28 avril 2010

Lonely Galaxy - Ep 1 (2010) + Interview

Londres se remet à étinceler. Après les très prometteurs Summer Camp nous ne pouvions ne pas vous parler du dernier projet solo d’un tout jeune (21 ans) artiste anglais, juste après le split de son ancien groupe indie pop les Videos Nasties. Harry Granger Howell puisque c’est de lui dont il est question sous ce délicieux pseudo fait partie de cette génération Ipod qui a grandi avec un casque sur les oreilles, pour le meilleur ou pour le pire. Combien de fois a-t-il du déambuler dans le vieux Carmen avec Neil Young ou Elliott Smith en stéréo ? Certainement beaucoup. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, ce fou de musique n’en joue pas. Sur ces vingt minutes de guitares et d’orgues brouillons et sauvages, tout (ou presque) est informatisé. La pop en chambre à son paroxysme. Et c’est dur à croire mais d’une beauté rare.

Ca commence avec cet immense titre qu’est "Have your heart". Son orgue ecclésiastique qui suspend le temps, définitivement contre l’urgence, et qui ose s’aventurer dans de soyeux paysages urbains. La voix mixée au loin en donne un caractère encore plus solennel. Ce qui n’empêche pas le morceau de décoller par la suite. Difficile aussi de croire que le xylophone introductif de "Time" est artificiel tant il est étincelant. "I’m gonna take my time / I’m gonna take it all" chante Harry comme s’il allait crever. De l’émotion en barre. Un hymne à la solitude, avec un crescendo. Il est encore question de temporalité sur un "Waiting" encore une fois de toute beauté. Aussi bien le piano, que la voix. Enfin, quatrième roue du carrosse, l’instrumental "So low" qui ouvre vers une touche d’espoir.

En bref : intimes et personnels, atmosphériques et urbains, ces quatre premiers titres imposent le respect.




Son Myspace

A lire aussi : Jim Noir - S/t (2008)

"Have a heart" :



Interview avec Harry Granger Howell :


Es-tu vraiment un solitaire en chambre ? Je veux dire, passes-tu plus de temps à l’intérieur ou à l’extérieur ?

Je dirais que j’ai passé beaucoup de temps enfermé à la maison pour enregistrer ces derniers mois, c’est vrai, mais je ne me qualifierais pas de solitaire, je continue à sortir de temps en temps quand même.

Est-ce que la ville de Londres a une influence sur ta musique ?

Oui définitivement ! C’est dur d’expliquer comment, mais je pense qu’être né ici et y avoir passé la plus grande partie de ma vie a forcément une influence sur moi. C’est une ville extraordinaire, pleine de gens géniaux, où il se passe toujours quelque-chose.

Dirais-tu que le split de ton ancien groupe est une bonne chose pour ta carrière ?

Je suppose que oui. Je suis triste que nous n’ayons pas continué à faire de la musique ensembles, mais si nous l’avions fait je n’aurais peut-être pas été inspiré pour faire ce que je fais aujourd’hui. Donc je pense que oui, c’est une bonne chose.

Dirais-tu que tu fais partie de la génération IPod ? Que penses-tu du fait de toujours avoir un casque sur les oreilles, même dans la rue ?

C’est sûr que j’écoute énormément de musique. Mais généralement seulement lorsque je voyage ou lorsque je suis seul. Ce n’est pas comme si je préférais écouter de la musique plutôt que trainer avec mes amis. J’aime juste trouver des bandes sons idéales pour traverser cette grande ville.

N’y a-t-il vraiment aucun instrument sur cet Ep ? Parce que ça sonne très instrumental… Quel est ton logiciel d’ailleurs ?

Oui j’ai tout fait sur ordinateur. Il y a juste une guitare et une basse dont je joue, mais comme mon ampli est cassé, c’est un son très artificiel puisque j’ai juste branché ma guitare et ma basse directement à l’ordinateur en utilisant un logiciel pour transformer le son comme je le voulais. Toutes les percussions et autres cordes sont fausses. Je les ai composées sur mon ordinateur plutôt que de les jouer live. Et j’utilise simplement une vieille version pourrie de Logic qui date de 5 ans déjà.

Ne joues-tu d’aucun instrument ?

Si un peu quand même. Je joue de la guitare depuis mes 12 ans, même si je n’ai jamais pris aucune leçon. J’ai toujours été autodidacte avec les instruments et j’ai aussi joué un peu de basse et de piano, mais pas très bien.

Merci.

