30 avril 2008

Jona - Manta (2008)

Combien d’années de pratiques sont nécessaires pour s’affirmer musicien accompli ? Jonathan Troupin a joué de la guitare pendant douze ans ; le Belge, grand amateur de Joe Satriani, ne fait donc plus partie de la catégorie des débutants. Ingénieur du son depuis 2000 – le garçon est né en 1983 –, il utilise ses multiples expériences sonores au service de la musique électronique. Après avoir forgé ses premières armes au sein de divers labels, Jonathan alias Jona, intègre en 2006 Get Physical, dont The Learnings marque son passage au niveau supérieur. Il en tire ses premières leçons : ne pas avoir peur de faire des erreurs, elles font partie du processus d’apprentissage. Avec son nouvel EP "Manta", il s’aventure dans une techno-house dense et angoissante.

Le fait d’avoir côtoyé M.A.N.D.Y., Booka Shade ou encore Daso au sein de l’écurie Allemande a très certainement permis au jeune Dj d’éviter certains écueils. L'éponyme Manta s’attaque de front à une pente abrupte doublée d’une piste ardue. Pour y parvenir, tous les coups sont permis, voire conseillés. Un kickdrum risque-tout balise la piste. Le track prend de l’altitude pendant qu’un motif étourdissant nous fait souvenir du vide en contrebas. La face B "Amon" interdit tout retraite. Mal des cimes sur le dancefloor ou emporté dans une avalanche, la progression effrénée fait craindre une chute fatale. L’EP touche à sa fin avec un "Exoplanet Dub" spacieux, ballotté au gré d’une rythmique plus indulgente qui nous rappelle le côté ludique des productions de Jona.

En Bref : Le Manta fait apparaître une autre face du jeune producteur Jona où les trois titres garantissent la mise sous pression de la piste de danse.




Son MySpace
Le MySpace de Get Physical


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Interview Gonzales - 2/4


Suite de l'interview audio du musicien canadien Gonzales, à l'occasion de la sortie de son nouvel album Soft Power.

#2 - Gonzales nous parle de son arrivée à Berlin en 1999, prémisse à son premier album solo Über Alles, de sa place au sein de la scène "underground" de la ville allemande et de sa conception "capitaliste" de la musique. Bonne écoute.









A lire aussi : Interview Gonzales 1/4
La chronique de Soft Power.

Quelques titres de l'album Über Alles :

free music


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29 avril 2008

Pete & The Pirates - Little death (2008)

Comme quoi des fois, il est bon de se laisser happer par un nom ou une pochette. Deuxième fois qu'il passait sous mes yeux, je n'allais pas le rater. Ni trop sucré ni trop grandiloquent, le quintet originaire de Reading s'avère être pour ceux qui le connaissent, avec Vampire Weekend, le groupe anglais à écouter en ce moment. Sorti en février dernier dans le quasi anonymat, parce qu'aux antipodes de la nouvelle tendance britannique nu rave, cette petite mort orchestrée en musique se révèle impressionnante dès la première écoute. Et comme The Coral ou Arcade Fire, qui pourraient être leurs parents adoptifs, leur premier album est parfait, accessible à tous et immédiatement immédiat. Comme si à 20 ans ils avaient déjà assimilé toutes les ficelles de l'écriture pop classique, des Beatles aux Kinks. Des airs entendus il y a 10 minutes, et pourtant déjà si familiers, comme portés par les fantômes de ces derniers. Je n'avais pas ressenti ça depuis longtemps. Véridique.
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Profondément ancrés dans la campagne anglaise loin du star system, Peter, Jonny, david, Peter et Tommy ont ce je ne sais quoi qui lorgne vers l'indie US, new-yorkaise notamment. Enregistré chez le label anglais Stolen recordings et produit par Gareth Parton (The Beta Band, The Go! Team), Little death est un disque pop (rock?) contemporain parfait. Mr Understanding est tubulaire à souhait, tout comme Knots, il n'y a rien à redire, ce sont déjà des classiques. Pourtant le schéma est simple: guitares, basse, batterie et chants. Mais chaque titre est singulier, dans le riff de guitare, le roulement de batterie, le pincé de corde et la voix que l'on découvre finalement double, mix décalé de celle de Peter et de celle de Tommy. Inévitables dans le genre, les handclaps de Come on feet, l'énergie de Lost in the woods, la douceur de Humming, en fait tout l'attirail d'une pop rêveuse et ensoleillée. Je pourrais aussi parler de la rythmique très Belle & Sebastien de She doesn't belong to me, ou du dernier des treize titres, Brights lights, coup de génie au riff intransigeant. Enfin je ne peux que vous conseiller d'écouter ma best one, Song for today; les mots me manquent.
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En bref : 5 jeunes anglais ont tout compris mieux que les autres et livrent un premier disque pop rock parfait. Outsiders de l'année.
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Le Myspace et le site officiel de Pete & The Pirates

Pour vous convaincre, les clips de Mr Understanding, Knots et She doesn' t belong to me :



Pete and the Pirates - She Doesn't Belong To Me

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A lire aussi : The Coral - The Coral (2002)
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Hjaltalín - Sleepdrunk Season (2007)

Notre jeunesse blasée, née après les grandes apparitions, contrainte à n'écouter que des sons post-anything, peut se réjouir et s'émouvoir d'entendre la nouvelle énergie vitale d'Arcade Fire se répandre en floraison saisonnière dans toute sa sphère d'influence nordique, de ses pairs canadiens (Wolf Parade), à la Suède (Happiness), en passant ici par un gué islandais. En tant que premier symptôme, discret mais remarquable, Hjaltalín, groupe qui monte en son pays (Iceland Airwaves et passages TV) mais invisible ailleurs, est déjà bien précieux. Pourtant le groupe a tout de la formation twee, de virtuoses classiques aux envies de pop régressive, loin des clair-obscurs de la troupe montréalaise.
Sleepdrunk Season se présente comme un tourbillon de guitares, de choeurs, de cordes et de vents, pris dans une ronde à mener les mains en l'air. La première piste, instrumentale et théâtrale, pose l'horizon d'attente: Hjaltalín veut jouer de la pop en remplaçant le plus possible les guitares par des instruments classiques, avec un esprit proche de celui de groupes écossais comme Belle & Sebastian ou Camera Obscura. Anciens bons élèves bien élevés, on veut désormais jouer de la musique, se jouer de la musique. Alors on tire, on pousse, on se retourne, on questionne. Crescendo, decrescendo, en anglais, en islandais : nos chansons seront ludiques. Bingo, Uno, Famille! Le disque est à ce titre incroyablement réussi : l'auditeur, s'il accepte de se prendre au jeu, est physiquement pris dans la ronde, qui tourne dans un sens puis dans l'autre, toujours avec adresse, dans une joie bon enfant. Sur Traffic Music et Goodbye July / Margt Ad Ugga, la basse gambade, les mélodies sont fines, malicieuses, malines, délicieuses. Celui qui se prend au sérieux refusera de jouer à l’innocence manifeste, dès le départ repoussé par les voix masculine et féminine, instruments les moins maîtrisés de l’ensemble. Certes on pourra reprocher une certaine paresse d’écriture à mi-album, peu convaincu par Debussy et Selur, et leur jeu de répétition à l’envi, jusqu’à ce qu’on en comprenne la règle, comme inventée de toutes pièces à l’instant même : ces chansons s’apprécieront sur la durée, et on en redemandera d'ailleurs. Les tendances mielleuses de The Trees Don’t Like The Smoke peuvent rebuter, mais on acceptera néanmoins de la suivre, main dans la main ; on aimera d’autant plus le moment où, à mi-parcours, il faudra s’asseoir, fermer les yeux et rêvasser, encore tout étourdi d’avoir tant donné de la tête.

