29 mars 2008

UFO Goes UFA - Pop garage symphony N°9 (2008)

Annoncé comme la dernière sortie extraterrestre de chez Freaksville Record (euphémisme?) le projet anglo belge UFO Goes UFA est porteur de grandes espérances. Derrière les manettes, une pléiade de guests qui ont fait leur preuve dans l'indie rock ces dernières années dont le mythique gourou Kramer, leader du label new yorkais culte Shimmy disc, entre autres producteur et ingé son sur des groupes cultes eux aussi dans le milieu, Ween, Sonic Youth, Yo la tengo, Jon Spencer, Daniel Johnston, j'en passe et des meilleurs. Ajoutez à cela Monsieur Miam Miam Monster (sic) aux arrangements, porteur d'une certaine identité chanson post gainsbourgienne tendance pop garage, saupoudrez le tout d'une bonne dose de culture buble gum et d'une pincée (poignée) de bon goût, et vous obtenez l'ovni en question.

A force de se palucher devant le staff 4 étoiles on en oublierait presque les 3 musiciens, deux qui font raisonner les percus et vibrer les synthés, un autre qui pousse la chansonnette (en anglais). Nommons les, ce sera fait. Sophie Galet à la rythmique, Pascal Scalp à la basse, Brian Carney aux petites touches blanches et noires et enfin Brian Androïd 80 le chanteur liverpoolien. Premier jet et pourtant, cette symphonie est à l'aise dans tous les domaines: électro blues, synthés Krautrock analogiques, guitares vintages. Un côté touche à tout qui lorgne chez le Captain Beefheart et qui témoigne d'une énergie débordante, d'une réelle envie de bien faire.

Si l'influence de l'Oncle Sam est incontestable (le Velvet) l'Angleterre est également bien présente, comme sur cette intro de UFO Goe UFA Theme, où l'on semble entendre Oasis fulminer. C'est indéniablement l'hymne du groupe, arrogant comme un adolescent. Mention spéciale aux titres des morceaux, tous emprunts de culture série B : Zombie Nation III, Twilight salope, The Pipea, the Good and the Bad... Et pourtant, il est très dur de parler de cette musique au sens musical du terme. C'est un peu le défaut de ce son Freaksville, à force de vouloir toucher à tout avec classe, il s'éparpille et n'adopte pas varient d'identité particulière. Allez reconnaître UFO en blind test si vous ne connaissez pas les chansons... Ne boudons pas notre plaisir et accueillons ce premier opus (le 15 avril prochain) comme un condensé de rock garage, belge et barré, frais et bigarré.

En bref : Un premier disque rock racé et cultivé, peut-être en manque d’identité mais annonciateur d’un groupe de qualité.
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Le site officiel, le Myspace et le promoteur Fumetti Promo

Info : En concert à la Flèche d’or le 2 mai 2008

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27 mars 2008

Jeffrey Lewis - The last time I did acid I went insane (2002)

Eminent personnage de la scène anti folk underground new yorkaise, Jeffrey Lewis fait partie de ces artistes controversés ou adulés, incompris ou vénérés, qui déclenche des commentaires du genre "J'aurais pu le faire moi même avec un vieux magnéto pourri et une guitare désaccordée". Pas tout à fait non plus. C'est vrai que lorsque l'on est habitué à des instrumentations et productions super léchées, on peine un peu sur le côté compilation de vieux enregistrements sur cassettes. Et pourtant c'est là que l'oeuvre de Lewis puise tout son charme, dans sa présentation "home made" (Jeffrey dessine lui même ses pochettes), son approche instinctive et spontanée, et donc forcément sincère.

Arrivé sur terre en 1975 dans une famille de beatniks américains, Jeffrey n'a eu d'autre choix que de grandir "au village" au son de Dylan, Velvet et autres Cohen. Stimulé artistiquement dès le plus jeune âge, il s'invente des super héros loosers de comics qu'il continue de faire évoluer aujourd'hui. Entre deux planches, le petit Jeffrey ne bulle pas et fait régulièrement sortir de son chapeau des mélodies simples sur fond d'accords folk dépouillés. Même s'il chante faux, son torrent de mots hallucinés est remarqué par les grands de chez Rough Trade, label dont le gimmick pourrait bien être à force "Celui qui ne se trompe jamais".

La machine lancée, Lewis livre en 2002 cette compilation de 10 petits joyaux bruts et poétiques sur sa vie, la grosse pomme, les filles, la bohème et Seattle. Avec la participation de son frère Jack et des passants qui à juste titre passaient par là (Amanda), Lewis dépeint en mode lo-fi son quotidien de jeune gars désabusé. L'enregistrement à production minimaliste et à guitare maladroite fait penser au One foot in the grave de Beck, et si l'on creuse un peu plus, aux Bootlegs series de Dylan et aux Alternate takes de Lou Reed.

Plus proche de nous, Jeffrey évoque certainement son confrère Adam Green, le côté crooner en moins. Il tourne d'ailleurs régulièrement avec les Moldy Peaches dont il réalise également les pochettes. Comme le monde est petit. S'il fallait en choisir deux, Seattle et Springtime seraient les titres les plus aboutis, toujours emprunts de cette douce guitare sèche en picking. Surnommé le Daniel Johnston new yorkais, Jeffrey est également partenaire d' Herman Düne quand l'occasion se présente. Leur univers musical à tous trois est d'ailleurs très proche. Comme le monde est petit, je vous disais.

En Bref : Si vous vous sentez l'âme bohème et que l'idée de faire la manche aux côtés d'Adam, Daniel et André ne vous rebute pas, ce premier disque est fait pour vous.
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Le site officiel et le myspace

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Les vidéos de Acid song et Roll bus roll :



#4.3 - Jeffrey Lewis- Roll bus roll
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A lire aussi : Herman Düne - Not on top (2005)
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26 mars 2008

Panda Bear - Person Pitch (2007)

J'ai tellement écouté cet album qu'aujourd'hui il semble presque faire partie intégrante de mon corps, logé quelque part non loin des limbes de mon cerveau. Et curieusement, mais le phénomène est loin de vous être inconnu, ce disque s'est exclusivement fait le compagnon de mes nuits et de mes évanouissements.

Avec son troisième projet solo, Noah Lennox, le brillant batteur d'Animal Collective, réussit un coup de maître et signe, pour moi, son plus beau fait d'armes. Une oeuvre d'orfèvre, psychédélique, shamanique, folk et électronique, tout cela en seulement sept titres. Oui, je vous l'assure c'est possible, et c'est ce qui fait de Person Pitch une des plus envoûtantes productions de l'année 2007. Une bouteille de doutes jetée à la mer et inlassablement bousculée par les vagues.


Le maxi « Bros » avait précédé la sortie de l'album l'an passé et avait d'emblée suscité de vives réactions, entre ébahissement et circonspection (plus rare). Il me paraît relativement emblématique de Person Pitch. Pour cet album, Noah Lennox a composé uniquement à partir de deux samplers. Le jeune homme construit des boucles pénétrantes sur lesquelles il colle des mélodies brillantes d'un folk d'outre-tombe. Conviant fréquemment les spectres des Beach Boys.

La sauce est complétée d'arrangements électroniques malicieux. Panda Bear truffe ainsi ses morceaux de bruits en tous genres, mécaniques ou aquatiques, de voix feutrées, d'échos et de réverbération. De cette cuisine fine se dégage une forte impression d'égarement et de trouble, en même temps que le témoignage très personnel d'un homme entre deux périodes de sa vie. L'histoire personnelle de Noah Lennox a été copieusement évoquée pour parler de ce disque mais force est de constater qu'il en a peut-être été ainsi à raison.

Person Pitch peut effectivement s'écouter comme le passage de l'insouciance adolescente aux craintes brutales de la vie adulte. Avant de réaliser ce disque, l'Animal Collective s'est en effet marié. Il a déménagé au Portugal et est devenu papa. Le musicien pourra peut-être un jour léguer à son fils cette oeuvre brumeuse et intime, où amour paternel et angoisses s'entrechoquent perpétuellement.