"Waiting" :


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Dodb au micro de Radio Campus Bordeaux


Dodb a accepté de se confier aux journalistes de la très bonne émission musicale la Boîte à Meuh, qui chaque mardi de 13h à 14h fait découvrir à ses auditeurs des découvertes musicales mais pas seulement. On y parle de la création du blog, de son mode de fonctionnement mais aussi de ses projets. A vous l'antenne !




Le site de l’émission avec en podcast les précédents enregistrements

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26 avril 2010

Jeff Feuerzeig - The Devil And Daniel Johnston (2005)


The Devil And Daniel Johnston fait incontestablement office de référence dans la catégorie documentaire consacré au fou chantant américain. Auréolé de très nombreuses récompenses dont Sundance, c’est le deuxième long métrage de son réalisateur après Half Japanese : The Band That Would Be King. En deux heures de temps, il raconte le parcours extraordinaire du songwritter culte sans jamais le juger. La grande chance de Feuerzeig, c’est que Johnston ayant toujours été un obsessionnel de l’enregistrement, le réalisateur a pu mettre la main grâce à l’accord de la famille et de Daniel lui-même sur une quantité incroyable de cassettes audio, de films super-8, de photos et d’illustrations. Comme si toute sa vie avait été une œuvre d’art globale, destinée à rester.

Danny nait en 1961 à Sacramento dans une famille de fondamentalistes chrétiens intellectuels. Tout petit déjà il est marqué d’intérêt pour les films, et en tourne à foison avec son frère dans un style très Jacques Tati. Le dessin aussi, avec son obsession pour les globes oculaires qu’il représente à peu près partout. Mais plus fort que tout, c’est la musique qui l’interpelle. C’est décidé, Danny veut devenir John Lennon. S’il est parmi les élèves les plus forts de sa classe en primaire, les problèmes débutent au collège puis à l’université où Danny doit commencer à consulter pour des problèmes maniaco-dépressifs. Il fait alors l’école des beaux-arts et rencontre la fameuse Laurie Allen, inspiratrice de plus d’une centaine de chansons. Les plans d’époque sont incroyables de véracité, notamment ceux où Danny la filme en train de danser sur un air de "I had lost my mind". Mais la dépression tape à nouveau à la porte, et Danny est contraint d’aller habiter chez son frère, puis chez sa sœur. C’est aussi le moment où il se met vraiment au piano.


De là il fugue à Austin où il commence à se battre pour imposer sa musique, convaincu d’être le meilleur. En 1983 il parvient à faire passer son fameux Hi How Are You au Austin Chronicle qui adore instantanément. Il se met à la guitare (comme le font les vrais songwritters selon lui) mais n’en joue vraiment pas très bien. Son premier concert déboussole les gens qui ne savent quoi penser de ce guignol à la voix chevrotante. Mais il arrive tout de même à convaincre MTV (de passage à Austin) de le laisser jouer. Ce plan (ci-dessous) est incroyable d’authenticité. A partir de là il se met à gagner des prix et à prendre de la drogue (marijuana, acides…). Forcément, les crises de délire recommencent et à partir de là il devient vraiment fou, est hospitalisé et doit suivre un traitement lourd.

"I live my broken dreams" en live à Austin en 1985 :


Après l’étrange épisode new-yorkais en compagnie de Sonic Youth et Jad Fair, Danny continue sa spirale infernale, notamment en causant malgré lui la défenestration d’une dame âgée ou encore en provoquant un incroyable accident d’avion avec son père alors pilote, tout simplement en enlevant les clefs du tableau de bord et en les jetant par la fenêtre du cockpit. Tous deux ont survécu on ne sait comment. Pendant ce temps sa musique continue de faire tourner de nouvelles têtes. Kurt Cobain porte son célèbre T-Shirt, et Danny (encore à l’hôpital) fait l’objet d’une guerre de labels entre Elektra et Atlantic. Il signe finalement chez Atlantic parce que Metallica joue chez Elektra, et que Metallica c’est le groupe du diable. L’album Fun sort en 1994 mais fait un four commercial, rompant ainsi le contrat avec Atlantic.


A 49 ans, Daniel Johnston est une icône incontestée du mouvement folk lo-fi, ayant inspiré quantité d’artistes dont Yo La Tengo, Sparklehorse, Eels, Spiritualized ou encore Jeffrey Lewis (qui a la même passion que Danny pour les comics). Il vit à présent chez ses parents à Austin, vient de découvrir les Beach Boys (et d’ailleurs ses similitudes de comportement avec Brian Wilson) et connait un succès grandissant avec ses dessins. Inécoutable par le grand public, Danny a tout de même atteint un énorme succès public, même si selon lui rien ne s’est passé comme prévu. Et pourtant, "Some things last a long time".

