pour le plus local des groupes de la soirée, j’ai nommé Calc. En voilà qui ne feront certainement pas le stade de France, qui ne vendront pas des millions d’albums, qui ne se feront pas arracher leurs chemises par des groupies en chaleur mais qui poursuivent néanmoins leur route sur une discographie impéccable. Dance of the nerve, dernier album en date paru chez les toulousains de Vicious Circle est largement mis à profit ce soir.

De retour de Berlin, l’énigmatique Julien Pras et ses quatres mousquetaires David, Mathieu, Hugo et David font vasciller les cœurs par leur poésie pop à fleur de peau, The secretive show. D’une humilité excessive, Calc n’est pas forcément calibré pour la scène et trouve d’avantage son intérêt confortablement installé au creu du canapé. Les titres ne sont pas sans rappeler les arrangements pop n’ folk de Sparklehorse, la mélancolie d’ Elliott Smith ou les envolées de chœurs et de guitares des Red House Painters. Pas de révolution électronique chez Calc, simplement une spontanéité et une simplicité de chaque instant, placant des mélodies en équilibre constant sur le fil d’une sensibilité exacerbée. Sans doute possible le plus bel atout pop hexagonal de cette fin de siècle. Rien que ça.

Changement de décor pour Stuck In The Sound, quatuor parisiens dont je sous-estimais la puissance scénique. Signés chez le très bon label Discographe, José, Emmanuel, Arno et François débarquent à Bordeaux traînant derrière eux leur réputation de groupe à fan club. Sans savoir vraiment comment, Nevermind the living dead le dernier et deuxième album, dégage une énergie rock à la rencontre des Smiths et At The Drive In.

Toy boy, le rouleau compresseur imparable du disque, ne met pas longtemps à faire remuer la masse humaine à dominante féminine de ce soir. Guitares acérées, beat explosif et voix électrique, José gigotte sous sa capuche et on aime ça. S'en suivront un impressionnant nombre de rappels laissant exténué un public conquis. Vraiment sans transition mais diablement bon. Ok les Strokes sont passés par là en 2001 avec Is this it et on bien dégrossi le boulot mais bon, ce sont dorénavant les Kaiser Chiefs et autres Bloc Party qui pourraient se sentir menacés.



http://www.myspace.com/heyheymymyband
http://www.myspace.com/calcmusic
http://www.myspace.com/stuckinthesound

Lire la suite