De « Comfy in nautica », avec son introduction aux sonorités industrielles et l'apparition sublime de célestes choeurs californiens, à « Ponytall » et sa liturgie pop sur fond d'orgue, l'ensemble du disque est un régal, sorte de rite propice à l'évasion et aux errements métaphysiques. Il y a évidemment « Bros », une des pures pépites de l'album, mais d'autres titres éblouissent également. « Take pills » (titre évocateur n'est-ce pas) est tout bonnement magnifique. Une sorte de bruit de magnétophone constitue la première boucle du morceau sur laquelle viennent se superposer un beat feignant puis la voix lointaine et quasi-angélique de Noah Lennox. Des sonorités aquatiques et des cymbales de tambourin se mêlent à la surprenante harmonie. La torpeur est prenante. Puis, au loin, s'avancent une guitare tonique et quelques claquements. Le chant de Noah Lennox point à nouveau après s'être évanoui, et derrière lui, de grands rayons de soleil se profilent. Les pieds dans l'eau, le bonhomme entonne un hymne splendide, façon californienne. Des sonneries d'ascenseur participent à l'élevation du chanteur. C'est tellement beau que ça en devient presque altier. Chapeau bas, mister.


En bref : Un disque de pop-électronique ouvragé et intime, vibrant d'égarement et de doute. Et légèrement azimuté. Tout simplement magnifique.




Le myspace de Panda Bear.


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Placez votre ordinateur à proximité de votre lit, allongez-vous et méditez en écoutant Person Pitch :


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Chromeo - Fancy Footwork (2007)

Peut-être est-ce le changement d'époque, la fin des saisons ou le réchauffement climatique, mais je découvre le soit disant disque de l'été en mars 2008. Peut-être aussi le besoin d'un peu de soleil alors que la neige et la grisaille tombent sur l'hexagone. Toujours est-il que je déballe le Fancy Footwork, tombe la chemise, enfile mes Ray Ban et me sert une Tequila Sunrise. Ambiance 80's oblige sur le disco cheap qui a mis à genoux juilletistes et aoûtiens dans les campings indietronicas cet été. Si tant est que ça existe.

Après She's in control en 2004, les amis d'enfance Dave 1 et P-Thugg s'affirment comme les fers de lance du mouvement rétro kitch entamé en simultané de son côté par l'anglais Calvin Harris, largement et justement présent sur ces pages. Fans de Hall & Oates, Giorgio Moroder ou Phoenix, le duo électro montréalais semble vouloir chroniquer la culture populaire à grands coups d'italo disco généreuse et enlevée. Leur expression? "C'est du Phat!" L'un deux, fan de hip-hop, entre deux talkbox, prépare un doctorat de littérature en français sur les théories du plaisir de la lecture au XVIIIème siècle en France! Bim, ça plombe le personnage. Démerdez vous maintenant.

Et comme à chaque fois, à force de tergiverser, j'en oublie la musique. Observation des symptômes : les deux bougres semblent atteints par des synthés vintages et des rétros boîtes à rythme aigües. La voix est vocodée et les basses sonnent 8 bits. Pas de doute, nous sommes bien en présence du funk du nouveau millénaire. Le triptyque introductif Tenderoni, Fancy footwork et Bonafield lovin devrait avoir un effet immédiat sur chacun de vous. Logiquement, ils furent sévèrement remixés ces derniers mois par une bande de furieux DJ cheaps (Gun's and bombs, D.I.M. ...). En voiture balai, 100 % finit d'achever un dancefloor groovy dernière génération qui n'a pas eu son été. Comme dirait David, "Let's dance! ".

En bref: 2 passionné de hip hop semblent décidés à ne pas laisser Calvin Harris tout seul sur le podium du nu disco. Sortez les boules à facettes!

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Fancy Footwork et Tenderoni en vidéo :



CHROMEO - Tenderoni


A lire aussi : Dan le sac Vs Scroobius pip - Thou shalt always kill Ep (2007)


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25 mars 2008

Eels - Concert à la Cigale le 25 Mars 2008

Ce mardi soir, je me rends à La Cigale, à Pigalle, pour assister au concert de Monsieur E, un petit corps malade.
Avec 10 minutes de retard, j'estime à faibles mes chances de trouver une place assise. Je me trompe. Mes "collègues de concert", coiffés de dread locks, m'invitent à prendre une bière, je ne refuse pas même si mon étonnement dépasse davantage mon envie. La population est inqualifiable. Des Parisiens, la trentaine, des Anglais datés, des jeunes nostalgiques et même quelques punks à crête fluo se côtoient dans une ambiance tendue.

Ceux qui sont là ne semblent avoir jamais vu Eels en concert, ou bien cela remonte à quelques temps- à sa mauvaise période. Je vous conseille d'ailleurs de vous rendre sur le site officiel pour connaître les détails tragiques du parcours de E (prononcez "i"). La modeste salle est plongée dans le noir. Un énorme projecteur balance les images du récent documentaire sur la famille de E, rapportant la quête du passé de son père, le grand physicien Hugh Everett - vous savez, celui qui proposa aux humains l'existence des mondes parallèles dans les années 50. On ne rigole pas, les témoignages de confiance affluent de la planète entière pour souligner l'importance de ses travaux. Voilà pour l'ambiance. Le film dure une quarantaine de minutes et s'épuise.
Sans transition, le voile blanc s'effondre, un petit spot rond pointe l'arrivée de E, en combinaison de mécano grise. Il s'installe et attaque illico à la guitare, le public stoppe brutalement d'applaudir. Tous les intermèdes se feront selon le même schéma, une ou deux secondes de répit avant d'enchaîner. Ca fait un peu bizarre aux oreilles de baigner dans un flot continu de musique, sans un silence. En fait, le public s'y fait vite. C'est vrai que E n'a jamais composé que des chansons aux dimensions tragiques et, dans ce cas, les plus courtes sont les meilleures. En une heure environ, on aura l'occasion d'entendre pas moins de 25 hits, parmi lesquels : Novocaine for the soul, Going Fetal, le fameux Beautiful Freak mais aussi le très pesant et pesé Mental, le classique It's a Motherfucker, le ludique I like Birds et j'en passe et des meilleurs, comme on dit.

E met un peu de temps à rentrer dans le concert, le public aussi. L'ingénieur son n'y est pas pour rien. Un coup c'est trop fort, un coup ça sature. Il faudra une bonne demi-heure pour trouver l'équilibre. Après trois morceaux en solo, E est rejoint par The Chet, multi-instrumentiste qui l'avait accompagné lors des tournées 2005 et 2006. Une magie opère entre ces deux-là. Lors d'un morceau piano/ batterie, un écart de E, qui semble avoir oublié les paroles, fait basculer la salle dans un spectacle-attentat (une tuerie quoi!). E s'arrête de pianoter, se tourne vers The Chet, l'air ahuri. Celui-ci a compris ce qui se passe, il n'a pas cessé de caresser avec violence et la grosse caisse et les cymbales. Il maintient le rythme. Mon imagination mystique me pousse à croire que E a vu, par-delà sa casquette au motif "tortue", un petit clin d'oeil de son ami. Il se lève, se place aux côtés de la bête, claque le rythme avec sa main droite, comme s'il voulait s'emparer de la baguette, ce qu'il fait - Mesdames Monsieur c'est énorme, le public est chaud - il saisit l'autre baguette, s'assoit. The Chet prend sa place au piano, ni une ni deux on est reparti. Un autre échange d'instruments viendra compléter cette folie scénique, très applaudie.

On aura droit à quelques autres fantaisies, comme cette annonce : "vous avez devant vous une rock star, le fils d'un génie de la physique quantique, et comme certains d'entre vous le savent probablement, un futur best-selling author - excusez du peu - avec la biographie que je viens de publier : Things the Grandchildren should know. Comme vous vous en doutez, je trouverai ça vraiment prétentieux d'en lire un extrait moi-même, c'est pour ça que je demande à Chet de le faire"!!!!! Ce qu'il fait!!!! Et tout repart!

Après une heure de chansons non-stop, les lumières s'éteignent sur la salle aux tons rougeauds. Deux rappels, demandés à grand renfort de clap clap, sifflements et tonnerre de pieds s'abattant sur les planches, refermeront la merveilleuse histoire de cet homme, décomposé pendant très longtemps par les disparitions successives des membres de sa famille et qui se recompose, lentement, albums, concerts, autobiographie et film-documentaire à l'appui.

En bref: Monsieur E, secondé par The Chet, subjugue une heure durant les passagers de la Cigale et renvoie tout le monde aux racines de la musique, mettant en avant ses émotions et sa passion des instruments pour se frayer un chemin onirique et doux dans ce Cruel World. Un grand merci!


