28 mars 2012

2011 ou l’année folle des Flaming Lips

Jamais le mythique groupe d’Oklahoma City n’aura été aussi prolifique qu’en 2011. Tout en démesure et en projets plus frapadingues les uns que les autres, la bande à Wayne Coyne semble ne jamais s’être arrêté d’expérimenter et de sortir des objets musicaux inconcevables en marge du classique format album. Alors certes il y a derrière tout ça une belle idée mercantile (des coffrets ultra limités à des prix exorbitants, essentiellement destinés aux fans hardcore) mais il y a surtout une créativité folle, on s’en doute fortement dûe à l'absorption de drogues hautes en couleurs. Petit résumé d’une année Lipsienne riche en psychédélisme bariolé :

"7 Skies H3", la chanson de 24 heures pour Halloween (31/10/11)

Pour célébrer Halloween comme il se doit, les Flaming Lips ont composé ce morceau de 24 heures, disponible intégralement en streaming mais également en édition limitée (13) sous la forme d’un crâne humain USB pour la modique somme de 5000$! J’avoue ne pas l’avoir écoutée en entier.

Le site pour écouter "7 Skies H3"

"I Found A Star On The Ground", 6 heures pour un morceau (22/09/11)

Les Flaming Lips jouent d’une traite ce morceau fleuve dont les paroles sont notamment composée de noms des personnes qui ont donné de l’argent aux associations chères au groupe. L’Ep est bien-sûr disponible en coffret collector stroboscopique ou entièrement téléchargeable. Sean Lennon y fait une apparition.

Le site avec les explications

"I Found A Star On The Ground" découpée en trois parties :


Sur scène avec Weezer pour créer les Weezer Lips (31/07/11)

Les Flaming Lips ont partagé la scène avec Weezer le temps de deux concerts pour jouer des morceaux partagés des uns et des autres, mais aussi du Black Sabbath.



Un Ep collaboratif sur la NASA et les acides avec Lightning Bolt (28/07/11)

Le duo primal Lightning Bolt a collaboré le temps de quatre titres avec les Flaming Lips pour accoucher d’un Ep de 4 titres aux noms tous plus barrés les uns que les autres : "I’m Working At NASA On Acid", "I Want To Get High But I Don’t Want Brain Damage", "NASA's Final Acid Bath" et "I Want To Get Damaged But I Won’t Say Hi".

"I’m Working At NASA on Acid" :


"I Want To Get High But I Don’t Want Brain Damage" :


"NASA’s Final Acid Bath" :


"I Want To Get Damaged But I Won’t Say Hi" :


Un Ep de trois titres sur clef USB au sein d’un fœtus en gélatine (09/06/11)

Après le crâne et le vagin, c’est au tour du fœtus en gélatine de voir le jour chez les Flaming Lips avec le Gummy Fetus Ep, qui contient donc comme d’habitude sa clef USB à l’intérieur. On y trouve encore des titres à rallonge : "Enthusiasm For Life Defeats Existental Fear Part 2", "Steven's Moonbow" et "Squishy Glass".

"Enthusiasm For Life Defeats Existental Fear Part 2" :


"Steven's Moonbow" :


"Squishy Glass" :


Un Ep en collaboration avec Prefuse 73 (25/05/11)

Les Flaming Lips s’associent à Guillermo Scott Herren pour sortir un Ep ultra limité et marbré de 4 titres.

"Supermoon Made Me Want to Pee" :


"Heavy Star Movin'" :


"Be Like That That That" :


"Guillermo's Bolero" :


Le Gummy skull, Ep de 4 titres dans un crâne en guimauve (21/01/11)

Le principe est simple, manger le crâne pour pouvoir manger le cerveau pour pouvoir trouver la clef USB qui contient l’Ep. Les crânes pèsent 3 kilos et valent 150$ chacun.

"Drug Charts" :


"In Our Bodies Out Of Our Heads" :


"Walk With Me" :


"Hillary's Time Machine Machine" :


Un Ep sous acide avec Neon Indian (25/03/11)

Edité en vinyle à 1000 exemplaires (sold out) la collaboration des Flaming Lips avec Neon Indian est un joyeux bordel blindé d’effets psychédéliques, gentiment composé sous acides. Les titres valent encore leur pesant d’or : "Is David Bowie Dying? ", "Alan's Theremin", "You Don't Respond", " Do You Want New Wave Or Do You Want The Truth Part 2".

L’Ep en écoute intégrale :



Zaireeka retravaillé en 12 pistes sur téléphones portables (15/01/11)

Zaireeka c’est ce fameux album divisé en 4 cd destinés à être joués simultanément sur 4 appareils distincts. Et ien les Flaming Lips ont eu l’idée lumineuse de le séparer en 12 pistes et de le rejouer sur 12 téléphones portables simultanément. Il fallait y penser.

Démo :


Résultat final :


A noter que les Lips ne se reposent pas sur leurs lauriers puisque l’année 2012 s’annonce également très charge avec (entre autres) la sortie d’une compilation d’inédits avec (entre autres) Nick Cave, Yoko Ono, Bon Iver ou Wilco pour une reprise des Beatles, mais aussi des reprises de Woody Guthrie et Sean Lennon sur Ipad, un documentaire sur The Soft Bulletin ou encore une comédie musicale sur le thème de Yoshimi. Les fans n’ont pas fini d’en avoir pour leur argent.

