10 septembre 2023

The Cure - Wish (1992)

The Cure : ses intros lourdingues et interminables, ses outros complaisantes et pompières, ses nappes de synthés dégoulinants, ses "tu-tu-du tu-tu-du"  assénés par un Robert Smith aussi dégoulinant que son maquillage, cette enfilade de singles vilains aux sonorités de trompette prout et de pizzicati berk.....
Passé ce constat peu amène mais assez représentatif du monstre médiatique que le groupe est devenu depuis 1985 et un certain passage chez Drucker, l'heure est à la réhabilitation et à la remise en cause.

Pas spécialement du côté de la critique oh non. Qui atteste pour le plus grand nombre d'une mort cérébrale du groupe remontant au culte Pornography de 1982 (assez difficile à réécouter après toutes ces années) et pour les plus futés au psychédélisme animalier et fourre-tout de The Top, dernier album bénéficiant d'une patte et d'une production qui ne louchent pas vers les radios 
De tout cela, l'omnipotent leader hirsute est conscient ; puisqu'il décide d'alléger en calories la nouvelle livraison de The Cure, délestant les nappes de claviers et les intros complaisantes du précédent album - ce très disgracieux Disintegration pourtant porté aux nues par les fans et Smith lui-même.
Pour la première (et dernière) fois depuis son avènement, le groupe va muscler son jeu, durcir les guitares comme dans The Top, permettant accessoirement au formidable Porl Thompson d'être mixé plus en avant. L'époque est au grunge en Amérique tandis que le Royaume-Uni après une parenthèse shoegaze a viré franchement noisy. Robert Smith conscient de cet état de fait et toujours à l'affût des nouveautés, veut s'en inspirer et faire davantage sonner son groupe comme Ride voire My Bloody Valentine dont il a le bon goût de s'enticher.

Alors, demeurent ci et là des morceaux trop longs mais ce sont souvent les meilleurs, des comptines un peu stupides avec des réminiscences de "tu-tu-du tu-tu-du" telles l'anodin "Wendy time", quelques morceaux tardant à démarrer et le disque à nouveau double, dépasse l'heure.
Néanmoins, on n'avait pas connu The Cure aussi saignant  depuis longtemps - quelques fulgurances sur Kiss Me Kiss Me Kiss Me, album aux chansons souvent formidables mais ruiné par une production tape-à-l'oeil et la tournée consécutive à The Top.
Rien que la première face est une sorte de sans-faute avec le violent "Open" que n'aurait pas renié Kevin Shields. "High" tout comme le délicieux "Friday I'm in love" sont les simples plutôt légers et avenants du disques, beaux dans leur simplicité sans chichi. "Apart" est ce titre cafardeux à peine murmuré qui fait mouche et où affleurent quelques claviers. Mais dans l'ensemble, on a bien muselé Perry Bamonte.
The Cure qui comme 80% des groupes pop n'a jamais donné dans le génie harmonique, sait malgré tout y faire dans l'accroche mélodique d'un riff de basse ou bien d'une progression mélodique assénée par l'infernale guitare de Porl et cela donne donc  "From the edge of the green sea" un morceau qui bien que déployé sur près de 8', est assez irrésistible et enfiévré, l'une des grandes réussites du groupe toutes périodes confondues. 

En guise d'épilogue, les coups de boutoir de "Cut et "End" achèvent de porter l'estocade d'un disque ne relâchant jamais une tension et une électricité d'autant plus bienvenues qu'on ne les lui connaissait plus depuis lurette.
 Assez curieusement, Wish fait généralement partie des mal-aimés des albums de la discographie du groupe. Le public américain à qui on reproche souvent d'avoir la vue basse, se montre en revanche plus inspiré en offrant à la formation de Robert Smith les meilleurs chiffres de ventes de sa carrière avec cette oeuvre. On attend (ou pas) depuis une suite de cet acabit.

En bref : le disque mal aimé mais très bien vendu, de l'un des derniers mastodontes pop. Depuis, le groupe n'a plus rien fait de vraiment notable.
 


