30 mars 2010

Concours Minor Majority, 5 albums à gagner


Le fameux groupe norvégien Minor Majority est de retour en 2010 avec un sixième album aux accents plus durs. Either Way I Think You Know n’est pas là pour rigoler et assume crânement ses influences 70’s californiennes. Le groupe découvert en 2004 par le label bordelais Vicious Circle sera bientôt en tournée et passera entre autres par Brest, Nantes, Tourcoing, Bordeaux et Paris en mai prochain. A cette occasion Dodb souhaite vous faire gagner l’un des 5 albums mis en jeu. Pour cela il suffit de répondre à la question suivante :

Citez au moins un artiste norvégien déjà chroniqué sur Dodb ?

Et d’envoyer vos réponses à contact@desoreillesdansbabylone.com avant le 16 avril prochain avec vos coordonnées postales et "Concours Minor Majority" dans l’intitulé du message. Bonne chance à tous.

Les Myspace de Minor Majority et Vicious Circle

"Either Way I Think You Know" issu du nouvel album :



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29 mars 2010

Archie Bronson Outfit - Coconut (2010)

Après deux albums d'un rock poisseux, bluesy et fiévreux, diablement addictif, Archie Bronson Outfit était attendu au tournant, annonçant un virage inédit et amené à lui faire quitter les rails de son univers unique. L'album une fois sorti et incluant les changements prévus se fait tomber dessus par la critique de façon majoritaire... et injuste.

En effet, ce revirement lui permet non seulement de se renouveler, mais aussi de garder le cap de son rock brûlant tout en y incluant, avec justesse, des "ingrédients" de nature à le faire évoluer dans le bon sens. Et la recette fonctionne à plein régime dès "Magnetic warrior", titre d'ouverture à la fois puissant et psyché, qui n'annonce aucun signe tangible de faiblesse pour la suite.

Le début du disque est même parfait avec ce second morceau, "Shark's tooth", digne de leurs premiers efforts, avec des séquences bien dosées d'électro novatrices, puis le post-punk de "Hoola" doté d'une voix féminine avenante. Comme à leur habitude, les Anglais livrent une palanquée de chansons irréprochables, prenant de plus le soin d'imposer un panel varié. Ainsi, le trépidant "Wild strawberries", sonique et incoercible, façon Wire sur leur énorme "Send", se voit-il relayé par le post-punk funky proche de Gang Of Four de "Chunk".

Passé cette première moitié de haut niveau, "You Have A Right To A Mountain Life / One Up On Yourself" renoue avec une trame incandescente, empreinte de folie, à la croisée du psychédélisme et d'ouvertures soniques diablement bien envoyées, avant qu'un "Bite It & Believe It" mélodique et émotionnel, bardé de sons cosmiques, n'enfonce le clou d'un opus plus que réussi, ceci tout en confirmant un contenu élargi et cohérent. Le trio se permet même ensuite de faire dans l'aérien sur "Hunt you down" au folk céleste finement exécuté, pour l'instant d'après nous gratifier d'un "Harness (Bliss)" digne de Fur ou Derdang, Derdang, fonceur et orné de ces motifs novateurs qui servent l'intérêt du disque et le portent vers des sommets en terme de contenu. Puis c'est le remuant "Run gospel singer" aux chants associés magnifiques, simultanément folk, noisy et spatial de par la présence de claviers obsédants, qui met fin de fort belle manière à une réalisation de tout pemier ordre. En faisant taire à l'avenir (espérons-le) les détracteurs dont le défaut premier pourrait être d'être un peu trop réfractaires à la prise de risques et à l'avancée.

En bref: superbe retour, doté d'initiatives concluantes, pour un groupe qui n'a de cesse de faire évoluer une formule déjà singulière et captivante.





Le site officiel

"Shark's tooth" :


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Speech Debelle - Places de concerts à gagner


Alors que la jeune valeur montante du hip-hop britannique travaille actuellement sur son deuxième album à venir (The Art Of Speech Debelle), une tournée française est en cours en ce doux mois d’avril. Elle sera entre autres de passage à Nantes, Annecy, Marseille, Lyon , Toulouse, ainsi qu’à Paris le 13 avril prochain à La Maroquinerie. C’est pour ce concert que nous vous proposons de gagner l’une des 4 places mises en jeu. Pour cela il suffit de répondre à la question suivante :

Comment s’appelait le premier album de Speech Debelle sorti en 2009 ?

Et d’envoyer votre nom et votre réponse à contact@desoreillesdansbabylone.com avec "Concours Speech Debelle" dans l’intitulé du message avant le samedi 10 avril minuit.

Le Myspace de Speech Debelle et celui de La Maroquinerie

Le clip de "Better days" feat Micachu :


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26 mars 2010

Summer Camp - Ghost Train (2009)


Impossible de résister à ce morceau qui instantanément a tout du tube beach pop parfait. Des semaines maintenant que cette voix de déesse trotte dans ma tête et me pousse à aller de l’avant. Ce morceau idyllique (magnifiquement accompagné de son clip vintage) date pourtant de l’année dernière, pour l’instant sans sortie physique, il faudra encore attendre avril prochain pour recevoir le 45 tours Ghost Train de chez Moshi Moshi (déjà épuisé en précommande). Il sera pour la peine accompagné de la B-Side "Montgomery Avenue 1984", titre encore inédit sur la toile. Tout a été envisagé concernant Summer Camp qui a pris un malin plaisir à laisser planer le doute sur son identité. On a cru un moment à une formation suédoise, californienne même, mais il n’en est rien, ces douces chansons ensoleillées sont finalement originaires de Londres la pluvieuse.

Le duo énigmatique communique peu mais nous avons quand même réussi à obtenir quelques informations, au niveau des influences notamment où il faut compter on s’en serait douté sur les Beach Boys et Fleetwood Mac, mais pas seulement puisqu’il est aussi question de Cocteau Twins et de Stiff Records. "Ghost Train" n’est que le troisième morceau composé à quatre mains par Elizabeth Sankey et Jeremy Warmsley, et leur premier véritable concert n’aura lieu qu’en avril. Rempli d’ondes positives, il est magnifique. Une pop song admirable, pleine de charme et de délicatesse, portée par une voix qui donne des frissons lorsque le refrain repart. "Was it worth it" autre titre mis à disposition pour le moment est un autre sommet. A coup sûr le prochain beach buzz anglais.

Pour info, le groupe alimente régulièrement un photo-blog avec de vieilles photos rétro assez sympathiques. Pour Jeremy : "La musique essaye de capturer un sentiment, et les photos sont d’autres visions de ce sentiment". L’illustration ci-dessus en est un exemple et n’est en aucun cas une possible pochette.

En bref : mais d’où sort donc ce duo anglais qui en quelque titres à peine sonne déjà comme un futur incontournable ?




Le Myspace

A lire aussi : Odelo - Song For Nastasha (2010)

Le fameux clip de "Ghost Train" :


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25 mars 2010

Caribou - The Milk Of Human Kindness (2005)

Au hasard de mes pérégrinations disque-durales, je suis retombé presque par chance sur ce groupe au nom étrange. Enfin de groupe il n’en est que très peu question puisque c’est le canadien Daniel Victor Snaith seul que l’on retrouve aux commandes de ce bel OVNI musical. Certains l’ont connu en tant que Manitoba, mais suite à des problèmes juridiques avec le chanteur punk bouseux Handsome Dick Manitoba (ça ne s’invente pas), le producteur multi instrumentaliste a du changer de formule. Premier album sous ce nouveau pseudo, The Milk Of Human Kindness s’inspire à la fois d’une citation du Mac Beth de Shakespeare, et à la fois de l’un des titres phare du Salty Dog de Procul Harum. Caribou pour faire vite donne à présent dans la dream pop électronique, mais pas seulement.