En bref : un documentaire touchant sur une âme d’enfant dans un corps d’adulte, qui à son rythme construit une œuvre magistrale sur les thèmes de l’amour non réciproque, de la création et de la destruction. A voir pour le croire !





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A lire aussi : Daniel Johnston - Is And Always Was (2009)

Le teaser de The Devil And Daniel Johnston :


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23 avril 2010

DOM - Sun Bronzed Greek Gods Ep (2010)

DOM est fou. A n’en pas douter. Ou alors il aime bien se moquer de nous. Repéré il y a peu par quelques défricheurs (DS, Pitchfork…), c’est encore une fois le genre de groupe qui n’aime pas balancer trop d’infos dites biographiques. En guise de carte d’identité on sait que c’est un trio, de Worcester, Massachusetts, composé principalement de Dom (22 ans) et des ses amis Erik (à la guitare) et Bobby (à la batterie). Ce premier Ep est sorti en digital le 1er avril dernier, et en vinyle le mois suivant chez Burning Mill. Dans la lignée des Girls et autres The Pain Of Being Pure At Heart, DOM joue une synth pop fuzzée d’accès facile, non sans une certaine ambition comme vous allez le voir.

Contacté par mail, Dom refuse donc d’en dire davantage sur lui, parce que parait-il il aurait des dettes et ne voudrait pas qu’on le retrouve. Il qualifie son trio comme "sombre, diabolique et heureux" ce qui je vous l’accorde ne veut rien dire. Ses hobbies ? La pêche, le ski, le basket, le vélo, les filles et les drogues douces. Un humour de slackeur américain que l’on retrouve jusque sur la pochette de cet Ep représentant Bochicha, son chat de race illégale et violente, mais aussi le titre de la quatrième piste, également hymne officiel de l’équipe de hockey du coin. Il faut suivre.


Egrainés comme des petits pains sur la toile, la quasi-totalité des sept morceaux de cet Ep ont déjà été entendus. Le premier à avoir attiré l’attention c’est "Jesus", un hymne estival dans lequel Dom décrit à une amie une prise d’ecstasy qui l’aurait transformé en Jésus justement. Ensuite on a eu le fabuleux "Burn bridges", déjà très proche d’une production MGMT. Petite chanson pop parfaite, de type chill wave. Et enfin récemment, DOM a encore gonflé sa musique sur le tubesque "Living in America" et son clip au douzième degré. Le rêve américain et la religion, des cibles faciles ? N’empêche il fallait le faire.

En bref : un gros Ep de 7 titres pop très actuels et très prometteurs par un trio de jeunes qui ne manquent pas d’air.





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A lire aussi : Summer Camp - Ghost Train (2009)

Le clip de "Living in America" et "Burn bridges" :




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21 avril 2010

Fool’s Gold, concert à Barbey (Bordeaux) le 19 avril 2010


Parmi les nouveautés de cette année, le collectif californien Fool’s Gold est une bien belle surprise. Avec un premier album éponyme convenu mais bondissant, ils deviennent les concurrents directs des new-yorkais Vampire Weekend, bien trop maniérés à mon goût sur leur opus 2010. Sans prétention aucune, leur objectif est clair : promouvoir le brassage culturel de manière dansante et festive. Le collectif est métissé (USA, Argentine, Brésil, Israël…) et donc tout à fait crédible, et l’on serait bien en peine de leur reprocher un certain opportunisme actuel vis-à-vis de ces musiques dites exotiques. Que ce soient Luke Top qui chante en hébreux (sa langue natale) ou le guitariste Lewis Pesacov (membre des très bons Foreign Born, mais aussi participant au projet Komono n°1), tous deux savent de quoi ils parlent quand ils font appel à l’afrobeat ou au groove éthiopien. Ce rafraichissant premier album et une réputation scénique croissante suffisaient largement à faire le déplacement à Barbey ce soir-là, en très bonne compagnie de surcroit.


"Nadine" ouvre le bal. C’est le penchant oriental de Fool’s Gold et les sonorités évoquent aussi bien l’Inde que la Chine. En effet selon Luke, "Fool’s Gold n’est qu’un rebond de plus dans le jeu de ping-pong qui dure depuis des décennies entre les continents". L’orchestre de six puis huit (jusqu’à dix parfois) musiciens semble passionné et respectueux. Ca on ne peut pas leur enlever. Très tôt dans le set, le groupe de la cité des anges entame l’inévitable "Surprise hotel". Imparable grâce à son motif de guitare répétitif, ce sera certainement l’un des tubes de l’été, d’une gaité à toute épreuve, par excellence le morceau pour se sortir du lit le matin, et se coller la banane au visage jusqu’au soir.

"Ha dvash" est un autre moyen de s’ouvrir à cette musique dite "world". Et Lewis Pesacov, fringué en parfait Marty Mc Fly, fait preuve d’un jeu de guitare assez démentiel, guidant les morceaux par ses soli d’aigus électriques et tropicaux. Cerise sur le gâteau, nous donnant l’impression d’être privilégiés (alors que l’exercice est pratiqué à chacun de leurs concerts), les Fool’s Gold nous embarquent dans une jam géante, au milieu de la foule, où près de 500 personnes scandent à l’unisson les Ohohohohoh de "The world is all there is". Tout le monde ce soir-là a eu sa dose de pop et de soleil. Et sur le chemin du retour, plus loin dans la nuit, raisonnent encore les Ohohohoho

Le Myspace de Fool’s Gold, le site de Barbey et l’album en streaming

L’immanquable "Surprise hotel" en live KEXP :


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19 avril 2010

The Besnard Lakes, concert à l’Espace Tatry de Bordeaux le 17 avril 2010


Plus chanceux que nos collègues marseillais qui n’avaient pas assez pré réservé pour permettre aux montréalais de jouer, les quelques bordelais (et toulousains) présents à Tatry en cette douce soirée d’avril ont pu assister à l’envol majestueux d’un groupe sur lequel il faut dorénavant compter à coup sûr. Les précurseurs avaient bien senti le bruyant Volume 1 en 2003, les suiveurs curieux s’étaient régalé avec le mix "pop Beach Boys" / "shoegaze Ride" de Are The Dark Horse en 2007, et cette année tout un chacun peut se délecter de Are The Roaning Night, LA consécration d’un groupe canadien à classer dorénavant à hauteur de leurs voisins Arcade Fire.

Jace Lasek cheveux fillasses et verres opaques entre en scène aux côtés de son épouse au visage creusé Olga Goreas. Autour d’eux, un effectif réduit avec le batteur Kevin Laing et le guitariste Steve Raegele. Très sympathiques, et frustrés par la déconvenue de la veille, les canadiens entrent de plein pied dans une discographie qui commence à avoir de la gueule. Jonglant entre les trois albums (surtout les deux derniers), le groupe peut se montrer à la fois sombre et lumineux, violent et délicat. Des récurrences tout de même ? Oui, de forts relents psyché que n’apaisent pas une machine à fumer en ébullition constante, et surtout une non fâcheuse tendance à construire en mode progressif, transformant chaque morceau en longue intro potentielle, allant crescendo pour irrémédiablement se finir en coup de tonnerre.

Je pense notamment à ce très grand moment de scène, l’un des plus grands qu’il m’ait été donné de voir, le feu d’artifice "Devastation" qui en live et à seulement quelques petits mètres de Lasek prend des proportions inimaginables sur disque. Les Besnard Lakes n’ont pas enregistré leur récent opus sur la console de Led Zeppelin pour rien. Les riffs sont pyrotechniques, la basse d’Olga drive les morceaux de façon insoupçonnée, et tout sonne grandiloquent sans surenchère. Au-dessus de ça, il y a bien sûr la voix céleste de Lasek, si haut perchée par moments, souvent rejoint par celle en contrepoint de son épouse. Comme Yo La Tengo avec les instrus des Black Mountain.

La set-list quant à elle aligne les déjà classiques morceaux du deuxième album : "Distater" (tout en délicatesse), "For agent 13" ou encore "And you lied to me". Du premier album si je ne m’abuse nous n’entendrons que "This thing". Enfin, trois bestiaux sortent clairement du lot sur le nouvel album : "And this is what we call progress", parfait, "Albatross", justement dans ce style Yo La Tengo, et l’immense "Like the ocean, like the innocent Part 2" au lyrisme sans limites. Je n’en attendais pas tant.

Leur site officiel et leur Myspace

A lire aussi : The Besnard Lakes - The Besnard Lakes Are The Dark Horse (2007)

"And this is what we call progress" en live télé et le clip de "Devastation" :




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15 avril 2010

Concours A Place To Bury Strangers, 5 places de concert à gagner


Le groupe shoegaze new-yorkais sera au Trabendo de Paris le 12 mai prochain pour présenter entre autres son dernier album, le bien nommé Exploding Head. Les concerts d’Olivier Ackermann et sa bande sont généralement de grands moments pour se dépenser et prendre des décibels dans la tête, alors il ne faut manquer ça pour rien au monde. Pour gagner l’une des 10 paires de places mises en jeu, il suffit de répondre à la question suivante :

Citez au moins un autre groupe Shoegaze déjà chroniqué sur Dodb ?

Et d’envoyer votre réponse à contact@desoreillesdansbabylone.com avec l’intitulé "Concours A Place To" avant le vendredi 7 mai prochain. Bonne chance à tous.

Le site du Trabendo et celui du groupe

Acheter sa place ici

Le clip de "In your heart" :




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Primavera Festival de Barcelone, du 27 au 29 Mai 2010


Tout comme l’année dernière, Dodb sera présent à l’un des trois plus grands festivals espagnols avec le Son’Art et Benicassim. Pour le Primavera ça se passe toujours au magnifique Parc Del Forum, avec ses six scènes et sa vue sur la mer, et une fois de plus la programmation a de quoi faire rêver les fans de rock indé. Pour les chanceux qui y seront on se croisera peut-être là-bas, et pour les autres on essaiera de vous faire partager les meilleurs moments à notre retour.

Le site du festival

Programmation (sélective) :

Atlas Sound - Beach House - Best Coast - Black Lips - Broken Social Scene - Built To Spill - Circulatory System - CocoRosie - Crocodiles - Delorean - Diplo - Dum Dum Girls - Fake Blood - Fuck Buttons - Ganglians - Grizzly Bear - Here We Go Magic - Japandroids - Jeffrey Lewis & The Junkyard - Lee "Scratch" Perry - Les Savy Fav - Los Campesinos! - Low - Matt & Kim - Mission Of Burma - Moderat - No Age - Owen Pallett - Panda Bear - Pavement - Pet Shop Boys - Pixies - Real Estate - Shellac - Spoon - Sunny Day Real Estate - Superchunk - Surfer Blood - The Antlers - The Bloody Beetroots - The Charlatans - The Fall - The Field - The King Khan & BBQ Show - The New Pornographers - The Slits - The Wave Pictures - The XX - Thee Oh Sees - Titus Andronicus - Tortoise - Van Dyke Parks - Wilco - Wild Beasts - Wire - Yeasayer

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14 avril 2010

MGMT - Congratulations (2010)

En voilà un papier délicat à écrire. Après le carton Oracular Spectacular en 2008, on peut dire que le duo new-yorkais était attendu au tournant, d’une part pour le traditionnel difficile "virage du deuxième album" et d’autre part parce qu’étant tombés bien malgré eux dans le vilain et méchant "mainstream", MGMT devenait une cible facile à tous les pourfendeurs de sons dits "trop faciles". Que n’a-t-on entendu à leur sujet. "Imposteurs" a-t-on crié ! Aussi je ne voulais pas m’engouffrer dans la facilité de ne porter que peu d’écoutes à l’objet, pour n’en livrer qu’un bilan tranchant joué bien avant la partie (je ne vise personne). J’y ai donc passé du temps, de la première écoute presqu’expérimentale avec le bon vieux Fabien, jusqu’à ce jour où je connais Congratulations par cœur.

Sans trop de conteste l’album le plus attendu de l’année -il y a longtemps qu’un premier album n’avait pas remporté tant de suffrages-, Congratulations a été "leacké" très tôt, à tel point que Ben et Andrew l’ont finalement mis en écoute gratuite et intégrale depuis longtemps, alors que le disque n’est toujours pas sorti. Nouveaux temps nouveaux mœurs. Ce qui ressort des premiers avis : "Il n’y a pas de tubes". Au moins on est prévenus, point de "Time to pretend" ou de "Kids" à l’horizon, du contre pied radical au doigt d’honneur il n’y a qu’un pas. Oracular Spectacular était en ce sens bien plus facile d’accès que celui-ci, c’est certain, et on ne pourra jamais leur reprocher d’avoir succombé au chant des sirènes FM.