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27 mars 2012

Disappears - Pre Language (2012)

Avant que le soleil et la chaleur ne s’emparent de notre territoire, je voulais m’attarder une dernière fois sur un disque hivernal, en l’occurrence le troisième effort du trio Disappears en provenance de Chicago. La nouveauté de ce disque, immanquable, n’est autre que la fraiche arrivée au sein du groupe de Steve Shelley, batteur de Sonic Youth. De quoi redynamiser tout ça et commencer à s’assoir sur un style bien précis, le shoegaze krautrock.

Pre Language est donc un album sombre et anxiogène. Malgré quelques incursions mélodiques inaccoutumées pour le groupe, l’ensemble est extrêmement minimaliste et répétitif ("Joa", "Love drug"). La guitare est menaçante, la section rythmique tendue et rêche, et l’on pense beaucoup à Spacemen 3, Suicide et consorts. Néanmoins Disappears s’engage parfois dans un registre un peu plus pop ("Hibernation sickness", "Brother Joliene") et tend alors vers Pavement.

Travaillé sur les routes de tournée, Pre Language est immédiat et hypnotique. Sur les neuf titres que compte l’album la tension redescend rarement. Certains titres bouillonnent même d’une certaine sensualité noire. Je pense à l’excellent "Fear of darkness", à l’incroyable ouverture "Replicate" ou encore au titre qui donne son nom à l’album. La voix de Brian Care évoque bien souvent The Fall aussi. Une bien belle claque un lendemain de cuite.

En bref : distorsions angoissantes et éclaircies mélodiques pour un disque rock éclair.




Leur site officiel, blog et Soundcloud

Acheter  Pre Language chez l'International Records


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21 mars 2012

Howlin' Wolf - The London Howlin' Wolf sessions (1971)

C'est un peu un rêve de disque, qui réunit par delà les océans, la star du Chicago blues, Howlin Wolf, colosse de deux mètres à la superbe voix rageuse, et la crème du British Blues Boom, à savoir Clapton et Winwood, et la section rythmique des Stones, Watts et Wyman, mais aussi Ian Stewart au piano. Dieu Clapton ne se fait pas prier lorsque le label Chess le démarche, à la fin d'un concert de Cream, pour lui demander si ça le brancherait d'enregistrer avec le Wolf. Clapton impose une seule condition : payer son billet à Hubert Sumlin, fin guitariste attitré du chanteur, que l'on retrouve dans la plupart des enregistrements américains, et décédé en décembre dernier.

Stratocaster au menu bien sûr, mais aussi un son plus gros et chaleureux que dans les pourtant indispensables compilations américaines (Chicago golden years, ou Rockin'chair album).

Du point de vue guitare, c'est le feu d'artifice, avec Clapton à la lead guitar et Sumlin à la rythmique. Le premier alterne riffs et feeling blues, tandis que le second dynamise les compos de ses petits motifs rythmiques funky. On peut écouter les turn around de Clapton, sur "Rockin Daddy", et s'assurer, si l'on en doutait, de la finesse de son jeu, en constatant que pas un ne se ressemble.

Sur "I ain't superstitious", le groove, étayé par une section de cuivres assez libre, est impeccable. Watts et Wyman sont remplacés par Klaus Voorman à la basse et un mystérieux "Richie" à la batterie, qui n'est autre que... Ringo Starr! On a l'air de se bousculer pour jouer avec le Wolf ! Le morceau est assez génial, avec son duel cuivres/guitare à la fin. Il y a aussi "Sittin on the top of the world", que Clapton avait l'air de particulièrement d'affectionner, puisqu'il le jouait déjà sur Wheels on fire.

Il faut aussi apprendre à jouer ensemble, comme le montre "Little red rooster", avec une mise en place foirée que l'enregistrement restitue. C'est Howlin Wolf qui remet les pendules à l'heure et impose sa vision des choses.On peut regretter l'absence de deux super tubes comme "Killing floor" et "Three hundred pounds of joy", sauf que "Killing floor" a été enregistré et écoutable sur une version enrichie sortie sur CD il y a 10 ans.

En bref : En traversant l'océan, Howlin'wolf change d'orchestre sans perdre son guitariste préféré ! un grand moment de rythm'n blues anglais , pour un chanteur américain d'exception.






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Miike Snow - Happy To You (2012)

Non il ne s’agit pas de Mark Snow compositeur de génériques télé X mais bien d’un pseudo trio américano-suédois. Je dis pseudo parce qu’on les connait plus individuellement comme étant les producteurs pour d’autres titres à succès tel que le fameux "Toxic" de qui vous savez ou certains morceaux de Depeche Mode. Alors certes ce n’est pas très indé mais on peut leur reconnaitre un sacré talent d’arrangeurs et un certain sens du tube. On avait déjà remarqué ça en 2009 avec leur premier album éponyme qui contenait lui aussi son lot de singles, "Animal" notamment. Pour ce nouvel opus Miike Snow est apparemment devenu un vrai groupe et se montre une fois de plus très efficace.