Si l’homme est Docteur en mathématiques dans la vie, sa musique elle refuse tout ordre logique. A la fois acoustique et électronique, elle use du sample et du chant pop, sans toutefois passer du coq à l’âne. Prenons "Yeti" par exemple, le titre par lequel on entre dans l’album. Un morceau assez facile d’accès, une batterie tranquille, des choeurs naïfs façon vous-savez-qui. Une rencontre intelligente entre l’Animal Collective de Sung Tongs et le Mercury Rev de Boces. D’un autre côté vous pouvez tout aussi bien tomber sur un "Lord Leopard" hip-hop à la Dj Shadow ou encore un "Pelican narrows" électronique à la sauce Four Tet. L’homme orchestre opère des bidouillages fous et modernes sans jamais singer non plus.


Et puis vous avez toute une série de morceaux qui m’évoquent fortement le feu Beta Band (et donc le plus récent Phantom Band). Des titres faussement cools, chantés par des voix molles sur des rythmiques krautrock. "Bees" en est le parfait exemple, entre "Green onions" de Booker T & The MG et "Hallo Gallo" de Neu !. De même sur les galopants "Brahminy kite" et "Barnhowl" qui pour le coup annoncent bien le "Throwing bones" des Ecossais spectraux. Ca fait beaucoup de pistes je sais, mais c’est bien là la richesse de Caribou qui se forge pourtant un nom propre piste après piste. Sans compter qu’au milieu de tout ça il y a le folk acoustique et rêveur "Hello hammerheads", brillant lui aussi.

100% enregistré à la maison, The Milk Of Human Kindness est un exemple de mélodies et de structures originales. A la fois riche et dynamique, inspiré et inspirant, il place la divagation au rang d’inventivité pure. Laissons à Caribou le mot de la fin, lui qui désire simplement : "S’échapper dans ce monde de sons qui est dans sa tête". Ce que l’on souhaite tous.

En bref : disque fou de 40 minutes à peine, entre Simon & Garfunkel et Silver Apples, à la croisée des genres, modeste et intelligent. Une seule envie : le repasser encore et encore. Note maximale obligée.





Pour info : Swim le nouvel album de Caribou sortira le 20 avril de cette année, et son premier titre "Odessa" est déjà monstrueux

A lire aussi : The Phantom Band - Checkmate Savage (2009)

Le Myspace

Un clip de "Bees" et "Barnhowl" en mode groupe dans une superbe "Pink room" :




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Trus'me - In The Red (2009)

Second long-format pour la jeune mais déjà vigoureuse étiquette Prime Numbers, et cette fois-ci, c’est le patron qui régale! Moins house que sur son premier essai Working Night$, Trus’me a choisi de baser son nouvel album sur des reprises de standards soul, funk ou disco. L’instrumentation live prend le pas sur les samples et le rendu est globalement plus organique, plus chaud qu’auparavant. Le Mancunien s’est entouré de claviers et de voix de renom, au premier rang desquels Amp Fiddler, ancien clavier de George Clinton et excellent vocaliste soul. Le roi du boogie-funk californien Dâm-Funk, le leader de Jazzanova Paul Randolph, et le maître ès Moog Fudge Fingas sont aussi de la fête.

Pourtant, après le System de Linkwood, qui avait placé la barre très haut, In The Red me laisse un peu sur ma faim. 9 titres seulement, dont deux interludes sans grand intérêt, et peu de cohérence dans les enchaînements entre les titres : sans être bâclé, il n’a pas ce petit supplément d’âme qui fait les grands albums. L’entame est parfaite, avec l’over-sexy reprise du "Can We Pretend" de Bill Withers. Du Rhodes en pagaille, un Amp Fiddler suavissime, et une basse moelleuse et puissante. D’emblée ça groove sec, mais en toute légèreté, à la californienne. Impossible d’ailleurs de ne pas faire la connexion avec Roy Ayers. "Put It On Me" et "Sucker For A Pretty Face" seront dans le même esprit, le premier très réussi, l’autre me laissant complètement indifférent, avec ses clins d’oeil à Prince un peu convenus.

On retrouve un Trus’me plus proche de celui qui nous est familier sur la tuerie house "Sweet Mother" et sur "Need A Job" qui, avec son thème de trompette, fait penser à un vieux track soulful de Kerri Chandler – ce qui ne peut être foncièrement mauvais… Au beau milieu de tout ça, la collaboration avec Dâm-Funk fait presque figure d’intruse. Alors que le reste du disque donne dans le soyeux et le propret, cette reprise de "Wheel Me Out" de Was (Not Was) propose une funk grasse et vocodée, dans la droite lignée de Zapp & Roger et de ce qu'a récemment proposé ledit Dâm-Funk sur son premier (et titanesque) album, Toaechizown. Le morceau est certes excellent, mais il renforce encore un peu plus l'impression de fourre-tout que procure ce In The Red un brin décevant.

En bref: il y a évidemment quelques bijoux de house soulful sur ce deuxième album ("Can We Pretend", "Sweet Mother"…), mais on attendait quelque chose de plus réfléchi et de plus cohérent de la part du producteur mancunien, peut-être trop occupé à gérer son label et à parcourir le globe.



Le Myspace de Trus'me et son label

A lire aussi: Prime Numbers Compilation 1 (2008) et Linkwood - System (2009)




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24 mars 2010

Odelo - Song For Nastasha (2010)


Rendons grâce une fois de plus à Delicious Scopitone pour nous avoir introduits à la pop disco d’Odelo. Sans ça c’eût été compliqué. A peine une vingtaine d’écoutes sur Myspace lorsque que je l’ai écouté pour la première fois, et on l’espère une explosion des stats à l’avenir. Leur parcours est pour le moins assez exotique si l’on peut dire ainsi. Davor et Slaven sont deux frères Bosniaques originaires de Mr Konjic Grad, et alors qu’ils sont encore adolescents, leurs parents émigrent aux USA pour fuir la guerre civile. A l’heure actuelle Slaven est parti à Paris et Davor continue l’aventure avec Jessica, amie de toujours, co-compositrice et interprète de tous les titres. Ils ont très peu d’équipement en leur possession et composent la plupart des morceaux à l’aide du logiciel Abelton Live et de quelques instruments acoustiques. C’est pourquoi ils tiennent à tout réenregistrer de manière plus professionnelle avant de penser à trouver un label prêt à les sortir. Selon eux ils auraient déjà largement assez de chansons pour faire un album. Pourquoi Odelo me direz-vous ? Parce que cela ne fait penser à rien, à aucun genre. En effet le trio assume : "Aujourd’hui on fait de l’électro mais plus tard on aimerait pouvoir faire ce que l’on a envie de faire". En d’autres termes et selon les leurs : "Grandir en tant qu’artiste sans s’enfermer dans un genre ou un son particulier".