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14 août 2023

Michael Head & The Red Elastic Band - 11/08/23 - Summer Hall (Edimbourg)


 L'un de nos héros de la scène liverpuldienne des années 80-90 est de retour depuis quelques années déjà avec un nouveau groupe, The Red Elastic Band dont frère John est absent. C'est en quintette que Michael Head investit une scène qu'il connaît bien pour y avoir souvent fourbi ses armes. Après une première partie assurée par le géant  Jamie Saunderson à l'agréable folk qui fait une fixette sur Cat Stevens, Michael Head est ovationné lorsqu'il entre en scène. L'homme est affable et c'est peu dire que son redoutable scouse ne détonne pas avec le meilleur accent écossais même si faut-il le rappeler, nous sommes ici à Edimbourg en plein Fringe Festival, un Edimbourg très cosmopolite donc.
Durant une heure quarante, le génial Michael va nous gratifier des meilleures ballades et morceaux pop plus enlevés du Red Elastic Band (trois quarts du set), parmi lesquels les grandioses "The human race", "Gino and Rico", "Kismet', "Broken beauty" ou "Pretty Child" extraits de son petit dernier Dear Scott sorti en 2022. Et dont Michael singera à de nombreuses reprises la fabuleuse pochette : lui et sa guitare genou à terre. Un certain nombre de morceaux de Shack son précédent groupe avec notamment des morceaux tirés de l'excellent H.M.S Fable de 1999 - impeccables et émouvants "Pull together" et "Streets of Kenny".
Alors bien sûr on est quelque peu orphelin de John Head avec qui il avait enregistré son chef d'oeuvre ultime The Magical World Of The Strands dont il ne joue hélas aucun morceau si ce n'est l'esquisse de "Queen Mathilda" entre deux titres. Certes la voix manque parfois de justesse sur les notes plus aiguës. 
Qu'importe, le concert est de très bonne facture et l'oeuvre d'un compositeur légendaire et tout ce qu'il y a de plus authentique. Notre couac glaswegian est ainsi vengé.


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13 août 2023

Billy Nomates - Queen Margaret Union (Glasgow) - 01/08/2023


 Venus initialement découvrir la dernière sensation australienne RVG, nous comprenons rapidement que de première partie escomptée il n'y aura pas : un simple ampli et une guitare posée sur un pied étant les uniques atours de la scène avant l'espéré support band. Entre temps une chanteuse du cru - elle habite à quelques blocks - a pris le relais pour une performance sympathique quoique anodine.
C'est d'ailleurs Billy Nomates qui enfonce le clou en début de "set", nous apprenant que cette date initialement prévue le 28 mars avait été reportée du fait de sa voix déficiente bla bla bla ; laquelle aura entraîné le retour inopiné de la bande de Melbourne pour une série de dates presque concomitantes et initialement prévues dans son pays d'origine. Il semble d'ailleurs que cette décision longtemps laissée en suspens ait ajouté à la confusion du line-up lors de la vente des tickets.

 Et Billy Nomates de retrouver sa voix, ce qui est un moindre mal vu l'ascétisme de son show que l'on pourrait résumer ainsi :
21 morceaux  de variétoche "joués" (en fait une bande-son intégrale y compris de ses propres choeurs !)
1 guitare grattouillée (sur la première "chanson" et puis plus rien)
1 cymbale frappée (alors qu'elle ne demandait rien) sur un temps d'un autre "morceau

C'est peu....


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11 juillet 2023

Nathan Fake - Drowning In A Sea Of Love (2006)

C'est l'histoire d'un destin qui bascule. En 2004 celui de Nathan Fake jeune producteur électronique dans le vent l'est par le biais d'un remix, celui de James Holden de 2004, producteur et DJ créateur du label Border Community qui abrite certains des morceaux de Fake adoubés par les clubbers. "Outhouse" notamment.
"The sky was pink" formidable boucle lancinante se voit étirée pendant plus de 10 minutes dans une version de pure trance qui asseoit l'avenir et le succès de Nathan Fake.