En effet de temps en temps, ici et là, le disque touche à un autre niveau. Au creux des vagues, façonnées au souffle, Hjaltalín impose ses rêveries d’adolescents lettrés, "wrapped up in books". Sleepdrunk Season est ainsi ponctué de doux passages, de parenthèses enchantées, à l’image du grave Kveldulfur. Entre deux élans baroques excentriques, I Lie est impressionnant de sobriété, et plonge l’auditeur dans une belle torpeur. Les cordes, pincées avec mesure, contrastent justement avec celle du chant. Il n’y a pas de sens unique. Ces petites dépressions sont autant d’appels d’air, qui permettent de repartir d’un pied plus fort.

Et c’est là, quand l’esprit twee rencontre une énergie électrique surprenante, née du triste et domptée en spirale ascendante, que l’album est le plus touchant. C’est celui d’une jeunesse qui a écouté les grands d’Arcade Fire ; la puce à l’oreille, ce sont ces guitares graves, ces roulements de batterie, ces lacés de violons qui foncent vers la fin des chansons. Ce sont ces grands élans de vie auxquels on donne tout puisqu’il n’y a rien d’autre. Hjaltalín semble, grâce aux maîtres canadiens, avoir entrevu les épreuves de la vie et de la mort sans les avoir traversées. On choisit l’innocence parce qu’on a peur, mais déjà on se défend contre ce qui nous attend. La composition de The Boy Next Door est dans ce sens la plus représentative : le naïf, le romantique, l’expressioniste. Nous les avons reconnues, ces grandes embellies diurnes, ce sont les mouvements de vie de notre jeunesse.

En bref : Pour les amateurs, de la pop baroque à chœurs, à cordes et à vents qui assume sa géographie et propose un jeu d’équipe rafraîchissant, entre l’esthétique twee écossaise et une énergie électrique bien canadienne.
La vidéo de l'onirique Sleepdrunk Season II :



Et Goodbye July/Margt Ad Ugga, mini tube dans une émission TV:


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28 avril 2008

Interview - Bvdub

Soldat de l’ombre de la deep-techno, Brock Van Wey, alias Bvdub, vit à San Francisco. N’espérez pas pour autant, si vous passez dans le coin, le croiser dans les clubs de la cité californienne: le tatoué préfère rester seul dans sa chambre, devant ses machines. Là, il se plonge dans ses souvenirs, tente de s’accrocher aux instants évanouis, aux sensations sans cesse fuyantes. Et pour stopper l’insupportable écoulement du temps, il le fige dans une musique d’une épanouissante tristesse, entre dub futuriste - même s’il s’en défend- et house rêveuse.

Secret, il rechigne à parler des machines qu’il utilise ou des influences qui le nourrissent. Il préfère évoquer ses motivations intimes et métaphysiques. Profondes, en somme. Rencontre avec un type très deep.

Qui es-tu et comment as-tu rencontré la musique électronique ?

Je suis Brock Van Wey, je suis né et j’ai grandi dans la baie de San Francisco, en Californie. J’ai fait ma première rencontre avec la musique électronique en 1992 en entendant “Spice”, de Eon, tard la nuit lors d’un show radio mixé. Ça peut paraître très cliché, mais dès la première seconde, j’ai su que j’entendais quelque chose qui allait changer ma vie pour toujours. Je pense que quand on est jeune, on a souvent cette impression. Cette fois, c’était vrai.

Qu’écoutais-tu pendant ton enfance ?

Ça va probablement en surprendre quelques-uns, mais à l’époque, j’écoutais du heavy-metal. Mon voisin était plus âgé que moi et il me prêtait des disques d’Iron Maiden. Quand j’ai eu neuf ans, je suis allé au magasin du coin et j’ai acheté mon premier vinyl, “Shout at the devil”, de Motley Crüe. Ensuite je suis passé au trash et au death metal. A douze ans, j’allais tous les week-ends voir des groupes locaux comme Testament, Forbidden, Death Angel et Metallica. J’étais un gamin très enragé. Les concerts m’ont permis de voir que je n’étais pas seul dans ce cas.
Je pense qu’un paquet d’artistes techno d’aujourd’hui te diraient qu’ils ont grandi avec la musique électronique et la synth-pop des années 70 et 80. Pour ma part, je n’en écoutais absolument pas.

Quelles sont tes principales influences ?

Quand je m’asseois pour faire un track, la seule chose que j’ai à l’esprit, c’est la situation, l’émotion, la sensation que je veux transmettre. La musique que je fais est la bande son de ma vie - comme tout le monde, je suppose. S’il y a des influences, elles sont subliminales.

Comment travailles-tu ?

Je bosse dans un coin de ma chambre, j’ai une installation un peu bordélique. Désolé, mais je garderai pour moi mes petits secrets de fabrication. Pas parce que je pense que mon équipement ou mes méthodes sont géniales, mais parce que j’ai eu à passer par un tas d’essais et d’erreurs pour trouver le son qui fonctionne pour moi. Pour chaque personne, il y a un processus complètement différent. C’est nécessaire de passer par là.

On dit de toi que tu fais de la “dub-techno”. Que signifie cette musique pour toi ?

La deep-techno (et la musique “deep” en général) est tout pour moi. Tout ! Notez que je dis “deep” et pas “dub”, parce que je ne suis pas un artiste dub-techno. Beaucoup m’ont défini comme ça, et ça m’ennuie un peu. Je n’écoute pas de reggae ni de dub, même si ma musique est influencée par ces genres. Bien sûr, je mets du delay sur les accords, parfois... Mais est-ce que ça fait automatiquement de moi un artiste dub-techno ? Je ne crois pas. Peut-être que de nos jours la “deep-techno” et l’”ambient-techno” n’existent plus vraiment. Peut-être que je suis juste vieux jeu. Il me semble qu’aujourd’hui, dès que la techno atteint une certaine profondeur, elle est considérée comme “dub”. Mais tous les disques de “dub-techno” ne sont pas “deep”...














La plupart de tes morceaux sont tristes et nostalgiques. Comment l’expliques-tu ?

Il y a une raison très simple à ça. Je suis une personne très triste et nostalgique. Je l’ai toujours été. J’ai toujours passé la majorité de mon temps à penser aux moments passés que je ne pourrai jamais revivre, aux rêves et aux idéaux qui ne se sont jamais matérialisés, à ce qu’aurait pu être mon futur. Pour moi, il n’y a jamais réellement de présent car, techniquement, la vie est une série de souvenirs et d’espoirs. La musique permet la capture des instants passés tels qu'on se les remémore, ou des instants futurs tels qu’on voudrait les vivre. Que la chose se passe réellement, ou que le souvenir que tu gardes d’un moment soit exact, cela n’a pas d’importance. Parce que l’essence de ce moment restera pour toujours dans la musique... Et pour les quelques minutes que dure un morceau, tout ça devient vrai.

Tu as lancé récemment ton propre label, Quietus. On peut en savoir plus ?

