27 octobre 2007

Fancy - Concert à Bordeaux le 26 octobre 2007

Le froid s’est définitivement abattu sur Bordeaux ce vendredi 26 octobre et c’est armé d’écharpe et de bonnet que je me rend au théâtre Barbey ce soir. Après avoir hésité avec le rock belge de Zita Zwoon, j’opte finalement pour l’une des sensation françaises du moment, j’ai nommé Fancy, d’autant plus que la première partie This is pop semble bien alléchante elle aussi. Pourtant, malgré deux bons brelans parisiens, l’histoire retiendra qu’il n’y a pas eu full.

Installés dans la salle club de Barbey, M, L et S les trois membres de This is pop entrent en scène visiblement décontenancés par le vide sidéral de la salle. 50 personnes à tout casser, sans doute la faute à la programmation chargée de cet automne. Passons. C’est donc tétons pointés vers un auditoire frileux que débute le premier set. En activité depuis deux ans, This is pop allie la puissance au dépouillement. Pas de batteur mais une boîte à rythmes qui fait son travail. Au final on se laisse facilement captiver par la présence compulsive et offensive de la chanteuse qui apporte une sacré touche de personnalité à un groupe qui sans ça, passerait presque inaperçu. Pourtant l’alchimie marche et les quelques titres écoutés sur Myspace sont bien rentrés dans mon cerveau. Il y a même des tubes. Personnel, riche en mélodies et chargé en énergie rock, This is pop n’est pas de la pop mais vaut plutôt le détour. Dommage seulement que le vide ambiant les pousse à provoquer le public en ces termes "on nous avait bien dit que les bordelais étaient des harangs froids et snobs" auquel ils se sont vu répondre un poli "parisiens de merde !". Seconde degré ou pas, allez savoir…

C’est enfin à Fancy de faire son entrée sur scène en faisant le choix de ne pas blâmer les présents et de le prendre à la rigolade. Il faut dire que le groupe a déjà fait les Eurockéennes, Rock en Seine et même la première partie de Daft Punk à Dublin devant des milliers de personnes, alors là focément… Fancy pour ceux qui ne connaissent pas c’est le groupe le plus anachronique du moment. Coupe afro d’un autre temps, costumes discos, maquillage à la Kiss et style androgyne assumé, ça fait déjà beaucoup, mais quand surgit la voix de Jesse Chaton (sic) on se dit que l’on n’est pas au bout de nos surprises. Aïgue au possible, elle cultive l’ambiguïté féminine et le côté ultra scénique. Dommage encore que cette bête de scène annoncée ne dispose ce soir que d’un petit mètre carré pour s’exprimer. Les musicos qui l’accompagnent, dans le même délire, participent au côté scénique du groupe.

On en oublierait presque la musique qui, il faut le dire, fait du bien par où elle passe. Les gars n’ont pas co écrit le Dance de Justice pour rien. Les Stones, Queen, Michaël Jackson et Diana Ross se sont donnés le rendez vous le plus improbable de ces années 2000. Tour à tout glam, funk, métal, rock et groovy, ces héros de bande dessinée alignent les tubes de leur dernier album dans une non ambiance presque attachante et n’hésitent pas à reprendre avec entrain le classique I’m so excited des 70’s. Si Fancy comptait tomber sur quelques fans ce soir, c’est raté. Ne sont présents que des curieux passionnés venus pour découvrir le phénomène. Cela donne lieu à de nombreux gags, le public présent étant incapable à la demande de Jesse de nommer un seul tube du groupe, ou même de chantonner l’intro d’une chanson. Même le succès de Seventeen n’est pas parvenu jusqu’ici. Heureusement, Jesse fait preuve de beaucoup d’humour et met dans sa poche l’aseemblée qui se sent du coup privilégiée.

Signés chez Disque primeur auc côtés des bordelais Adam Kesher, Fancy joue gentiement la carte de la provocation en dédaignant The Darkness ou encore The Rapture auxquels la critique rock a voulu les identifier. Ils auraient préféré Van Halen, Madonna même. Toujours est-il que Fancy sort plutôt génialement du cadre par son style et sa musique fantasque et certainement que dans quelques années, quand ils seront vraiment les Kings of the worlds, ils se souviendront alors de ce concert et ils relativiseront sur la notion de star. Espérons que This is pop ne se retienne pas seulement le côté Bordeaux Tombeau. De mon côté, ce semi échec de fréquentation m’aura fait découvrir deux groupes différents, complètement mis à nu, et donc complètement attachants.

http://www.myspace.com/thisispop

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26 octobre 2007

Fog - Ditherer (2007)

Avec sa pochette faussement rock collège américain, le 4ème album d'Andrew Broder a tout de ce qu'on pourrait appeler un faux disque simple. Pourtant, issu du prolifique label Ninja Tune, ce nerd américain de base s'est cette fois ci entouré officiellement de deux autres nerds (dixit Rock & Folk) pour former ce groupe aux hybridation soniques et mélodiques innovantes. Parce que les références sont là mais ne dominent pas, parce que ce disque est sous tension permanente, parce que vous n'avez pas fini d'en faire le tour, Ditherer mérite toute notre attention.

