02 avril 2007

Air - Pocket Symphony (2007)

On pourrait reprocher à Air de ne pas avoir bougé d'un iota depuis Talkie Walkie, sorti en 2004. Ce serait légitime. La recette fonctionne, et les deux Versaillais l'ont compris depuis longtemps. Toujours les mêmes voix impersonnelles aux relents porno-chic, les mêmes arpèges au piano et le même format pop : de ce point de vue, Pocket Symphony est bel et bien, comme me le disait Fab voilà quelques jours, "interchangeable" avec son prédécesseur. Certes, c'est un peu facile. Voire irritant. Mais comment reprocher au binôme de continuer sur sa lancée, alors qu'il a vendu 800 000 exemplaires de son dernier opus, et qu'il est le seul à détenir les clés de cette électro-pop intimiste ?
On pourrait également blâmer le duo pour la mièvrerie bobo de ses paroles, qui volent très haut... Dans Mer du Japon par exemple, elles se résument à ceci : "Je perds la raison / Dans la mer du Japon". Mais comment l' accuser de niaiserie quand, depuis Sexy Boy, il s'amuse à trouver les refrains les plus légers et les plus kitschs pour coller à ses univers easy-listening ?

Il faut bien l'admettre, Pocket Symphony est un disque léché, très agréable à écouter. On y retrouve la quiétude ouatée des Premiers Symptômes (1997) et surtout de Moon Safari (1998). En ouverture, Space Maker, limite Pink Floydien, est d'une classe folle, avec sa simplissime guitare acoustique et ses accords plaqués. Photograph est un autre bon moment, ponctué par la flûte de Magic Malik. Toutefois, aucun titre ne se détache franchement du lot, comme c'était le cas de Run ou de Surfin' On A Rocket sur Talkie Walkie.

La seule évolution que je note depuis 2004, c'est un glissement de plus en plus net vers la chanson. Nicolas Godin et Jean-Benoît Dunckel poussent eux-mêmes la chansonnette sur plus d'un titre. Petite précision à l'intention de leurs fans (dont je ne suis pas), les voix de Jarvis Cocker (Pulp) et Neil Hannon (Divine Comedy) se font également entendre sur deux morceaux. Mais ces invités ne font pas monter la mayonnaise. L'utilisation du koto et du shamizen (une sorte de banjo japonais) non plus. On était de toute manière rompus à ces sonorités extrême-orientales depuis la B.O. de Lost In Translation.

En bref : Pocket Symphony est à la fois le travail le plus accompli d'Air à ce jour et, peut-être, le moins intéressant. D'une élégance lisse, et parfois carrément chiante. On guette en vain la petite faille, l'imperfection qui donnerait du relief à cette symphonie de poche. Si le prochain album sonne encore pareil, je décrocherai définitivement.








Le clip de Once Upon A Time (à la batterie, c'est Tony Allen!) :

2 Comments:

Ju said...

Je suis plutôt d'accord avec toi Dave, même si j'ai sûrement moins écouté Talkie Walkie et que donc je suis moins "blasé". Malgré tout cela reste toujours très agréable, ça se laisse écouter gentiment, mais la révolution n'est pas là.

Nickx said...

Un disque exactement comme tu le décris, lisse et inintéressant au possible, en pilotage automatique !

Le genre d'oeuvre que Air s'il continue à se boboïser ainsi, risque d'usiner pendant des siècles et des siècles !

Triste, pour qui s'est pâmé sur Virgin Suicides et le chef d'oeuvre 10 000 Herz Legend