Un extrait du concert de Manchester en février 2008:




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Rodrigo y Gabriela - Rodrigo y Gabriela (2006)

Difficile de croire que Rodrigo Sanchez et Gabriela Quintero se sont rencontrés dans un groupe d'heavy métal de Mexico. Pourtant, les deux accolytes, désormais basés à Dublin, ont bien débuté par des riffs de guitares électriques ultra-saturés avant de se convertir à l'acoustique et aux rythmes classiques espagnols. Guitaristes virtuoses, ils livrent un troisième album éponyme imparable, au croisement de la musique latine et du rock. Un disque instrumental qui, dès sa sortie, a trusté la première place des charts irlandais, narguant à l'occasion le dernier opus des Arctic Monkeys. Des fois rien ne sert de chanter, il suffit de jouer.


Gabriela prend généralement en charge la rythmique des titres, dans un style aux airs gispsy plutôt véloce. N'oubliant pas de claquer la caisse de son instrument au moment opportun. Rodrigo, quant à lui, expose sa fougue sur les thèmes et fait montre de toute sa technique et de son ébourriffante vitesse d'exécution. Sans négliger de se faire suave et charnel lorsqu'il le faut. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le duo acoustique ne se livre à aucune improvisation. L'harmonie des deux guitares est savamment préméditée. « Tamacun », première plage de l'album, est une véritable cavalcade à sombrero. Epique et gracile. Une première démonstration de l'éclat du tandem.


Les deux musiciens ont un parcours singulier. Membres d'un groupe de métal dénommé Tierra Acida, Rodrigo et Gabriela ont écumé les rades mal famés de Mexico City, vivant de petits boulots, avant de s'envoler pour Dublin, Copenhague puis Barcelone. Ils se produisent alors dans la rue, entre les rudes hivers danois et les Ramblas ensoleillées de la capitale catalane. Et la vie de musique et de galères. Jusqu'au coup de fil d'un certain Damian Rice, qui les avait croisés sur un coin de trottoir irlandais. Le chanteur les invite à participer à sa tournée. Trois disques suivront pour Rodrigo et Gabriela.

De ce parcours de travellers, le duo gardent de profondes influences latines qu'il associe à un goût affirmé pour les structures rock. Les deux guitaristes clament d'ailleurs leur passion pour Metallica, Black Sabbath, Pink Floyd ou encore Led Zeppelin. Leur reprise magistrale de « Stairway to heaven » ne les fera pas mentir. Rodrigo y fait preuve de tout son toucher et impressionne. La paire est tout aussi efficace sur sa sublime réappropriation d' « Orion » de Metallica. C'est du rock acoustique, aussi bizarre que cela puisse paraître à certains.

Les autres titres de l'albums, des compositions, conservent une architecture rock mais mettent davantage en avant des influences latines. Les deux guitares sont au diapason. Rodrigo Sanchez ne cesse de s'envoler et d'exhiber sa maestria. Et il serait indigne de dire que sa camarade est en reste. Tous deux virevoltent et s'enflamment sur leurs instruments pour donner naissance à une musique brûlante et passionnelle, belle et frénétique. A croire que le diable les habite. Ou le feu sacré...


En bref : Deux rockers mexicains donnent dans la guitare acoustique et les rythmes latins pour un album instrumental fougueux d'une grande virtuosité. Un disque animé, habité et réussi.




Le myspace de Rodrigo y Gabriela


A lire aussi : Buika – Mi niña Lola (2006)


L'album de Rodrigo y Gabriela en intégralité grâce à Deezer.com :


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23 mars 2008

Portishead - Third (2008)

Onze ans d’attente. On n’y croyait plus. Le successeur de Dummy (1994) et Portishead (1997) atterrira pourtant dans les bacs le 28 avril. Baptisé Third, il prendra certainement à contrepied les fans du groupe britannique. Là où les deux premiers albums de Portishead offraient de langoureuses ballades bercées de cordes, Third fait œuvre de complexité. Plus nerveux et plus sombre encore que les précédentes productions du trio de Bristol, cet album audacieux risque de décevoir ceux qui attendaient un ersatz de “Glory Box” en format long.

Certes, la voix de Beth Gibbons témoigne toujours d’un spleen profond et déchirant - ”I don’t know what i’ve done to deserve you / I don’t know what i’d do without you”, sanglote-t-elle sur la rythmique minimaliste de “Nylon Smile”, comme en écho aux complaintes de “Sour Times” (“Nobody loves me...”), qui nous faisaient tous chialer à l’époque de Dummy. Et l’outrageusement élégante “Threads”, avec son ambiance de film noir, prouve que Portishead sait toujours nous faire frissonner. Mais au lieu de s’adonner paresseusement à une redite de leurs succès passés, Adrian Utley, Geoff Barrow et Beth Gibbons prennent des risques insensés et se renouvellent complètement. La plupart des onze plages de Third évoquent davantage le krautrock de Can ou l’indus de Nine Inch Nails (les guitares apocalyptiques de “Plastic”) que le trip-hop des origines. Ce n’est pas un hasard si Portishead a choisi Kling Klang, groupe de kraut futuriste de Liverpool, pour assurer sa première partie sur une bonne moitié de sa tournée de printemps, qui passera par le Zénith de Paris les 5 et 6 mai. Plus surprenant encore, certaines plages taquinent les 120 BPM. Sur “We carry on”, par exemple, c’est à un psychédélisme guerrier et “disciplinaire” (pour reprendre le mot cher à Turzi) que les trois Anglais s’adonnent, droits dans leurs bottes.

Dans son foisonnement, Third offre aussi de splendides curiosités, comme ce “Deep water” aux faux airs de Velvet Underground, où Beth Gibbons adopte une candeur inédite, soutenue par un ukulélé et des choeurs masculins façon barber shop. Ou encore “Hunter”, sorte de sirtaki ralenti auquel se greffent de violentes saturations. Enfin, il y a "The Rip". Soyons clairs : cette chanson est un chef-d’œuvre. A la fois cheaps et émouvants, les arpèges de guitare qui soutiennent d’abord la voix de Gibbons laissent place, à mi-parcours, à un synthé moog cotonneux et une batterie brute de décoffrage. Jamais le chant de Gibbons n’aura été aussi splendide que sur cette fausse ballade qui me condamne, tel Sisyphe, à pousser la touche repeat de ma platine pour l’éternité.
Rappelons pour finir que 2008 devrait marquer le retour en force de la fameuse école bristolienne, avec les nouveaux albums de Massive Attack (date encore inconnue) et de Tricky (Knwole West Boy, à paraître en avril). Tout vient à point à qui sait attendre.

En bref : Le trio de Bristol revient avec une œuvre à tiroirs, bourrée de paradoxes. Un son indéfinissable, entre saillies krautrock et lointains souvenirs trip-hop. Un grand disque.


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A lire aussi : Four Tet - Dialogue (1999)

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Pour se donner une idée, deux morceaux live en décembre 2007.
“The Rip”, d’abord :


Et “We carry on” :




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Ali Renault - Zombie Raffle / Ape Into Jam - 1972 (2007)

La quête nostalgique de l’authenticité n’en finit plus de nous captiver. Les marketeurs les plus avertis comme les simples commerçants s’évertuent à proposer nombre de produits labellisés « authentiques ». On consommera plutôt des chips à la mode d’antan, des confitures de grand maman en passant par le solex d’époque. Cette soif de l’authentique s’est diffusée dans notre univers quotidien, touchant bien entendu, celui de la musique. Des anciennes modes, styles musicaux sont recyclés, réactualisés ou tout simplement réappropriés. En cela, le label Dissident a bien compris l’intérêt de s’installer dans le créneau à peine poussiéreux mais encore dansant et coloré d’une disco estampillée « comme au bon vieux temps ».

Le mystérieux Dissident est un label pour le moins difficile d’accès. Avec une adresse mail comme seul contact, ils distribuent des galettes composées d’un titre unique. Sur l’imprimé, en caractère gras, un laconique « 200 Copy Limited Edition » engloutit le nom presque importun de l’artiste et le titre de la piste. Cette rareté affichée et cette sobriété revendiquée interrogent le regard sur leur contenu. A l’oreille, on se rassure rapidement et jure écouter un vinyle oublié des années 70’-80’. L'orthodoxe projet de Dissident s’affiche sûrement dans la réintroduction des vieux canons du disco dans les productions contemporaines. Les références à Moroder, à l’Italo-Disco sont bien présentes, marquées par des nappes de synthétiseurs rétro-futuristes, agrémentées d’inévitables clins d’œil au disco garage.

J’ai choisi de vous parler de deux noms du label, Ali Renault et Ape Into Jam. Le premier, DJ et producteur londonien, est d’abord la moitié du duo électro pop Heartbreak, sorte de Kraftwerk survitaminé. En solo, il s’inscrit pleinement dans le style Italo Disco. Des morceaux progressifs, une utilisation quasi permanente de nappes de synthés, de basses rondes et de rythmes lourds, constituent l’apparat d’Ali Renault ; ils propulsent ses compositions dans un mouvement répétitif, à la limite du troublant. "Zombie Raffle", morceau planant mais continuellement piétiné par un rythme martial, ne déroge pas à la règle. Les synthés intriguent, et ajoutent à l’attaque des zombies-tueurs une véritable touche de panique. La comparaison avec l’esthétique des films de morts-vivants de George A. Romero n’est certainement pas fortuite.

Ape Into Jam est le projet de Jamie Paton, moitié de Cage & Aviary formé avec son comparse Nigel de Bermondsey. Le duo a déjà sévi chez Dissident avec l’excellent "Television Train", un titre réjouissant produit et mixé par Jamie, aux rythmes funky et accrocheurs sur lesquels viennent se poser une voix fragile agrémentée de petits bruits insolites. Ape Into Jam se situe dans la même lignée, et Jamie se montre tout aussi habile avec le savoureux "1972". Dès le départ, un petit gimmick désuet et dansant s’installe confortablement dans les oreilles au point de ne plus les quitter. De légères variations et des relances discrètes égayent le long cheminement (12'') du morceau. A peine terminé, le morceau est déjà adopté. Et depuis, vous vous surprenez en train de le siffler, exagérément satisfait et tranquille.

En bref : L’énigmatique label Dissident a trouvé le moyen de surprendre une bande de morts-vivants, diablement bons vivants, sifflant et dansant sous les lumières d’une boule disco. Le magazine Choc recherche les photos. Authentiques, bien entendu.




Le MySpace d'Ali Renault

Ape Into Jam 1972


A lire aussi : Dinosaur - Kiss Me Again (1979)


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22 mars 2008

Pascal Bussy - Kraftwerk, le mystère des hommes-machines (2004)

Nul n'est en droit d'ignorer Kraftwerk. Du moins, tel est le cas pour qui veut comprendre la musique moderne. Depuis bien longtemps le respect dû à ce groupe est acquis et légions sont les artistes rendant hommage au travail des « hommes-machines » de Düsseldorf. Leur musique, « techno-pop » selon leurs termes, a influencé des générations et des générations de compositeurs, évoluant dans des registres divers : rock, hip-hop, électro ou encore variété. Et, exercice magistral, fait d'une certaine façon le pont entre les recherches des compositeurs expérimentaux (de la spatialisation de Karlheinz Stockhausen à la répétition de Steve Reich) et la musique pop de grande consommation.

Entourant leur processus créatif d'un grand secret, déclinant à la chaîne les propositions de collaboration (David Bowie et Mickael Jackson notamment) et se murant dans un silence quasi-monastique, les membres de Kraftwerk, emmenés par les impénétrables Florian Schneider et Ralf Hütter, ont entouré leur oeuvre d'un épais voile de brouillard et de mystère. Suscitant par là admiration et curiosité. Pascal Bussy, journaliste de son état et responsable jazz chez Warner, tente dans son ouvrage de percer ce voile et de découvrir ainsi ce qui se cache derrière « Le mystère des hommes-machines ». Pour se faire, il recoupe de nombreuses interviews des membres du groupe et de leurs proches et les replacent dans un plan chronologique, rythmé par les sorties d'albums de Kraftwerk.


Le bouquin s'ouvre ainsi sur la rencontre au Conservatoire de Düsseldorf de Florian Schneider et Ralf Hütter, deux jeunes bourgeois, et sur les débuts de la scène rock allemande d'après-guerre. Les deux hommes partagent un goût prononcé et précoce pour la musique expérimentale. Le bruitisme de l'Italien Luigi Russolo, l'électroacoustique (musique composée à l'aide de sons enregistrés et/ou synthétisés) des Français Pierre Henry et Pierre Schaeffer. Sans oublier les oeuvres de l'Allemand Karlheinz Stockhausen ou de l'Américain Steve Reich. En 1968, Florian et Ralf forment Organisation, embryon de Kraftwerk, avec trois autres musiciens et dans une très grande proximité avec la formation Can.

Le groupe produit un album de rock progressif hypnotique en 1970, Tone float, puis se mue en Kraftwerk. Michael Rother (guitare) et Klaus Dinger (batterie), qui seront plus tard membres de Neu!, font partie de l'aventure. Nous sommes en pleine période « krautrock » (rock choucroute) et la scène Düsseldorfoise mène la danse. Sur ses deux albums éponymes (1971-1972), Kraftwerk ne déroge pas à la règle mais ne parvient pas vraiment se distinguer. En dépit de ses qualités évidentes, il demeure considéré comme un groupe de deuxième catégorie, éclipsé par les brillantes productions de Tangerine Dream, Ash Ra Tempel ou Can. C'est avec la rencontre du peintre et musicien Emil Schult puis la sortie d'Autobahn en 1974 que le virage artistique de Kraftwerk s'opère et leur permet de rencontrer un large succès.

Schult incite Florian et Ralf à adopter une identité visuelle forte. Ils commencent alors à se doter d'une image germanique très stylisée, qui va peu à peu devenir une de leurs marques de fabrique. La formation se fixe en un quartet. Les percutionnistes Wolfgang Flür et Karl Bartos composent la deuxième moitié de Kraftwerk, terme qui soit dit en passant signifie « Centrale électrique ». Avec Autobahn, le bon franchi dans le développement du groupe est considérable. Le quator se convainc que sa réussite passera plus certainement par la maîtrise des technologies les plus récentes que par le résultat d'un processus d'improvisation plutôt aléatoire. Schneider et Hütter se dotent d'un synthé « mini-moog » et s'y convertissent en mois de deux. A eux désormais, d'explorer tout son potentiel pop. Anecdote parmi tant d'autres. L'idée du premier morceau d'Autobahn viendrait d'une promenade qu'aurait fait le groupe dans la Volkswagen de Hütter, avec un magnétophone tenu à l'extérieur de l'habitacle pour enregistrer les bruits de la circulation.

L'album décline le thème de l'autoroute à travers des titres hypnotiques à la structure répétitive, tout en préservant l'aspect mélodique de la musique pop. Quelques paroles simples passés au vocoder sont égrénés sur une bande instrumentale où s'expriment à plein les synthétiseurs, percussions et sons électroacoustiques. Le disque se déploie entre la monotonie goudronnée de l'autoroute et celle de la vie ordinaire dans une sorte de romantisme électronique. Les « Beach Boys de Düsseldorf », surnom dont ils héritent rapidement, sont célébrés et leur album cartonne aux Etats-Unis.


Pascal Bussy met en perspective et questionne les témoignages du groupe et de leurs rares collaborateurs. Il parvient ainsi à nous faire plonger au coeur du processus créatif des Düsseldorfois. Pour autant, il ne perce pas à jour les personnalités complexes et équivoques de Florian Schneider et Ralf Hütter, clairement dépeint comme les leaders naturels du groupe. L'énigme subsistera. Le duo prend toutes les décisions pour Kraftwerk. Il fixe le timing des sorties d'albums, sélectionne ses collaborateurs et gère la communication. Il choisit par exemple de raréfier les performances scéniques, d'espacer les productions pour les affiner au maximum et de se cloîtrer dans son studio Kling Klang pour composer.