Sans véritable tube, l'adepte de Beck qu'est Andrew Broder tisse une suite logique de chansons post psychédéliques sur fond de refrains bruitistes parfois angoissants. Une sorte de pop infectée en quelque sorte. Car c'est guitares saturées au maximum que Fog nous plonge dans une ambiance électrique lo fi illuminée. Avec force bidouillages et bricolages, le trio égraine 11 titres plus riches les uns que les autres, tant par le côté imaginatif (l'utilisation de la batterie) que par leur faculté à ne pas choisir de genre et à bercer leurs mélodies d'accords menaçants mais pas trop.

Si on décortique de plus près, You did what you thougt évoque irrémédiablement le Bowie des 70's. Broder y joue à dérouter le rythme à coup de larsens lo fi pour filer tête baissée ver un grandiloquent final jazz. The last i knew from you, ma préférée, joue sur le terrain d'Arcade Fire et extirpe en 2 minutes et demi une sublime mélodie d'un chaos sonore maîtrisé. Ditherer, impénétrable et indescriptible jongle entre harmonies vocales, beat electro et orage de son tribal. Sur What gives?, la combinaison de voix de Broder et le duo basse batterie rappellent Thom Yorke et même pire, Muse. Les 10 minutes de On the Gallows auraient d'ailleurs largement pu figurer sur le récent In rainbow des gars d'Oxford. Je pourrais vous parler des heures encore d'Hallelujah daddy et son côté psyché, de Inflatable et sa pop façon Mark Lanegan, du presque Beatlesien I have been wronged ou enfin du début inquiétant et du final Stroksien du titre ouvrant l'album mais je préfère vous laisser découvrir ça tout seul.

Ca ne sera pas facile, c'est sûr. Rock & Folk avait choisi le dernier titre What's up freaks? pour figurer sur son monster cd de novembre. Pourquoi pas, si vous aimez les Byrds ou l'americana façon Neil Young. D'une férocité nonchalante, ce Ditherer vous entraîne dans un labyrinthe chargé de guitares et de mélodies finement cachées dont vous me direz des nouvelles. Ou pas.

En bref: Une intéressante exploration du rock sous toutes ses formes par trois nerds américains avertis et plutôt doués. Pas indispensable mais les curieux y trouveront leur affaire.


Seventeen Evergreen -Life embarrasses me on planet earth (2007)

L'electronic press kit de l'album, plutôt original lui aussi:






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14 octobre 2007

Squarepusher - Big Loada Ep (1997)

Impossible de continuer à chroniquer Electronica sans dire un mot de ce mastodonte anglais de 32 ans. Le bonhomme se promène dans la jungle des styles et des sons avec une aisance déconcertante à la basse et à la batterie. Il navigue plusieurs courants, alternant les rives électronique et jazz, remontant les eaux chaudes de l'IDM (Intelligent Dance Music) et du ragga. L'homme aux multiples alias - il officie aussi bien sous le pseudonyme de Duke Of Harringay que Tom Jenkinson, son vrai nom - mène sa barque depuis ses débuts aux cotés d'Aphex Twin et LFO sur l'excellent label Warp Records . Il faut dire que les 2 énergumènes se ressemblent. Tous les deux attaquent les sons et ne les ménagent pas. Squarepusher, à l'instar de son homologue français, jongle avec les beats énergiques et découpés et les morceaux mélodiques de basses ou de piano.

Big Loada n'est certes pas son EP le plus connu et le plus représentatif (Squarepusher s'est quelque peu rangé ces derniers temps, en laissant apparaître son image de bassiste au premier plan -- dernier concert en date à la villette cet été) mais rassemble tous les styles et méthodes du capitaine. A l'abordage!! (version Warp Records)
  1. A Journey To Reedham (7.am mix) (6:35)
  2. Full Rinse (2:26) featuring - MC Twin Tub
  3. Massif (Stay Strong) (6:27)
  4. Come On My Selector (3:24)
  5. The Body Builder (Dressing Gown Mix) (3:01)
  6. Tequila Fish (6:08)
  7. Jacques Mal Chance (Il N'a Pas De Chance) (0:48)

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11 octobre 2007

Art Brut - Concert à Bordeaux le 9 octobre 2007

C’est à vélo que je me rends ce soir au concert des anglais d’Art Brut aux dépends d’un autre show qui a lieu le même soir, celui d’ I’m from Barcelona, préférant pour un soir le rock post punk spontané à la pop hippie ensoleillée du nord. Atterri on ne sait comment dans mon baladeur, le premier jet Bang bang rock ‘n roll m’avait suffisamment fait bouger la tête ces dernières semaines pour que je décide de franchir le pas et profiter de leur passage en France.