J’ai lancé Quietus à la fin de l’année dernière pour mettre à dispo un forum, pour moi-même et pour les artistes que j’admire afin qu’ils puissent enregistrer la musique la plus personnelle possible. Une musique qui soit le reflet de ce qu’ils sont en tant qu’artistes et en tant que personnes. J’avais entendu trop d’amis me dire que leurs tracks étaient rejetés par des labels sous prétexte qu’ils étaient “trop ambient”, “trop deep” ou trop je-ne-sais-quoi. Moi-même, j’ai eu pas mal d’expériences similaires et, à force, c’est vraiment saoûlant.
Quietus est un label dédié au CD-R. Chaque disque est tiré en édition limitée. Ce n’est pas fait pour créer de la hype et de la demande, c’est simplement parce que je fais chaque copie moi-même, à la main. L’artwork de chaque disque est unique. Je prends moi-même la photo en écoutant le morceau en boucle dans mon casque, pour que l’image capture au maximum les sensations de la musique... telle que je la sens, du moins. Je veux que chaque disque soit une sorte de carte postale de l’artiste à l’auditeur. Tout ça prend un temps fou, mais pour moi, ça vaut le coup.

Parle-nous de la vie nocturne à San Francisco...

Je suis probablement la pire personne pour te parler de ça. Je n’ai pas foutu les pieds dans un club depuis plus de sept ans. Je suis probablement l’homme le plus casanier que tu rencontreras jamais. J’ai passé dix ans à écumer les fêtes underground, les clubs et les “house parties” tous les soirs de la semaine, que ce soit pour mixer ou pour faire la fête. Je m’en souviens comme des meilleures années de ma vie. Mais à San Francisco la scène underground s’est véritablement effondrée à la fin des années 90. Il n’y a plus que des clubs de house commerciale ou de trance progressive qui ne sont là que pour le fric. J’ai donc totalement cessé de sortir. En 2001 j’ai officiellement arrêté de tourner en tant que DJ. J’étais dégoûté de la tournure que ça prenait. C’est vrai que j’ai toujours été un peu casanier, mais, ces derniers temps, j’ai atteint des sommets. Je passe l’essentiel de mon temps dans la solitude de la grande ville, et j’aime ça.

Quel est ton programme pour 2008 ?

Beaucoup de choses excitantes... Des sorties en vinyl sur Styrax, Millions of Moments et Pronounce; mon premier disque ambient en long format sur Shoreless, mais aussi une sortie sur mon propre label, Quietus. Et puis il y a un projet sur Southern Outpost, qui vient d’être enregistré. Les 100 premiers exemplaires contiendront une version en cassette audio (avec deux bonus tracks).

Ta playlist du moment ?

1. Remote_ - Solitude (Smallfish)
2. Quantec - Thousands of Thoughts (Quietus)
3. Khonnor - Handwriting (Type)
4. Shuttle 358 - Understanding Wildlife (Mille Plateaux)
5. Fenton - Pup (Plop)
6. Sade - Lovers Rock (Epic)
7. Cottage Industries 4 (Neo Ouija)
8. Ezekiel Honig & Morgan Packard - Early Morning Migration (Microcosm)
9. Boy is Fiction - Boy is Fiction (List)
10. Norken - Our Memories of Winter (Combination)

Propos recueillis par Dave

Le site (très dépouillé) de BvDub
Son MySpace
Le site de Quietus Recordings

Le MySpace du label

A lire aussi : Styrax / Various Artists - In loving memory 3:4 + BvDub - Requited love (2007)
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Seth Troxler & Patrick Russell - Valt Trax (2008)

Seth Troxler vient d’une ville au nom trop invraisemblable pour qu’on le taise : Kalamazoo, Michigan. Une bourgade située au milieu de nulle part, mais tout de même à mi-chemin entre Detroit et Chicago. A 15 ans, après avoir emménagé à Detroit avec sa famille, il récupère un paquet de disques de son père, des classiques house et disco des labels Dance Mania, Metroplex ou DJ International. Un peu plus tard, il découvre les expérimentations minimales de Richie Hawtin, puis de labels européens comme Perlon, qui le marquent durablement. Très précoce, il signe ses premiers tracks avant sa majorité sur Spectral, Items & Things, FXHE... A chaque sortie, son style s’affine. Aujourd’hui, le producteur habite Berlin et sort chez les Français de Circus Company un maxi qui garnit déjà les DJ bags dans le monde entier.

Valt trax est issu d’une collaboration du jeune homme avec Patrick Russell, vétéran des nuits de la Motor City, qui n’a jamais eu à percer sur disque pour se faire un nom, au moins localement. On suppose que la froideur extrême des nappes de “Doctor of romance”, en face A, n’est pas étrangère à la présence de cet ancien combattant. D’un classicisme total, ce morceau sombre mêle un kick sec et mat à des halètements tribaux. Une odyssée mentale régressive qui fera pleurer de joie les fétichistes de la techno de jadis. Irréprochable. La face B, plus druggy, est aussi plus discutable. Si l’incursion dans le dub de “Last date” est stimulante au premier abord, elle finit par ressembler à une version paresseuse des prods de la catégorie (Styrax, Millions of Moments...). L’agressif “Love spray” se révèle plus attrayant, plus angoissant aussi, avec son mood très industriel et nébuleux. Pas de quoi faire oublier la première face, toutefois.

En bref : Le très old-school “Doctor of romance”, en face A, marque l’entrée du jeune producteur tech-house Seth Troxler dans la cour des grands.



Le myspace du label français Circus Company
Le myspace de Seth Troxler

A noter : Il signera cette année, sous le nom de Sex Trothler (!), un premier album sur Wagon Repair.

A lire aussi : Guillaume & the Coutu Dumonts - Petits Djinns (2007)
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27 avril 2008

Interview de Gonzales - 1/4


A l'occasion de la sortie de son nouvel album Soft Power, petit portrait audio en quatre volets du musicien canadien Jason Beck, alias Gonzales, ce "génie musical", selon les mots de son camarade et collaborateur Renaud Létang. Bonne écoute.

#1 - Aujourd'hui Gonzo évoque son enfance et sa formation précoce à l'art de la scène.
(lecteur audio ci-dessous)









A lire aussi : Gonzales - Soft Power (2008)
Le myspace de Gonzales

La vidéo de son titre "Working together", extrait de l'album Soft Power :



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26 avril 2008

Swell - South of the Rain and Snow (2007)

Ce nouvel et inattendu album du groupe de Frisco ou de ce qu'il en reste, n'a pas défrayé la chronique, c'est le moins qu'on puisse dire. Sorti en toute fin d'année 2007 dans un anonymat comparable à celui des Mabuses -les media ne sont pas tendres avec les ex-gloires du rock indé-, il donne à offrir un Swell tel qu'on n'avait pas l'habitude de l'entendre, souffreteux et mélancolique certes mais aussi et surtout, acoustique et alangui de bout en bout !

Point de son de guitare brisée sur l'autel des larsens, tout ici est en retenue, en demi-teinte. David Freel, dont dont on a grand peine à identifier le grain de voix susurre et aligne dans un souffle deux titres totalement folk hors-du temps. Impossible de vérifier mes hypothèses de line-up ; le livret est aussi disert qu'un communiqué de presse. Tout juste y lit-on le nom d'un batteur qui semble-t-il participe à l'ensemble du disque : plus de Sean Kirkpatrick donc, noyau central du trio originel, quid de Monte Vallier ?