Il n'en fallait pas plus pour que ne soit attendu au tournant le premier long format du natif du Norfolk. Celui-ci faisant la part belle à des  divagations rêveuses et à un minimalisme de bon aloi rappelant le meilleur du jeune Aphex Twin, qu'il s'agisse d'un midtempo ('"Grandfathered", "You are here") ou que celui-ci s'accélère ("Superpositions").  Nathan Fale est loin de se rêver en roi des dancefloors - il réfute et refuse toute activité de DJing par exemple- use de textures sonores qui lui sont chères, celles rêveuses d'un Boards Of Canada par exemple ("Charlie's house"). Son boulot et dada reposent davantage dans la production de morceaux planants et instaurateurs d'ambiances Warpienne.
Bien sûr, "The sky was pink" dans sa version première et simplifiée de 4'51'', figure sur ce disque et se suffit à elle-même.Ce qui accrédite le sentiment de légitimité de Fake qui regrettait qu'à ses débuts, le public parfois ne lui demande LA version qu'il connaissait à savoir celle de Holden tant sa propre version ne semblait aux auditeurs qu'un embryon ou la gestation du tube. Cruel quiproquo auquel l'album qui nous occupe rend justice.

Depuis Nathan Fake sans rentrer dans le rang, a un peu moins fait  parler de lui mais a quand même sorti 5 autres albums dont Crystal Vision  en 2023 et a commis nombre de remixes ;  Radiohead figurant notamment dans son tableau de chasse.
A l'image de sa candide et hédoniste pochette; l'art de Nathan Fake est tout sauf tape-à-l'oeil. Malgré son patronyme, Nathan Fake ne feint ni ne simule ; il n'est qu'amour.

En bref : le premier et réussi album d'un jeune talent de la house et techno anglaise. Qui ne se rêvait pas en architecte des dance-floors mais a néanmoins pondu une poignée de scies contagieuses dont l'affolant "The sky was pink" qui figure ici.
 

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PJ Harvey - I Inside The Old Year Dying (2023)

Les cons, ça ose tout ; c'est à ça qu'on les reconnaît disait Audiard. On peut définitivement transférer ce célèbre aphorisme à la liberté artistique de l'intrépide PJ Harvey.
Qui en artiste installée n'a plus grand chose à prouver. La native du Dorset a déjà entrepris depuis quelques albums de s'affranchir des étiquettes, a concocté un obscur album concept autour de la guerre (Let England Shake - 2011). On peut dire que son affranchissement avec une musique bêtement indé avait démarré avec le superbement hanté White Whalk de 2007.

D'ailleurs la fréquence entre les livraisons discographiques de la belle en disent long. Car en dehors de la bande-son de All About Eve (2019) et Bad Sisters (2022) cette dernière non commercialisée, sept années se sont écoulées depuis la parution du remarquable The Hope Six Demolition Project, véritable pamphlet contre un absurde plan de rénovation urbaine qui payait son tribut au blues. Considérée par beaucoup comme l'oeuvre la plus aboutie de PJ.
Avec un nouveau disque au titre incompréhensible (nous y revenons), l'anglaise va sans doute laisser une nouvelle cohorte de fans en chemin ; les autres qui ne se formaliseront pas de délaisser le format pop couplet/refrain verront la lumière.

Le hiatus évoqué s'explique aussi par le fait que l'anglaise a beaucoup et diversement produit pendant les sept ans où elle s'est faite plus discrète : dessins, sculptures, deux ouvrages de poésie, c'est d'ailleurs l'un d'entre eux Orlam, terme désignant en patois du Dorset l'oeil ouvert d'un agneau mort qui sert de matière littéraire à I Inside The Old Year Dying. Car là est la clé de ce nouvel opus : la transcription musicale d'un script relatant le parcours en douze tableaux d'ne jeune fille de neuf ans, sous fond d'éléments naturels et fantastiques (au sens heroic fantasy) victime d'un viol et vivant dans la forêt imaginaire de Underwhelem. Une année entière de sa vie prélude à la sortie de l'enfance sous couvert de la figure tutélaire et protectrice d'un soldat mort et de l'emblème écorché de l'agneau. Tout le récit et donc les textes de l'album sont rédigés dans un dialecte ancestral du Dorset dont est bien sûr issue PJ Harvey. Ce qui explique ces titres abscons et pour certains incompréhensibles (le morceau-titre, "Seen an I", "The nether-edge", "Lwonsome tonight", "I inside the old I dying").
A nouveau entourée des fidèles John Parish et Flood et également assistée d'intervenants acteurs Ben Whishaw et Colin Morgan, la fée du Dorset tisse une toile sonore fascinante où tout n'est que murmures, chants haut perchés  - sa marque de fabrique désormais - sur des textures de guitares, de claviers triturés dans un magma de mix. On devine ça et là des oscillateurs saturés (le très beau "Prayer at the gate" d'ouverture, "The nether-edge"). Partout des éléments empruntés à la musique concrète, bruitages et cris d'animaux divers ("Autumn term"), dans une sorte de pastoralisme christique. Christique au sens de l'animisme présent dans cette évocation de la nature. De la présence allégorique du soldat mort, sorte de totem où PJ Harvey évoque une sorte de Trinité King/God.Elvis qu'illustre le sample de "Love me tender ("August")
La voix invariablement enchanteresse fera se pâmer les aficionados de la belle ou bâiller ses plus touchants détracteurs.

On ne saura nier néanmoins la liberté totalement assumée et les parti-pris audacieux que se construit la chanteuse anglaise album après album.  délaissant courageusement et salutairement les rives de l'indé Ses disques s'apparentant désormais à des toiles sonores, mémoire graphique enivrante dont l'ascétisme pour donne une idée s'apparente à celle d'un Nick Cave.
Une différence de taille : contrairement à son aîné et mentor, PJ Harvey reste passionnante à suivre.

En bref : liberté totale d'une artiste en roue libre. Beaucoup de fans auront lâché l'affaire. Tandis que les plus courageux adeptes se demanderont avec excitation vers quels rivages insensés leur championne les guidera lors de ses prochaines aventures.


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07 juillet 2023

Tanger - s/t (1997)

Album et groupe pour le moins atypiques dans  la France de 1997 qui ne jure alors que par la French touch et le chill de Chemical Brothers et Prodigy , Tanger est cet OVNI parisien issu du cerveau de Philippe Pigeard, poète, écrivain et dandy normand. Il assemble dès 1995 un aréopage de musiciens dont les fidèles Christophe Van Huffel (guitare) et Didier Perrin (basse).

On évoquait le contexte socio-musical en France ; il serait juste de préciser que la musique de Tanger faite de longues suites psychédéliques louvoyant vers un jazz façon Magma ou un prog à la Alice dans le plus pur esprit aventureux des années BYG, n'a de toute façon jamais fait florès au pays du fromage qui pue. C'est donc à la fois à un cauchemar pour maison de disques et à un bonheur pour rock-critics auquel Tanger nous conviait à ses débuts. Sertie d'une pochette sublime qui fait la part belle à la plastique féminine inspirée de Matisse, Tanger reconduira le procédé avec La Mémoire Insoluble double et un poil moins réussi en 1998. Et il est à noter que quand désireux de mettre de l'eau dans son vin il délaissera à la fois ces visuels et son option musicale,  le groupe perdra son âme et deviendra bien moins captivant.
Assez curieusement ce premier 6 titres qui compte autant de titres étirés et dure près de 38 minutes est souvent relégué au rang de mini-album et La Mémoire...comme le premier long format du groupe ; ce qui est en soi une absurdité au vu de sa durée.