C’est donc bien plus dans l’esprit entrevu sur l’Ep Metanoia que débarque cette fois-ci le groupe. Morceaux bouillonnants, à tiroirs, qui changent d’idée à chaque instant, production au cordeau, références improbables, c’est tout ça que l’on retrouve sur ce nouvel album immédiatement adopté par les Inrocks qui le qualifient carrément d’ "œuvre pop totale". Je n’irai pas jusque là non plus. Mais je lui trouve de sacrés qualités tout de même. J’adore ce côté "trop d’idées par morceau" comme on le trouvait chez Todd Rundgren, mais aussi les élans baroques à la Bowie. Accrochez-vous, pour écrire ce disque les deux amis ont principalement écouté Felt, Monochrome Set, Television Personalities, Julian Cope, Magazine, Parliament, les Isley Brothers ou les Kinks. Bim ! Ca donne pas dans la facilité non plus.

Mais alors les chansons ? Parce que c’est quand même ce qu’il y a de plus important. Commençons par mes préférées. "It’s working" : bouillante, informe, cheap et pourtant si jouissive. Je vole en apesanteur tout le long de ce titre, jusqu’à son envolée finale si rétro dans la forme, et si moderne dans le propos. Les idées n’arrêtent pas d’affluer et nous happent littéralement. Le deuxième c’est "Flash delirium". Tombé très tôt dans le domaine public de la toile, ce morceau ne m’avait moi-même que moyennement convaincu, et puis j’y suis rentré, et il est en fait complètement fou. Du bon gros Dave Fridmann (crédité au mixage, mais en fait bien plus présent que ça). Les morceaux sont mixés en même temps qu’ils sont enregistrés et ça se sent. Selon l’humeur et le volume sonore, c’en serait presque un sommet de pop ce morceau.


D’autres plages ne déméritent pas non plus. "I found a whistle" remporte aussi mon adhésion. Véritable slow du futur, il plane très très haut (encore une fois, écoutez l’apothéose finale) en apologie des drogues douces et psychédéliques. Sonic Boom (Spaceman 3) à la production n’y est pas pour rien non plus. Congratulations est en fait un album assez perché, certifié THC. Tout comme "Congratulations" (premier titre écrit) et "Someone’s missing", toutes deux low-tempo mais non exemptes de surprises. Ben et Andrew composent en spontané, ce qui explique l’effet poupées russes. "Nous faisons la musique qui nous manque" disent-ils.

Deux autres parties sont pour le moins anachroniques. Ce "Song for Dan Treacy" d’inspiration fortement TVP’s on s’en doute. Et "Brian Eno" qui lui s’applique plutôt à déglinguer les Buzzcocks ?!? Les deux ne ressemblent à rien mais marchent à tous les coups. Et limite, ce serait le morceau fleuve de 12 minutes "Siberian breaks" qui m’aurait le moins convaincu moi qui suis habituellement friand de ce genre d’exercice. Il est pourtant aussi bavard et foutraque que les autres, allez savoir.

On est rassuré de voir que les deux loustics sont de grands amateurs de musique et surtout que l’on n’est pas prêt de leur dicter un chemin tout tracé. Après cette année folle, ils sont revenus épuisés et troublés (ils n’étaient pas forcément prêts pour le succès, Oracular Spectacular était une blague entre potes à la base) mais ont livré un deuxième album haut en couleur (tout comme la pochette, qu’on aime ou qu’on déteste), qui dégoûte et qui rend heureux en même temps.

En bref : tels deux Tom & Jerry sous LSD, MGMT donne un deuxième album complexe à ceux qui voudront bien l’écouter pour de vrai, au casque de préférence, ne serait-ce pour profiter à fond de tous les sons de Fridmann et Boom qui emplissent l’espace sonore de manière prodigieuse. Meilleur que le premier ?





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A lire aussi : MGMT - Oracular Spectacular (2008)

"Flash delirium" et "It’s working" :




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13 avril 2010

Concours Clelia Vega, 5 albums à gagner


Dernière étape de notre trilogie de concours Vicious Circle, l’album Silent Revolution de l’artiste française Clelia Vega. Cette nouvelle recrue de l’écurie bordelaise produit un folk mélancolique du plus bel effet, aux arrangements variés et à l’interprétation simplement magnifique. Pour tenter de gagner l’un des cinq albums mis en jeu, il suffit de répondre à cette question :

Quel autre album déjà chroniqué sur Dodb contient le mot "Revolution" dans son titre ?