En tout cas, le nouveau batteur de Swell sonne comme l'ancien : à l'étouffé, avec toujours ces sonorités velvetiennes si chères au groupe ! Le disque dans tout ça ? Disons que ça étonnerait fort qu'il aille le disputer au Thriller de Michael Jackson en terme de vente ! Sorti en catimini et distribué par le groupe lui-même, South.. dont on aura du mal à extraire un refrain à fredonner sous la douche, est de ces disques qui s'écoutent, se réécoutent, se méritent dit-on souvent, dans une agréable langueur, par trop uniforme il est vrai/

Difficile de faire surnager tel morceau plutôt qu'un autre : ceci n'est pas un concept, plutôt une humeur, avec toujours ces sonorités dépouillées et sépulcrales qui sont l'apanage du groupe. Manque le pendant electrique donc, et l'uniformité, le ronron guettent ce disque ! A mille lieues de Whenever You're Ready, le précédent "album du retour" de 2004.

En bref : la carcasse encore fumante du rock indé de Frisco s'agite toujours, mais elle aura bien du mal, en dépit de sa beauté intrinsèque, à échapper à l'équarisseur musicologue.

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24 avril 2008

Dalton & Dubarri - Success & Failure (1976)

Qui de nos jours écoute encore Dalton & Dubarri à la maison? Qui s'en souvient même? Se retrouver avec un disque comme ça entre les mains et vouloir en savoir d'avantage c'est se résoudre à attraper son dico d'anglais et plonger au plus profond des archives seventies, comme on peut. On y apprend que le blanc bec en costume noir sur la pochette s'appelle Gary Dalton et que son look iconoclaste n'a d'égal que son multi instrumentalisme chronique (bassiste, guitariste, clarinettiste et chanteur). Son compère en blanc, c'est Kent Dubarri, chanteur et percussionniste soul blues de son état. Ne figurant pas sur la photo, l'organiste Rick Allen, non des moindres apparemment, rajoute sa touche Hammond B-3 à un show qui sonnait déjà pas mal Californie hippie.

Malgré les attentes qu'ont pu susciter un tel trio à cette époque, le projet Dalton & Dubarri ne dura pas bien longtemps. Un album éponyme en 1973, Good head en 1974 et ce dernier 2 ans plus tard ont été incapables de lancer le succès commercial du groupe. Ce n'est pas faute pourtant d'avoir assuré une bonne poignée de premières parties pour grosses pointures (Rod Stewart, Doobie Brothers, Beach Boys...). Le disque lui, sonne comme une BO de Jackie Brown, où chaque morceau de classical rock possède les qualités cachées pour faire valoir un personnage tarantinesque à l'écran. Avec plus de 30 ans de recul, même sans succès commercial, cette musique typique seventies a acquis une classe éclatante, un charme évident de nostalgie, d'une époque de folie. Malheureusement pour eux, le Grateful Dead ou le Jefferson Airplane étaient là avant. Des succès et des échecs, c'est le lot de tous les groupes, et ce disque pris au hasard (ou à l'intuition, Fab?) de rappeler qu'avec les années, un échec peut devenir un succès, au moins pour moi, l'espace d'une heure.

En bref : Anecdotiques et oubliés, 2 black & white brothers jouent de la musique qui a vraiment la classe, surtout 30 ans plus tard.
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22 avril 2008

Festival des Artefacts - Strasbourg, journée du 18 avril 2008

Au regard des précédentes éditions, le treizième Festival des Artefacts de Strasbourg fait figure de grand cru. Depuis quelques années, la programmation correspondait au profil de l’admirateur enthousiaste de chanson française et de rock festif-ska-reggae-punk. Cette configuration a contribué au bonheur des uns, mais a aussi occasionné un ennui mortel chez les autres. Certainement destiné à contrebalancer l’Ososphère, l’autre festival d'allégeance électronique, les Artefacts ont malgré tout, bien voulu insérer des éléments nouveaux. Les trois jours ont été subdivisés en trois thématiques – rock, chanson française, reggae – de façon à coller au plus près des orientations musicales du public, mais aussi d’intégrer une line-up cohérente dans un festival d’intérieur, disposant de l’unique scène du tout récent zénith strasbourgeois. Récit de la première journée.

Entrevu sur une photo, je ne m’étais encore jamais rendu dans ce jalon architectural et culturel remarquable (sic), le zénith le plus grand de France. De fait, j’ai été un peu surpris par la découverte de cette sorte d’objet non identifié de forme elliptique, dans un détour de la route. Le bâtiment m’a plus ébloui par la toile orangée dont il est recouvert que par sa conception architecturale. Mais, après avoir assisté à la séance de balance, j’ai rapidement été impressionné par l’acoustique de l’ouvrage.

En ce milieu d’après-midi, le lycéen est présent en masse. Ils attendent patiemment dans une longue file. Dès l’ouverture des portes, de petits groupes d’adolescents cavalent, pressés de se positionner au-devant de la fosse pour profiter au maximum de la musique de Gogol Bordello, troupe new-yorkaise de punk foutraque, fortement influencée par les musiques tziganes. La prestation enflammée de la formation provoque une furieuse agitation et je me surprends même en train de remuer discrètement au son de leurs rythmes effrénés.
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La pagaille à peine terminée, l’insoutenable attente du concert des BB Brune s’installe. À boire des bières et à fumer des cigarettes dans une désagréable atmosphère de courants d’air, il fait bon de papillonner en slim, Ray-ban, thermobrossage impeccable. La raréfaction progressive des slims signifie que le concert a déjà commencé. Assez dubitatif devant ce groupe mais ne voulant pas faire preuve de mauvaise foi, je m’aventure de quelques mètres dans la fosse avant de me replier stratégiquement dans les gradins. Pendant ce temps, le chanteur des BBB scande, entre les morceaux, d'héroïques « bien ou bien ? ». Mal, je préfère m'en aller fumer dans les courants d’air. S’en suivent deux interminables heures d’attente, prestation de Serj Tankian, voix de SOAD, incluse.
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Mais l’espoir renaît avec l’arrivée de Birdy Nam Nam. Leur prestation ne diffère pas de la description de Ju pour le festival Garorock : son énorme, effet de lumières… On se croirait à un live des Daft Punk, ou plutôt de Justice tant ils utilisent la saturation des sons à outrance. Efficace sur le dancefloor avec un avant-goût de simple introduction de la formation suivante du nom de… Justice. Ces derniers livrent un show sans grande originalité, mais transforment la fosse en un marécage de transpiration. Encore sec, je retourne prendre une bière.
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La fatigue accumulée tout au long de la journée disparaît soudainement, comme diluée dans le live de Vitalic. Loin de la copie conforme de son album, sorti il a bientôt trois ans, il livre contre tout attente une techno imprévisible. Tantôt emmené par des beat monumentaux, tantôt abandonné par l’introduction d’éléments hétérogènes – bouts d’italo-disco, plages jazzy – , le set est malheureusement marqué par des coupures intempestives, réduisant à néant l’élan pris au cours de ses morceaux. Depuis le live de Justice, la salle s’est considérablement vidée. Mais Mix Master Mike, Dj des Beasty Boys, enchaîne presque immédiatement. Il tire habilement les ficelles des pauvres pantins désarticulés que nous sommes. Il fait voltiger Nirvana et MC Lyte sans aucune retenue. Le public crie au Sabotage. Il vacille, en redemande, et finit par s’écrouler sous le poids des décombres. Tout simplement épuisé.
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21 avril 2008

Field Music - Write Your Own History (2006)

Ceux qui ont connu Field Music avec leur premier album éponyme (2005) avaient sûrement vite oublié leur pop légèrement psyché, post-punk et arty, distante et confuse. Pourtant le groupe a sorti, l'année suivante, une collection de faces-B qui pourrait en faire le meilleur groupe pop anglais, loin du circuit agaçant des groupes pop punk jetables: humble, inspiré, solidaire. On entend sur cette compilation un vrai travail, minutieux, de l'écriture à la production. Une finition à la précision métronomique pour des chansons en costume trois pièces. Or on sent derrière nos orfèvres des moyens limités; le résultat tient sa beauté non pas de la richesse des matériaux, mais dans l'art et la manière de les accorder.