Tanger commence comme une longue suite tribale ("Tanjah, mouvement premier"), une transe à grands renfort d'orgue Hammond, de percus et cris montant crescendo, qui revient en face B sous forme de "Mouvement troisième" ; les deuxième et quatrième mouvements étant réservés à l'album suivant. On est bien là dans le parti-pris musical de la France d'un Gong voire de son cousin britannique de The Soft Machine; courant musical oblige.
Bien sûr, les influences gainsbourgiennes dans les textes sont légion ("Ma petite Manga n'est pas niaise / Elle baise" "D'Ebony je garde l'air débonnaire / des grands jours de plein air") ajoutées à la teneur instrumentale luxuriante ne seront pas un atout pour Philippe Pigeard et ses hommes. Les réduisant au rangs de poseurs décalés ; ce qu'ils étaient sans doute de toute façon. 
Le même constat que celui émis sans ironie, dans "L'immodeste attitude" ; sans doute l'un des meilleurs titres de Tanger. La vérité était sans doute autre : Philippe Pigeard est un homme lettré qui aime la belle ouvrage et sa musique pour belle et référencée qu'elle fut n'était pas vendeuse.

Tanger a eu au moins le mérite de perdu pour perdu,  vivre son truc à fond et de pouvoir compter sur un public fidèle même si et on s'en félicite, les Victoires de la musique n'étaient assurément pas pour eux. 
Par la suite et toujours soutenus par la critique à qui ces disques s'adressaient avant tout, Tanger devait perdre considérablement de sa magie avec Le Détroit (1999), L'Amourfol ((2002) malgré de bons titres essaimés ici ou là mais qui déjà s'ouvraient sur autre chose. Avant que de sombrer tout à fait avec son dernier LP IL Est Toujours 20 Heures Dans Le Monde Moderne.
Depuis, plus guère de nouvelles. Il n'y aura vraisemblablement plus de nouveau Tanger ;  le drame personnel subi par Philippe Pigeard n'étant sans doute que la goutte d'eau consécutive à l'insuccès du groupe.

En bref : le genre de disque culte et étranger à son époque que redécouvriront les générations futures défricheuses d'incunables raretés progressives françaises.

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Daddylonglegs - Horse (1999)

Daddylonglegs, à ne pas confondre avec le groupe rock de Brooklyn Daddy Long Legs, était le projet éphémère de la paire de producteurs écossais Howie B. / Jeremy Shaw. Howie B. pour Bernstein à ne surtout pas confondre non plus avec Howie Beck musicien canadien de son état dont les oeuvres étaient concomitantes à celles en solo de Howie B. ; ce qui pouvait porter à confusion.

Dans les années 90 ces deux-là avaient le vent en poupe et leurs albums respectifs étaient abondamment chroniqués ici ou là. Berstein qui a un pedigrée de clubber et de producteur d'electronica, a frayé avec de nombreux artistes et collectifs de Grande-Bretagne à l'époque du trip-hop émergent. On le retrouve  aux manettes derrière le fameux Wild Bunch qui vit émerger tant d'artistes importants : au mix des premiers singles de Massive Attack, dans l'ombre du mythique Maxinquaye de Tricky, aux côtés de Nellee Hooper avec qui il fit ses gammes aux balbutiements de Soul II Soul, avec Neneh Cherry évidemment.
Mais aussi auprès de grands noms de la new-wave dont les plus connus sont Siouxsie and the Banshees.....et U2. U2 pour qui il devint une sorte de pygmalion façon Brian Eno ; et c'est vrai que Howie B.a partagé plus d'un point commun et pas uniquement physique avec le divin chauve. Comme lui Bernstein se décrit comme  non-musicien, usant  de manière empirique des matières sonores via un instint et une créativité que l'on subodore sans limites.

Horse est donc cette parenthèse enchantée où entre de multiples avatars et albums en solo d'obédience electro ou folk - l'un d'eux s'intitule même Folk (2001) et n'accueille rien moins que Robbie Robertson comme chanteur (!)-  Howie B. avec son producteur ami dressent ainsi cette géniale ode au cheval. Avec des titres comme "Stallion", un clin d'oeil à Sydney Pollack ("They shag horses don't they ?"), "Giddy up" '(Hue dada !NDA) ou "Pony express", le fabuleux "Black beauty" avec ses boucles d'enfer, les refs sont partout présentes.
Sans doute très à l'écoute de ce qui se faisait à Detroit, voici le versant techno minimale que Howie B. et Jérémy Shaw proposent. A la façon d'un Carl Craig façon Landcruising (1995), le tempo est assez lent et procure l'effet d'une pulsation qui jamais n'est prise en défaut. Peu d'effets, on entend deux guitares et pas une de plus sur "Pony express" et "When Betty comes to town" avec même une voix sur ce dernier, celle de Will O'Donovan du projet Mayonnaise dans lequel oeuvrait aussi Howie B.
Economie de moyens, aucune boursouflure si ce n'est une rythmique ici et là plus appuyée ("A man called Betty"), on reconnait là l'héritage d'un Eno ; certaine plages n'auraient pas déparé sur Another Green World (1975). 

Album unique en tous points, on entend même sur  "They shag horses..." et c'est inédit pour être signalé, un sample du grand John Martyn issu du majestueux Solid Air (1973). Preuve que ces gens-là en plus d'être originaux, en hommes de goût avaient tout digéré leur bréviaire folk/pop.
Si Howie B. samplait à tout va, il s'appellerait DJ Shadow.

En bref : un classique d'electro et de techno minimale, oeuvre d'un touche-à-tout de génie écossais qui a produit, mixé et travaillé avec à peu près toute la scène électronique britannique et pas que. Un album à redécouvrir d'urgence.

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06 juillet 2023

Poni Hoax - Images Of Sigrid (2008)

2008 : grande année pour la pop française estampillée parisienne. Avec les versaillais de Scenario Rock, les parisiens de Poni Hoax accouchent non sans douleur de leur deuxième album, le plus réussi, celui qui les fera connaître en France et à l'international.

Comme pour leur premier essai éponyme qui renfermait déjà un redoutable tube avec "Budapest", Poni Hoax refait le coup de la jeune fille nubile sur la pochette, ici dédoublée en mode pom-pom girl.

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Mott The Hoople - S/t (1969)

Et si c'était eux les champions toutes catégories du glam rock anglais ? Après tout les Spiders From Mars ont vite splitté, T Rex n'a véritablement été crédible que sur un brelan d'albums, The Sweet et Slade étaient surtout des usines à singles. Il y avait bien sûr Cockney Rebel mais leur style louchait davantage du côté de Roxy Music. Et puis un groupe glam sans guitares... Reste donc le groupe des lads anglais : Mott the Hoople.

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05 juillet 2023

Michel Houellebecq - Présence Humaine (2000)

Les exemples d'écrivains s'étant lancés dans la musique et a fortiori à avoir transformé l'essai ne sont pas légion. On pense bien évidemment en premier lieu au formidable essai de Jack-Alain Léger alias Dashiell Hedayat et son Obsolète de 1971. L'histoire n'est jamais gagnée d'avance.

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03 juillet 2023

RVG - Brain Worms (2023)

2023 est l'année des sigles. Après CVC, voici RVG pour Romy Vager Group. Pas grand chose à voir pour ce qui est de l'humeur accorte, un peu l'opposé même. Romy native d'Adelaïde dont elle a fui l'esprit étriqué, en est déjà à son 3ème album sous cette bannière. Et a trouvé ses compagnons de jeu à Melbourne.


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29 juin 2023

Love And Rockets - Sweet F.A. (1996)

Cet album de Love And Rockets (le 6ème et avant-dernier) est le plus rasséréné de leur discographie. Aucun besoin de séduire ni de déployer la carte radiophonique. Depuis l'album éponyme de 1989 (pas le meilleur) qui les a vu cartonner et rallier les charts US, le trio de Northampton n'a plus rien à prouver et fait ce qu'il lui plaît.  Un excellent album ambient (Hot Trip To Heaven) est depuis passé par là, rompant les schémas pop d'antan.

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22 juin 2023

The Electric Prunes - I Had Too Much To Dream (Last Night) (1967)

C'est l'histoire d'un garage band comme il y en eut des milliers  aux USA. Eux venaient de LA et tout en créant principalement les chansons des autres, sont rentrés dans l'histoire. Explication.

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22 mai 2023

CVC - Supersonic (Paris) - 18/05/23

 


Dès notre arrivée à l'angle de la rue Biscornet, point de doute possible : le meilleur groupe gallois actuel du monde est en ville : la balance dévoile déjà la rythmique de l'infernal "Good morning Vietnam", l'un des meilleurs titres du sextuor.