En tous cas ce premier morceau mis en images "Song for Natasha" est magnifique. Une montée très rythmée, une mélodie spectrale, et surtout un effet "happy électro" que l’on retrouve sur les autres titres disponibles du groupe. C’est d’ailleurs une autre particularité, leurs chansons comportent pour le moment presque toutes un prénom féminin dans leur titre. Ainsi vous pourrez également écouter "For Isabel" et "Valentina" sur leur Myspace. Pourquoi ça ? Et bien ce sont des noms de personnages littéraires, qui n’ont pas forcément à voir avec les paroles ou le contenu des chansons. La Nastasha susnommée ici est par exemple un hommage à Natasha Filipovna, personnage du roman The Idiot de Dostoïevski. Plus que toute autre raison, les chansons ont des titres féminins parce que ce sont des chansons d’amour. Tout simplement. Côté influences, on se demande ce que peut bien donner ce brassage des cultures, entre Bosnie et USA, et bien Davor cite volontiers et dans le désordre Nikola Tesla (l’inventeur), Bill Callahan, Scott Walker, Saint Etienne, Azra (groupe de new wave croate des 80’s), le label Kompakt et l’écrivain yougoslave Danilo Kis. A surveiller de très très près et à écouter en boucle en attendant l’album.

En bref : quand le multiculturalisme Bosnie/ USA accouche d’un morceau électro pop aux allures d’hymne, et ce dès le premier coup, ça promet…





Le Myspace

Le "Song for Natasha" en question :


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21 mars 2010

Nicolas Jaar - Time For Us (2010)

Impossible, en ce moment, d’écouter autre chose que ce "Time For Us" absolument monumental, signé par un blanc-bec de 19 ans, qui, malgré son patronyme à consonance hollandaise, vient de New York et a même vécu au Chili pendant plusieurs années. Ce simple morceau dégage quelque chose d’unique et de profond, alliance d’un groove infectieux, d’une virtuosité technique étonnante et d’un songwriting presque pop. D’où l’addiction presque gênante dans laquelle il me plonge depuis quelques semaines.

A la première écoute, c’est d’abord la prouesse rythmique qui éblouit. Cette sorte de slow-house (aux alentours de 105-110 BPM, soit 10 à 20 de moins qu’un beat house classique) devrait avoir un effet un peu paralysant et, logiquement, réduire le potentiel festif du titre. Il n’en est rien. Les picotements dans les jambes, l’envie irrépressible de secouer la tête et de taper dans ses mains, sont bel et bien là. Jaar se permet même d’inverser le processus traditionnel : au lieu d’accélérer le tempo, il se paye le luxe de terminer sur un long passage à 70 ou 75 BPM. L’effet est incroyable : on est comme en suspension entre deux notes, comme en lévitation. Et puis il y a cette voix, pitchée très bas, qui donne un côté salement funky à toute l'affaire, et surtout une ligne de basse démente et des nappes douces et froides. On écoute ce titre comme on lit une histoire. Jaar y a introduit du suspense, de l'angoisse, et aussi beaucoup d'humour et d'audace. Bref, c'est un bijou.

En face B, la house tribale de "Mi Mujer" est plus qu'honorable, mais ses rafales de percus et ses échantillons de fanfare ne réussissent pas un instant à faire oublier la claque administrée par "Time For Us". Le très hype label Wolf + Lamb a eu mille fois raison d’accorder sa confiance à ce gamin pour sa première sortie de la décennie. Le résultat est un classique. Mais la vraie bonne nouvelle, c’est que le premier album du prodige sortira sur un label bien de chez nous, j’ai nommé Circus Company, maison parisienne dont Dodb a toujours été très friand. Livraison annoncée pour le début de l’été.

En bref : comment, à 19 ans, foutre une trempe à l’ensemble de la planète électronique ? Demandez à Nicolas Jaar, prodige new yorkais et auteur de l'un des meilleurs morceaux de ce début d’année, le bluffant "Time For Us".



Le site et le Myspace de Nicolas Jaar
Le site de Wolf + Lamb

A lire aussi : Nicolas Jaar - Marks & Angles et Clown & Sunset - Inès LP (2010)


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18 mars 2010

Musée Mécanique & Get Well Soon, concert à l’Espace Tatry de Bordeaux le 17/03/10


Soirée compliquée que celle-là. Entre la Ligue des Champions, la St Patrick, les 20 ans du Krakatoa et la programmation de Tatry, j’ai bien du trancher. Pas facile. Mais l’affiche était trop belle. Le trio de Portland Musée Mécanique en premier, sur lequel je m’étais penché il y a peu pour le compte de Longueur d’Ondes, et les Allemands de Get Well Soon en second, dont le concert l’année passée avait fait grand bruit ici. Bien que très différents, ces deux groupes semblent avoir bien accroché entre eux, et si leur façon d’approcher la musique diffère (la discrétion pour les premiers, le baroque pour les seconds), ils ont en commun une certaine recherche de la beauté.

Musée Mécanique c’est donc cette pop folk délicate et toute mélancolique. Une tristesse que l’on retrouve par exemple chez les belges de Girls In Hawaï ("Like home") ou les autres Américains de Grandaddy ("Fits and starts", magnifique !). Hold this ghost, leur premier album qui vient de sortir est d’ailleurs vraiment très bon. Du Nick Drake couleur Sépia américain. Tout en arpèges et en roucoulement de voix - et à ma grande surprise sans batteur - le trio tourne aux instruments et au chant, se chargeant chacun d’un objet de percussion (grosse caisse, cymbales, tambourin..). On peut dire qu’ils ont le rythme dans la peau, et qu’ils méritent qu’on les connaisse.


Get Well Soon c’est une autre histoire. Pour moi et je vais en décevoir plus d’un, ils ne sont pour l’instant qu’un sous Arcade Fire, même si c’est déjà très bien. Mais il y a trop de ressemblances entre Win Butler et ce jeune Konstantin Gropper. Ah ça on ne peut pas lui reprocher de ne pas tout envoyer. Grosses compositions, Vexations disque ample, presque un manifeste pop, tout est là. La même messe que les Canadiens, sans le côté "fervente" à mon goût. Ou alors sur quelques titres qui sortent un peu du lot comme "Seneca’s silence", "5 steps / 7 swords" ou "Voice in the Louvre". Quand c’est plus grave, c’est quand Konstantin se met à pencher du côté obscur de la force, côté Muse quoi. Des fois trop c’est trop. En tous cas sur ce live, je n’ai rien à dire, leur univers visuel renforcé par projections vidéo est en plus excellent. Pendant que le groupe joue en instrumental, c’est le film qui diffuse les chœurs. C’est très bien fait et avec l’aide de l’image ça peut vite devenir très émouvant. Je fais mon difficile mais ce groupe est quand même largement à surveiller ! Ne reste plus qu’à retourner fêter Patrick, et célébrer les Girondins qualifiés pour les quarts.

Le Myspace de Musée Mécanique et celui de Get Well Soon

Le compte-rendu de Mickaël de Crystal Frontier

"Like home" en clip et "Fits and starts" en live :





"Seneca’s silence" en clip et "5 steps / 7 swords" en live :




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16 mars 2010

Concours Julien Pras, 5 albums à gagner


Le songwritter bordelais Julien Pras (que l’on ne présente plus) sort ce mois-ci son premier album solo Southern Kind Of Slang, un pur concentré de chansons pop largement au niveau de ses homologues Anglais ou Américains. A cette occasion (et en attendant la chronique) Dodb et Vicious Circle s’associent pour vous permettre de gagner l’un des cinq albums mis en jeu. Pour ce faire il suffit de répondre à la question suivante :

Comment s’appelle le dernier album de Calc ?

Et d’envoyer vos réponses avant le jeudi 16 avril à contact@desoreillesdansbabylone.com avec vos coordonnées postales et "Concours Julien Pras" dans l’intitulé du message. Pour aller plus loin, Dodb et Vicious Circle vous proposeront un concours par semaine pendant trois semaines… A mardi prochain donc !

