02 février 2012

Porcelain Raft - Strange Weekend (2012)

Décidément le label Secretly Canadian n’en finit pas de ravir mes oreilles. Je lui voue déjà une sérieuse admiration pour avoir enrichi mon florilège personnel de groupes tels que Suuns, The War On Drugs et Little Scream. Toujours sous le signe de la qualité, son catalogue s’enrichit d’une nouvelle recrue : Mauro Remiddi aka Porcelain Raft. Italien de naissance, musicien multi-activiste, insatiable collaborateur multipliant les projets à droite et à gauche, on aura pu l’apercevoir à Londres, New York, Berlin, en Corée du Nord ou bien croiser son nom sur une pochette de disque et parmi les crédits d’une B.O. de film. Anciennement aux commandes de Sunny Days Sets Fire jusqu’en 2009, c’est en solitaire qu’il a commencé à sortir quelques maxis diffusés par Acéphale dont une reprise de Yuck ("Despite everything"). Mais c’est en duo qu’il devrait jouer sur scène avec l’ex-batteur de Women et en première partie de… M83. De quoi propulser sa carrière.

Au cas où vous n’auriez pas totalement succombé au charme de sa pochette incarnate – initialement une photocopie de sa main, trafiquée par la suite – le titre d’ouverture a tôt fait d’exercer une étrange fascination. Batterie et synthé grondent au loin avant de surgir par un habile fade in. Dix secondes se sont écoulées et déjà cet album ne laisse pas indifférent. La mélodie, portée par un tempo bien lourd et la voix androgyne de Remiddi, est suffisamment entraînante sans être aguicheuse. Une guitare gorgée de fuzz et de delay surgit à la fin pour un solo épique. La tendance au shoegaze fait son apparition avec le second titre, "Shapeless and gone" (fausse pop song), et n’en finira pas de hanter l’album jusqu’à sa fin. Ce mélange de dream pop teintée de shoegaze évoque parfois les trames sonores de The War On Drugs mais avec plus de retenu.

Porcelain Raft excelle surtout lorsque la rythmique domine le morceau comme sur "Unless you speak from your heart". C’est elle qui impulse une énergie du début à la fin. Elle atteint littéralement des sommets à la fin de l’excellent "Put me to sleep", si dantesque qu’on la croirait taillée pour les stades. Son caractère obsessionnel permet alors à la voix androgyne de Remiddi de se hisser, de prendre de la hauteur. Sur "The end of silence", elle est au bord de la rupture mais parvient à se maintenir sur le fil.

Seul à la composition, Remiddi a toujours privilégié le Do It Yourself, s'agitant sur tous les fronts, de la composition à la production. Pourtant c’est à Chris Coady (Tv On The Radio, Foals, Yeah Yeah Yeahs) qu’il a confié le mixage de son premier album. Et si un sous-sol de New York a remplacé sa chambre londonienne, son disque n’en conserve pas moins un côté intimiste, sans toutefois être trop introverti. Une fougue constante semble vouloir transcender chacun des morceaux pour les faire décoller vers des strates lointaines. Et quand bien même le disque s’achève, on en redemande encore.

En bref : un mariage brillant entre dream pop et shoegaze, prémices d'une signature sonore inédite.




"Unless you speak from your heart" :



"Put me in to sleep":



Une chouette interview

0 Comments: