28 avril 2007

Slam - Azure EP (2007)

Décidément je mets l'Ecosse à l'honneur. Après Calvin Harris et Bert Jansch, et dans un registre bien différent, laissez-moi vous parler quelques instants de Slam. Et de leur nouvel EP, « Azure ».


Derrière le nom anodin se cachent un duo de djs originaires de Glasgow, Stuart McMillan et Orde Meikle, déjà grandes figures de l'électro britannique. Des pensionnaires de jolies maisons telles que la Fabric de Londres ou le Pressure de Glasgow. Auteurs de quelques bons titres pour le compte du label Soma, les deux bonhommes remettent le couvert avec « Azure », une évasion électronique en deux parties. Des nappes impressionnantes, un rythme obessionnel, le tout servi par un crescendo sonore volumineux. C'est envoûtant et grisant.
Le scotch (pour les initiés) pointe son nez très rapidement et l'envie de dodeliner de la tête le regard vide devient vite irrépressible. Appréciable et réglé au millimètre. Les amateurs du genre aimeront.
fab.

Pour vos yeux et vos oreilles, une vidéo (enregistrée au Pressure de Glasgow en février 2007) et le son "Azure" (Part 1 et 2).







Le site du label Soma : http://www.somarecords.com/
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Bert Jansch - Bert Jansch (1965)

Et encore une légende de la folk music. Moins connu du grand public que les Woody Guthrie, Bob Dylan et autres Pete Seeger, Bert Jansch n'en a pas moins marqué des générations de musiciens au fil de sa vingtaine d'albums studio. Jimmy Page (Led Zepellin), Nick Drake ou encore Neil Young figurent aux rangs des adeptes et héritiers du folk singer écossais. Pour le chanteur canadien, Jansch n'était pas moins que l'égal de Jimi Hendrix, version guitare acoustique. En somme, un virtuose.

Personnage kerouac-ien, Bert Jansch parcourt l'Europe au début des années soixante, de bars en bars, d'une gerbe nocturne à un concert improvisé, le sac et la guitare sur le dos. Lorsqu'il s'installe à Londres au milieu des sixties, la scène folk de la capitale anglaise est fleurissante. Très vite, il squatte les pubs de Soho pour quelques boeufs. Notamment le « Les cousins bar » de Greek Street pour des performances régulières. En journée, il profite de la ville et fait tourner quelques vynils sur sa platine. Ravi Shankar, Charlie Mingus ou encore John Coltrane.
Avec un ami ingénieur du son, dénommé Bill Leader, il enregistre quelques titres de son cru. Leur appart comme studio improvisé. La « tape » atterrit chez Atlantic records grâce à Bill qui la cède... contre 100 livres sterling. En un an, 150 000 copies de ce premier album sont écoulées. Bon coup pour Atlantic. Certains des titres sont aussi repris par des artistes pop, comme Donovan, et monopolisent la tête des charts britanniques.
Ce soudain succès commercial ne bouleverse pas Bert Jansch qui continue de se produire dans des rades et peaufine son répertoire folk. Notamment en compagnie de la chanteuse Anne Briggs ou du musicien John Renbourn, qui, au moment de leur rencontre, verse dans l'« early music », du 12e-16e siècles. Bert Jansch formera un groupe, Pentagle, qui tournera pendant cinq ans dans le monde entier. Il n'aura de cesse jusqu'à aujourd'hui de sortir des disques, monter sur scène et perpétuer une musique folk authentique, désabusée et désanchantée. Son premier album, réussite inattendue, est le témoignage du génie à l'oeuvre. Dans sa plus grande simplicité et pureté.
Le premier titre, « Strolling down the highway », invite dans le grand sud américain (pour donner un peu dans le cliché) à la rencontre d'un folk singer à la Pete Seeger. Un petit air à la limite de la country et la voix fragile du jeune Bert Jansch. La voix s'efface sur le deuxième morceau du disque et laisse place à la virtuosité du guitariste. La mélodie est lanscinante presque complaignante. Je m'y complaît sans hésitation. L'album alterne titres chantés et instrumentaux. Le tout dans la plus grande harmonie, loin d'éroder mon attention ou mon plaisir. Au contraire, l'album est remarquablement homogène et propice à une écoute intégrale.
S'enchaînent des titres d'une profonde mélancolie et d'une rare beauté. Je pense à « Do you hear me now? » ou « Rambling's gonna be the death », titre à l'entame dylanesque et à la complainte toujours lascive. On croise par moment des intonations de voix qui, sans aucun doute, ont largement influencées le chant de Jimmy Page. Dans ma réédition de l'album figurent deux bonus. Un medley instrumental tout bonnement magnifique et une version live en 1964 du titre « Angie », plus anecdotique.

Pour être laconique, je ne vous dirai que cela : amis du folk, écoutez ce disque immanquable.
fab.

Trois titres en libre-service :

"Needle of death" :


"Do you hear me now" :


"Instrumental medley" (1964) :


Le lien vers le site de Bert Jansch : http://www.bertjansch.com/

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27 avril 2007

Kraftwerk - Trans-Europe Express (1977)

Je vous en ai parlé et reparlé, saoulé certains aussi mais j'y reviens pour votre plus grand bonheur et celui de nos lecteurs.
Kraftwerk - Kraft Werk = Centrale Electrique - naît en Allemagne vers 1970 sous l'impulsion de 2 jeunes musiciens. La composition du groupe a varié à plusieurs reprises depuis sa création. Ceci est certainement dû aux longues périodes de travail qu'ils s'accordent dans leur "laboratoire" de Cologne comme ils aiment l'appeler.
La musique de leurs débuts s'apparente davantage à une aventure rock / pop expérimentale, commune à bon nombre de groupes allemands de l'époque, aventure qui prendra le nom de krautroc ou rock choucroute.

C'est avec l'apparition des boites à rythme, des synthétiseurs, l'implication de Francois Kevorkian et une motivation sans pareille que les jeunes de Kraftwerk s'ouvrent à la musique électronique. Cette touche technologique, qu'ils revendiquent ouvertement - par l'intermédiaire des "machines à produire des sons", ils amorcent la problématique de la place de la technologie dans notre univers humain/urbain - leur réussit puisqu'ils enchainent album sur album (Autobahn (1972) fait un véritable tabac, se placant très rapidement dans les charts du monde entier).
On raconte que Bowie passait des nuits entières défoncé au volant de sa Mercedes à parcourir les autoroutes allemandes ('autobahn') sur le fond sonore dudit album.
En 1977 parait Trans-Europe Express, mastodonte incontournable de la musique électronique - l'album apparaît toujours dans le top 50 des meilleurs albums de tous les temps.
La ballade débute par un magnifique élan crescendo "Europe Endless". Le rythme s'accompagne de chants et de sons d'instruments à corde distordus. Le principe est simple: un rythme, une mélodie, quelques paroles placées ici et là, le tout bien orchestré et soutenu. Europe Endless donne le ton de l'album, un brin "sacré" si vous me pardonnez l'expression; comme si la messe débutait. Hall of mirrors - sublime et hypnotique - s'impose, solennel avec un brillant départ au clavier vers la 5ième minute.
Que du bon dans cet album avec un époustouflant "Showroom Dummies" - traduisez mannequin de vitrine - en troisième position au rythme rapide et aux choeurs lanscinants. Le morceau atteint son apogée sonore -il vous crispe- avec ce grincant clavier vers la 3ième minute. Les paroles identitaires completent le message, clair: nous ne controlons pas tout, et certainement pas l'évolution technologique - cette longue et interminable chose en train de traverser l'Europe.
Trans-Europe Express occupe la place stratégique du milieu d'album. La formule est identique. Le solo aigu, strident, angoissant donne toute sa cohérence au morceau. Ce track est suivi par Metal on Metal, une tension continue et fatiguante qui s'incruste durablement dans votre esprit pour le plaisir. Le groupe rend finalement hommage à Franz Schubert avec un morceau soigné à la mélodie douce, aux sons tendres et harmonieux.

Pour moi, Kraftwerk a inventé et élevé la musique électronique au rang de musique à part entière, valant la peine d'être considérée.
Pour les sceptiques, le style est daté, ne vous arrétez pas à ça. Prenez quelques minutes, comme je l'ai fait, vous serez touché.


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Hocus Pocus - 73 Touches (2006)

Je me devais de faire une petite piqure de rappel pour tous ceux qui auraient survolé ou égaré ce disque. Je vais essayer de ne parler que du disque, sans a priori.
Un bon disque, rafraichissant. Un disque équilibré, sain, qui renouvelle à sa manière le paysage du rap français.

Les mélodies sonnent claires, sans abus de basses. Les paroles que les jeunes gars de Nantes déposent claquent. Ils sont bons, capables de changer de tonalité à tout instant, jouant de finesse et d'improvisation controlée. Un album comme un concert. Hocus Pocus évolue sur différents registres soul, hip hop, chanson. On apprécie notamment l'atmosphère jazzy de l'ensemble de l'album et les multiples collaborations avec des musiciens de tout ordre: violoncelle, guitare ("J'attends"...), et forcément piano etc.
Un léger scratch, utilisé avec justesse, teinte l'album d'une coloration réellement hip hop.
Les petits gars d'Hocus Pocus ne participent pas à la polémique rap. Ils font de la zic comme ils l'entendent, clamant et déclamant des paroles légères et personnelles. Les rimes percutent et interpellent. On est très vite pris au jeu. On attend la suite pour confirmer leur talent.
N'hésitez pas à laisser tourner le disque 2 ou 3 fois afin de vous imprégner.




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Clutch - From Beale street to Oblivion (2007)

Le vent souffle sur les prairies désertes du sud américain, une vache regarde passer les trains et soulever des tonnes de poussière rouge, le cow-boy du coin réajuste son couvre chef et continue tranquillement de mâcher sa chique, l’ambiance est posée. Cela faisait un bail que je n’avais pas été si agréablement surpris par un combo plutôt éloigné de mon terrain de prédilection. Je vous parle ici d’heavy rock psyché, du bon gros son qui tache, du stoner pur et dur.

Loin des foules et du succès, Clutch suit son petit bonhomme de chemin, 16 ans de carrière, 10 albums et plus de 2000 concerts que n’ont pas manqué de suivre une poignée de fans. Enfin pas des inconnus non plus, un bon million d’albums vendus et des tournées aux côtés de gros durs tels que Slayer, Sepultura ou encore System of a down. Pourtant le son des ptits gars issus du Maryland n’est pas aisé à qualifier. Indéniablement inspiré du psyché 70’s de Black Sabbath et du blues métal de ZZ Top, les arrangements approchent parfois de très près le funky jam (si si).

Mais revenons à nos moutons et autres vaches certainement pas à lait celles là. Pas très conciliants avec leurs maisons de disque précédentes, c’est cette fois ci Joe Baresi qui se colle à la production et le monsieur est dans son univers puisque déjà producteur des pouasseux Queen of the stone age. Il parvient à réunir ici sur une production parfaite ce qu’ont fait de mieux les Clutch au fil des albums, un son brut et propre, sobre et efficace, autour de riffs fiévreux et boogies à la fois. Sans fioritures, ça swingue, ça balance, ça slide et ça va même jusqu’à remplacer le traditionnel solo de guitare par l’harmonica local. Et l’utilisation du clavier 70’s de nous rappeler les racines psychés du rock stoner. Lynyrd Skynyrd n’en est que plus rassuré dans sa tombe. Puisque je vous le dis.

Pour le titre phare, Electric worry, je citerais Cyril Deluermoz de chez Rock and Folk qui à en croire ses allusions sait de quoi il parle : "Depuis les meilleurs titres des Georgia Satellites, des Del Fuegos et des Black Crowes, rarement un combo n’avait enregistré un morceau aussi énorme, combinant à la perfection un groove de vieux briscards du funk, un esprit bluesy échappé des juke joints du Mississippi profond et des riffs fondus dans les usines de Detroit ou de Chicago", rien que ça. Le reste de l’album, du même acabit, procure irrémédiablement l’envie d’hurler au et fort : Stone is not dead ! Et Clutch non plus.




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25 avril 2007

The Pale Fountains - Longshot for you love (1998)

Qu’évoquent les années 80 pour vous? Des synthés froids, des voix graves et plaintives, The Cure, New Order, Joy Division, la cold wave en somme. Une époque pas très marrante qui a pourtant connu la naissance de notre génération. C’est à ce moment là que 4 gars de Liverpool (ça vous rappelle quelque chose ?) emmenés par les frères Head ne trouvent rien de mieux que livrer une pop chatoyante, ensoleillée et, il faut dire, complètement anachronique. Les guitares sont légères, enveloppantes, exubérantes parfois, et sacrément volontaires. Autant dire que ça fait tache dans un paysage sonore plus occupé à écouter Sister of Mercy qu’une pop bossa nova jazzy. Incompris par leurs contemporains, les Pale Fountains craquent et sombrent dans la poudre blanche, presque classique.

Plus de 20 ans plus tard qu’en a t-on retenu ? 2 albums incontournables et cette compilation de faces B, singles et autres enregistrements publics généreusement éditée par Marina, label indépendant allemand. La reconnaissance arrive à point à qui sait attendre. Pour Michael Head et sa bande ce sera trop tard. Mélodies, orchestrations, cuivres, un véritable style personnel est présent, pas révolutionnaire, juste utopique et romantique. Très proche de Love et de ses élans de générosité tout en trompette, les titres choisis sont absolument parfaits. REM et Belle and Sebastian s’en seraient presque inspiré pour écrire leurs tubes raffinés.

Vous pouvez alors vous permettre d’écouter la discographie complète de ce groupe qui se résume à Pacific Street en 1984 (sublissime) et From the kitchen table en 1985 (plus travaillé). Bonus ici, des covers de John Barry (We have all the time), Burt Bacharah (Walk) et même Deniece Williams (Free). Essentiel pour le fan comme pour le néophyte curieux, ce pot pas si pourri que ça est un véritable secret caché de discothèque pop, une manière en quelque sorte de conjurer le sort des années 80.

Un titre à écouter, c’est bien sûr Thank you, le méga tube des Foutains, seul titre à avoir trouvé sa place dans le top 50 anglais, tout simplement parfait, presque un slow à la Pretenders embrassant la comédie musicale. Les mélodies si pop de The Norfolk hoads, Just a girl et Hey there Fred aussi. Enfin, le rythme entraînant de Palm of my hand, presque Elton John sur les bords, dans le bon sens du terme bien entendu. Que des tubes en fait.

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A lire aussi : The Damned - Strawberries (1982)

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Le clip de "Thank you", ultra kitch!! :



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24 avril 2007

Ridan - L'ange de mon démon (2007)

Plébiscité par la critique pour son premier album Le rêve ou la vie, Ridan, devait confirmer les excellentes impressions qu’il avait laissées avec des titres comme « L’agriculteur » ou « Partie de golfe ». Sorti fin mars 2007 L’Ange de mon démon renforce l’idée qu’un deuxième album est toujours plus difficile à construire et à structurer. Les mélodies à la guitare et au piano rappellent toujours Brassens et Renaud. La voix rauque, qui oscille entre rap et chanson, nous raconte toutes ces petites histoires du quotidien, attachantes, lancinantes et dérangeantes.

Ridan est né en 1975. Ses parents, originaires d’Algérie se sont installé en région parisienne où Nadir (Ridan à l’envers) a grandit entre poésie, rage et béton. Il se lance d’abord dans le rap et la production, il collabore notamment au disque 30 rappeurs contre la censure. Mais c’est avec une guitare acoustique et des paroles engagées qu’il affûte ses premières armes. Il raconte sa vie à fleur de bitume, l’intégration difficile, les flics, les souvenirs et les rêves et incarne les coups de gueule et de blues des jeunes. Il pose des mots durs sur une musique simple. La recette fonctionne et il est sacré en 2005 aux Victoires de la musique dans la catégorie « Album révélation de l’année ». Il vend par la suite 90.000 disques.

Pour son deuxième album Ridan continue dans la même veine. Des textes engagés, une rythmique simple qui s’est diversifiée et accélérée et une voix posée. Le début de l’album est très prometteur, très efficace. Avec « J’en peux plus » Ridan instaure les premières notes d’un dialogue qui dure jusqu’au milieu du disque mais qui malheureusement s’essouffle peu à peu après « Dans ma rue ».

Le single « Heureux qui comme Ulysse » fonctionne très bien et il devrait faire les beaux jours de France Inter mais c’est surtout avec des morceaux plus rythmés comme « Rentre chez toi » ou très calme comme « Dans ma rue » que Ridan montre tous son talent de cracheur de mots et de conteurs d’histoires. Ce deuxième album inégal, plus sombre que le premier reste très attirant même s’il faut de très nombreuses écoutes pour être entièrement charmé par toutes les chansons.


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21 avril 2007

Motorbass - Pansoul (1996)

Pansoul est un album nocturne. A son écoute montent les souvenirs émus d'escapades scintillantes sur les berges de la Seine. Les lumières défilent, orangées et jaunes vif, s'impriment dans la rétine au rythme d'une house surnaturelle. Les corps se délient, les têtes voyagent, moitié happées par la réalité urbaine, moitié emmitouflées dans une rêverie délectable. Ces instants bénis, nous les devons à deux ingénieurs du son Versaillais qui décident, en 1992, de se consacrer à la musique électronique après avoir vécu leur première rave. L'un s'appelle Philippe Cerboneschi, alias Zdar, et a déjà travaillé sur le premier album de MC Solaar. Il montera plus tard, avec Boombass, La Funk Mob, devenue Cassius. L'autre, Etienne de Crécy, s'est imposé comme un des producteurs français les plus adulés à travers le monde avec les deux volets du projet Superdiscount, son LP Tempovision et ses nombreux remixes.

A eux deux, ils forment Motorbass pour livrer un unique album, décisif pour la musique électronique française : Pansoul. Le nom de ce disque autoproduit traduit son ambition : une exploration exhaustive de l'électro soulful, nourrie de samples hip-hop et de basses bedonnantes. A sa sortie, en 1996, Pansoul n'est pressé qu'à 20000 exemplaires. Dès l'année suivante, il est introuvable. En 2003, enfin, Virgin le réédite, et les fans sevrés ont droit à un CD bonus incluant deux EPs des débuts, EP1 et Transphunk EP, plus quelques tracks à la coloration hip-hop.

La machine Motorbass démarre réellement avec Ezio, qui, d'abord épuré, gagne en profondeur grâce aux clochettes et autres harpes cristallines. Flying Fingers enchaîne avec ses scratches acérés, mais c'est selon moi à partir du quatrième titre, Les Ondes, que le moteur s'emballe. Neptune et Genius, notamment, déroulent une house classieuse version after. Wan Dence est plus daté, ainsi que Pariscyde, titre le plus brutal du disque et hommage aux Pharcyde, dont on peut entendre un court sample.

Pour beaucoup, Pansoul, sorti un an avant Homeworks, le premier album de Daftpunk, fut la pierre fondatrice de la "French Touch". Terme inepte pour un mouvement qui n'existe pas; une expression de journaliste, en résumé. Quel lien peut bien exister entre le groove de Motorbass et les symphonies romantiques et planantes d'Air ? Ils viennent tous de Versailles, certes. Mais en dehors de ça... Ici on ne rencontre pas - sauf sur Wan Dence - les boucles disco filtrées du sieur Alex Gopher ou les relents très 80s des Daftpunk. Plutôt une juste appropriation, "à la française", de la house made in Detroit. A (re)découvrir absolument.

En bref : la pierre inaugurale du mouvement house français des années 90.