Le Myspace de Julien Pras et celui de Vicious Circle

"Alien town", l’un des meilleurs morceaux de l’album, en show-case à Total Heaven (si vous me trouvez sur la vidéo vous avez une chance de plus de gagner l’album) :


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12 mars 2010

Sparklehorse - Vivadixiesubmarinetransmissionplot (1995)

Ceux qui ont suivi les premiers pas européens de Sparklehorse sur scène en 1997 en première partie de Radiohead n'en avaient pas forcément conservé un souvenir inoubliable. Car à l'image de sa psyché très perturbée, les concerts de Mark Linkhous sous la bannière qu'il s'était créée pouvaient être très erratiques.

Une chose est sûre aujourd'hui : il n'y aura plus de tournées de Sparklehorse, tout comme il est certain que la découverte de cet album au titre imprononçable, mariant les obsessions et l'héritage sudiste de Linkhous - Dixieland est le surnom de la Nouvelle Orléans - Johnny Cash et consorts, aura traumatisé de façon durable ceux qui ont eu la chance de vivre l'événement à l'instant présent.

Dès la première écoute de ce disque à la superbe photo de clown, l'on peut tomber facilement amoureux de ces chansons folk tristes, mal produites, de cette voix chétive, de cette instrumentation famélique : de la 6 cordes essentiellement, quelques notes de banjo, et diverses saturations ici ou là, sur les orientations électriques.

On pense bien sûr énormément au grand modèle Neil Young sur les chevrotants "Homecoming Queen" d'ouverture, et la longue ballade "Cow" qui évoquait autant l'insouciance que l'univers hick  que l'on subodorait chez Linkhous. Facile d'imaginer en effet, à la manière d'un Will Oldham cette figure peu diserte du renouveau folk US, grattant son manche sur le perron de son ranch, un Stetson vissé sur le crâne et la long rifle posée non loin de lui, pour repousser l'éventuel importun.

Alors, la relecture, la réécoute aujourd'hui des ultra sensibles et mélancoliques "Saturday" et "Spirit Ditch" - deux chansons qui valent à elles seules la possession de ce disque - n'en auront une résonance que plus douloureuse, mais finalement, quel plus beau testament que ce 1er album composé au plus près de l'os, ces magnifiques épures que constituent "Heart of Darkness" et son tapis de pedal-steel (il en existe aussi une extraordinaire version toute pleine de feedback féérique sur l'EP concomitant Chords I've Known), ou bien "Gasoline Alley".

Une impression d'irréel, d'étrangeté était prégnante sur ces chansons enregistrées dans un souffle, celui des cordes vocales, et de la touche magnéto ;  à ce titre, il est possible d'entendre un bruit quasi non identifié de fête foraine fantome, présent en fond de mix entre chaque titre : un truc qui fout bien les jetons, à la la manière des "bruits" spectraux que l'on découvrirait chez un autre brillant émule de notre homme, Conor Oberst alias Bright Eyes.

Et soudain, au détour d'un brelan de chansons pastorales, tristes, désenchantées et/ou alanguies, survenaient les inévitables brûlots, tels cet irrésistible "Rainmaker", single pétaradant ou bien l'ultra violent, au son pourrave "Someday I Will Treat You Good", qui, tels des uppercuts, surgissaient saturés pour nous faire reprendre vie.

Ah, entre autres influences et innénarrables disciples, l'homme comptait Vic Chestnut, avec qui il partagea un temps les affres de la chaise roulante et Daniel Johnston ! Dis moi qui tu côtoies, je te dirai...

Mais Mark Linkhous, ce n'était pas uniquement ce bouseux auto-proclamé, fer de lance de la folk et de la country, c'était aussi l'initiateur de projets tels que Dark Night of the Soul, ou bien encore cet esprit ouvert aux musiques électroniques, à qui nous devons encore d'avoir jeté une oreille plus qu'intéressée aux exceptionnels et feu Add N To (X), l'un de ses groupes préférés.

So long, et merci d'avoir existé !

En bref : nonobstant les hommages complaisants et post-mortem, l'une des pierres angulaires de la riche scène folk US des 90's. Un titre aussi fleuve que riche au niveau de son contenu. Incontournable legs.





"Saturday" :




"Spirit Ditch" :



"Someday I Will Treat You Good" :


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11 mars 2010

Seamonster - Two Birds Ep / These Bones (remixes) (2010)

C’est un jeune homme plein de ressources qui se cache sous ce pseudo marin. Adrian Todd Webb de son petit nom est un artiste accompli dans tous les sens du terme : articles, livres, comics, musique… Car Seamonster est déjà aussi un side project de son premier groupe Fox Hands avec qui il délivre une Americana très étrange. Au sein de sa Virginie natale, c’est quelqu’un que l’on imagine très imaginatif. Il aime : les monstres, le soleil et respirer de l’air. Depuis trois ans il travaille sur ces cinq morceaux déjà anciens du coup, auxquels il rajoute six ou sept remix (entendons nous bien, pas des remix de discothèque, des versions alternatives plutôt on va dire) compilés sous le nom de These Bones. Son ami Robert Schneider (The Apples In Stereo) dit de la musique d’Adrian qu’elle s’adresse aux : "Daydreamers and sleep walkers alike". Je suis assez d’accord.

"New England" commence comme un bon vieux Neutral Milk Hotel (ai-je oublié de préciser que cette sortie augure d'un possible retour en force du collectif Elephant 6 ?). C’est une intro dont l’ambiance évoque la fête foraine. Dès "Oh Appalachia" le ton est donné. Les bruits parasites envahissent l’espace sonore, des échos de fréquences radio surgissent de tous horizons, le rythme est délibérément électro pop. Au fond l’ambiance est à la folk pop rêveuse. Ca se durcit un peu avec "Bearsuit" qui commence comme un Pixies (on ne va pas dire lequel) et qui au final se rapproche plus d’un Olivia Tremor Control que d’autre chose. Celui qui devrait mettre tout le monde d’accord c’est le très Velvetien "The philosophy of Andy Warhol", parfait ! Plusieurs intervenants s’occupent ensuite des reprises. Vision Of Trees que l’on avait déjà croisé sur le blog laisse ici un très joli "Andy Warhol" recyclé. Les versions de Roman Ruis, Bomarr et Meanest Man Contest sont un peu plus tirées par les cheveux mais soit. Quant au "Annalee" par Björn Kleinheinz, il est tout simplement parfait lui aussi. Laissons à Adrian le mot de la fin : "Make music out of sounds and noise out of words and memories out of life".

En bref : un Ep de "bedroom folk" qui pourrait être anecdotique s’il n’avait pas été composé par un jeune homme au potentiel incroyable. Une poignée de musique de grande qualité quoi qu’il en soit.





Le Myspace et le site officiel d’Adrian (avec ses comics et tout et tout)

Le site de Gold Robot Records et ce lui de Royal Rhino Flying Records

A lire aussi : Vision Of Trees - Sometimes it kills Ep (2010)

Le joli clip de "Oh Appalachia" :


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10 mars 2010

Sparklehorse - Dreamt For Light Years In The Belly Of A Mountain (2006)

Trois jours que j’écoute en boucle la discographie de Mark Linkous. Trois jours que je redécouvre son univers si fragile, ses ritournelles uniques, de celles que l’on n’écoute pas si souvent finalement. Un génie inadapté de plus, dont le bref passage sur Terre a apporté à ceux qui ont su l’entendre de bien belles rêveries ouatées, jusqu’à ce terrible jour de Mars où la flamme qui vacillait depuis longtemps s’est définitivement éteinte. Et bizarrement, un peu comme avec Modest Mouse, c’est presque l’album le plus désavoué que je préfère. Après un crucial, indépassable et surtout imprononçable Vivadixiesubmarinetransmissionplot en 1995, beaucoup n’ont vu qu’une continuité de talent baissant dans la discographie de l’homme à tête de cheval. Qu’on se le dise, Good Morning Spider (1998) et It’s A Wonderful Lie (2000) sont également d’excellents disques. Bien au dessus de la moyenne en tous cas. Je ne parle pas du récent Dark Night Of The Soul qui bien qu’impeccable n’est pas forcément représentatif de la pate Sparklehorse. Bien trop d’invités. Mais au bout du compte, si je ne devais en garder qu’un, ce serait celui-ci. Ca ne s’explique pas, mais je vais quand même essayer.