La Converse aux pieds est de rigueur et la salle du BT59 continue de se remplir lorsque débute le hors d’œuvre de la soirée avec le duo mixte indépendant bordelais Minuscule Hey. Epaulés d’un véritable troisième larron sous forme d’une boîte à rythme, Laurent et Emily n’ont pas grand-chose à envier à Jack et Meg White. La même brutalité, la même manie de déconcerter les mélodies avec des compositions bancales et détraquées. Le binôme s’est fait connaître en soirée. Il pourrait d’ici peu en animer bien d’autres. J’ai pour ma part investit dans leurs maquettes, qui sait, ça vaudra peut-être quelque chose sur ebay dans quelques années.

Revenons à nos moutons et à la bande d’ Eddie Argos qui est ici ce soir pour dépoussiérer nos oreilles. Formation du sud de Londres active depuis 2003, Art Brut est surtout connu pour son leader charismatique Eddie Argos. Dandy malgré lui, Eddie est repéré et lancé par le label Rough Trade à qui il n’avait rien demandé. En 2005, il fait la couverture de Rolling Stone. Une franchise qui les dépasse se monte et voit naître des Art Brut 2, Art Brut 3… Pourtant, Eddie avoue sans complexe qu’il ne sait pas chanter. Pour faire vite, Eddie Argos c’est un peu Mr Tout le monde, le gars joufflu qu’on ne remarque pas derrière sa mèche, le gars qu’on entend rire à gorge déployée à une blague potache au fond d’un pub anglais autour d’une énième tournée de Guiness. Comme à l’accoutumée, c’est en chaussettes qu’il débarque sur scène et qu’il débute chaque set par un coup de pied Bruce Lee dans le vent.

Art Brut génère en général deux types de réactions : ceux qui aiment le côté parodique et auto dérisoire et ceux qui sont outrés et qui crient à la supercherie. Je préfère être du premier bord et savourer les textes lucides et sarcastiques de We form a band ou de Bad weekend. C’est vrai qu’ils ne se font pas que des amis en fustigeant les institutions en place que sont NME ou Top of the pops. Mais quand c’est fait avec humour et désinvolture, ça passe. Pour moi c’est le cas. Et puis au-delà des textes, ça dépote sévère. Jasper Future, nouvelle recrue à la guitare, use et abuse de grimaces et de mouvements de bras endiablés pour accompagner son jeu de cordes très punk. Ian Catskilkin joue le rôle de la seconde guitare et se livre régulièrement à du face to face avec son acolyte. Freddy Feedback, seule fille du band, reste quant à elle discrète en alignant ses basses au fil des chansons. Mickey B, impressionant à la batterie sera l’auteur de nombreux mouvements rythmiques originaux et participatifs avec le public qui ne demande que ça, participer, sauter, battre des mains, répondre en cœur.

Un concert d’ Art Brut c’est un peu ça, une pincée de Clash, une poignée de Fall et surtout une personnalité originale, lorsque Mr Argos décide de descendre avec nous et d’entamer une danse bras dessus bras dessous avec la foule. En l’occurrence le bras c’était le mien. Formidablement placé au premier rang, j’étais tellement loin d’Eddie que je pouvais lire à tout moment l’heure à son poignet. Sans être fan, ça fait toujours plaisir de partager ça avec un Monsieur de la musique. Ca les rend plus humains ces étoiles de l’industrie du disque.

Renvoyant mes craintes au tapis, la tracklist de ce soir tient plus qu’il ne faut la route : une quinzaine de titre et trois de mieux pour le traditionnel rappel. Bien sûr les hits sont là Bad weekend, Moving to L.A., Emily K et mon préféré, My little brother, hymne de revival brit rock d’un adulte qui découvre que son petit frère écoute du rock, "My little brother has just discovered rock & roll, he’s only twenty two and he’s out of control" . Tellement ça.

Ce soir et jusqu’en janvier 2008 les petits oiseaux sont sortis et ont capturé les moments, les fumeurs ont pu fumer et les non fumeurs aussi par la même occasion. J’essuie la sueur sur mon front et enfourche mon vélo. Je m’éloigne dans la nuit et le son d’Art Brut martèle encore mon cerveau. Je me prends alors à penser que finalement, c’est peut-être seulement ça, être rock en 2007.






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