News sur leurs travaux respectifs:
www.myspace.com/philippezdar
www.myspace.com/etiennedecrecy

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19 avril 2007

Superdog - Interview d'Yves Hecker

Au départ il y avait les Burpin Chicken, un trio emmené par Yves Hecker, animateur radio en herbe nourri à la brit pop. C’était il y a neuf ans et ça se passait en Alsace. Aujourd’hui en quator, et rebaptisé Superdog, leur deuxième album sort chez Warner et ils écument les salles de concert des deux côtés du Rhin. Première partie de Franz Ferdinand, des Servant ou encore de The Kooks. « Découverte » au Printemps de Bourges en 2005. Des lyrics en anglais et un son convaincant pour qui se sent l'âme pop. Pas mal tout ça en somme. L’occasion d’un exercice agréable pour un étudiant en journalisme. Mais aussi l’occasion de reparler industrie du disque et de pourfendre un peu les « majors » en compagnie d'Yves Hecker. Une petite interview audio donc. Et un enrobé en prime. C’est le mot, et je sais, ça fait très technique... Je laisse tout cela à votre candeur et à votre curiosité.
fab.

Interview intégrale :


Montage centré sur la signature de Superdog chez Warner :



Si le player ne marche pas, l'interview est stockée sur cette page : http://fabien.benoit3.club.fr/index.html
Pour la musique, c’est sur myspace que ça se passe : www.myspace.com/superdogmusic

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16 avril 2007

Festival Express - 1970

Les concerts de beatniks commencent avec le Monterey Pop Festival en juin 1967. Lors du fameux Summer of love que vous ont peut-être évoqué vos parents avec nostalgie ou dégoût. L'événement avait réuni 200 000 spectateurs, dont Jefferson Airplane, Grateful Dead, QuickSilver Messenger Service, David Crosby & Stephen Stills, The Mamas and the Papas, The Who qui y avait détruit leurs instruments (ils avaient pris leurs guitares pour des marteaux) et Jimi Hendrix qui à l'occasion avait brûlé sa guitare après s'être littéralement accouplé avec.

Après ce succès, ils décident d'organiser un nouveau festival. Ils choisissent un grand terrain vague, non loin de chez Bob Dylan qui habitait Woodstock. En fond, la guerre du Vietnam fait rage, la contre-culture prend racine. Le concert bat tous les records 500 000 hippies viennent piétinner l'état new yorkais pour voir les plus grands artistes du moment les CCR, Janis Joplin, Joe Cocker, The Band (le groupe de Bob Dylan en solo)... Encore une fois, c'est la folie pleine, on dit qu'il y a eu 2 naissances et 2 morts.

Enfin voilà nous y arrivons les liens entres les artistes se sont maintenant bien soudés et c'est ainsi qu'entre autres Janis Joplin, Grateful Dead et The Band décident de propager la mouvance au Canada. La tournée démarre à Toronto, et se poursuit vers Winnipeg et Calgary. Mais attention, les artistes se déplacent ensembles et en train privé. Et oui, un ptit train rien que pour eux, avec marqué en gros Festival Express. Le DVD retransmet les différents concerts qu'ils ont donnés, entrecoupés des meilleures moments passés dans le train. D'un wagon à un autre on s'immisce dans un débat, on profite d'un boeuf improvisé, assis sur un siège. Quelques moments mythiques comme par exemple, lorsque les passagers après avoir ramené quelques litres se murgent allégrement sur fond de saxo. Ou encore quand on assiste à la rencontre des deux groupes et Janis bras dessus-dessous, chantant comme de vieux potes autour d'un feu après une soirée bien arrosée! Evidemment le meilleur reste les performances sur scène, grâce aux solos hypnotiques sans fin des Greatful Dead. Ou encore Buddy Guy qui sans remplacer le Jimi des festivals précédents nous offre une touche de blues bien enflammée. Sans passer à côté de la voix rauque d'une Janis Joplin animée d'une puissance vocale surdimensionnée.

Le DVD est en plus gavé de Bonus, de quoi passer au total près de 2H30 dans les seventies.

Acheter le dvd sur Amazon ou sur Ebay


Un petit extrait, sur scène:



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15 avril 2007

Calvin Harris - Acceptable in the 80's EP (2007)

Calvin Harris est un écossais de 22 ans. Pas long à la détente, il déjà a créé son propre label, FlyEye, et rédigé un manifeste (!), sa profession de foi, intitulée : La musique disco a disparue, pas vrai ? Tout le monde en est dégoûté. Maintenant, je fais revivre la disco, avec des lunettes de l’espace ou autre chose (Disco disappeared, didn't it? Everyone got sick of it. Now I'm reviving it, with space goggles, or something en VO). Avec un ordinateur Amiga datant de Mathusalem il réalise sa première production baptisée simplement « I created the disco » et ambitionne de redonner vie à cette musique. Peu porté sur la dépense, Calvin Harris n’achète quasiment pas de matériel et de vynils, préférant la bidouille et la dégotte parcimonieuse de bons petits sons. Ancien ado grunge fan de Nirvana, le garçon s’est aussi pris à n’écouter pendant 5 ans que les seuls Spin Doctors. Faut suivre. En somme, un personnage atypique que ce Calvin, mais bien sympathique aussi à des égards.

« Acceptable in the 80’s », son troisième LP et prélude à un album à venir, est un concentré survitaminé d’électro-disco à vous faire remuer dans vos pénates. La partie vocale n’est pas toujours la bienvenue à mon goût mais l’ensemble tourne aux amphétamines, conformément à l’ambition de Calvin Harris. « Je ne fais pas de la musique pour vous faire réfléchir, juste pour vous faire bouger ». C’est limpide. Et le son suit. Calvin Harris annonce son album comme « le plus dingue jamais produit dans toute l’histoire de l'humanité». Très humble. Néanmoins j’y serai attentif à n'en pas douter.
Pour vous faire une petite idée, voilà le clip. Calvin Harris, en compagnie d’une jeune fille très « stylée », y maltraite une belette. Quoi de plus normal.

En bref : un maxi électro-disco ultra-énergique pour bouger dans vos chaumières






Pour les plus curieux, le site de Calvin Harris : www.calvinharris.tv.
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Makossa + Megablast - Kunuaka (2007)

Sur Mama, titre inaugural de cet étonnant album, le sénégalais 3gga adresse, en français, des louanges à Jah et fait les présentations sur un broken beat dévastateur qui fait songer à 4 Heroes : "C'est le son de Makossa et Megablast, à Vienne...". Car ce sont bien deux blancs-becs viennois qui concoctent cette mixture rafraîchissante d'afrobeat et d'électro - au sens large du terme. Vienne n'est pas forcément liée, dans nos imaginaires, à une idée de diversité et d'ouverture musicale. Et pourtant, notamment autour du label G-Stone de Kruder & Dorfmeister, s'est peu à peu constituée, dans la capitale autrichienne, une scène électronique plus qu'intéressante.

Tenez Marcus Wagner-Lapierre aka Makossa, par exemple. C'est un peu le pape des Djs locaux, et il anime depuis 13 ans, sur une radio nationale, l'émission hebdomadaire Swound Sound System, spécialisée, d'après le site de G-Stone, dans une "deep, dope, dub & dirty funky, afro, cosmic influenced electronica" (sic). Des recherches tous azimuts qui ne pouvaient que séduire Megablast. De son vrai nom Sacha Weisz, celui-ci est passé par le hip-hop et le reggae avant de s'intéresser à l'acid house et à la techno.

La recontre de ces producteurs érudits s'est d'abord matérialisée dans le maxi Kunuaka / Like A Rocket, un gros carton de 2006 porté par des percus foisonnantes et une basse grasse et sale. L'album, qui inclut les deux titres, est du même tonneau. Lyrics toastés ou slamés par les MCs de la galaxie G-Stone, harmonies synthétiques et rythmiques addictives sont les constantes de ce Kunuaka, sans temps mort ni faute de goût. Même les excursions cubaines Porque et Que pasa, avec la chanteuse Cleydys Villalon, sont de complètes réussites.

La voix chaude et roublarde de Ras T-Weed épuisera les résistances des plus exigeants des dub lovers sur Rip it up, un dub explosif de plus de huit minutes - proche du travail de Rythm & Sound, dont je vous toucherai deux mots prochainement. Find it up (feat. Farda P) s'en sort pas mal non plus au rayon échos jamaïcains... Mais le meilleur de cet album est bien dans l'enchaînement dévastateur Mama / Kunuaka / Like a rocket, qui rénove sérieusement l'afrobeat en trouvant le chemin d'une transe tribale originelle.

Une belle gestion des silences et des breaks renforce encore la puissance d'une musique déjà salement efficace, à l'écoute de laquelle il faudrait être anesthésié pour ne pas secouer la tête. Assurément une des belles surprises de ce printemps 2007.

En bref : afro-beat, hip-hop et house composent le cocktail gagnant de ce duo viennois.



Interviews, extraits et images de live :


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14 avril 2007

Starflyer 59 - My island (2006)

Qui a dit que l’indie rock chrétien californien n’était pas productif ? Créé de toute pièce en 1993 par Jason Martin, auteur et multi instrumentaliste, Starflyer 59 compte aujourd’hui quatre membres mais a vu défiler du monde. Avec deux premiers albums sans noms, Gold et Silver, SF 59 avait vite été catalogué comme groupe de shoegazing, ce sourant du rock alternatif apparu en Angleterre à la fin des 80’s et popularisé par My Bloody Valentine dans lequel les guitaristes ne regardent que leurs pieds et abusent d’effets de distorsion et de fuzz. La voix est généralement en retrait et le sens mélodique au rendez-vous.

Mais voilà, tout n’est pas si simple et SF 59 qui a sorti quasiment un album par an depuis sa création a peu à peu adouci ses bien lourdes guitares pour les rendre plus pop, plus college rock même diront certains. On nage maintenant dans une musique à la Weezer, Nada Surf ou Manic Street Preachers dans lequel les refrains s’assument et s’enfilent comme des perles autour de chansons ultra courtes et plutôt bien enlevées. C’est agréable aussi parfois d’écouter quelque chose qui ne se prend pas la tête, qui est accessible dès la première écoute et qui, si vous avez le malheur de le réécouter ne vous lâchera plus de la journée. Sous leur apparente simplicité et leur fausse modestie, les arrangements ont gagné en efficacité par rapport aux précédents disques qu’il n’est pas forcément nécessaire d’avoir écoutés pour apprécier celui ci. My island me semble être une porte d’entrée dorée pour rentrer dans la riche discographie d’un groupe plutôt discret médiatiquement, du moins de ce côté ci de l’Atlantique. S’il fallait emporter un disque sur une île, My island pourrait être celui là.

Album extrêmement homogène, My island n’affiche pour ma part que deux coups de mou au compteur, en 5 et en 9, mais pour le reste… c’est que du bon. L’enchaînement de The Frontman jusqu’à Division est tout bonnement exceptionnel. Le titre éponyme My island a certainement tourné très longtemps en boucle dans la chambre des Strokes. Ne me dîtes pas que le refrain de Pearl of great price ne vous fait pas vous lever de votre siège. C’est simple, c’est beau, c’est bon, courrez y les yeux fermés.



Sur la vidéo ne vous fiez pas au groupe qui joue, ce sont des acteurs, Jason Martin et sa bande sont autrement plus âgés et rock and roll.


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12 avril 2007

Liars - Drum’s not dead (2006)

Je ne sais pas pourquoi je pensais ça, mais je croyais que Liars était en fait LES Liars, rien d’autre qu’un Strokes ou Killers de plus. Alors j’écoute et là, BIM ! Ce trio new yorkais est en fait un groupe alternatif sacrément expérimental. Drum’s not dead est un savant concept album autour de la batterie et de deux personnages imaginaires, Drum, côté positif de la musique et Mount heart attack qui prend ici la forme d’une angoisse à la Radiohead. Depuis 6 ans et 3 albums, la bande d’ Angus Andrew cherche et part dans des directions où on ne les attend jamais, réinvente tout à chaque fois et atteint avec DIND un sommet d’intelligence.

C’est à Berlin très loin de la grosse pomme que cet univers sonore singulier a pris forme. Sans comparaison actuelle possible, c’est un post punk noisy, hypnotique et obsédant qui fait de cette musique un sujet complexe où l’on ne rentre pas dès la première écoute, où chaque nouvelle dose fait apparaître des pans entiers de passages subtils et malins. On pourrait écrire des théories sur cette création, elle n’est rien de moins qu’un fabuleux voyage au cœur de profondes rythmiques de batteries déconcertantes et épatantes.

Tantôt tribal (comme Animal Collective) avec ses didgeridoos, ses cithares et son chanteur chamanique à la Tom Yorke, tantôt malsaine et éprouvante, c’est une véritable transe urbaine couplée à un post rock ingénieux et inventif. Maintenant, je comprends que l’on puisse être hermétique à cet album que David Lynch ou Stanley Kubrik n’auraient pas refusé pour une bande originale. Moi même je ne peux pas dire si j’aime, mais je ne peux que remarquer le côté créatif et pertinent de ce travail. Que vous pensiez que Liars soit des génies ou des fous, écoutez, ça vaut vraiment le détour.

Si vous voulez franchir des barrières sonores, passez vous Hold you drum perdu quelque part entre le Velvet et Mogwaï. Be quiet Mr Heart Attack, carrément tribale plaira à ceux qui n’aiment pas les mélodies et préfèrent les rythmes à la manière du dub. It fit when i was a kid vous entraîne dans un rythme carrément planant. Enfin, It’s all blooming finira de vous achever. Relevez vous, ce n’est que de la musique.






Pour info, le disque est accompagné d’un DVD avec moult courts métrages sensés accompagner la musique.