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27 avril 2023

Alice Cooper - School's Out (1972)

Le début / milieu des années soixante-dix  s'apparente pour Alice Cooper (le groupe) qui d'ailleurs n'y survivra pas, à un âge d'or. Après deux albums encore un petit peu mal dégrossis, tout se met en place dès Love It to Death (71)  et le restera jusqu'à Billion Dollar Babies et à un degré moindre Muscle of Love, tous deux de 1973. Puis ce sera l'implosion du groupe.

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25 avril 2023

My Bloody Valentine - Loveless (1991)

Au commencement était My Bloody Valentine, énième avatar noisy de la scène britannique ayant eu son petit succès d'estime en tournant dans les pays anglo-saxons. Une fois débarrassé de son premier chanteur et après avoir recruté la belle Bilinda Butcher (voix, guitare) à sa suite, le monomaniaque irlando-new yorkais Kevin Shields lance les grandes manoeuvres.

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CVC - Get Real (2023)

CVC sont six. Voici pour l'exercice de diction. Alors quid de cet acronyme ? Les 6 jeunes gens qui officient sous cette bannière sont gallois et amis d'enfance, s'attifent dans le noir en piochant dans des malles hétéroclites et portent haut et fier longues tignasses et moustaches.

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23 avril 2023

Quasi - Urban Spree (Berlin) - 18/04/23



On les avait quelque peu perdus de vue mais ils sévissent toujours. Ils étaient même en 2022 les auteurs d'un dernier album assez épatant (Breaking The Balls of History).
Les partners in crime de l'indie rock et ex couple à la ville que sont Sam Coomes (orgue saturé) et Janet Weiss (ex-Sleater Kinney) n'ont semble-t-il jamais laissé en repos leur duo Quasi né à la fin des nineties.

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17 avril 2023

William Sheller - Epures (2004)

Sous un portrait dessiné par Seb Jarnot qui signera aussi  un an plus tard l'illustration de Parade au Cirque Royal, parfaitement racccord au contenu de son 11ème album studio, Sheller à la croisée des chemins se réinvente en cette année 2004.

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08 mars 2023

Belle & Sebastian - Late Developers (2023)

Comment peut-on être si douloureusement schizophrène ?  Tout le monde aura remarqué que Belle & Sebastian jadis intrépide escouade de poppeux écossais reconvertis mainstream, avait pour le moins ruiné ses récents disques du fait d'effets de production parfois grossiers. Y compris sur leur précédent A Bit Of Previous, paru seulement un an avant Late Developers et qui annonçait un regain de forme.

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01 mars 2023

The Brian Jonestown Massacre - The Future is Your Past (2023)

L'animal a osé le gimmick. Le même dont Beck avait usé pour sa chouette box de The Information. Ici des crayons de couleur sont fournis pour customiser sa pochette vinyle de The Future is Your Past.

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18 février 2023

John Cale - salle Pleyel (Paris) - 14/02/23


Bon, on n'en voudra pas à notre héros. Mais 5 titres de son épuisant Mercy récemment paru, c'était sans soute trop pour nos retrouvailles.

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22 janvier 2023

The Nomads - Paloma (Nîmes) - 21/01/23

courtesy of Sylvain Mullerium

Les vétérans étaient ce soir à l'honneur à la Paloma de nos amours. Pour ouvrir le set des furieux et mythiques Nomads qui sont la preuve qu'il y a eu du rock en Suède avant les Hives, le retour du groupe niçois Dum Dum Boys. Dont on avait fini par croire qu'ils étaient d'Occitanie tant ils ont tourné ici. Las, retrouvailles mitigées. La faute à une guitare inaudible, au jeu très cabot d'un bassiste voulant sonner saturé comme Lemmy Kilmister. Enfin à un répertoire que la reverb rend uniforme et qui n'était "Ann" ne convainc guère. C'est ballot, "Ann" c'était l'un des titres mythiques du premier Stooges.

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