Pour la deuxième fois, l’ami Dave Fridmann est de la partie, tant à la production qu’aux petits instruments. A ses côtés, Danger Mouse qui a été selon les mots de Linkous son sauveur, celui qui l’a sorti du trou et qui a fait que ce disque ait pu voir la lumière du jour. A fortiori et pour une fois, leur présence à eux deux est assez discrète. Alors pourquoi ce disque est-il resté si longtemps dans la catégorie des projets en attente? Linkous on le sait avait du mal à évoluer parmi nous. Cinq ans de silence, rythmés par de grosses dépressions, des séjours en HP, de la réclusion en chambre, de nombreux décès dans son entourage (son premier amour, sa grand-mère…) et surtout la rémission d’une première tentative de suicide manquée qui l’avait laissé quelques temps en fauteuil. Qu’on ne se méprenne pas, je ne veux point faire de pathos ici, simplement souligner le contexte dans lequel ce bijou a vu le jour, dans un réel mouvement de catharsis. Le dernier album solo sous son nom.


Sparklehorse pour ceux qui ne connaissent pas encore c’était (douloureux imparfait) un songwritting ultra délicat, une esthétique folk lo-fi chère à son mentor de toujours Daniel Johnston, des arpèges splendides, des guitares généralement discrètes et une batterie sèche comme un coup de trique. Un univers que l’on qualifierait de brouillon et fragile au premier abord mais qui finit par tutoyer les sommets du sacré par l’interprétation sur le fil du rasoir de Linkous. Une voix souvent filtrée, chancelante, fragile, qui verse irrémédiablement et la plupart du temps dans la poésie la plus pure. Du bout des lèvres il murmure des pop songs couleur sépia, qui par moment et quand le ton se fait plus folk, évoque un autre grand disparu à sensibilité exacerbée, Vic Chesnutt. En effectif réduit (Steven Drozd des Flaming Lips, Scott Minor son batteur fétiche, et Tom Waits en guest), Linkous enregistre live d’anciennes compositions (époque It’s A Wonderful Lie) jugées trop poppy à l’époque. L’ancien est donc réhabilité avec au compteur seulement huit véritables nouveaux titres. Peu importe, cet album est bel et bien un album.

Malgré les craintes, tous les titres ne sont pas si tristes que ça. "Don’t take my sunshine away" qui ouvre le disque est même assez enjoué. Dans un pur style Flaming Lips (une des accointances, avec Mercury Rev, Eels et Grandaddy) la mélodie est planante et envoûtante à souhait. Un classique pour moi. Je sais que ce n’est pas le cas de tout le monde. D’autres titres sont assez cools, comme "Getting it wrong" ou "Knives of summertime", avec quelques voix féminines. Certains sont carrément pop ("Shade and honey") ou plus électriques ("Ghost in the sky"). Et bien-sûr je ne vais pas vous mentir, Il y a aussi de bonnes grosses chansons plombantes. "Return to me" par exemple avec ses arpèges blessés, mais aussi "Morning hollow" et son rythme tout en retenue. On retient son souffle je vous le dis. Enfin, last but not least, le titre d’au revoir : "Dreamt for light years in the belly of a mountain". Dix minutes de mellotron et de piano en apesanteur, des échos d’outre-tombe, des bips réguliers de pompe à morphine, en gros un long songe éveillé que rien ne peut venir perturber. Sans aucun doute le morceau qui illustre le mieux les mots de Linkous : "Sometimes my songs are just like images or films in my head. Or smells". Il n’y a plus qu’à fermer les yeux.

En bref : grand disque malade injustement boudé, Dreamt For Light Years In The Belly Of A Mountain est bourré jusqu’à la gueule de chansons magiques et magnifiques que rien ne saurait perturber. Au delà du réel.





Le site officiel, le Myspace et l’album complet en streaming

A lire aussi : Danger Mouse And Sparklehorse - Dark Night Of The Soul (2009)

Les supers cools "Don’t take my sunshine away" et "Shade and honey", et pour les courageux non dépressifs "Dreamt for light years in the belly of a mountain" :






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08 mars 2010

Adam Green - Le Poste a Galene / Marseille - 06/03/10


Rendez-vous en ce samedi 7 mars pour nos retrouvailles avec le Poste A Galène de Marseille, à l'acoustique sûre, mais qu'on subodore un peu exigu, pour accueillir tous les supporters du déjanté new yorkais. Et effectivement, s'il reste encore de la place pour la 1ère partie incarnée par le nommé Ish Marquez - gasp, un chevelu à la guitare, serions-nous en retard ?- la salle s'avère vite pleine comme un oeuf, et le concert comme on pouvait s'y attendre, sold-out !

Torse nu sous un Perfecto rendu coupable d'une sudation excessive d'après son propriétaire, notre pop star devenue poupine (ressemble de plus en plus à Gene Ween et de moins en moins à la silhouette efflanquée des débuts !), est accompagné de 4 acolytes, aux orgue, basse, guitare et batterie.

Adam est d'humeur accorte, et nous le fait savoir, qui se lance dans un stage diving endiablé dès le 1er titre la chouette "Cigarette Burns Forever", extraite de son dernier album, bien entendu richement mis à l'honneur ce soir. Et dès les rythmiques de gigue du génial "Gemstones" envoyé sans temps mort, notre popstar offre séance de roulages de pelle pour toutes les filles du premier rang qui fêtent prétendument leur anniversaire ce soir-là !

Le ton est donné : Adam Green, très en voix et qui s'abreuve abondamment d'eau claire (!), n'a de cesse de déconner avec un public acquis à sa cause, qui lui distribue force présents : la traditionnelle banane velvetienne dessinée et qui, microcosme parisien oblige, redevient furieusement tendance. Ah, et puis un chouette transfert de Garfield le chat (du nom de son premier album en 2002) sur tee-shirt ! Adam, qui ne ménage pas sa peine, enchaîne et distille les bonnes blagues au détour de vieilles scies que nous sommes ravis d'entendre, et accepte ces offrandes bon enfant !


Même si d'habit il n'est vite plus question, notre Yankee préféré choisissant vite d'exhiber son torse replet. Et assez curieusement, de redonner un coup de jeune à la curieuse danse des bras jadis popularisée malgré lui par Ian Curtis, auquel il ne sera plus seulement associé du fait de sa seule voix caverneuse. Son répertoire déjà conséquent est pertinemment mis à l'honneur, des premiers brûlots "Dance With Me" et "Baby's Gonna Die Tonight" aux délicates mélodies de Friends of Mine qui font un tabac, en particulier le magnifique morceau-titre ainsi que la très émouvante "Jessica". Badin mais loyal, Adam accède à toutes les demandes de titres qui émanent du public ; il les promet pour plus tard, et finit immanquablement par les interpréter, seul à la folk ou accompagné de son groupe.

Merde, j'aurais du lui demander "Carolina", "Chubby Princess" et "Before My Bedtime" !