Le moins que l’on puisse dire est qu’ Happy To You m’a surpris dès la première écoute. Dès le premier morceau le style est plutôt barré, à mille lieux de ce que l’on pouvait en attendre. Superbement bien produit on s’en doute, le titre est rempli de sons étranges (dont des aboiements de chiens) et le falsetto du chanteur rappelle étrangement la voix de Kevin Barnes d’Of Montreal dans ses moments les plus perchés. "The wave" est ensuite l’un des tubes qui a beaucoup tourné depuis quelques mois. On y retrouve une sorte d’électro pop divertissante sans défaut aucun.

Et le reste du disque s’enchaîne sans que l’on n’ait jamais rien à lui reprocher. Les beats sont souvent martiaux et les voix langoureuses ce qui apporte à ce disque définitivement pop un côté dansant non négligeable pour peu que vous montiez un peu le volume. Drivé par le piano (à l’image de "Devil’s work" ou "Pretender") l’album semble aussi emmené par une fanfare d’arrière plan ("Bavarian #1"). Sur "Vase" on imaginerait bien Robert Smith jammer avec les Talking Heads par exemple. Sur "Black tin box" c’est Lykke Li qui prête sa voix. "Paddling out" est quant à lui le dernier petit bijou d’efficacité qui clôture un disque qu’on n’a pas vu passer.

En bref : sans prétentions ni attentes, un trio talentueux que l’on n’attendait pas livre un vrai disque pop à la production impeccable qui s’améliore à chacune de ses écoutes.





Le site officiel



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16 mars 2012

GIT - Imagination (2011)

S’il est encore inconnu du grand public, GIT fait pourtant partie du "métier" depuis un bail. Originaire de Staten Island (on sait très peu de choses sur lui), il découvre la musique sur les bancs d’école avec le Wu-Tang Clan puis devient batteur, puis dj, puis producteur anonyme. Certains lui attribueraient même le statut d’inventeur du broken-beat. Le label BBE pourvoyeur de talents en puissance ne pouvait décemment pas le rater et a sorti l’année dernière cet album aux allures de compilation de hip-hop traditionnel. Une tuerie évidemment.

Depuis les années 90 GIT n’a de cesse de travailler ses mélodies, de choisir ses samples dans une collection de vinyles que l’on imagine infinie et de monter le tout avec une efficacité sans faille. Quel que soit le genre choisi (roots, expérimental, trip-hop, électronique, jazzy) Imagination déborde d’inspiration et pue le groove. Très inspiré par les percussions, GIT explore la musique en général et en toute décontraction livre seize morceaux imparables et improbables.

Je parlais de compilation tant chaque titre compte ici. Franchement ne me dites pas qu’à l’écoute de "Did you hear something" vous n’avez pas immédiatement envie de bouncer. C’est saccadé, c’est pop, c’est scratché, c’est samplé et ça défile à mille à l’heure. "Destroy" semble tout simplement avoir inventé Chinese Man. "Higher" se la joue soul électronique et emporte vraiment vers le haut. "Dreamz" est ultra trip-hop. Un peu de jazz ? Bien-sûr avec "Thinkin" et son piano en boucle. Et le sifflement de "If you just make love to me" ! C’est juste parfait. "Loose it" nous fait patienter pour le prochain Mr Scruff. "Up rock" tape dans le funk. "Remote control" s’attaque à la samba. Enfin, le bien-nommé "Nothing can stop me now" ferme la marche sur un air rétro-pop et funky-disco.

En bref : un producteur de hip-hop américain talentueux compile seize de ses compositions et brasse large mais tape toujours juste. Une véritable leçon de broken-beat. Un plaisir pour les oreilles.






Pas de site officiel

Un sampler de l’album qui en résume parfaitement l’ambiance :



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15 mars 2012

Concert - The Wave Pictures / Piers Faccini, Krakatoa de Bordeaux (08/03/12)

Quand j’ai appris que le Krakatoa accueillait les Wave Pictures mon sang n’a fait qu’un tour. S’ils savent se montrer généreux sur disque (généralement plus d’un disque par an) ils se font en revanche plus rares sur scène où je n’avais encore jamais eu l’occasion de les croiser. Si leur indie folk-pop ne fait pas la une des grands festivals, le trio anglais a su au fil des années s’entourer de fans fidèles et bienveillants dont je fais partie.

Comme c’est dans les plats les plus simples qu’on fait les meilleurs plats, la recette est simple : perdue entre le Jonathan Richman des Modern Lovers et l’unique album des Moldy Peaches, leur musique est on ne peut plus spontanée. Les textes sont drôles et à double sens, les mélodies parfaites et catchy, et la voix acidulée de David Tattersall est reconnaissable parmi mille autres. Ses soli de guitare aussi d’ailleurs, ce qui est assez rare dans le genre pour être remarqué.

Pour épauler le trentenaire au physique juvénile, qui de mieux que ses amis de toujours alias le discret Franic Rozycki à la basse et le batteur fou furieux (dans le regard plus que dans le jeu) Jonny Helm (qui s’octroiera d’ailleurs le micro le temps d’un morceau pas piqué des hannetons). Manifestement heureux d’être là et de jouer ensembles, les trois amis présentent leur opus 2012, Long Black Cars. De la musique au grand cœur, tout simplement.