Dans Kraftwerk, le mystère des hommes-machines, nous sommes conviés à assister à chaque choix de Kraftwerk, à leurs longues périodes de composition et au travail minutieux mené sur leur image. A leurs réussites et accession au rang de star de la pop avec les albums Trans-Europe Express, Radioactivity ou Man Machine mais aussi à leurs demi-échecs avec Electric-Café ou The Mix. Je ne pourrais vous refaire toute l'histoire tant le parcours du groupe est riche. Pascal Bussy fait amende honorable et, avec son ouvrage, nous permet de parcourir la carrière de ce mythe fondateur de la musique. Un livre écrit sans brio mais avec rigueur et qui éclaire avec minutie l'oeuvre de quatre révolutionnaires. Ces hommes qui ont fait parler, pleurer, rire et crier les machines.


En bref : Percer le mystère des « hommes-machines » de Kraftwerk n'est pas tâche aisée. A défaut d'y parvenir totalement, si tant est que l'auteur est réellement souhaité le faire, ce livre nous permet de comprendre les choix du groupe et d'apprécier à sa juste mesure son impact décisif sur la musique moderne et contemporaine. Ne vous parlais-je pas de révolution ?





Allez faire un tour sur le site Internet de Kraftwerk, ça vaut le détour

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A lire aussi : Kraftwerk – Trans-Europe Express (1977)

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Acheter sur Amazon ou sur Ebay

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3 clips du groupe : "Trans-Europe Express", "Radioactivity" et "Die Roboter".










BUSSY (Pascal), Kraftwerk, le mystère des hommes-machines, Paris, 2004, Camion blanc, 245 pages, 20 euros.
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Brisa Roché - Concert à Bordeaux le 21 mars 2008

Une fois n’est pas coutume, programmation folk ce vendredi soir au Son’Art de Bordeaux avec la mystérieuse californienne Brisa Roché en tournée pour présenter son deuxième LP, Takes, dont l’effrontée pochette ne vous aura probablement pas échappé si vous avez un temps soit peu écumé les rayons des disquaires ces dernières semaines.

Avant cela, accueillons le jeune bordelais Mr Botibol. Déjà vu au BT 59 en première partie de Kill The Young, j’avais été impressionné par sa prestation mais n’avais pas pris la peine de la relater sur ces pages. Je répare ainsi mon erreur. Mr Botibol ressemble à ton pote, celui qui trimballe sa guitare à chaque soirée et qui envoûte les filles. A part que lui, il est né avec la voix de Jeff Buckley et il n’est pas mauvais du tout avec une gratte entre les mains. Alors forcément quand il chante, plus personne ne parle, du moins au début. Son folk proche dans l’esprit de celui d’ Elliott Smith et Ry Cooder balance entre graves chaleureux et aigus jusqu’au boutistes. Pas de reprise de Grace ce soir, pas la peine, le répertoire commence à se créer. A quand l’album de Mr Botibol ?

Ok passons aux choses sérieuses à présent. Que va nous réserver la diva annoncée de par le monde comme la Björk californienne, comme PJ Harvey en plus fun ? Première surprise, la belle est d’avantage vêtue que sur sa pochette, par contre, les yeux verts amande et les cheveux de jais sont les mêmes, c’est déjà ça. Repérée par le mythique label Blue Note pour ses talents de chanteuse de jazz, Brisa présente un CV romanesque. Née aux states en 76, elle n’aura de cesse de bourlinguer de par le monde avec sa famille, pour finalement s’installer à Paris, et sortir en 2005 un premier album jazzy rock folk, The Chase, enregistré avec Sebatien Martel et Eric Truffaz et gentillement accueilli par la critique.

Brisa est avant tout une personnalité à la joie de vivre débordante, qui adore écrire, peindre, sculpter, cuisiner… Aussi confie-t-elle dans un français attachant "Je suis pas virtuose. D’aucun instrument ! ". En revanche ses musciens le sont. Un batteur ponctuant ses sets par des percus style gorille, un bassiste en perpétuel duel amical avec le guitariste et une claviériste tout droit sortie d’un dessin animé japonais composent la bande. Leur style ? Le cinematic pop rock’n roll selon eux. Des références ? Bumcello, Beggars Banquet, Etta Jones ou The Concretes.

Deuxième surprise : le penchant psychédélique que j’avais râté à l’écoute des deux albums studio, le côté hippie de l’amérique insouciante des 60’s bercée par les vapeurs du Velvet. Entre deux titres, Brisa, mutine et décomplexée, raconte ses histoires de la veille, ses pensées de chambre d’hôtel, son enthousiasme de début de tournée, sa ville natale, anecdotes qu’elle ponctue généralement d’onomatopées délirantes, "Pshiiit, Pfouaaa, Wiiiizzz ! ". Burlesque et loufoque sans aucune substance illicite, Brisa transpire le naturel d’une étudiante Erasmus délurée, à part que c’est une femme affirmée et qu’elle traîne derrière elle tont un univers d’artiste.

Et si on parlait musique. Ok, Brisa n’est pas virtuose, mais son talent général est extraordinaire, et force est de constater que les titres écoutés il y a peu sont rentrés dans ma tête et ne veulent plus en sortir. Breath in speak out, Heavy dreaming, The Drum, Trampoline, Egyptian, tous issus de Takes et tous immédiats de simplicité et de positive attitute. Quand Brisa parle ou chante, j’ai le smile jusqu’aux oreilles. Demi tour sur moi-même. C’est encore plus contagieux que le chikungunya dans une moustiqueraie réunionnaise. Happy face jusqu’au bout de la salle, filles comme garçons.

Et puis il y a Whistle, l’hymne Brisa Roché, que vous avez forcément entendu passer en boucle sur Nova, joué deux fois ce soir et repris en chœur par l’assistance une fois le show terminé et les lumières rallumées, rappelant Brisa pour une dernière salutation aux bords des larmes. De joie, forcément. Instant magique au fond d’une cave bordelaise. S’il te plait, Brisa, quant tu repartiras dans ton pays loin là bas, emmène moi avec toi.

Le Myspace de Brisa Roché
Le Myspace de Mr Botibol

Brisa Roché vous présente son nouvel album :

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20 mars 2008

Merz - Moi et Mon Camion (en concert le 17 avril)

Que de bonheur ce jeudi matin! Dans les pages de mon Télérama, un petit article fait l'éloge de Merz, cet anglais ultra discret à la voix criarde et aux mœurs étranges. Voila bien longtemps, depuis 1997 pour moi, que j'attendais d'avoir des nouvelles, de le voir ressurgir sur la scène musicale. Il y a bien eu quelques singles après Many weathers apart, en particulier Lovely Daughter et Postcard from a dark star mais pas de raffut. Mais qui se cache donc dernière ce nom, Merz?

Conrad Lambert, né dans l'ouest de l'Angleterre, à Bristol (il y a une trentaine d'années?) et ayant vécu la plupart de sa jeunesse dans le nord, aime le voyage. Il se marrie en Mongolie et a une fille. C'est à peu près tout ce que l'on sait. En effet, après le brillant album au titre éponyme MERZ en 1999, il échappe au star system et tout simplement au monde qui l'entoure. Il cueille à droite, à gauche des sonorités, des émotions, de la chaleur humaine (on dit même qu'il aurait un temps officié comme coiffeur en Hongrie). Mais toutes ces suppositions, ce n'est que moi.

Tendons l'oreille à sa musique. Impossible de dire si c'est folk ou electro. Disons seulement qu'il y met tout son cœur. Ça sent la mélancolie - sans chimie , ce n'est pas maladif, ni noir. C'est un éclat de cristal dans une grotte sombre et froide. C'est folk en somme, après tout. Je dirais même, quand on écoute Lovely daughter, que c'est très familial. Du piano, un clavier et cette voix tangente à toutes les émotions. Un très bel Opus.

Qu'en est-il aujourd'hui? Merz revient, il est revenu. En témoigne son interview sur BBC2 par Dermot O'Leary le 13 février dernier où il raconte quelques unes de ses aventures, parle de son travail... en témoigne également la très récente sortie de son nouvel album Moi et mon Camion le 17 mars dernier, la publication de sa biographie sur le site dédié à cet effet Dog Day Press. Il se produit le 17 avril prochain à la Flèche d'Or. Je vous raconterai.

En attendant, jetez un oeil au clip de
Postcard from a Dark Star.



Le myspace de Merz (très utile)
Son site officiel

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Interview "Etre disquaire en 2008" - Nico de O’CD Marseille

A compter d’aujourd’hui Des oreilles dans babylone décide de se la jouer Jean Pierre Pernaut et d’entamer un petit tour de France à la rencontre d’un métier en voie d’extinction, le disquaire ! Plus que jamais au centre des débats sur la production musicale, le disquaire reste finalement le maillon le plus "humain" de la chaîne. Mort annoncée du cd, renaissance du vinyl, Internet ou téléchargement, qu’en pensent-ils vraiment ?