Pour le reste, et même si le sous-estimé Sixes and Sevens est un peu zappé - superbe interprétation de "Tropical Island" néanmoins - tous les albums sont à l'honneur, avec une mention pour Jacket Full Of Danger, son titre de bravoure, le furieux et trompeur "Nat King Cole", et les refrains polissons de "Hairy Women" et "No Legs" ardemment réclamés. Une trentaine de chansons est ainsi enfilée à la hussarde !

L'humeur est bon enfant, et Adam, plus si green que ça au vu de son obsession revendiquée envers la gent féminine, se moque gentiment des "Eiiiiiiiiiiiiii-daeeeen, Eiiiiiiiiiiiii-daeeeen" qui lui sont assénés !

Des kilolitres de sueurs, des godets de bière, un artiste et son groupe au sommet de leur forme ; il n'en fallait pas plus pour passer une excellente soirée et cocher déjà les principales dates de la très intéressante programmation qu'offrira le Poste à Galène dans les semaines à venir !

"Emily" version sueur :


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Adam Green - Minor Love (2010)

Beaucoup de gens se méprennent encore sur le cas Adam Green. Folkeux entre moult représentants du genre, trublion capable des pires cochoncetés dans ses textes, réputation de pochtron, personnalité instable, moue hébétée et regard hagard sur ses pochettes ; tout et son contraire aura pu être retenu contre le new yorkais.
Ce qui conduit une part non négligeable de son public potentiel à lui préférer des Ron Sexmith ou des Devendra Benhart autrement plus anodins, alors que le niveau de son écriture le situerait davantage sur les hauteurs où plan(ai)ent un Sufjan Stevens ou un Elliott Smith.

La vérité est que l'homme est trop habile, trop intelligent dans son songwriting pour se satisfaire d'un 1er degré dans lequel le public indé a trop souvent tendance à le cantonner. Et de la même façon que Nick Drake n'était pas forcément le dépressif compulsif que son destin tragique et certains textes pouvaient laisser supposer, Adam Green n'est pas toujours ce clown au nez rouge et imbibé, qui dédie des chansons aux femmes poilues, culs-de-jatte, et autres étouffés après fellation .
L'écoute de ce 6ème album solo, consécutif à un mariage foiré (préambule à nombre d'albums marquants de Marvin Gaye à Beck en passant par Lou Reed), souligne cet état de chose. Et si cette saillie vacharde en guise de titre d'album restitue l'humeur du disque, elle ne doit pas conférer à l'oeuvre ce mot "minor" . En effet, on n'avait sans doute pas revu Adam Green aussi inspiré sur "la durée" depuis ses formidables classiques qu'étaient Friends of Mine (2003) et Gemstones (2005). Encore qu'une réécoute attentive de Jacket Full of Danger (2006) et de Sixes and Sevens (2008) procurera aux plus sceptiques l'occasion de se délecter d'un nombre non négligeable de grandes chansons. Il y a dans chaque album d'Adam Green un nombre de perles supérieur à la moyenne.

On évoquait la trame satiriste pas si dénuée que cela de 2ème degré d'Adam Green. L'artiste qui refuse tout manichéisme s'est toujours pris de tendresse pour les personnages réels ou inspirés du réel qui lui ont inspiré ses faits d'armes les plus célèbres ; ainsi en allait-il de la chanteuse de télé réalité de "Jessica" ou bien du précédent et notoire président des Etats-Unis, sur l'impayable "Choke on a Cock" , cibles ô combien faciles. En outre, notre homme n'est pas du genre à s'apitoyer sur son sort, faisant preuve d'au moins autant de dérision envers ses semblables que vis-à-vis de lui-même. Et même s'il donne l'impression d'accuser le coup sur "Buddy Bradley" (This is not a good day to call me / Because I cannot spare some sympathy"), ou sur la reverb hantée de son chant sur "Cigarette Burns Forever", l'humeur est plus affable sur le superbe "Give Them a Token", où il sait se faire tendre, et carrément à la déconne sur "What Makes Him Act so Bad" où l'artiste fait son auto-critique.
"Boss Inside" reste cependant un grand moment de mea culpa cafardeux sous trame de bars miteux, tel qu'aurait pu les chanter Nick Cave à qui Green ne dispute pas qu'une tessiture grave.

Musicalement, l'album comme du reste les dernières livraisons du new-yorkais, se situe dans la lignée des albums fourre-tout des années 70, tels que pouvaient en produire des Bowie et des Iggy Pop, bizarres sonorités tribales de "Goblin", son garage quasi velvetien sur "What Makes Him Act So Bad", lo-fi ultra cheap avec Casio pourri ("Oh Schucks"), pop Beckienne sur "Lockout", autre influence évidente et revendiquée par notre homme. 
Dans tous les cas, le même dénominateur commun des chansons : leur durée qui semble décidément ne jamais excéder les 2'30, 3' quand Adam se lâche. Assez curieusement, ce gimmick est sans doute ce qui fait de sa musique l'une des plus essentielles du moment : impossible de s'ennuyer à l'écoute de ces petites comptines qui au contraire nous touchent au coeur.

Adam Green ou la simplicité d'écriture élevée en art inégalé de la concision. Et un phrasé qui connaît tout l'art du crooner, comme dans cette manière aristocratique de diphtonguer la lettre A.

En bref : 6ème album, et toujours rien à jeter dans les mots et les humeurs d'Adam Green, l'un des troubadours les plus doués de sa génération. Qu'on aurait tort de réduire à ses frasques. La réécoute de ses anciens exploits est fortement conseillée.





Adam Green le site, le Myspace

"Buddy Bradley"



"Boss Inside"



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Interview - Mount McKinley


Rappelez-vous il y a quelques semaines nous vous parlions de Mount McKinley l’un des plus excitants duos du New Jersey, et bien c’en était trop, il fallait leur poser quelques questions. Le chanteur / guitariste Dylan White et le batteur Joe Bland on gentiment accepté d’y répondre, et avec l’innocence de la jeunesse qui les caractérise, ils n’hésitent pas à citer Mickaël Jackson ou Radiohead en influences alors que leurs premiers morceaux nous rappellent davantage My Bloody Valentine et tout le récent revival shoegaze américain.

Bonjour, pensez-vous que "Rainsand" soit votre meilleur morceau ?

Dylan: C’est difficile pour moi de dire ça, parce que j’aime tellement jouer chaque morceau pour une raison différente. Mais j’aime "Rainsand" pour ses variations de dynamique plus que les autres c’est sûr.

Joe: Je dirais que c’est en tout cas notre meilleur enregistrement. On est arrivés à faire "Rainsand" après avoir traversé une période d’écriture assez longue. Nous l’avions mise de côté avec les chansons "à finir". Quand nous y sommes finalement retournés, nous l’avons aimée et préparée pour l’enregistrement.

"In the dark" au casque et un parfait "mur du son". Ca me fait penser à Neutral Milk Hotel qui habillait ses mélodies pop parfaites de sons beaucoup plus lo-fi. Vous les connaissez? Vous avez d’autres références dans le genre "mur du son"?

Dylan: Je me souviens avoir découvert Neutral Milk Hotel au collège. C’était une révélation. Je suis un grand fan de cet effet "mur du son". Nous sonnons aussi comme ça parce que, vu que l’on n’est que deux, nous avons besoin de certains effets pour compenser l’absence de bassiste et remplir l’espace sonore. Mon "mur du son" préféré ce sont les dernières minutes du "Bros" de Panda Bear.

Vous êtes de la même ville que Real Estate (Summit, New Jersey), êtes-vous des amis proches?