Si ces chansons fonctionnent si bien, c'est qu'elles donnent cette impression profondément émouvante d'être déjà pré-écrites quelque part dans notre imaginaire indie, qui n'attendait plus que le groupe idéal pour les interpréter. Ainsi les notes de piano de Trying To Sit Out apparaissent, bouleversantes, juste au bon moment pour nous faire craquer; le chant et la production de ce seul vers "I'll only make it worse", renvoie Breakfast Song à la mélancolie de nos propres rêves égarés.

Ce qui n'empêche pas Field Music de surprendre. Entre faux chapeaux de roues et fausses fins, fausses pistes et hors pistes (les rythmiques électro de I'm Tired, Test Your Reaction et Alternating Current), le groupe joue des codes et prend quelques risques heureux. Première surprise: le premier titre, avec ses choeurs introductifs, sa rythmique soutenue et ses cordes barrées, laisse augurer un disque twee et ludique, tandis que la suite révèle une mélancolie prégnante aux mélodies pop, élégantes et efficaces de bout en bout. Car ces titres restent indéniablement pop, au sens le plus noble, et sont dans ce registre les plus fins entendus ces dernières années. En effet le problème des groupes qui recherchent la perfection pop, c'est cette tendance à polir les chansons pour faire effet, alors que le résultat, faute de composition, frise l'ennui. Ces raretés de Field Music sont tout aussi polies, mais le polissage ne dénature pas le matériau: ce matériau-là est fait pour briller. La différence ici, c'est que le groupe atteint effectivement une perfection qu'il n'a pas cherché en soi, puisqu'il se sentait déjà vaincu, dépassé, limité. Ces chansons sont celles d'un groupe qui, ayant livré ce qu'il croyait être le meilleur de lui-même, déclare forfait et n'a rien à perdre, de beautiful losers provisoires, qui ont l'élégance sans l'arrogance: ici on ne construit pas de cathédrales.

D'où l'incroyable cohérence de cette compilation: chaque essai a été enregistré, de 2000 à 2005, avec la même application et la même implication, sans enjeu autre que la Chanson elle-même. Une collection de premiers singles, de ceux qui ont d'abord pensé court et bon avant de faire lourd et long (Jens Lekman a eu la même démarche, d'une compilation magnifique à un album indigeste), est souvent bien loin de l'inconsistance d'un vulgaire best of. Celle de Field Music ressemble à s'y méprendre à l'album pop de nos rêves, dont on sculpte les cadres au lieu de les briser.

En bref: Une collection de premiers enregistrements humbles et soignés; au final un album pop parfait.





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Le clip du premier titre, You're not supposed to :


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19 avril 2008

Nick Cave & The Bad Seeds - The Boatman's Call (1997)

Dave Stewart de Eurythmics racontait cette anecdote savoureuse : sa maman était intervenue lors qu'il était en train de composer en compagnie d'un prestigieux invité ; et lorsque ledit invité s'était mis à entonner un air, cette dame lui avait fait part de sa désapprobation quant à l'air choisi. Sûre d'elle la mamie, surtout que l'invité en question n'était autre que Bob Dylan. On imagine le Stewart confus. Le rapport avec le sujet qui nous occupe ?

Lorsque le 10ème et funèbre album de Nick Cave paraît, certains critiques s'étaient émus que Nick Cave délaisse blues et autres hoquètements auxquels il était coutumier au profit de ce très beau disque mélancolique et ténébreux. Et de reprocher presque au Caveman de ne pas avoir offert au public ce que celui-ci désirait entendre, proposant tout comme la maman de Dave Stewart de remettre son métier sur l'ouvrage au songwriter émérite. On était pourtant loin de l'ascèse de la troisième époque des Bad Seeds qui avec Warren Ellis allait saupoudrer la discographie de l'australien une majeure partie des années 2000.

Car sur ce disque-là, Nick Cave, volontiers en rupture avec ses albums précédents et notamment le décevant Murder Ballads (1996) qui lui avait apporté certaine reconnaissance, s'épanchait sur ses tourments sentimentaux, particulièrement ceux de son divorce et de sa récente idylle avec PJ Harvey terminée en queue de poisson. Les Bad Seeds, toujours crédités et présents sur le disque n'y apparaissaient en fait qu'avec parcimonie, qui par un frôlement de charley, ou de glissements d'un balai de Thomas Wylder, qui par la guitare de l'inusable Mick Harvey.

Mais l'élément nouveau si l'on peut dire était davantage le dépouillement, déjà présent sur d'autres albums de Cave, dénuement poussé à son paroxysme puisque si cet album était une tenue vestimentaire, il serait pourvu des plus formels oripeaux, de très beaux oripeaux tout de même. Ici un violon plaintif ("West Country Girl", "Green Eyes"), là un accordéon ("Black Hair"), dans tous les cas , quasi les sons unique et obsédant d'un piano et d'un harmonium, joués par un Nick Cave qui s'accompagne véritablement en solo. Les chefs-d'oeuvre sont légion, ce que généralement la critique rock sut reconnaître.

Présenté sous un très beau portrait qui offre notre australien préféré sous ses airs les plus primesautiers, l'on est aussitôt plongé dans une ambiance sépulcrale , dans laquelle on le devine, seule la lueur vacillante d'un bougeoir sur le piano éclaire les mains fiévreuses de Cave : c'est le très beau et inaugural "Into My Arms". La suite est un pur régal d'émotion sourde et de transports tout en retenue ("There Is A Kingdom", "Brompton Oratory", "Are You The One I've Been Waiting For ?", "Far From Me") - il faudrait en fait toutes les citer! - pour ce qui demeure aujourd'hui avec l'un des cinq disques majeurs de Nick Cave.

Depuis lors, Nick Cave à l'exception du roboratif Abattoir Blues/ The Life Of Orpheus (2005) ou du plus récent Wild God (2024) n'a plus tutoyé les sommets à la façon de son disque de rupture(s).