Premier interview de la série, Nico, 35 ans, disquaire à O’CD Marseille, créateur du blog musical Muzik In Mars et animateur radio sur Muzik In Mars Say Yeah !!!

Bonjour, comme on l’entend ici ou là, le cd est-il vraiment mort ?
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Non, le CD n’est pas mort... Il n’est plus le format musical en vogue qu’il était, c’est tout, et c’est énorme... Le vinyle revient à la mode, le fichier MP3 et sa ribambelle de lecteurs ont pris la place du podium remplaçant les baladeurs ronds et leurs galettes argentées. Aujourd’hui les produits musicaux de masse sont téléchargés (illégalement pour une majeure partie, légalement pour ceux qui souhaitent avoir un fichier sonore de qualité). Ils ne sont donc plus achetés chez un disquaire traditionnel. À moins que celui-ci propose des prix abordables. C’est-à-dire inférieurs ou égaux à ceux pratiqués par les plateformes de téléchargement.
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Quelle est la place du vinyle chez le disquaire en 2008 ?
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Chez O’CD, le vinyle n’a pas sa place. C’est un choix, une direction qui paraît plus cohérente avec le marché de l’occasion. Les vinyles n’ont pas la résistance physique d’un CD qui possède une couche de protection matérielle. Chez les autres disquaires, l’attrait du format, l’aspect ludique revient très à la mode profilant une nouvelle clientèle pour les galettes noires.
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Le web est-il une menace ou un outil supplémentaire pour les disquaires ?
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Pour ma part, je pense que le web est un outil indispensable. Il permet à tout passionné de débattre, découvrir et d’élargir son monde musical. Un disquaire est là pour conseiller, diriger un client potentiel vers un artiste qui manque de lisibilité médiatique. Le web peut aider le disquaire à poursuivre sa mission d’éducation musicale.
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De plus en plus de labels ont des shop en direct sur leur site internet. Une nouvelle concurrence ?
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Nous vivons une période sacrément troublée. Tout le monde est touché. Les labels (indés) ont pris en pleine claque le manque de lucidité des majors concernant le net et le fichier MP3. Et cela malgré les avertissements des créateurs du MP3 et conseillers techniques en tout genre. Ce manque de vigilance a donné naissance à Napster et à de nombreux logiciels Peer To Peer. Pendant tout ce temps, les labels n’ont pas voulu revoir leurs marges à la baisse. Ce n’est que très récemment que l’on trouve des prix cassés sur des références de qualité, dans les bacs de disquaires. Entre temps, et pendant que les consommateurs se réfugiaient derrière leur connexion haut débit, des tas de disquaires indépendants voyant leur chiffre d’affaire dégringoler, leur marge fondre, ne pouvant plus assurer les charges fixes, ont fermé boutique. Une situation ridicule et irrespectueuse dont les seuls responsables sont les majors qui n’ont pas voulu réajuster leur politique commerciale pour ne pas stopper la clientèle des disquaires.
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Le téléchargement de musique sur Internet : un bien ou un mal ?
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Il existe donc deux types de téléchargements, le légal et l’illégal. Le légal se fait via des magasins en ligne qui sont souvent associés à un type de fichier compatible à un lecteur spécifique (Apple, son Itunes Music Store et son Ipod). Ces fichiers sont verrouillés pour ne pas propager les achats sur des réseaux Peer To Peer. On appelle ces verrous, des DRM.
L’illégal se présente sous forme de réseau qui se crée en téléchargeant un logiciel qui permet de piocher à droite et à gauche des fichiers se trouvant dans les disques durs des membres du réseau. Je considère le téléchargement comme un atout pour les artistes en manque de lisibilité. Malheureusement, les analyses qui sont faites montrent bien que les fichiers téléchargés sont les blockbusters qui tournent en boucle chez les FM et dans les chaînes audiovisuelles dites « musicales ».
L’outil, le support numérique n’a pas encore trouvé le moyen de s’emparer de la vocation du disquaire. L’éducation musicale, l’ouverture vers des artistes de talents souvent mis sur le bas-côté de l’aspect commercial de la musique.
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Myspace, Youtube, Facebook… t’en penses quoi ?
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Ces sites sont, encore une fois, des outils. Ils sont souvent mieux utilisés que le Peer To Peer. Je citerai dans le même genre Deezer ou Last.fm.
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Comment peut faire un disquaire pour se renouveler en 2008 ?
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C’est là toute la question. Ce n’est pas tant sa fonction qui doit changer mais la forme qu’elle doit prendre. Une question qui reste encore sans réponse claire. Plusieurs tentatives ont été menées de par le monde, mais aucune n’a suffisamment de recul pour pouvoir être la recette miracle, si tenté qu’il y en ait une.
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Est-il difficile d’être disquaire en 2008 ?
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Avec une concurrence comme les grandes chaînes qui ont des deals privilégiés avec les fournisseurs que sont les majors. Avec des difficultés que rencontrent les labels indépendants. Avec une direction artistique qui perd de sa valeur en se polissant trop souvent pour être rentable en perdant le côté expérimental. Le métier de disquaire n’est pas facile.Ajouter la tornade mal domptée qu’est le haut débit et tous les outils que le web propose sans que l’on sache prendre le temps de les utiliser pour s’ouvrir vers de l’artistique, je peux dire qu’être disquaire comme on l’imaginait il y a encore dix ans, c’est devenu impossible.
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Où trouves-tu tes nouvelles inspirations musicales ?
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Je lis une foule de bios, des magazines spécialisés, je me balade sur des sites, des pages Myspace. Et je parcours de nombreux forums de discussion sur le web. Toutes ces informations, je les regroupe, les digère et j’en fais ma propre synthèse pour pouvoir les distiller auprès de ma clientèle.
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La musique est-elle moins bonne qu’avant ?
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La musique a toujours eu deux vocations. La première est artistique, la seconde s’assimile à de la distraction. Le côté distraction ludique est véhiculé par les FM et par les chaînes dites « musicale ». Les titres sont souvent de bonnes grosses productions au son compressé. Ces titres sont plus étudiés pour être des sonneries de portables que pour être une œuvre artistique. Ce sont des titres à durée de vie minimale, à l’effet de mode de très courte durée, laissant leurs places au prochain wagon de hits. D’ailleurs on ne parle plus de Top 50, mais des Tops Sonneries. De l’autre côté, il y a l’aspect artistique. C’est un aspect de moins en moins médiatisé. Pas assez vendeur, moins rentable car moins facile à l’écoute. Ce sont des titres qui demandent à l’auditeur de l’effort, de la réécoute, une assimilation du monde créé par l’artiste.L’effort étant en perte de vitesse dans notre société hyper consommatrice, il est donc regrettable de constater que cette vocation louable, qui fait avancer la musique assimilée à une forme artistique, soit en si mauvaise posture.
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Quelle est ta playlist du moment ?
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Il suffit à tout lecteur de se pencher sur mon site Muzik In Mars pour découvrir mes coups de cœurs et conseils musicaux en tout genre. C’est, un outil que j’utilise pour aller plus loin dans ma démarche de conseil face à ma clientèle de plus en plus avide de connaître autre chose que les dix singles qu’ils écoutent en long et en travers en allumant la FM.
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Un message particulier à faire passer ?
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La musique est une passion, elle demande du temps, de l’effort. Elle demande aussi aux auditeurs le sens du courage, de la recherche, de l’initiative d’écoute et de l’engagement culturel. Elle a pour vocation de distraire mais aussi d’instruire. Pour finir, je me permettrai de rappeler le gimmick de la page Myspace de l’émission de radio que j’anime, Muzik In Mars Say Yeah !!! , la Musique est un art qui n’a de valeur que dans son partage…

Propos recueillis par Ju.