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09 avril 2007

Noze - Remember Love (2007)

Juste un petit post pour vous signaler un morceau qui m'a retourné dès les premières notes. Il est encore tout frais puisque sorti en février. Je vous avais déjà parlé du duo français Nôze à l'occasion de la sortie de la dernière compile Katapult. Ezechiel Palhes et Nicolas Sfintescu refont parler d'eux grâce à un track fantastique agrémenté d'un remix, le tout sur le label MBF. Le début de la version originale de Remember Love est à se taper la tête contre les enceintes : une boucle de piano qui sonne furieusement old-school house. Pendant quelques secondes, on croirait entendre un disque de Derrick May ou d'un ancien de Chicago. Puis un beat syncopé nous téléporte dans un présent plus minimal. Là-dessus viennent se placer les voix des deux compères, qui chantent en english. Le remix présente moins d'intérêt, mais rien que pour l'original, ce vinyle est un must !

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Los Hermanos - On another level

Alors... Nous y voilà... Pour mon premier post il fallait bien que j'apporte un truc parfait... quelque chose d'irréprochable...

Donc quand les p'tits gars de Detroit Gerald Mitchell & DJ Rolando ont décidé de taffer ensemble, le tout post-produit par DJ Dex et Santiago Salazar (S²) et sorti chez Underground Resistance (le myyyyyythique label de techno de Detroit, of course) avec une distrib' par Submerge, ça donne une petite tuerie... Je dirais: "Meilleur Album techno des 10 dernières années", tout simplement.



En plus, ce qui est horrible, c'est que sur scène, ils sont aussi bons, voire meilleurs, que sur le disque! (Ah...tant de souvenirs...) Checkez la vidéo d'un extrait del famoso "Jaguar" de DJ Rolando et plus de news sur le site de Submerge.

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06 avril 2007

Candi Staton - "Candi Staton", "His hands"

En plus d'avoir une gouffa impressionante, cette diva saura vous envoûter avec sa voix.
Canzetta Maria Staton, originaire de l'Alabama a avant tout percé dans le milieu du gospel. Son talent est passé par la country, disco soul mais surtout la soul pure et dure. Son caractère a percé à travers les âges avec une vibe indémodable.
A soixante ans elle entame une tournée en Angleterre, à croire que la soul aide à rester jeune!

Alors un conseil, laissez vous porter par sa superbe voix et les rythmes bien R'n'B (le vrai rythm and blues from US et non pas celui rendu célèbre par des stars de télé réalité ou jeunes talents en quête de gloire et non pas du bien être!). Alors bonne écoute!






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05 avril 2007

Amy Winehouse - Back to black (2006)

Aux premières intonations de voix, je me demande si un croisement entre Anastacia et Macy Gray version rhythm and blues peut fonctionner. Puis la musique s’affirme avec fantaisie et Amy Winehouse lui répond en finesse, de plus en plus convaincante. Définitivement c’est autre chose. On se laisse facilement porter par ce Back to black, album « black love » servi par une hôtesse délicate et de bon goût. Une surprise bien sympa, me dis-je.

Amy Winehouse est une petite britannique de 23 ans, fan des sixties et en particulier des Shangri-Las. En 2003, donc plus jeunette encore de trois annuités, elle sort son premier album, Frank. Un son mature estampillé soul music aux accents jazz. Gros carton en Angleterre et aux States. La France loupe ce disque (enfin plutôt Univers-sale) et percute sur sa seconde livraison, la dénommée Back to black, sortie en 2006 outre-manche. Une produit bien ficelé de Salaam Remi (The Fugees) où je découvre une très belle voix soul sur des instrumentaux variés et efficaces. Le disque conte une succession d’histoire d’amour et de cul dans un style référencé « bad girl ». Car la demoiselle se la joue bad. Dans le texte et à la ville. Bourrée sur les plateaux télé. Bourrée sur scène. Loupant parfois ses propres concerts. « Ils ont voulu m’envoyer en cure de désintox et j’ai dit non, non, non », ainsi débute la premier titre de l’album. Plus qu’une simple coïncidence, un annonce de la tonalité de ce Back to black. La jeune fille a un talent certain, la langue bien pendue et une bonne gouaille. Une équation qui donne de l’épaisseur à un album aux textes néanmoins sans grand intérêt et que je prenais, dans un premier temps, pour une énième production pop à la mode. Les préjugés sont rapides.

Pour faire rapide, un disque de caractère, très contemporain, moins jazzy que le précédent album Frank, mais mariant harmonieusement les influences. Rhythm and blues, soul, pop voire ska pour « Just friends ». Pour les curieux et les curieuses.

Côté liste de lecture, je vous épargne « Rehab », présent sur radioblog mais bien trop r’n’b et horripilant. Le reste du cd est, par contre, plutôt agréable. Trois amuse-gueules pour vos oreilles : le très clairement soul « You know I’m no good » aux parties cuivres parfaitement ajustées, ainsi que les deux spleens « Back to black » et « Wake up alone ». Bon appétit mais gare à l’indigestion. Ca peut venir et surprendre rapidement.
Fab.







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04 avril 2007

Prince - Black Album (1987 / 1994)

L'histoire du Black Album est emblématique du personnage complexe, à la fois détestable et génial, qu'est Prince. En 1987, un an après le double album Sign O' The Times, il enregistre 8 morceaux qu'il prévoit d'abord de sortir sous le nom de Funk Bible. Il les compile finalement dans un disque noir, sans titre et sans nom. 100 éditions promotionnelles sont lâchées dans la nature avant qu'il ne décide subitement de laisser l'album au placard. Dans sa schizophrénie délirante, alimentée par un usage abusif de drogues, Prince s'est en effet créé un double qu'il a affublé du pseudonyme unisexe Camille. Or, Camille n'est pas satisfait(e) de ce que fait Prince. Mais alors pas du tout.

Camille aime Dieu, l'amour, le soleil et déteste les paroles lubriques et violentes de son alter-ego. Il (ou elle) veut désormais se faire l'apôtre du divin. Dès lors, la carrière du Love Symbol entame une triste phase de déclin qui ne cessera qu'avec le splendide Rainbow Children de 2001. Et pour inaugurer ces quatorze ans de trou, en lieu et place du Black Album, l'artiste sort Lovesexy, l'un de ses plus mauvais albums, une sorte de guimauve merdique, ridicule, saturée de bonnes intentions. Gide disait qu' on ne fait pas de bonne littérature avec des bons sentiments. On peut être d'accord ou pas, mais la formule convient assez bien à la musique de l'auteur de Purple Rain. Alors que Lovesexy est pétri d'amour et sans intérêt, l'album noir est un condensé de sexe et de haine qui ravira tous les amateurs de funk. Jamais le nain de Minnéapolis n'avait été si brutal.