Pourtant la tête d’affiche c’était le globe-trotter Piers Faccini venu présenter son dernier succès My Widerness. De père italien, de mère anglaise mais résidant à Paris, le gus aime le brassage des cultures et ça se sent. Guitares orientales, harmonica, violoncelle, tambourin, tous les parfums sont là pour emporter de belles ballades nostalgiques vers des sommets de délicatesse que ne renieraient pas Fink ou même Nick Drake. En mode trio, d’une gentillesse infinie, Piers Faccini se révèle être une très belle surprise pour moi qui n’avait que moyennement accroché au disque.

Les sites du Krakatoa, des Waves Pictures et de Piers Faccini





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13 mars 2012

Lee Fields & The Expressions - Faithful Man (2012)

Après avoir adoré son précédent album et bien apprécié son live à la Maroquinerie, je n’étais pas très inquiet au moment d’écouter ce Faithful Man. Surtout que Lee Fields travaille toujours avec la même irréprochable équipe, les Expressions, soit l’un des meilleurs backing bands soul en activité, et l’infaillible duo de producteurs Jeff "Dynamite" Silverman / Leon Michels, fondateurs du label Truth & Soul. Dans ces conditions, peu de risque d’être franchement déçu, donc. Alors, on prend les mêmes et on recommence ? Pas exactement. Dès le titre d’ouverture, on sent la volonté de se détacher du relatif minimalisme des instrus de My World et d’épaissir le son en utilisant davantage de cordes et de chœurs. Certes ce n’est pas une révolution sonore, ni une remise en question d’un artiste qui a consacré toute sa vie à la soul et n’est pas près de la lâcher. On reste en terrain largement connu. Mais cet album atteste tout de même d’une ambition d’évoluer, ce qui, pour un vétéran sexagénaire, est déjà éminemment louable.

Seul souci : ces orchestrations plus riches et plus lourdes ne sont pas toujours utiles et on perd sur certains titres ("Wish You Were Here", "Walk On Thru That Door", "Who Do You Love") cette sécheresse presque hip-hop qui faisait toute la modernité de ">My World". L’épure a parfois du bon, même en matière de soul. Et puis la plupart des compositions n’exercent pas une séduction aussi immédiate que "Do You Love Me", "Ladies", "Honey Dove", "Money I$ King" et autres morceaux de 2009. Les mélodies souffrent d’un excès de classicisme et tombent parfois un peu trop dans le vintage. Bien sûr, je chipote. L’ensemble reste de très haute volée, la voix de Lee Fields est toujours aussi splendide et chargée de sentiments, et côté instrumental c’est toujours le luxe intégral – l’habituel interlude des Expressions ("Intermission") est là pour le prouver.

Il y a aussi quelques classiques instantanés, à l’image de "You’re The Right Kind of Girl", avec sa wah wah splendide, son refrain habillé de cuivres et surtout sa mélodie à tomber. Ou de cette reprise de "Moonlight Mile" des Rolling Stones, d’une délicatesse incroyable, sur laquelle Fields livre une de ses plus belles performances vocales du disque. Ces deux titres valent à eux seuls l’achat de Faithful Man, qui sans être le meilleur cru de l’écurie Truth & Soul, trouvera néanmoins sa place dans la collection de tout bon amateur de soul aux côtés des Budos Band, Dap Kings, Charles Bradley et autres tueries émanant de cette fascinante scène new yorkaise.

A noter : Lee Fields & The Expressions en concert au Plan de Ris Orangis le 25 mars, à l'Aéronef de Lille le 27, et à la Maroquinerie (Paris) le 31.

En bref : un ton en dessous de My World, parfois un peu trop chargé dans ses orchestrations, Faithful Man reste un album précieux, et Lee Fields un grand monsieur de la soul music.





A lire aussi : Lee Fields & The Expressions - My World (2009)

Le site de Truth & Soul





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Gonzaï 3 - Damo Suzuki, Aquaserge, Publicist et Judah Warsky à la Maroquinerie (09/03/2012)


Gonzaï est un mag en ligne que l’on a toujours aimé lire, l’un des rares à tenter de perpétuer la tradition de journalistes et critiques comme Hunter S. Thompson et Lester Bangs, ou, pour parler français, Yves Adrien et Alain Pacadis. Les articles sont souvent d’une mauvaise foi délicieuse et il faut dire que ça change des dossiers de presse remâchés qui fleurissent sur les sites musicaux. Depuis le début de l’année Bester Langs et sa troupe ont élu résidence à la Maroquinerie pour une soirée mensuelle consacrée à tous les styles de rock déviant. Ce mois-ci, pour célébrer les 40 ans du mythique album Tago Mago de Can, ils proposaient un plateau psyché-kraut-disco pour le moins alléchant, avec en point d’orgue la venue de l’ex-chanteur des krautrockeux de Cologne, le Japonais Damo Suzuki.

En apéritif, Judah Warsky interprétait des titres de son premier album solo, Painkillers & Alcohol, sorti il y a quelques jours chez Pan European (et disponible en vinyle édition limitée à 500 exemplaires). Malgré, ou plutôt grâce à une technique de chant approximative, le leader des Chicros et clavier de Turzi livre une performance agréablement hypnotisante, seul en scène. S’appuyant sur des structures répétitives à la Steve Reich ou Terry Riley, mais en les renforçant avec des beats techno minimalistes, Warsky tempère le côté expérimental de sa musique par ce chant pop fragile. On retiendra notamment un "Failure To Comply" extrêmement réussi, et finalement plus proche de Koudlam que de Turzi.