Et d’envoyer votre réponse ainsi que vos coordonnées postales à contact@desoreillesdansbabylone.com avant le mardi 27 avril avec l’intitulé "Concours Clelia Vega" dans l’objet du message. Bonne chance à tous.

Son Myspace

"Monster" en live :


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09 avril 2010

Broken Bells - S/t (2010)

La combinaison ne pouvait qu’être bonne. Il y a quelques mois à l’annonce de ce side-project presque inévitable, c’était toute la faune indé qui se préparait à prendre sa claque. On les avait déjà vus ensembles l’année dernière sur le morceau "Insane lullaby" issu de la compilation Dark Night Of The Soul, je veux bien-sûr parler de James Mercer des Shins et de Brian Burton plus connu sous le nom de Danger Mouse. Un génial compositeur pop avec un génial arrangeur, le pari n’était pas très compliqué, et l’on se retrouve même dans une des rares situations où 1+1=3.

Co-écrit et co-joué, Broken Bells est donc le projet (temporaire ?) de deux petites sommités du milieu. Et sans réelle surprise on obtient ce que l’on est en droit d’attendre, soit dix très bons titres, sans véritable sommet, mais qui s’équilibrent intelligemment pour créer une sorte de pop symphonique très dans l’air du temps, accessible et travaillée.

Il y a du complexe, "Your head is on fire" où le duo s’embarque dans une odyssée vocale comme le feraient les MGMT du futur ! Mais aussi de petits tubes instantanés, ceux où l’évidence pop de l’un côtoie la production au poil de l’autre. "The high road" en premier lieu, mais aussi "The ghost inside" où la voix rappelle ce bon vieux Damon Albarn sur une bande son tapis rouge dance floor et boules à facettes. Un peu plus loin ce "Sailing to nowhere" d’anthologie, terriblement psyché sixties, dans un pur esprit "Vegetables" façon Beach Boys.

Au même niveau de qualité, "October" ou "Vaporize" sont deux autres perles. L’une branche Springsteen, l’autre plus Mama’s & The Papa’s. A ce stade là comment ne pas toutes les citer, quand il reste encore un "Mongrel heart" et un "The mall & misery", tous deux so 80’s. Originellement basé sur la perte et le malaise, cet album au contraire ne sépare pas, mais célèbre bel et bien la rencontre de deux pros de la pop.

En bref : sans sommet mais sans faux plat, ce premier album sous un nouveau nom remplit amplement son contrat de faire rêver en mid-tempo, avec de belles harmonies et une production bien barrée.





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"The high road" et "The ghost inside" capté par Le Hiboo :




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02 avril 2010

Jimi Was Gain - Ik Heet Jimi ? Ep (2010)

Jimi Was Gain, c'est un duo lensois, si je ne m'abuse, comprenant deux membres dont un, si je ne m'abuse toujours pas, ex Meatles, excellente formation nous ayant gratifiés d'un excellent Hillbillies are human too il y a quelques temps.

Sur ce six titres, Aurélien Victor Lagache (guitare/voix) et Romain Barrez (percus) aidés par Guillaume Dobbels à la basse font étalage de qualités au moins égales à celles des Meatles, en imposant un rock garage pétaradant, mélodique mais "souillé" comme il faut, sous la houlette, de surcroît, de Nova Express Records que l'expérimenté Lucas Trouble gère de main de maître.

Ces mélodies passées à la moulinette garage font feu de tout bois dès "When I was young" et ses "la-la-la" irrésistibles, court et efficace comme le sont les cinq plages suivantes. Des guitares volubiles, alliées à un chant surprenant et accrocheur "font le boulot" comme on dit, avec brio, et Jimi Was Gain donne à son univers garage des atours variés, dont le trait commun est l'énergie et une inspiration régulière. "Frustrated boy", speed et muni d'un harmonica décisif, se différencie ainsi du titre inaugural, tout en affichant la même valeur, puis l'éphémère et fonceur "Dirty Sanchez" envoie un punk-rock à la fois braillard et mélodique du plus bel effet. Les sieurs Barrez, Lagache et Dobbels font preuve de maturité dans la composition tout en restant fun dans l'esprit. Et leurs mélopées presque pop, soignées et bien senties, s'acoquinent parfaitement avec leur instrumentation vive. C'est le cas sur "We suffer together", puis les comparses usent ensuite d'un punk-rock rapide sur "The dole" qu'ils tempèrent adroitement sur un break dont on sent qu'il est voué à relancer la machine de plus belle, et qui donne lieu à un passage aux voix plus posées. Le dosage est habile, la construction cohérente, et la fin à l'harmonica bienvenue.