Dylan: Nous habitons en fait à 40 minutes les uns des autres. Je les ai vus jouer dans un jardin l’été dernier et ils étaient géniaux. Je ne leur ai pas parlé longtemps, mais ils avaient l’air cools. J’aime leur musique.

Avez-vous conscience de ce courant appelé "chillwave" ou "blog rock"? Comment auriez-vous fait pour vous faire connaître sans blogs ?

Joe: Je ne pense pas que nous soyons très conscients de cela en fait. Nous ne sommes mêmes toujours pas sûrs de ce qu’est ce courant mais les blogs sont en tous cas devenus incontournables pour promouvoir les nouveaux groupes. Je ne sais pas ce que nous aurions fait sans eux. On se serait certainement plus impliqués dans notre Myspace.

Découvrez-vous beaucoup de musique via Internet ?

Dylan: Toute la musique que je découvre passé par Internet, mais rarement par les blogs. Et en fait, je n’ai pas autant d’appétit pour la nouveauté que d’autres fans de musique. Ca me suffit presque d’écouter Michael Jackson et Radiohead en boucle. Mais peut-être qu’il est temps que je m’y mette.

Comment composez-vous vos morceaux ? J’ai entendu parler de jam sessions ?

Dylan : On écrit tout ensemble. Quand on joue quelque chose vite fait et que ça nous plait, on s’arrête et on passe le reste du temps à développer l’idée. Quoi qu’il en soit c’est toujours un travail d’équipe.

Que pensez-vous de l’industrie de la musique? Est-ce que vous cherchez un label ?

Joe: On ne connait pas grand chose là-dessus, et c’est encore assez récent donc on n’a pas des tonnes de proposition non plus. Mais c’est sûr que ce serait bien d’avoir un label.


Allez-vous sortir des disques physiques?

Joe : On n’en est pas encore là. On est déjà assez contents comme ça pour le moment de pouvoir faire du digital.

Comptez-vous tourner en Europe? France?

Dylan: Complètement! J’espère qu’un jour on aura assez de budget pour tourner en Europe en tant que groupe. Rien que cette idée m’excite !

Quelles sont vos influences passées et présentes?

Dylan: Il y en a tant. Ce qui me vient à l’esprit en ce moment : Michael Jackson, Deerhunter, Radiohead, Slowdive, Animal Collective, Yo La Tengo… je pourrais continuer longtemps.

Joe: Je me suis récemment rattrapé en écoutant de nouveaux trucs comme Bibio, Belong ou Hella.

Quel est le dernier groupe qui vous a complètement surpris (Je veux dire qui vous a vraiment fait exploser la tête)?

Dylan: Hmm… Et bien je ne sais pas si ça m’a surpris mais ma tête a récemment explosé quand j’ai finalement écouté “Invention” de Daedelus.

Joe: J’ai entendu “You Fail Me” de Converge il n’y a pas longtemps et pour la première fois ça m’a ravagé.

Le Myspace

A lire aussi : Mount McKinley - Evasion Ep (2010)

"Rainsand" pour la route :


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05 mars 2010

Massive Attack - Heligoland (2010)

C'est à reculons que l'on entre dans Heligoland, tant le précédent album (100th Window, 2003) avait massivement attaqué une admiration que l'on croyait indéfectible depuis le magistral et inusable Mezzanine (1998). Être fan c'est ça, c'est être patient et y croire encore. Pourtant 100th Window nous avait carrément fâché : tout le monde s'était barré, il ne restait plus que Del Naja , en gestionnaire d'une franchise dont la maison mère n'était plus qu'un vague souvenir. On veut bien vibrer au son du trip-hop, mais faut quand même pas nous prendre pour des tourtes... L'album une fois revendu sur ebay, il ne restait plus qu' à prier pour que le trio se reforme. C'est presque chose faite, puisque Grant Marshall est revenu (pour Mushroom, il faudra encore attendre un peu). La liste des featurings suffira à lever les réticences des plus rancuniers, Tunde Adebimpe ( TV on the radio) en tête ; sans parler, cela va de soi, du fidèle Horace Andy, vieux rastaman acclimaté depuis longtemps au crachin bristolien, et qui n' a jamais su être médiocre.

Le premier contact est enthousiasmant ("Pray for rain"). "Je désirais quelque chose de dépouillé, avec d'un côté le tambour à timbre, là la basse, ici l'orgue, la voix. Simple et brut." (Del Naja, libération du 6/02/2010). La voix d' Adebimpe, tout en retenue, sied parfaitement à la gravité du sujet, et touche immédiatement. Le break, imprévisible, avec ses vocalises superbement aériennes, semble sorti tout droit d'un album de TV on the radio. Esthétique du dépouillement, certes, mais qui n'exclut pas un art pointilliste de l'enluminure, ainsi que des ponctuations instrumentales vivantes, ce par quoi la musique trouve relief et expressivité.

Le reste est à l'avenant, où l'on reconnaît le son Massive attack, tout en se délectant de cette impression que les Bristoliens ne font pas que se répéter. Quand un plat est bon, pourquoi ne pas en remanger ? Certes, mais la répétition lasse aussi, et Heligoland, à l'évidence, sans être un nouveau départ, initie quelque chose comme une régénération. "Fate of the Blade" s'ouvre sur une électronica froide, balbutiante et inexpressive, dans laquelle la douce voix de Guy Garvey (Elbow) vient à se glisser. Un morceau d'une beauté étrange. On retrouve, en revanche, ce son étouffé de basse, typique du groupe, sur "Girl I love you", dans un morceau construit comme le "Angel" de Mezzanine. La section rythmique hyper sobre laisse tout l'espace nécessaire à la voix d'Horace Andy, dont le timbre velouté et le vibrato nasal nous ont conquis depuis longtemps.

Économie de moyens toujours sur le débonnaire "Splitting The atom", avec gros clap et synthé fruste ; vibraphone et derboukas sur "Paradise Circus", pour accompagner la voix suave de Hope Sandoval. Le minimum de diversité, sur le plan instrumental, mais aussi sur le plan des ambiances, est donc assuré pour qu'on ne s'ennuie pas ; et l'album a mobilisé suffisamment d'intervenants pour qu'on ait pas de doute sur sa musicalité. Un talon d'Achille peut-être : Damon Albarn, dans la catégorie chant étranglé, ne nous a pas vraiment convaincu (n'est pas Daniel Johnston qui veut).

En bref : un groupe du siècle passé, convalescent, mais qui prouve qu'il n'est pas mort. Un album dépouillé, sans être minimaliste, varié tout en étant cohérent dans son écriture. Des voix superbes.





Le myspace






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02 mars 2010

The Morning Benders - Big Echo (2010)

Play. De vieilles sonorités qui vous happent d’entrée, intrigué, puis l’orchestre qui se met en branle, tout de cordes vêtu, cette valse qui commence et ces violons qui s’en donnent à cœur joie, une voix cristalline tout droit sortie des années 50. Lent balancement de la tête d’avant en arrière, agréable torpeur de fin d’après-midi. Puis break à mi parcours dans la plus grande tradition pop, à base de "dom dom dom", "ouh ouh ouh" et "la la la". Suspendu à 2 mètres au dessus du sol, c’est l’état de grâce au bout de la première chanson, avec les violons toujours eux qui s’éloignent doucement pour laisser place au silence. Parfait. Tout ça, c’est "Excuses" le premier morceau du deuxième album de The Morning Benders. Un sacré coup pour des Californiens que l’on attendait gentiment depuis Talking Through Tin Cans en 2008. Mais certainement pas à ce niveau là.