En bref : l'un des grands disques d'un auteur assez unique, si souvent imité mais..... Et qui mérite d'être redécouvert.
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18 avril 2008

Casiotone For The Painfully Alone - Twinkle echo (2003)

Forcément chroniquer un disque avec un titre comme ça, ça en jette. Merci Fab de m'avoir aiguillé vers cet artiste original qu'est Owen Ashworth. Originaire de San Francisco lui aussi, le trentenaire publie en 2003 après Answering machine music et Pocket symphonies for lonesome subways cars 14 nouveaux titres d'expérimentation lo fi, lo tech même disent certains. Owen compose ses chansons squelettiques sur un Casio SK-1, genre même mon téléphone a plus de tonalités, y ajoute une boîte à rythme et y dépose une voix enrhumée, sur des errances de post adolescence.

Les mêmes personnages se croisent dans les trois disques, selon une savante théorie de chronologie inversée, formant une trilogie secrète, de morceaux contenant CFTPA dans le titre. Une réflexion farfelue non lisible par l'auditeur, un délire personnel souhaitant pousser plus loin le concept de concept. Si l'ombre de Smog plane au dessus de cette réalisation, c'est d'avantage du côté de chez Daniel Johnston ou Jeffrey Lewis qu'il faut aller chercher le minimalisme mis en place pour dépeindre ces petites nouvelles du quotidien. Certains morceaux ne semblent même pas finis!

A s'y méprendre, Roberta C. sonne presque comme du Eels et Attic room comme du Cure. Ou alors je divague, troublé. Car au bout du compte, ces titres catchy de 3 minutes maxi fascinent et emportent dans leur mélodie (Today, take a bow). Fan des Smiths et meilleur ami de Stephin Merrit (The Magnetic Fields), le jeune homme s'adonne à ses expériences sans jamais tourner au vinaigre, au non mélodique ou à l'indigeste. Et ces claviers cheap de devenir presque attachants sur une deuxième face chargée en morceaux pop finalement bien ciselés (Blue corolla, CFTA in a yellow T-shirt). Aujourd'hui Owen vit très modestement de sa musique et connaît un futur incertain, même si en 2006 est sorti Etiquette, 4ème opus d'un artiste intègre, lui aussi, comme ses voisins de Swell.

En bref : Minimalisme expérimental pour pop inspirée.
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Un petit clip maison :



A lire aussi : Jeffrey Lewis - The last time I did acid I went insane (2002)
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Interview "Etre disquaire en 2008" - Grégoire de Vicious Circle Toulouse

Après Nico d’OCD Marseille, continuons notre petit tour des disquaires français avec Grégoire de Vicious Circle Toulouse. Ouverte en 1997, la boutique est restée fidèle à son idée de départ : être un disquaire indépendant. Mais Vicious Circle c’est aussi un label (Calc, Kim…), un fanzine (Abus dangereux) et une société de pressage de cd et vinyls (Reverberation). Grégoire a accepté de répondre à nos questions et nous a livré ses impressions sur le métier tel qu’il est devenu aujourd’hui.

Comme on l’entend ici ou là, le cd est-il vraiment mort ?

Un ralentissement est sensible mais peut-on pour autant en annoncer la mort ? Je n’en suis pas certain…il est encore trop tôt je pense.

Quelle est la place du vinyl chez le disquaire en 2008 ?

Chez un disquaire indépendant, à l’heure d’aujourd’hui, le vinyl a clairement une place de choix. La clientèle vinyl s’élargit de jour en jour. De plus en plus de labels proposent le vinyl avec le CD inclus, ou avec un bon de téléchargement légal, ce qui rend le LP encore plus accessible a mon sens.

Le web est-il une menace ou un outil supplémentaire pour les disquaires ?

A mes yeux c’est très clairement un outil supplémentaire. Nous sommes aujourd’hui en présence de clients ayant souvent déjà écouté l’album et qui donc achètent ou commande avec certitude. Ils sont du coup souvent très au fait de l’actualité.

De plus en plus de labels ont des shop en direct sur leur site Internet. Une nouvelle concurrence ?

Les labels sont des partenaires et non des concurrents. Nous fonctionnons dès que possible, directement avec eux. Il est assez logique que ceux-ci tentent de vendre sur le net qui est très clairement la plus grande boutique du monde, mais tant que les disques restent accessibles aux magasins, je trouve ça cohérent.

Le téléchargement de musique sur Internet : Un bien ou un mal ?

Comme je le disais plus haut, cela rend la clientèle plus au courant. Cela nous oblige à être plus exigeant et à chercher régulièrement des disques et des labels plus pointus. C’est plutôt bon à mon sens et puis le LP ne se télécharge toujours pas !

Myspace, Youtube, Facebook, t’en penses quoi ?

Nous sommes sur Myspace qui est un outil très intéressant. Nous avons contacté des groupes pour avoir leurs disques par ce biais, et nous sommes en relation avec d’autres disquaires aussi, mais cela reste qu’un outil. Youtube c’est super chouette on peut y trouver des lives incroyables et des milliards de choses inédites. Facebook ? Il me semble que c’est tout ce que je n’aime pas sur Myspace, je ne crois pas que nous soyons concernés…

Comment peut faire un disquaire pour se renouveler en 2008 ?

Etre curieux, attentif et accueillant…

Est-il difficile d’être disquaire en 2008 ?

Oui mais c’est une super chouette aventure.

Où trouves-tu tes nouvelles inspirations musicales ?

Sur le net bien évidement, dans les concerts aussi, et dans les rencontres…

Quelle est ta playlist du moment ?

Monarch, Marvin, Semiplayback, A place to burry strangers, Greedy guts, Apollo Kreed, Autechre, Gutter Twins, Dirtbombs, Superbeatnik, Future of the left, Containers, Thee silver Mt Zion, Jucifer, Rocket from the crypt, Kim, Haram, Warehouse, The Tuss, Oxbow…

Ton top 5 des meilleurs albums de tous les temps (sans aucune objectivité) ?

Seulement 5 ? Wow vous êtes durs !
. Cop Shoot Cop - Release
. Jesus Lizard - Liar
. Dead moon - Dead moon night
. Sonic youth - Sister
. Notwist - Shrink

Un message particulier à faire passer ?

Pourvu que ça dure !
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Propos recueillis par Ju

Le Myspace et le site officiel de Vicious Circle

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17 avril 2008

Swell - For All The Beautiful People (1998)

Peu de groupes accèdent au douloureux statut de formation culte. Swell peut prétendre en faire partie en remplissant in extenso les deux conditions sine qua non : être soumis aux critiques élogieuses du milieu concerné (surtout à l’étranger) et rester dans le flou commercial, sans jamais vraiment se retrouver sur le devant de la scène. La scène en question c'est celle de San Francisco début 90's, lorsque la folie Nirvana bat son plein et que David Freel et Monte Vallier décident de monter ce qu’est encore Swell plus de 15 ans plus tard, un groupe intègre et discret, caractérisé par ses nappes mélancoliques de synthés lo fi, et son folk rock groovy et psyché. En 1998 et faisant suite à Too many days without you, Swell livre un cinquième disque de revenants, comportant peut-être les meilleures chansons jamais écrites par le groupe.

Exit le Studio 41, bienvenue aux studios Outer Space (tout un programme!). Le son est très direct, plus complexe, mieux arrangé. La présence à la batterie de Rob Ellis (PJ Harvey) en lieu et place de Sean Kikpatrick le batteur fétiche explique en partie ce changement. Prenant racine dans les quartiers populaires post hippie de la cité californienne, la musique de Swell s'inscrit toujours dans une déprime qui colle à la peau, chronique pesante et désespérée de ce que peuvent être les moments merdiques de la vie. Pas bien joyeux, For all the beautiful people est noir et long, ni évident ni ambitieux, et maintient l'auditeur la tête sous l'eau, entrecoupé de quelques moments de lumière furtive et généralement bienvenue (Everything is good).