Suivait le quintet toulousain Aquaserge, qu'on a pu voir en tournée aux côtés d'Acid Mothers Temple ou de Stereolab, ou en tant que backing band d’April March et de Bertrand Burgalat, notamment sur le prochain album du patron de Tricatel. La frange du clavier / chanteur Julien Gasc et sa veste de costard lui donnent des airs de petit chanteur à la croix de bois, impression renforcée par le côté liturgique, voire grégorien de ses vocalises. Entre Magma, Zappa et Faust, la joyeuse troupe propose une mixture psychédélique et parfois très groovy, agrémentée de clarinette et de paroles pour le moins dadaïstes – et chantées en français ! Auteurs de trois albums, les Toulousains n’en sont pas à leur coup d’essai et ça se sent, il y a de la maîtrise dans ce concert pourtant très free par moments. Pas un hasard, donc, si c’est Aquaserge qui a été choisi pour accompagner Damo Suzuki.

Je ne reviendrai pas sur la biographie de Damo, Wikipédia vous renseignera. Celui qui était devenu presque par hasard chanteur de Can a acquis un statut légendaire pour avoir enregistré avec eux trois des albums essentiels du rock choucroute, Tago Mago, Future Days et Ege Bamyasi. Comme une groupie un peu débile, je rêvais d’entendre "Vitamin C" et les grands classiques du groupe. Ce ne fut pas le cas, et n’étant pas un grand connaisseur du répertoire hors-Can de l’artiste, je serais bien incapable de dresser la setlist. Quel plaisir, cependant, de voir ce vieux de la vieille aussi enthousiaste et presque juvénile sur la scène de la Maroquinerie. Ravi d’être là, il abuse un peu du scat mais on le lui pardonne aisément compte tenu de l’énergie déployée lors de cette petite heure de concert.

Finalement, la grosse surprise de la soirée viendra du dernier set, celui de Publicist, alias Sebastian Thomson, batteur du groupe américain Trans Am. Imaginez un type torse nu, arborant une énorme chaîne en or, martelant les fûts de sa batterie au milieu de la fosse sur des instrus préprogrammés, et chantant à travers un vocoder pour un effet rétro-futuriste maximal. Oui, c’est effectivement difficile à concevoir. Mais ça marche. En moins de 5 minutes, la Maroquinerie se transforme en dancefloor. Le bonhomme est une vraie bête de scène et m’a même donné envie de réécouter son Hard Work EP, qui m’avait laissé de marbre à la première écoute. Inégal sur disque, son groove robotique mêlant disco à la new-yorkaise et synthés cosmiques est bien plus consistant en live. Une jolie conclusion pour une soirée à la hauteur de ce qu’on était en droit d’attendre d’un site atypique comme Gonzaï. Longue vie à eux !

Gonzaï
Les sites d'Aquaserge, Publicist et de Damo Suzuki
Judah Warsky sur Bandcamp





Et pour le plaisir :


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11 mars 2012

Concert - Pony Taylor / Slow Joe And The Ginger Accident - Salle Victoire 2, Montpellier (09/03/12)


Soirée rock garage roots et retrouvailles ce vendredi soir à la Victoire 2. Les Pony Taylor, sur le point de donner un successeur à Eleven Safety Matches, jouent ce soir les support-bands de luxe pour l'une des révélations des Transmusicales de Rennes de 2009, j'ai nommé Slow Joe and The Ginger Accident.

Première surprise, la vaste Victoire ne sonne finalement pas si creux. Nos cinq Avignonnais nous dévoilent ce soir quelques titres du nouvel album et sonnent moins poppy qu'à l'accoutumée. Mais peut-être est-ce du à un son parfois déficient sur les guitares qui rend l'ensemble inhabituellement noisy. Ce manque de brillant sur les parties mélodiques (voix, claviers et guitares) n'empêche pourtant pas le public de passer un bon moment. Les Pony y vont de leurs habituelles scies ("Married To Wigan", "You Are The Sailor", "Reed Richards"), mais rappellent qu'ils disposent aussi d'un répertoire assez riche dans lequel ils peuvent puiser ; c'est ainsi qu'il nous est donné de réécouter "Footprint On The Moon", l'un des morceaux phares de leur debut, lorsque le groupe se nommait encore The Strawberry Smell.

Du coup, ce parti-pris qui gagnerait à s'étendre -quid des "Balthazar", "Lovag's House Of Light" ou "Ire" ? - laisse pour une fois moins le champ aux reprises ; ah si, il y a l'habituel "Astronomy Domine" du Floyd qui ne rend pas vraiment justice à l'excellence live du groupe, pour les raisons de son évoquées plus haut.

Pour la première fois également Pony Taylor sous un light-show très cru limite aveuglant, a recours à des séquences enregistrées -c'est le cas sur l'intro de "You Are The Sailor" et d'une autre nouveauté ; est-ce que cela augurerait d'une nouvelle orientation musicale ?

Une heure de set jouée au taquet, fait toujours regretter l'absence de "Many Times" à la setlist (l'ont-ils déjà jouée live ?), mais nous fera guetter toujours plus avidement les futures productions Cosmic Groove, avec en sus la nouvelle livraison à venir de Cucumber, le projet annexe de Cyril.