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Xavier Rudd - White Moth (2008)

Souvenez-vous, il y a un an et demi, Charles (où es-tu?) inaugurait le blog avec l'artiste multi instrumentaliste Xavier Rudd. Plus de 200 chroniques plus tard, retour aux sources avec la sortie de White Moth, 5ème opus bien plus riche que son prédécesseur Food in the belly, trop instrumental à mon goût. Je ne vous ressortirai donc pas l'historique Wikipédia de cet australien de 30 ans, tout le monde sait à présent que son style s'inscrit dans la plus pure tradition des nouveaux artistes surf, parmi lesquels trônent Ben Harper (le grand père), Jack Johnson (le père) ou encore John Butler Trio (le fils). Parce que dans la vie il n'y a pas que l'indie pop ultra underground ou l'électro hype supra branchouille, cette chronique est nécessaire.

Entièrement produit par lui même, avec quand même un petit coup de pouce de la société géné... euh, de Dave Ogilvie (Bowie, NERD...), White Moth est un bain de jouvence. Roots et bucolique dans l'ensemble, l'album renferme tout de même son lot de morceaux de bravoure (absents sur les précédents opus), dont Stargaze, qui fait faire son entrée au didgeridoo et qui donne le ton et l'incroyable Footprint, manifeste écolo rock de haute voltige au final pyrotechnique grisant de maîtrise. Malgré ces quelques énervements tribaux et rythmés, White Moth se révèle musique de hamac, sans aucune connotation péjorative. Sur les thèmes de la protection de l'environnement et de la défense des minorités, Xaver Rudd déverse son groove et distille ses good vibes avec une aisance irréprochable. Choices et White Moth sont les deux ballades ensoleillées qui présentent en ce sens le plus de qualités.

Comme si les titres allaient par binôme, Twist et Come let go sont les deux élans reggae de l'album. "Put your hands up!". Ambiance mystique de feu de camp nocturne, collaborations aborigènes et guitare slide, White Mooth semble sortir tout droit de la forêt. Plus classique (excepté Message stick), la fin du disque donnera irrémédiablement envie (je parle d'expérience, deux fois déjà) de se poser sur le pieu, laisser tourner la chaîne et s'endormir au son des vagues et du phrasé tout en douceur de Xavier, désormais et à jamais artiste passionné et accompli. Même si elle n'a à priori rien à voir musicalement avec Dick Dale et autres Beach Boys, cette génération d'artistes engagés ne serait-elle pas en train de réinventer la surf music? Respect.

En bref : Toujours aussi peacefull, Xavier Rudd revient avec des compositions world plus inspirées que jamais dont il ne faudrait surtout pas se priver.
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Stargaze
et Come let go en live :





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19 mars 2008

Los Chicros / Aqua Nebula Oscillator à la Flèche d'Or (Paris)

Petit message express pour signaler aux Parisiens et autres habitants de la capitale qu’aura lieu ce soir (19 mars) un sympathique live à la Flèche d’Or. En tête d’affiche, les Français Los Chicros, croisés sur la sélection 2004 de CQFD. Le quator parigo aux sonorités pop-psychés sera bien accompagné. Au programme, Thomas Mery, ex-leader du groupe de rock Purr reconverti dans la chanson folk, mais surtout Aqua Nebula Oscillator dont nous avons parlé très récemment à l’occasion de la sortie de leur premier album sur le tout nouveau label Pan European Recording.

Dans la lignée des MC5 ou de Silver Apples, le groupe, resté pendant des années dans l’underground, délivrera ses grooves massifs et ses sons psychédéliques dans un esprit très 70’s. Mais attention, on sera vraisemblablement loin du Flower Power, et comme aime à le rappeler Aqua Nebula Oscillator, “si tradition il y a dans Aqua nebula, ce serait plutôt celle du cauchemar hippie”. Rendez-vous avec la face cachée du hippisme en somme.

La fin de soirée sera assurée aux platines par Arthur Peschaud, membre de Turzi et fondateur de Pan Europen Recording. Alors pour tous les amateurs de psyché français et ceux qui ne connaîtraient pas encore cette scène française productive, il n’y a pas à tergiverser. C’est à 20h, à la Flèche d’Or et l’entrée est gratuite. Que demande le peuple ? Du LSD peut-être...

Los Chicros party à 20h à la Flèche d’Or, 102 bis rue de Bagnolet, Paris.

Myspace de Los Chicros
Myspace d’Aqua Nebula Oscillator

A lire aussi : Aqua Nebula Oscillator (2008)


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Hot Chip - Live au Trabendo (Mars 2008)

Ambiance disco-chic ce lundi soir au Trabendo. Les jeunes anglaises bottées déambulent à droite à gauche pour découvrir le lieu en exhibant leur robes légères à pois. Pas moins de 50% de nanas en effet. Les soi-disant NERDs n'ont pas dit leur dernier mot.

Retard inhabituel cependant pour nos voisins d'outre-Manche. Dix minutes qu'on se chauffe dans la salle biscornue lorsqu'un petit jeune fringué chichement fait son apparition, la tête molle, oscillante comme Mr Oizo, les cheveux qui suivent avec un léger lag, comme s'ils flottaient sur une bulle d'air. Genre Slow-motion.

Il s'installe aux platines, et avec son petit pc, il décape le silence "cocktail" et l'assomme de basses. Il érige quelques scratchs comme pour surmonter sa timidité naturelle. Ca ne prend pas même si on voit bien quelques têtes remuer au premier rang. C'est juste un mouvement d'air. Ah, voila qu'il se cale, position surfeur, on sent qu'il mijote quelque chose. Le fameux "crescendo" électro. Un gros coup maladroit sur le cross-fader avec un sursaut de sa personne mais c'est raté, personne ne bouge et il remballe. L'atmosphère reste électrique. Les anglais se ravitaillent au stand en attendant leurs nouvelles idoles. Amstel fait carton plein. 45 minutes passent.

Extinction des feux. Un peu de fumée soufflée timidement sur scène. Quelques faisceaux bleus, en formation triangulaire, déchirent cette brume artificielle et laissent deviner de façon asymptotique les silhouettes (anticharismatiques) de nos 5 British. Ca balance des percus, on attaque une chevauchée électronique d'1h30. Au programme: leur nouvel album Made in the Dark, quelques morceaux, par-ci par-là, récupérés sur leur précédent The Warning. Rien d'extraordinaire dans la programmation donc, peu d'imagination pour la prestation, ils sont encore jeunes. Scéniquement parlant. 3 guitares , 3 claviers, quelques micros encombrent la minuscule scène qui les accueille.
Les fans s'y sont agglutinés. Les jeunes filles expriment douloureusement leur désir aigu pour des idoles en maturation par des cris plaintifs et enjoués. C'est pourtant bien difficile d'ailleurs, c'est d'ailleurs bien difficile, je me répète plusieurs fois intérieurement, de considérer ces 5 NERDs comme de futurs icônes.

En bref, les baffles crachent bien leur son, très propre - merci l'ingé son - la foule s'agite et bat des bras, ça transpire et ça danse presque mais c'est trop calqué sur l'album, très appréciable, je ne renie pas, ceci dit. On préférera rester chez soi.

"Over and over", le clip:


Le myspace de Hot Chip

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17 mars 2008

Interview - Poney Poney

Poney Poney, au départ, c’était Antoine Hilaire en one-man-band. Mais dès son deuxième concert, le chanteur/guitariste s’est fait tirer son IPod, qui lui servait de batteur et de bassiste. Florent Lyonnet et Samuel Nicolas l’ont alors rejoint. Quelques morceaux sur des compiles, des remixes et un paquet de scènes plus tard, le trio pop et électro commence à se faire un nom. On a même pu écouter son remix de Don Rimini sur le sampler du magazine Tsugi de février. Et c’est aujourd’hui que sort, en Angleterre seulement, le premier EP officiel des Parisiens, Cross the fader (Perspex Recordings). Le fruit d’une collaboration avec un vieil ami : Xavier de Rosnay, de Justice. Antoine nous en dit un peu plus sur son groupe et ses projets.

International Pony, Poni Hoax, Ponypony Runrun, New Young Pony Club, Poney Poney, etc... Mais que se passe-t-il avec les poneys ?

Aucune idée, tous ces gens ont dû trouver ce mot mignon en même temps. Ca fait un petit moment que je me le trimballe, je l'aime bien donc. Malgré les amalgames parfois malheureux, on garde le cap. Je trouve que le côté cool est surtout dans le double nom plutôt que dans l'image de l'équidé.

Comment as-tu rencontré tes acolytes Florent et Samuel ?