Mais qui est ce Chris Chu que les anticipateurs de nouvelles vague s’arrachent déjà ? Un étudiant comme un autre, à Berkeley, là où le soleil brille toujours très fort et où la musique surf des années 60 a laissé des traces. Sur "Promises", deuxième titre (les promesses après les excuses, normal), le groupe ne lâche pas l’affaire et enchaîne sur un groove hippie qui finit encore une fois par décoller, changer de rythme, virevolter vers des sommets orchestraux harmonieux. The Dodos à San Francisco doivent en avoir froid dans le dos. SF c’est justement là où les quatre jeunes amis ont enregistré ce disque, en compagnie du désormais respecté Chris Taylor des Grizzly Bear. Et l’on peut dire qu’il a su mettre au réel les envies de mur du son Spectorien de Chris Chu. Les cordes sont sans cesse majestueuses, les chœurs à damner un saint (St Brian Wilson nous entends-tu ?) et l’ambiance fraiche et sympathique ne tombe jamais dans le réchauffé.


"Wet Clement", toujours en apesanteur, puis "Cold War (Nice Clean Fight)" de même. Et là malheureusement, comme le promettait quelques titres avant Chris Chu, "I know this won’t last", la tension retombe un petit peu. Alors que ça commençait sur des chapeaux de roue, on parlerait presque de répétition et d’effet soporifique pour la suite. Enfin j’exagère, vous vous en doutez, mais alors que la première face est à couper le souffle, la deuxième peine un peu plus à prolonger le rêve éveillé du début. Oh rassurez-vous, c’est toujours un plaisir constant d’audiophile, mais il manque le zeste de folie de l’introduction. Remarquez sur dix titres ça passe vite et l’on a rapidement envie de le remettre, ce qui permet à fortiori de s’imprégner de ces morceaux "moins bons" et du coup de les aimer. Quand "Sleepin in" se branche à la prise électrique pour refermer le disque ça n’est que du bonheur par exemple.

En bref : terrible doo wap pop et flottant d’inspiration 50’s et 60’s, orchestration et interprétation magistrale, la maturité dans la jeunesse, bravo !




Le site officiel et le Myspace

A lire aussi : The Dodos - Visiter (2008) / Time To Die (2009)

La vidéo qui a déjà bien tourné de "Excuses", incontournable ! :


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01 mars 2010

Violent Femmes - The Blind Leading The Naked (1986)

En 1986, Julien Pras ne se produit pas encore sur scène, mais la mode est déjà aux chanteurs de poche. Il y a Prince Roger Nelson bien sûr, Rolo Mc Ginty des oubliés Woodentops, mais aussi Gordon Gano, leader des Violent Femmes, ces "chochottes violentes". Humour.
Du reste, tout est à l'avenant dans l'aventure musicale du groupe du Wisconsin, et notamment dans l'intitulé de ce 3ème album impie, très... euh librement inspiré des Evangiles selon Matthieu. Ce disque n'est pas forcément le plus connu ni le plus cité du trio ; on lui préfère généralement les excellents Violent Femmes, l'un des très rares albums valables de 1983 et Hallowed Ground, son pendant de 1984, à la pochette vaudou. Ces deux disques qui recelaient déjà toute l'étendue du talent iconoclaste de la bande à Gano, pour ce patchwork de musiques traditionnelles américaines, mâtinées d'un humour potache, sur lequel on aurait tort de se méprendre.
En effet, contrairement à leurs compatriotes de Ween qui leur disputera cet art inégalé de compiler tous les folklores américains, il y a chez Violent Femmes une plus grande maîtrise de batissage des albums, cette cohérence entre alternance de chansons courtes/longues, calmes/speed qui insuffle à leurs meilleurs oeuvres dont celle-ci, une homogénéité passionnante, qui est celle des grands albums.

Celui-ci s'ouvre par un brûlot anti-républicain, à la face de ce vieux réac qu'était Reagan (jamais compris ce que ma pourtant très open prof de littérature américaine lui trouvait) et c'est jouissif : 29" de hardcore foutraque, un peu plus de temps qu'il n'en fallait aux sémillants Napalm Death pour aboyer "You Suffer".On comprend qu'à la façon des Dead Kennedy et de bien d'autres activistes de la scène campus américaine du début des 80's, les Femmes -prononcer [femz]- se posaient un peu là en matière de politiquement correct. D'ailleurs, dès "No Killing", emmené par la basse infernale de Brian Richie, c'est la police de Milwaukee, fief de nos garçons, qui en prend pour son grade et répond au doux nom de polizei ! La mélodie pop, le refrain sont superbes.
"Faith" est une manière de gospel foutage de gueule, avec abécédaire à la clé. "Breaking Hearts" est un bluegrass endiablé avec slide de rigueur, tandis que "Special" reprend les obsessions punk-hardcore. Sur l'ironique "Love and Me Make Three" (ces titres, ces titres !), c'est au tour du brillant Brian Ritchie de prendre le chant sur un boogie-rock diablement efficace, réhaussé par la guitare de Jerry Harrison, ci-devant légendaire guitariste des Talking Heads et producteur du disque. La face A s'achève par une nouvelle déconnade qui toujours se prend au sérieux (!) ; c'est "Candlelight Song", morceau aussi humide et infesté de moucherons qu'un bayou de Louisiane.

La surproduite "I Held Her in my Arms" ouvre la face B de la plus putassière façon, usant de cet instrument redoutable qu'était le saxophone crapock des années 80, et affreusement mis en musique de manière récurrente par Springsteen et Goldman. Malgré ce gimmick terriblement racoleur, Gordon Gano réussit à nous servir une chanson d'amour dont on ne sait jamais où se situe l'absolue sincérité (bisexualité ?) ou la parodie ("I can't even remember if we were lovers or if I just wanted to"). Le morceau suivant est une cover étonnante du "Children of the Revolution" de T Rex, revisitée façon soul avec choeurs féminins émoustillants. Une réussite.
Sur "Good Friends", le mentor de Louise Attaque se prend carrément pour Lou Reed, recyclant le phrasé unique du vieux grincheux new-yorkais. "Heartache" ressert la sauce punk et donne l'occasion à la 4 cordes de Ritchie de briller. "Cold Canyon" est un morceau folk crin-crin aux choeurs nasillards et énervants, qui donnerait jusqu'à des cauchemars à Sheila et son imputrescible "Folklore Américain" (!)
Malin, l'album s'achève par la magnifique "Two People", chanson qui a le bon goût de ne durer que 58", et qui réutilise ainsi le gimmick du Radio City de Big Star ou du Twelve Dreams of Dr. Sardonicus de Spirit, dans une très belle ode à l'amour bivalent -fait-elle écho à "I Held Her..." ?

Au dela de la poilade, l'auditeur aura pu se rassasier d'un bel assemblage de mélodies, d'un nombre non négligeable d'instruments roots (beaucoup d'intervenants sur ce disque) et aura été sensible à ce digest du rock américain, qui en définitive aura plus en commun avec le magma sonore des finlandais de 22 Pistepirkko (album Bare Bone Nest, notamment) qu'avec les faux frangins de Ween. Le nez rouge et l'esprit plume dans le cul en plus.

En bref : un album à l'image de cette chronique, à savoir une belle poilade. Mais qui réussit le tour de force de faire prendre au sérieux le talent de ses auteurs. Et à invariablement pousser le bras semi-automatique à s'abaisser à nouveau sur la galette. Probablement l'une des clés de voûte du rock indé US des 80's.

 


Le site officiel , le Myspace
A lire aussi : 22 Pistepirkko - Rumble City La La Land (1994)

"No Killing" :

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