"Reed Richards" :



Tout le monde connaît maintenant la belle histoire de Joseph Rocha, hobo toxico rapatrié illico par Cédric de la Chapelle, musicien lyonnais en pèlerinage en Inde. Une voix aux accents tremolo, bluesy et crooner échappée d'un septuagénaire ruminant dans le caniveau, et il n'en fallait pas plus pour que l'axe Bombay- capitale des Gaules soit tracé. Oui Pierre, il y a un peu du syndrome Buena Vista Social Club là-dedans, mais notre petit indien à l'accent anglais irrésistible (surtout lorsqu'il nous parle un peu éméché en salle avant le concert) ne porte pas un costume trop grand pour lui.

Il est même plutôt étriqué ce costard blanc, qui avec le chapeau noir est sans doute partie prenante du "son" SJ&TGI, tout étant forcément un reliquat de la première vie du bonhomme. Caché et gesticulant derrière un pupitre, notre frontman atypique est redoutablement soutenu par un quatuor sans faille : Cédric donc, véritable initiateur du projet, ainsi qu'Alexis qui s'échangent les Gibson demi-caisse rutilantes au son lumineux, Josselin au swing souple et sobre, et Denis qui passe du Rhodes aux sonorités Farfisa sans coup férir.

Qu'il se fasse crooner ("Cover Me Over", "So Many Dreams"), voix de velours sur le stomp de "Just One Touch", qu'il joue au Screamin Lord Sutch de Bollywood ("Money Mama") ou qu'il avoue son addiction aux femmes sous fond de choeurs célestes de Cédric et Alexis ("Brunette Blonde"), le grand petit indien touche au coeur : voix impeccable, sens du rythme et esprit cabotin de rigueur !

A noter aussi, cette surprenante (autre) cover du Pink Floyd quasi première formule, ce long mantra entêtant de "Set The Controls For The Heart Of The Sun", habilement mis en musique par le quartet, et le long duquel le timbre ample et clair de Slow Joe donne sa pleine mesure. Impossible en fermant les yeux se se dire que cet homme a déjà passé 68 printemps !

"Climbin' A Mountain" :



Les sites de Pony Taylor et Slow Joe And The Ginger Accident

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08 mars 2012

Plants And Animals - The End Of That (2012)

Plants And Animals c’est ce trio montréalais que l’on a découvert en 2008 avec le déguindé Parc Avenue. Ca partait dans tous les sens et il était alors compliqué de prédire la future orientation du groupe. La La Land en 2010 était plus affiné et gracieux (malgré son horrible pochette). Et si je ne vais pas vous la jouer "album de la maturité", force est de constater qu’ils touchent ici à une certaine épure, plus "adulte" dira-t-on. Le trio a quoi qu’on en dise un charisme naturel qui transforme cette Americana somme toute assez banale en un bel ouvrage de classicisme rock. Il était temps.

The End Of That est donc un album studio. Enregistré entre Montréal et Paris pour être précis, bien qu’il soit impossible de distinguer la provenance de tel ou tel titre. Le trio qu’on sent très proche est en pleine crise existentielle ("Crisis !") et ils ont choisi d’en faire moins afin d’en exprimer plus. C’est un album "gueule de bois", à la nostalgie profonde. Qui comprendra les paroles de Warren C. Spicer saura de quoi je veux parler. Depuis Grant Buffalo peu de groupes avaient autant détourné le folk-rock américain des années 70 de cette manière. La typographie de la pochette rappelle également à cette filiation avec Harvest en première ligne.

Si l’album est de niveau constant dans les arrangements, on note quand même quelques arbres qui dépassent de la forêt. Je pense notamment au single en puissance "Lightshow" et son style très Bruce Spingsteen. Egalement le déjà nommé et très Pavement "Crisis !" qui monte en un crescendo infernal. Sans oublier la montagne russe "2010" dont l’intensité évoque Bright Eyes, la beauté des arpèges boisés de "Before" ou la progression au piano très McCartney de "No idea". Si l’on ne touche pas au sacré, on passe au minimum une heure de bonne ballade américaine.

En bref : un joli disque d’Americana électrique par un groupe qui s’est assagi et recentré sur son propos.





Le site officiel





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05 mars 2012

Röyksopp - Senior (2010)

Comme souvent, dans toute composition gémellaire, il y a le bon et le mauvais jumeau. Si Junior avait précipité en son temps le duo norvégien dans une dance kitsch d’un goût douteux, les premières écoutes de Senior nous démontrent que Röyksopp a retrouvé la lumière. Album de la maturité, ce dernier envisage tout ce que le groupe a pu expérimenter musicalement depuis son premier disque, l'inoubliable Melody A.M. Senior s'assimile ainsi à un pot-pourris aux odeurs sensiblement différentes, mais qui au final délivre une senteur fortement enivrante. Retour sur cette composition musicale bigarrée dont le parfum risque de faire tournoyer bien des sens.

Attention, pénétrer dans l'univers de ce Senior risque de laisser quelques esprits prisonniers de cieux trop élevés tant l'univers envisagé sur ce disque semble s'être délesté du poids de la gravité. En bonne et due forme, ce voyage céleste débute par le très atmosphérique "And The Forest Began To Sing", une introduction vers un décollage imminent.