Enfin, "My mind is satisfied", superbe exercice... garage, à la fois à l'emporte-pièce et maitrisé, confirme définitivement les aptitudes des Artésiens. On ne doute guère qu'à l'avenir ils nous régaleront de sorties aussi abouties, instinctives et réfléchies dans le même temps, sur un format plus long. Avec, en plus de cela, une expérience grandissante de la scène, gageons qu'ils seront au rendez-vous et combleront les plus exigeants d'entre nous.

En bref : une jolie "carte de visite" donc, pour un groupe aux compositions sans faille, jamais trop produites, et qui augurent de bien bonnes choses à venir.




Le Myspace

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01 avril 2010

The Hoax - Get Abused By The Fakes (2010)

Dieu, quelle pochette ! Son cool pourrait avoir été l'oeuvre d'un Flaming Lips ou d'un The Brian Jonestown Massacre. Mais les connexions de la nouvelle sensation psyché s'arrêtent au son, par delà les frontières : les The Hoax sont de Bordeaux et confirment dès leur premier LP tout le bien que l'on pense de la scène française actuelle (la vraie, pas celle relayée jadis par les media à coups de groupes Perfecto bidon de Paname), et de l'apport du Port de la Lune en matière de binaire.

Le buzz est déjà perceptible en Grande-Bretagne où Gaël(guitare), Tristan (basse et claviers) et Caroline (Moe Tucker) se sont fait un nom en ouvrant récemment à la prestigieuse Astoria de Londres pour Spiritualized, rien de moins. 
On comprend l'engouement de l'étiquette Creation à renaître de ses cendres pour des frenchies, dès l'intro obsédante de "My Apocryphal Living", où en plus des noms cités, The Hoax, infernale machine à planer ressucite les fantômes du Pink Floyd, première époque, où drivée par Syd Barrett, la formation d'art-school était l'une des plus avant-gardistes qui soient. "AKA Unknown" poursuit l'aventure avec cette manière de droning sound très en vogue au début des 90's en Grande-Bretagne, et remis au goût du jour par des combos tels les Psychic Ills d'Amérique. Comment diable arrivent-ils à faire autant de boucan, avec quelques bandes et des loops de synthé -on rappelle que The Hoax évolue en trio- et aussi peu de moyens, de production - l'album aurait été écrit, produit et mixé en 10 jours.

Référence ultime et preuve de bon goût de l'affaire, c'est John Cale soi-même qui produit le disque. Il lui apporte cet aspect sauvage, primitif voire caverneux qui caractérisait les premiers disques du Velvet. Un autre nom est convoqué pour décrire le son de ces zozos : celui des Absorptions, invraisemblable groupe tchèque narré par Michka Assayas dans son Dictionnaire du Rock, dont il ne subsiste peu ou prou aucun enregistrement, n'était un album culte et horriblement rare (for collectors only, compter quelques milliers d'euros...)

Et le chant, me direz-vous ? Qu'en est-il de l'option manifeste en faveur de la langue anglaise ? Eh bien, quelques approximations, si l'on veut faire la fine bouche, mais néanmoins un travail sur les tessitures assez étonnant - un chant à 3 voix des plus juvéniles - et des effets façon Trans Am (vocoder, filtres....) qui rendent parfois l'auditeur fou dans ce dédale psychotrope de sons, de mélodies se télescopant. On pense aussi au génial A Wizard A True Star de Todd Rundgren pour cette faculté d'enchaîner sur un mode échevelé les parties mélodiques, tout en respectant le format traditionnel couplet/refrain. La seule incongruité que se permet the Hoax est peut-être cette reprise inattendue de "Cheat", extraite du premier Clash, qui même balancée sur un mode psyché, rompt avec l'unité de ton du reste de l'album, tranche par son académisme. Et à la vérité, un titre, un seul, longue mélopée abyssale de 17' et qui occupe principalement la face B , est dépositaire de ce droning sound, cette musique qui inspire la noyade et le chaos."The Would-Be Pop Indie Band", à n'en pas douter, donnera le vertige à plus d'un auditeur.

En bref : LA découverte française du trimestre (de l'année ?) qui du haut de son insolente jeunesse, fourbit ce rock psyché et débridé que l'on croyait dévolu aux anglo-saxons. Avec monsieur John Cale, excusez du peu, aux manettes.



le Myspace, pas encore de site off

un extrait audio du concert à l'Astoria

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