06 février 2012

Les Valentins - Juke-Box (2001)

Chassez le naturel. Même au sortir d'une oeuvre majeure, on ne reverra a priori plus la rouée musicienne au sein de l'hydre à deux têtes qu'elle a créée. Mais plutôt et comme elle l'a toujours incarné, dans le rôle humble d'accompagnatrice ou de muse.
On veut parler ici de la compositrice Edith Fambuena et de son acolyte Jean-Louis Pierot qui à la fin des années 80, auront enregistré 4 albums, dont l'ultime opus qui nous occupe, cet exquis Juke Box.

Jusque à cette date importante, la paire d'aixois, débarrassés d'un encombrant acolyte qui fera plus tard florès sous l'odieux avatar de De Palmas, s'est surtout fait connaître - enfin si l'on peut parler ainsi - par ses collaborations, en composant pour des gens aussi divers que Daho qui les découvrit (l'album Corps et Armes en 1999), Brigitte Fontaine... la liste est trop longue pour mentionner tout le monde, contentons-nous simplement de rappeler qu'Edith et Jean-Louis sont à plus de 50% les bâtisseurs du Fantaisies Militaires (98) de Bashung, et que ces chansons fantastiques que sont "Malaxe" ou "La Nuit Je Mens" - pour ne citer qu'elles - sont en grande partie leurs. 
Hormis les gens concernés donc, le grand public ne connaît pas grand chose de ce duo qui nous a laissé un bien joli testament en 2001, même si "Les Avenues" constituait déjà entre autres choses un single très avenant.

Brillants metteurs en sons, les Valentins sont ici assistés de l'arrangeur-producteur Will Malone qui a aussi bien officié avec des sommités trip hop que rock métal. Sur un tapis de cordes accortes et gainsbourgiennes, de frémissements d'orgues, Edith et Jean-Louis abordent les sujets les plus mélancoliques, les plus tendres (l'enfance pour "Nos Mères", "Le Marchand De Fleurs"), les plus douloureux (le deuil du père pour "Je T'Ecris"), les plus sensibles (le coming-out pour "Entre Elle Et Moi"), et l'émotion conjuguée à la joliesse des mélodies - le savoir-faire impeccable du duo ne saurait être remis en question - fait parler le frisson.

L'intro vaporeuse et éthérée de "Sur La Pente" sert d'admirable tremplin à un autre sommet du disque, juste avant les minutes introspectives de "Tambours Battants".

Juke Box est une manière de travail d'orfèvre qui n'a pas l'air d'y toucher. Et pourtant, dans le genre, on a rarement fait aussi -osons le mot- intelligent en matières de textes made in France, et inspiré d'un point de vue mélodiste. Dans un monde idéal, les Valentins qui appartiennent à cette catégorie de groupes locaux inclassables tels les Innocents auraient dû vendre des camions de disques et être adoubés par les musicologues,  pas forcément par Nagui.
On sait ce qu'il en des des goûts des gens.
 
 En bref : si les Valentins ne sont pas le secret le mieux gardé de la chanson française sous influences pop, ça y ressemble. De loin l'oeuvre la plus aboutie du duo. Une oeuvre sensible, sincère et essentielle.





un site intéressant

"Nos mères" :



"Je t'écris" :

2 Comments:

Ju said...

T'aurais quand même pu attendre le 14 février pour sortir ta chronique..

Nickx said...

Pas mieux !