En effet dès le second titre"Tricky Two", l'identité électronique du binôme norvégien se révèle au gré d'un beat au diapason terriblement efficace, ornée de nappes sonores oniriques, soutenant parfaitement le tempo d'une électro de plus en plus agressive. Transi par ce voyage à la vitesse de la lumière, on reprend difficilement ses esprits... La suite "The Alcoholic" relâche heureusement la pression tel un "pchit" de canette de boisson gazeuse. Tout en progression, ce titre propulse l'auditeur dans une apesanteur qui ne le lâchera plus jusqu'à la fin du disque. Entre basses profondes et distorsions sonores, Röyksopp renoue sur cette piste avec son goût pour une mélodie pop bien sucrée, et sempiternelle dans la ritournelle qu'elle impose.

En avançant dans ce voyage auditif on admire les prises de risque du groupe, ce dernier n'hésitant pas à se remettre en cause et à s'ouvrir vers de nouveaux univers musicaux, comme sur "Senior Living" et sa guitare solennelle, qui n'est pas sans nous rappeler les westerns spaghettis chers à Ennio Morricone.

Aux ambiances cinématographiques se juxtaposent d'autres titres révélant les affects constitutifs de l’identité "Ambiant-Electro" du groupe. Tel que le très entraînant "The Drug", hymne à l'électro minimale, jouant du contre rythme pour mieux relancer son inlassable beat... Dance floor quand tu nous tiens !

A la différence de son aîné Junior, Senior délaisse le chant pour se concentrer uniquement sur le son. Un parti pris artistique qui fait toute la force de cet album, et qui démontre que le duo norvégien s’est enfin réconcilié avec son amour pour l’expérimentation musicale. Comme en témoigne le transcendantal "Forsaken Cowboy", dont l’envolée lyrique soutenue par un chœur enchanteur n’est pas loin d’aboutir à l’orgasme auditif.

Ravis par toute cette bonne volonté, on se dit que Röyksopp est de retour, mais pas seulement... Senior fait partie de ces albums sur lesquels chaque piste participe à l’harmonie artistique de l’objet, révélateur au final d’une identité reconnaissable entre mille. Un disque qui doit s’écouter dans son intégralité pour être pleinement apprécié, en même temps qu’il peut s’envisager vers une écoute plus fragmentée, orientée par des joyaux ("The Alcoholic", "Forsaken Cowboy"…) dont l’éclat n’est pas près de s’affaiblir.

En bref : Senior démontre que Röyksopp renoue avec un son plus expérimental, délaissant les structures "dance" calibrées pour le dance floor, avec lesquelles son prédécesseur Junior composait. Sans oublier ce qui a fait son succès, à savoir des mélodies accrocheuses et diablement enivrantes, Röyksopp signe avec ce Senior un grand disque de musique d’ambiance, dans lequel l’électronique épouse à merveille l’instrumental.





Le site officiel

Le clip de "Forsaken Cowboy" :


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02 mars 2012

Girls - Father, Son, Holy Ghost (2011)

S'il est vrai que voir des groupes britanniques singer le son de leurs homologues d'outre-atlantique,  fait toujours un peu pute, genre Blur se prenant pour Nirvana, en revanche la posture inverse passe généralement mieux.
Quoi de mieux que ce deuxième album de Girls, déjà auteur d'un premier effort (Album en 2009) remarqué (à défaut d'être remarquable) et où l'on discernait déjà ici et là les influences pêle-mêle de The Jesus And Mary Chain ou de groupes post-punk des années 80, pour nous le rappeler ?

Car ce qui est rigolo, c'est qu'il est assez ardu de localiser (ou alors en prenant des risques) ce projet du protéiforme Christopher Owens. Si le Net ne nous en a pas appris grand chose au départ -car avec un nom aussi générique que Girls, il était plus facile de tomber sur un site de cul si on ne précisait pas la recherche- l'on sait aujourd'hui, que le jeune homme, d'abord peintre, a un jour compris tel un Gainsbourg contemporain, que ses talents de copiste ne suffiraient jamais à organiser sa pitance, faute de talent créatif adéquat.
De même, n'importe qui sait aujourd'hui que Girls, devenu entre temps un vrai groupe, vient s'ajouter à la cohorte de groupes ayant vu le jour à Frisco, des plus connus (Grateful Dead, The Jefferson Airplane) aux plus cultes (Beau Brummels, Neighb'rhood Childr'n ) pour en arriver plus près de nous à Swell ou Low.

Le son de Girls ? Essentiellement brit à la première écoute, très pop dans l'esprit, puisque même la référence Elliott Smith qui vient à l'esprit, sur "Alex" par exemple, n'est pas la plus ambassadrice du son Americana tel que l'on peut l'avoir conçu. Ainsi "Honey Bunny" malgré ses descentes surf évoquera le côté dansant d'un Pulp, le background d' "Alex" évoquera quelque groupe indé noise.
Et jusque dans ses aspects les plus boisés -la superbe "Just A Song"-, le groupe réveille les souvenirs de l'un des secrets britanniques les mieux gardés des 90's, le Lilac Time de Stephen Duffy qui usait lui aussi de très beaux arpèges.