Ses paroles, d'abord. Auparavant, pour parler de cul, il était plutôt dans la suggestion, y allant de sa petite métaphore. Ici, ça dégouline clairement, ça sue, ça fornique de manière complètement obscène. Le disque regorge notamment d'orgasmes simulés (dans Superfunkycalifragisexy en particulier). Une ambiance très gangsta se dégage de l'ensemble, d'autant que Prince rappe beaucoup plus qu'à l'accoutumée. Quant à la musique, elle est aussi d'une sauvagerie inédite. Evidemment il y a la petite ballade pourrie sans laquelle Prince ne serait pas Prince - ce coup-ci, c'est When 2 are in love. Mais les sept autres titres ne font pas dans la dentelle, avec des boîtes à rythmes qui s'entrechoquent (80's obligent), des hand clappin' et des distorsions qui se superposent. La caisse claire est si lourde sur certains titres qu'un mal de crâne peut facilement survenir.

Le son ressemble à s'y méprendre à du George Clinton : de la pure P-funk, surchargée de cuivres, de keyboards hurlants et de parties de basse en slapping à la Marcus Miller. C'est 2 Nigs United 4 West Compton que je retiendrais si je devais choisir un morceau. Cet instrumental speedé résume parfaitement l'esprit orgiaque de ce disque, initialement destiné à fermer les clapets de ceux qui trouvaient Prince trop pop.

Epilogue : après la décision de Camille, le Black Album devient l'un des albums les plus piratés de tous les temps - on parle de 500 000 bootlegs vendus. Les collectionneurs déboursent jusqu'à 5000 euros pour posséder une édition originale. En 1989, un groupe enregistre même, en Allemagne, une version très bien imitée qui disparaît des bacs au bout d'une semaine. Ce n'est qu'en 1994, lorsque Prince vide toutes les vieilles bandes de son placard pour plier son contrat avec la Warner, que sort officiellement l'objet de toutes les convoitises.

En bref : un des disques les plus méconnus de Prince. Une bombe funky sans concession à (re)découvrir absolument.



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Nicole Willis and the Soul Investigators - Keep reachin' up (2006)

Alors voilà ce que j’appelle du travail de qualité, bien léché et propre comme tout. Nicole Willis et les Soul Investigators, c’est en substance la rencontre incongrue entre une diva de la soul et une surprenante formation funk finlandaise. Au final, on obtient une soul-funk excellente et un album qui s’écoute de bout en bout avec délectation. Troisième galette pour Miss Willis tout comme pour ce funky band de talent venu du nord. Evidemment, les bonnes sorties comme celle-ci étant rares, comment pouvais-je ne pas vous soumettre cette perle.

Dès les premières notes de « Feeling free », le premier titre de l’album, soul et funk fusionnent en un son mat parfaitement calibré qui nous empoigne littéralement. La voix virtuose de Nicole Willis entre en scène magnifique, et nous voilà dedans. Quand nous en ressortons, 11 plages plus tard, le plaisir n’a été que trop bref. Entre revival Motown, mélancolie bluesy et soul-funk, le son est toujours impeccable, captivant. Ancienne choriste de Curtis Mayfield, Nicole Willis nous enveloppe de son chant anachronique et notre salon prend des allures de Détroit. Impression physique de présence. Simplement. Elle nous bouscule parfois d’un son funky plus remuant mais sait se faire douce pour un blues millimétré. « Blues downtown » par exemple. Les Soul Investigators, de leur côté, jouent leurs partitions à merveille et s’illustrent. Jamais à court de break et de solo ils marquent leur présence avec un son brut et toujours juste. Réellement une belle rencontre.
Aussi, je ne peux que vous inviter vigoureusement à partager cette grâce. Même ma mère en est. Un seul titre en guise d’invitation mais pas le plus mauvais, « My four leaf clover ». Les amateurs de soul seront d’accord avec moi, j’espère.
Dans un registre légèrement plus funk, je vous signale aussi le disque soigné de Sharon Jones, Naturally, de quoi vous mettre de bonne humeur et refouler vos instincts misanthropiques. Exquis.
Fab.



Une petite interview de Nicole Willis réalisée pour le site wegofunk :


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The Smashing Pumpkins - Machina, The Machines of God (2000)

The Smashing Pumpkins c’est un peu l’histoire d’Icare, un groupe, ou plutôt un homme, qui a voulu toucher la perfection du rock and roll de trop près et qui s’en est brûlé les guitares. On ne reparlera pas ici une fois de plus du leader charismatique et égocentrique sa majesté Billy Corgan.

Pourtant en 2000, comme pour fêter le nouveau siècle, les citrouilles de Chicago sortent leur cinquième et ultime album officiel, un album concept sur une sombre histoire de machine. Sonnant à la fois comme un retour aux sources (avec le retour du batteur prodige Jimmy Chamberlin) et comme un dernier adieu, Machina est une pièce incontournable du début des années 2000, entre beauté triste et violence sonore.

Comme tous les grands disques il aura fait couler beaucoup d’encre, des détracteurs de Corgan (ils sont nombreux), jusqu’aux plus grands fans pas tous d’accord. Je me trouve au milieu en tant que simple admirateur d’une courte carrière franchement exceptionnelle. Nul autre groupe ne dégage cette rage et cette mélancolie, ce métal pop mélodique. Quand on l’écoute on se dit : Bon dieu mais c’est ça la musique! Et l’espace d’un instant de confusion on s’imagine qu’il n’y a plus qu’eux sur terre, ce disque, et vous.

Si vous ne voyez pas où je veux en venir, Machina c’est plus d’une heure et quart de tremblement de terre cérébral et musical où tous les sens ne sont plus exactement à leur place. Un groupe et un disque qui ont marqué leur époque.

Dans cette histoire je me sens obligé de vous parler de toutes les chansons, du puissant Everlasting Gaze au refrain céleste de Stand inside your love, en passant par le solo de guitare énorme de I of the morning et le parfait The sacred and profane. Mais j’oublierais alors la sublime ballade Try try try et mon morceau de bravoure, Heavy metal machine, dure à écouter mais de quel niveau! Et puis la deuxième partie de Glass and the ghost children (quel titre déjà!) et son rythme ultra planant.