Sam était dans la même fac que moi, on s'est échangé des cassettes de démos de nos groupes. Florent a commencé à sortir avec une amie à moi et on a vite sympathisé et commencé à jouer ensemble dans une cave avec un ami, Benji, qui a d’ailleurs enregistré des morceaux de Poney Poney.
Au bout d'un moment, il a semblé normal de monter un vrai groupe Poney Poney plutôt que pondre un titre de temps en temps sous ce nom, vu que les groupes de fac, c'était fini.

Comment en êtes-vous venus à sortir votre EP Cross the fader sur le label anglais Perspex ?

Anu Pillai, le boss et leader de Freeform Five, a été l'un des premiers à nous proposer une sortie, bien avant que quiconque ne s’intéresse à nous. On s'est dit qu'on avait tout intérêt à bosser, pour une première sortie officielle, avec une personne aussi motivée, quitte à disposer de moins de moyens.

Le fait que le disque ne sorte qu'en Angleterre n'est pas un peu frustrant ?

C'est un choix de notre part. Le label est petit, donc pas besoin de licencier le morceau pour l'Europe ou le Monde. 1000 exemplaires, ça devrait se vendre rien qu'en Angleterre ou à l'import sur Internet.

Que contient ce premier EP ?

Un titre original, "Cross the Fader" et deux remixes par Bitchee Bitchee Ya Ya Ya et Headman. La version digitale contient aussi un remix d'un ancien titre, "Junior" par nos copains de Chateau Marmont.

A l'origine, votre son est plutôt pop/new wave, mais vous vous faites connaître avec des titres plus électro, comme votre remix de Don Rimini. Comment expliques-tu cela ? Signe des temps ou évolution logique ?

Le remix pour Don Rimini est notre premier, on était curieux de s'essayer à l'exercice et on a donc pondu ce truc assez bizarre et hors formats. Coup de bol, il a été gardé par l'artiste et son label. Je pense que si le remix a fonctionné un peu, c'est plus grâce à son petit côté anti-conformiste pour un artiste dancefloor. Après, il y a un vrai amalgame avec des groupes électro, à cause de notre parti pris de production ou de nos potes. On devrait pousser ce côté pour la scène, mais l'album sera plus large musicalement.
Même nos remixes ont toujours une structure de chanson. Le choix des sons colle plus à l'époque, mais tout ça reste de la pop.


C'est Xavier de Rosnay (Justice) qui a produit Cross the fader. Qu'a-t-il apporté à votre son ?

C'est un super mixeur, il sait très bien placer tous les éléments d'une chanson dans les oreilles, il est de goût très sûr et aime profondément les choses pop et épurées. Et puis, oser mettre un larsen aussi gros et aussi long à la fin de notre premier single, c'est vraiment le genre de choses amusantes à faire qu'un producteur plus classique n'aurait pas proposé.

Tu connais Xavier et Gaspard depuis longtemps. Comment as-tu vécu leur ascension foudroyante ?

Leur succès est arrivé de façon assez progressive, depuis le premier maxi et les premiers sets de dj à l'étranger. C'est super marrant de mesurer le chemin parcouru et maintenant d'assister à des demandes d'autographes dans le métro. Mais surtout ça fait très très plaisir qu'une aussi bonne musique fonctionne auprès du grand public.

Il y a deux semaines, vous étiez invités par Sébastien Tellier à jouer à l'Institute of Contemporary Arts de Londres. C'était comment ?

C'est Stage of The Art, le promoteur, qui nous a invité, pas Sébastien Tellier. En tout cas, c'était une bonne expérience : 3ème show pour nous à Londres, probablement le meilleur. Jouer dans une salle rock classique nous a plutôt bien convenus; d'habitude on se produit dans des clubs plus électro et l'ambiance est plus chaotique.

Quel est précisément ton rôle au sein de Tahiti Boy ?

Je joue de la guitare et je chante quelques parties. Tahiti Boy écrit toutes les chansons, donc les cinq autres membres et moi- même avons pour rôle de mettre notre grain de sel dans l'interprétation - forcément - et de prendre part aux arrangements sur certains titres. Au niveau humain, j'ai pour mission de pousser le groupe à aller coûte que coûte s'en coller une bonne après les concerts.

Tes coups de coeur musicaux du moment ?

J'adore Vampire Weekend, qui mérite mieux que cette étiquette de renouveau du rock de la semaine. C'est juste un très bon groupe d'art school. Ladyhawke, aussi : une jeune Stevie Nicks des 00s, fantastique, qui va au bout des références eighties très usées mais en conservant beaucoup de fraîcheur. J'ai aussi hâte d'entendre l'album de Santogold.
Le Ghost Days de Syd matters est à pleurer de beauté; l'album de Tahiti Boy @ The Palm Tree Family qui sort en mai prochain est vraiment bluffant - et pourtant je suis plutôt impliqué. Il y a aussi les nouvelles chansons en ligne sur le Myspace de l'énigmatique John John.

Tes projets ?

M'acheter enfin un ordinateur pour pouvoir enregistrer des démos de chez moi. Réussir à payer mes impôts. Terminer l'album qu'on aurait envie d'entendre. Moins fumer. Remarque, non.

Propos recueillis par Dave

L’original de Cross the fader en écoute sur leur Myspace
Pour les remixes, c’est ici

Prochaines dates de Poney Poney en France :
27 mars au festival des Inrocks (Paris, lieu tenu secret)
16 mai au Summum (Grenoble), première partie de Justice
20 mai au Nouveau Casino (Paris), avec Das Pop et The Little Ones
26 mai à la Maroquinerie (Paris), première partie de Midnight Juggernauts
8 août au Pantiero Festival (Cannes)
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15 mars 2008

Violent Femmes - Violent Femmes (1983)

Parce que je ne peux continuer à citer leur influence impunément, je me dois de faire les présentations. Il était une fois, à une époque où nous n’étions encore qu’embrions, sévissait sur un campus de Milwaukee un duo d’ados composé de Brian Ritchie (Mr basse) et Victor De Lorenzo (Mr batterie). Leur rencontre avec le chanteur et guitariste Gordon Gano en 1981 amènera à la création de cet éponyme, et d’une douzaine d’autres galettes de qualité variable. Contre toute attente, cette année là (dixit Cloclo), Violent Femmes a l’effet d’une bombe sur l’indie rock US et devient un classique inspirant aujourd’hui encore quantité de formations.

Comme souvent sur un premier album, le trio livre tout ce qu’il a sur 10 morceaux tous aussi incandescents. Aucun d’eux n’est à jeter, le charme est incroyable, le bon goût omnipotent. Sur les thème pré pubères de la frustration sexuelle ou de la solitude, Violent Femmes est sec, acoustique, direct et inspiré. Je me retrouve alors bien obligé de vous énumérer les tubes. Blister in the sun, premier titre, premier groove intemporel, en avance de 10 ans au moins. Kiss off, impeccable twist Kinksien au refrain imparable "I do it all the time, yéyé, I do it all the time yéyéyé". Add it up et son intro psalmaudiée tranchée par un démarrage en trombes de guitares en furie. Juste trop la classe. Gordon Gano n’a jamais semblé aussi inspiré que sur ses légers scat "Mamamamama motheeeer !". Encore une petite dernière, Gone Daddy Gone et son solo de xylo, urgemment précurseur lui aussi.

Allez, je m’arrête là pour la liste mais sachez que ce soit pop, folk, rock, punk ou jazzy, Violent Femmes traîte tout au même niveau, celui de la perfection adolescente qui n’a pas pris une ride. La plus grande originalité aura finalement été d’avoir, en 1980, conjugué folk et rock avec une réelle énergie punk, tout comme le fera par la suite le Gun Club. Gordon Gano, producteur 20 ans plus tard des deux premiers Louise Attaque (qui revendique ouvertement l’héritage Violent Femmes) aura marqué son temps et engendré de nombreux descendants. Le best of des années 80 avec The Pale Foutains.

En bref : En 1983, trois ados américains développent le folk punk mélodique 10 ans avant les autres. Devoir de mémoire indispensable.
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2 vidéos vous feront comprendre la puissance de Violent Femmes, la première, un live à Londres en 1984 où Gordon Gano donne des frissons sur Add it, et la deuxième, où Win Butler d’Arcade Fire reprend en transe et au speaker le Kiss off du groupe. Deux instants magiques :




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