On peut enfin mentionner -et la comparaison s'arrêtera là- Baby Bird, trublion brit jusqu'au bout des ongles des 90's, à qui notre homme Owens fait plus d'une fois penser. De par son physique stéréotypé, sa voix sans panache -le leader de Girls n'est pas à proprement parler un chanteur qui a du coffre-, et puis surtout cet esprit iconoclaste. Car qui d'autre pour intituler l'une des plus belles chansons d'amour de l'année "Vomit" ?  Chanson qui pour le coup, n'est pas sans rappeler sur son refrain notamment les tourments de feu Mark Linkhous alias Sparklehorse.
Girls ne ploie jamais sous le poids de références clairement revendiquées (Mc Cartney sur "Love Like A River"), fournit une ribambelle de chansons tantôt hédonistes ("Honey..."), tantôt poignantes ("Vomit", "My Ma"), ou alors radicalement pop ("Alex", Magic") quand ce n'est pas heavy métallique ("Die"), la plupart irrésistibles en tout cas.

La manière dont ce nouveau chantre pop US s'implique de façon méticuleuse dans son art est assez fascinante compte tenu du parcours erratique de son leader devenu musicien sur le tard.
Enfin, comme un clin d'oeil, encore une pochette à dominante noire et blanche qui ne déparerait aucunement sur les podiums de fin d'année. Et si l'une des meilleures collections pop de l'automne 2011 se trouvait entre les mains d'un américain aussi blafard du teint que coloré dans sa palette sonore ?

En bref : Girls franchit avec brio le cap du toujours difficile deuxième album. Guère original par son contenu et difficile à dater au Carbone 14, cette sainte trinité là est cependant un véritable coup de coeur, par la grâce de chansons pour la plupart irrésistibles.





le site, le Myspace

La vidéo con-con de "Honey Bunny" :



"Die" :



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01 mars 2012

Lambchop - Mr M (2012)


Le moins que l’on puisse dire est qu’il ne faut pas longtemps pour rentrer dans le dernier Lambchop. 25 secondes et la messe est dite. 25 secondes qui introduisent ce qui sera d’ores et déjà l’un des très grands disques de cette année à n’en pas douter. Pourtant qui misait encore sur la formation de Nashville ? Surtout après quatre ans de silence. Oui mais voilà, le 25 décembre 2009 le grand Vic Chessnutt nous quittait et plongeait l’un de ses plus proches amis dans une infinie tristesse. Cet ami c’est Kurt Wagner, leadeur devant l’éternel de ce groupe d’Americana que l’on connait finalement assez peu, Lambchop. Ce disque, sans pathos ou mélancolie forcée, lui est dédié.

Avec pudeur, Wagner ne le cite pourtant à aucun moment et c’est même Mr Met, mascotte de l’équipe de Base-Ball de New-York qui prête son nom à l’album. La pochette elle est une peinture du songwritteur qui est aussi illustrateur à ses heures perdues. C’est par contre le méticuleux Mark Nevers (Silver Jews) qui s’est occupé de mixer les onze compositions façon Burt Bacharach ou Lee Hazelwood. Des arrangements de cordes somptueux, un piano feutré, des snares délicats, et surtout cette voix de crooner looser et son phrasé caractéristique à la Sinatra.

Il faut l’entendre pour le croire au bout de ces fameuses 25 secondes, quand il ouvre l’album en prononçant ces quelques mots : "Don’t know what the fuck they talk about". Les syllabes sont égrainées et l’atmosphère devient réconfortante. On frôle l’habillage easy-listening avec ces instruments acoustiques d’une grande humilité. Ce morceau s’appelle "If not I’ll just die" et il est tout simplement majestueux. Il en est de même pour "2B2" et "Gone tomorrow", les deux titres qui suivent. On tient là l’enchaînement de trois titres le plus réussi depuis des lustres. Aussi bien que le "The world at large" avec "Float on" de Modest Mouse. On retrouve cette mélancolie qui semble touchée par la grâce, comme dans les meilleurs moments de Vic Chessnutt justement. Ou même Silver Jews.

Mais d’autres morceaux se révèlent aussi savoureux par la suite. Je pense aux changements de rythme de "Mr Met, mais aussi à l’instrumental "Gar" et sa basse démentielle. Tout sonne comme un véritable album de studio, c’est rempli de petit détails jazzy, les mélodies sont langoureuses, on n’avait pas entendu mieux chez ces américains depuis le séminal Is A Woman en 2002.

En bref : sur les thèmes de la guérison, de la perte et de l’amour, Lambchop livre un onzième album au charme incroyable, véritable sommet musical de classe personnifiée.





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Concours - Sonic Satellite, Ep à gagner


Les oreilles les plus affutées auront certainement entendu parler ces derniers mois du trio d’origine rennaise Sonic Satellite et de leur premier Ep. Mixé à Londres et enregistré en trois mois, ce premier effort de cinq titres assume ses origines anglaises (Joy Division, The Smiths, New Order…) mais ne renie pas non plus des effets power pop plus américains. Au final on ne s’ennuie pas un instant tant chaque mélodie semble ciselée pour rester bien en tête toute la journée.

Du coup Dodb ne pouvait pas ne pas vous faire gagner l’un des 5 exemplaires mis en jeu. Pour cela il suffit de répondre à la question suivante :

Quel autre groupe "Sonic" a déjà été chroniqué sur Dodb ?

Et d’envoyer vos réponses avant le 15 mars à contact@desoreillesdansbabylone.com. Bonne chance à tous.

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