Du côté de la réinvention, les 3 basses simultanées du Oh my my, l'usage des claviers avec Make up your mind ou encore l'utilisation du piano Rhodes avec la guitare sèche acoustique. Sombres et hypnotiques, les lignes de basses sont à tomber. Celle de Swill 9, ma préférée, précède batterie et toutes sortes de couches sonores (orgue, cuivres, violons...). Les arrangements de voix ne sont pas à la traîne, en témoigne Today, premier titre et premier morceau lancinant, calme et luxuriant, porté par la voix sale et pesante de David Freel. La tristesse de Oh my my n'a rien de sur jouée et fait preuve d'une humanité inimitable. Enfin, Don't you know they love you est un morceau que Joy Division aurait pu écrire, oppressant et pur comme un bijou.

Faisant peut-être suite au For those not so beautiful des Tindersticks, cet album et l'ambiance sombre et envoûtante à la Sparklehorse qu'il m'inspire est un sommet dans son genre. Sans faire trop de vagues (dommage quand on s'appelle Swell), le groupe marotte de Lenoir semble malheureusement porter la même poisse que leurs voisins les American Music Club de Mark Eitzel. Désabusé et tendu, sous le joug d'aucune pression artistique, ce disque est d'une beauté moite éblouissante. Merci frérot pour le cadeau.

En bref : Pas très guilleret ce folk rock lo-fi, et pourtant bougrement addictif. Une tristesse musicale qui colle à la peau.
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A lire aussi : Sun Dial - Other way out (1990)
_Le clip très 90’s de Everything is good :


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16 avril 2008

Poni Hoax - Images of Sigrid (2008)

Combien de groupes français revendiquent-ils, actuellement, l’héritage des musiques anglaises des 80’s, et particulièrement de la cold-wave? Au moment où Think Twice sort un album entièrement dédié à ces sonorités, voici que le nouveau Poni Hoax débarque (le 28 avril), nourri des mêmes influences, accomplissant le même grand écart entre scène rock et clubbing. Aux manettes de ce second disque, il y a Joakim, petit génie de producteur français, auteur d’un album marquant en 2007, et patron du label Tiger Sushi.

Une pincée de Daft Punk pour l’énergie électro, quelques accents de Bowie et de Ian Curtis pour la voix caverneuse du chanteur Nicolas Ker, un zeste de David Byrne pour le côté funk blanc... L’alchimie Poni Hoax fonctionne à bloc sur ce nouvel opus décadent et ouvertement sexuel, où il est essentiellement question de baiser des groupies dont on a oublié le nom (“Antibodies”) et de vomir dans une boîte en train de fermer lorsque point l’aube blafarde. De l’hypnose carrée percée de larsens douloureux de “Paper Bride” au piano très Nick Cave de “Faces of water”, le spectre couvert par Images of Sigrid est extrêmement large. “Crash-Pad Driver” sonne comme une version déviante du “Message in a bottle” de Police, tandis que l’hybride disco-rock “Birds in fire” et sa trompette bouchée évoquent la house pervertie du Britannique Trevor Jackson, alias Playgroup.

Outre une production très électro, le secret de la puissance sonore du quintet de Barbès réside essentiellement dans ses claviers, travaillés à quatre mains par Arnaud Roulin et Laurent Bardainne, le leader et compositeur du groupe. Ces deux-là ont semble-t-il très studieusement écouté Giorgio Moroder, dont le haut patronage est sensible sur une bonne moitié du disque. Nicolas Villebrun (guitare) et Vincent Taeger (batterie, percussion) se chargent d’un accompagnement pop-rock plus classique qui laisse s’épanouir des mélodies bien carossées et charmeuses. Quant à cette fameuse Sigrid à laquelle l'album rend hommage, il s’agit d’une jeune femme bien réelle, actrice de son état. Véritable muse, sa silhouette plane sur les treize titres et leur confère un romantisme mystérieux, même si on ne saura sans doute jamais quelle est l’exacte teneur de ses relations avec les membres de Poni Hoax.

En bref : Avec Joakim à la prod, les Parisiens de Poni Hoax pondent un deuxième album ambitieux de pop boostée à l’électro. Sexy, sauvage, et terriblement accrocheur.


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Le clip de "Antibodies":


"Pretty tall girls" en live sur Arte:

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15 avril 2008

Thee Silver Mt. Zion Memorial Orchestra & Tra-La-La Band - Concert à La Maroquinerie

On rentre dans la Maroquinerie comme dans une cave. D'ailleurs la salle a tout d'une cave : plafond bas, espace exigu, obscurité. Les effluves des corps comprimés se mêlent en un fumet peu agréable qui ferait presque regretter cette époque où l'on subissait la tabagie des autres. Mais j'arrête de grincher puisque nos musicos de Montréal ont plutôt l'air d'apprécier l'endroit : " On est très content de jouer dans une cave, ça nous change des théâtres un peu fancy ", dira le guitariste. N'empêche qu'il y a quelque chose qui cloche. Le son est méga amplifié par rapport à l'exiguïté du lieu, et on aura l'impression que, pendant tout le concert, les musiciens auront rusé avec ce paramètre imprévu pour trouver une sonorité qui leur convienne. On verra, par exemple, Efrim Menuck chanter à trois mètres de son micro ; sans quoi, il est vrai, se serait perdue cette texture si particulière qui fait la beauté de sa voix.

"We are Thee Silver Mount etc. etc. etc. and tralala band, and we are from Montreal", ça y est, ça commence. Il semblerait que ce soit une particularité du groupe que de rôder les morceaux sur scène avant de les graver sur disque. Le concert est donc un mélange de morceaux nouveaux et de morceaux extraits du dernier album 13 blues for thirteen moons. Deux violons, une contrebasse, un violoncelle, deux guitares et une batterie, et pourtant on aurait bien du mal à appeler ça "rock progressif", tant les cordes s'intègrent dans la masse sonore, et dans un jouer ensemble remarquablement maîtrisé. Du blues, il y en a, au sens d'une mise en musique de la plainte et du sentiment de la catastrophe, mais cet art de la sym–phonie permet d'éviter l'écueil d'un pathos exacerbé à coup de violons larmoyants. On retrouve sur scène ce qui fait la force de ce groupe : non pas une alternance entre violence et douceur (du genre System of a down), mais un art du passage d'une intensité à une autre, du crescendo et du decrescendo, au plus près de la rythmique réelle de l'affectivité, quand elle fonctionne sur le mode du "blues".

Les Silver Mount Zion sont un groupe engagé dans la forme la plus accomplie qui soit : la force de la métaphore plutôt que celle de la démonstration, l'éloquence de la musique en lieu et place d'un discours pesant. One million died to make this sound est dédiée à tous les musiciens qui sont morts pauvres, tous ces créateurs en puissance, dont la vie a été accaparée par la préoccupation de la survie. L'autonomie matérielle, monétaire, est la condition de possibilité de la création ; ça fait un bien fou d'entendre ça, à l'heure d'une précarisation généralisée des conditions d'existence, de la destruction du statut des intermittents du spectacle, et du populisme sarkozien. On vit des moments de pure grâce, où des polyphonies vocales émergent d'un déluge sonore, pareilles aux oiseaux chantant après l'orage pour signifier aux autres qu'ils sont bien en vie et ont survécu à ce qui aurait pu les détruire. D'ailleurs l'oiseau est l'emblème des Silver Mount Zion, présent jusque sur la peau des musiciens tatoués. Le groupe n'est pas avare en rappels : une nouvelle chanson, traversée de multiples réverbérations et distorsions plutôt inhabituelles, et un au revoir a capella, où tous les musiciens chantent ensemble, ultime symbole de la manière d'être du groupe. Un très beau concert en somme.