Pour info, le groupe a sorti en 2002 la suite de Machina, Machina II – The friends and ennemies of modern music, au titre prémonitoire puisque pour faire la nique à leur maison de disque ils ont distribué le disque gratuitement sur internet à leur fans. Ultime rebondissement, les Smashing Pumpkins se reforment et vont sortir un nouveau disque, Zeitgeist le 07/07/07, comme par hasard.
A voir le très beau clip de Stand inside your love:



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03 avril 2007

Keith Hudson & The Soul Syndicate - Nuh skin up (2007)

3ème réédition après Pick a dub en 1994 et Brand en 1995 de l’album original sorti chez Joint international (sic) en 1979, Keith Hudson a la folie des chiffres en lui. Né à Kingston en 1946, il commence le dub en 1968, s’exile à New York en 1976 pour cause de pression jamaïcaine et enfin meurt en 1984 à l’âge de 37 ans d’un cancer du poumon (re-sic) pour cause de plante jamaïcaine. The dark prince of reggae comme on l’appelle aura surtout provoqué une influence posthume. D’une famille de musiciens, il voulait être dentiste mais rencontre les Skatalites. De là lui prendra l’idée de créer les bases du dub jamaïcain avec l’aide de ses amis, U-Roy, Jonhn Holt et Big Youth. Auteur de Ace 90 skank le fameux tube de ce dernier, Keith Hudson contribua à écrire de sombres et profondes variations dub, peut être les plus énigmatiques et surprenants morceaux de la catégorie.

Le Soul Syndicate rend ici le tout ténébreux, âpre, vaporeux, profond, planant. Minimaliste, ce dub de canapé offre à chaque instant la sensation que son cœur va s’arrêter au prochain beat. Il défriche alors à l’époque le dub à la machette dans une forêt jamaïcaine toute dévouée au reggae. Keith Hudson casse les rythmes et dérange. A cause de cela, il n’est pas aimé dans son pays et migre à New York. Enfin migre c’est un euphémisme. Capable de lumière sur Bad Things, il assombri l’ambiance sur Mercy, sans doute ici capable de tous les paradoxes. Un monument.

A écouter l’enchaînement Ire Ire et Desiree, deux titres qui se répondent mutuellement, ou encore le parfait Commitment.

Ju.

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02 avril 2007

Air - Pocket Symphony (2007)

On pourrait reprocher à Air de ne pas avoir bougé d'un iota depuis Talkie Walkie, sorti en 2004. Ce serait légitime. La recette fonctionne, et les deux Versaillais l'ont compris depuis longtemps. Toujours les mêmes voix impersonnelles aux relents porno-chic, les mêmes arpèges au piano et le même format pop : de ce point de vue, Pocket Symphony est bel et bien, comme me le disait Fab voilà quelques jours, "interchangeable" avec son prédécesseur. Certes, c'est un peu facile. Voire irritant. Mais comment reprocher au binôme de continuer sur sa lancée, alors qu'il a vendu 800 000 exemplaires de son dernier opus, et qu'il est le seul à détenir les clés de cette électro-pop intimiste ?
On pourrait également blâmer le duo pour la mièvrerie bobo de ses paroles, qui volent très haut... Dans Mer du Japon par exemple, elles se résument à ceci : "Je perds la raison / Dans la mer du Japon". Mais comment l' accuser de niaiserie quand, depuis Sexy Boy, il s'amuse à trouver les refrains les plus légers et les plus kitschs pour coller à ses univers easy-listening ?

Il faut bien l'admettre, Pocket Symphony est un disque léché, très agréable à écouter. On y retrouve la quiétude ouatée des Premiers Symptômes (1997) et surtout de Moon Safari (1998). En ouverture, Space Maker, limite Pink Floydien, est d'une classe folle, avec sa simplissime guitare acoustique et ses accords plaqués. Photograph est un autre bon moment, ponctué par la flûte de Magic Malik. Toutefois, aucun titre ne se détache franchement du lot, comme c'était le cas de Run ou de Surfin' On A Rocket sur Talkie Walkie.

La seule évolution que je note depuis 2004, c'est un glissement de plus en plus net vers la chanson. Nicolas Godin et Jean-Benoît Dunckel poussent eux-mêmes la chansonnette sur plus d'un titre. Petite précision à l'intention de leurs fans (dont je ne suis pas), les voix de Jarvis Cocker (Pulp) et Neil Hannon (Divine Comedy) se font également entendre sur deux morceaux. Mais ces invités ne font pas monter la mayonnaise. L'utilisation du koto et du shamizen (une sorte de banjo japonais) non plus. On était de toute manière rompus à ces sonorités extrême-orientales depuis la B.O. de Lost In Translation.

En bref : Pocket Symphony est à la fois le travail le plus accompli d'Air à ce jour et, peut-être, le moins intéressant. D'une élégance lisse, et parfois carrément chiante. On guette en vain la petite faille, l'imperfection qui donnerait du relief à cette symphonie de poche. Si le prochain album sonne encore pareil, je décrocherai définitivement.








Le clip de Once Upon A Time (à la batterie, c'est Tony Allen!) :


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Llorca - New Comer

Mais c'est bien sûr! Pourquoi ne vous en ai-je pas fait part plus tôt? Le premier album de Ludovic Llorca, créatif musical lillois, est tout simplement une merveille. Le genre d'album laissant des traces que le temps ne saurait effacer et qui après quelques années "d'oubli" se réécoute avec plaisir. New Comer est donc le premier chapitre musical de Llorca, sorti en avril 2001 dans les bacs.
Mélange de jazz et de musique électronique - si je n'emploie pas le terme d'électro c'est tout simplement parce qu'il s'applique mal à la douceur de cet album - ce premier opus rappelle les créations d'autres artistes du genre, comme Ludovic Navarre aka Saint Germain, ou encore Soel.
Suite au succès de cet album, Llorca enchaîne les lives autour du monde en compagnie d'une chanteuse et de cinq musiciens. Les rythmes des titres de New Comer ont des sonorités bien afro et funky qui régalerons les adeptes du genre.
Mais au fait qui est Ludovic Llorca? Ce jeune artiste lillois, né en 74, a très vite baigné dans le mélange de la music afro, jazz et funk par sa mère adepte des night-clubs et d'autre part, son père, lui, a apporté une graine technologique à sa culture. LL a commencé sa "carrière" musicale par la création de musique pour jeux vidéos, il n'a alors que 14 ans. En 1997, il envoie une démo de ses créations musicales au label FCommunications, créé par deux pionners de la scène électro, d'une part Laurent Garnier et d'autre part Eric Morand. Cette collaboration a donc donné naissance à ce label pendant les 80's, sur lequel ont signé de nouveaux talents comme par exemple Saint Germain, ou encore Shazz. Le succès de FCom évolue de plus en plus avec le temps en accueillant les jeunes créatifs du moment et en diversifiant les styles. Leur slogan devient alors "Electronic with no limits". On passe ainsi d'une vague jazz à de la musique plus électronique comme celle de Flat Erik aka Mr Oizo.
C'est donc grâce à FCom que l'album New Comer est né et a eu énormément de succès, et que son créateur a multiplié les EP autour du monde. Cependant, un gros vide musical s'est installé après ce succès, et le second album "Playlist" laisse perplexe un grand nombre d'admirateurs du premier opus. En tout cas on ne peut regretter cette compo électro jazz et ses titres phares "Indigo Blues" avec la voix envoûtante de Nicole Graham et "My precious thing".





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