Le site du Tra la la band et le Myspace du Silver Mt Zion

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14 avril 2008

The Raconteurs - Consolers of the lonely (2008)

Toujours dans le but d'innover dans la diffusion musicale, les Raconteurs ont bien fait parler d'eux il y a quelques semaines de cela en présentant leur deuxième album dans la surprise générale, 5 jours avant sa sortie mondiale. Ainsi et selon eux, journalistes, fans et critiques se retrouvant sur un même pied d'égalité, laisseront faire parler le disque par lui même. Certains ont pensé que ce pouvait être une stratégie pour court-circuiter le téléchargement pirate, si c'est ça c'est raté, car à peine quelques heures après la sortie officielle le 25 mars, le disque était déjà disponible en réseaux p2p. En tous cas le buzz a fonctionné. Quinze jours plus tard, qu'en est-il vraiment?

Vierge de tout avis professionnel ou pas, je me demande si ce nouvel opus atteindra le niveau de Broken boy soldier sorti il y a deux ans déjà qui était un vibrant hommage vintage aux seventies et à Led Zep en particulier. Mais avant rappelons le contexte. The Raconteurs est ce que l'on appelle un "supergroupe", c'est-à-dire un groupe composé pour l'occasion de musiciens eux mêmes issus d'autres groupes déjà bien connus. Les deux hémisphères principaux en sont Brendan Benson (homme orchestre à lui tout seul, 3 albums solos au compteur) et le grand guitariste / pianiste des White Stripes, Jack White. Ne manquaient que le bassiste Jack Lawrence et le batteur Patrick Keller de Détroit pour enregistrer cette suite à Nashville Tennessee.

Très vite percutant (14 titres et 55 minutes), Consolers of the lonely s'impose comme, au moins, l'égal de son prédécesseur. Pas de tube direct à la Steady as she goes mais un bon vieux rock électriquement furieux qui témoigne d'une grande aisance. Immédiatement et au casque dans le train, You don't understand me retient toute mon attention, avec son intro piano qui revient tout le long, son effet titre à tiroirs et son final enflammé. De même pour Many shade of black, la plus sucrée, marquée par les envolées solo de Benson à la guitare, les trompettes et la mélodie à tomber. Troisième lauréat de cette première écoute, Rich kid blues est sensationnel. Puisant dans le registre Freddy Mercury (sisi!), le quatuor alterne tirades mélancoliques au synthé, sections multiples, solos, hommage aux Who, à led Zep encore et tout ça dans un seul titre ébouriffant entre douceur acoustique (pour les amorces) et furie électrique (pour les montées).
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Moins moite que celui des White Stripes, le son Raconteurs est marqué par la basicité et l'efficacité du blues rock héroïque de White et les arrangements power pop au songwritting affirmé de Benson. Sur les thèmes de l'insécurité, de l'emprisonnement, de l'obsession ou du showbiz, chaque titre a son ambiance, rock sale sur le très titre éponyme, pause blues sur Pull this blanket off, americana et aérien pour Old enough, et parfois même celtique avec les violons. Five on the rock est excellente elle aussi, Salute your solution (premier single) sonne très Stones et Carolina Drama conclut sur une ballade au final plus que finalesque. Le fait que je ne puisse m'arrêter d'énumérer les titres prouve à quel point le disque est complet et bon. Meilleur que les White Stripes? Franchement ouais, plus complet en tous cas (ici Clapton côtoie Nirvana ou Neil Young). Le succès de ce disque devrait laisser présager s'il s'agit d'une simple jam session de qualité entre potes ou si l'on a à faire à un futur grand groupe de rock. J'ai mon avis là dessus.

En bref : Percus, basses, riffs et mélodies euphoriques pour un grand disque rock par un futur grand groupe de notre époque.

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Le clip de Salute your solution :
Salute Your Solution


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13 avril 2008

Half-Handed Cloud - Halos + Lassos (2006)

19 chansons, 29 minutes : nous n’avions pas vu ça depuis Wire? Pourtant, il n’est pas question ici de punk nerveux et bruitiste. On joue de la pop, mais détendu, décomplexé ; on s’autorise même à être un peu brouillon. Mais Half-Handed Cloud, homme seul ou presque, n’a pas la paresse de ses pareils lo-fi qui pensent qu’y mettre l’Amour et l’envie suffit à faire des chansons. Si les siennes tiennent si bien debout, c’est qu’elles reposent aussi et surtout sur des idées. D’excellentes idées, tant dans l’écriture que dans les structures.


Si le son est pop, la forme est nouvelle. Nul besoin pour convaincre de répéter des couplets et des refrains ; on en oublie même l’idée, lourde au possible : on enterre les boulets et on s’accroche aux nuages. Half-Handed Cloud écrit des mélodies immédiates et éternelles, qui touchent à l’instant et ne s’oublient jamais. Comment pourrait-on se détacher, simple exemple, de l’air délicieux de Foot on the brake ? Halos+Lassos est un peu un disque peluche, quoique moins grossier dans ses contours : un disque attachant, à serrer dans ses bras, une gueule irrésistible et un corps tout doux.


Des formes rondes et des couleurs vives. Tout, y compris les guitares et les choeurs, semble sorti des mêmes claviers electro-rigolos. Les virages ont l’effet euphorique ; du psychédélisme sans les drogues ; l’ivresse est créative. Les idées sont larges mais la vision est claire. Un Grandaddy sans concession : Grand-Père est mort, alors allons cueillir des fleurs en sautillant, et chantonnons la-la-la. Halos+Lassos est incroyablement inspiré, il est tout aussi inspirant. On veut faire des choses avec, se l’approprier, marcher, courir, sauter, prendre les claviers. Une expérience légère et intense, où surtout personne ne sera blessé.


Les titres s’enchaînent sans transition : on ne sait plus où les morceaux commencent ni où ils s’achèvent. On accélère, on ralentit, mais on ne prend surtout pas le temps de s’arrêter : on refuse le surplace. Un petit train plein de couleurs pour la visite d’une Amérique pastorale : l’allure est folle mais la direction maîtrisée. Le disque est sorti sur Asthmatic Kitty, label des copains Castanets et Sufjan Stevens, qui devient ainsi un porte-parole pertinent, Poésie à l’avant, d’une Amérique dont on est, quoi qu’il en soit, même si l’on en souffre, éperdument amoureux.

En bref : Une pop electro-rigolo, aussi attendrissante qu’étourdissante, et qui allie, fait rare, au geste lo-fi une écriture et une composition profondément inspirées.




Le site, le Myspace et le label
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A voir, le collage artisanal des clips de Tongues that possess the Earth instead (qui rappellera les premières vidéos de Belle&Sebastian), et de Feed your sheep a burning lamp.




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