31 mai 2010

Steve Mason - Boys Outside (2010)

Comment ça ? Steve Mason sort un album solo et on ne m’a rien dit? Pour les ignorants, ce gars-là c’est le chef de file du fameux groupe écossais The Beta Band qui a toujours œuvré avec brio entre 1996 et 2004. Depuis, les fins détectives et amateurs ont pu se pencher sur ses autres très différents projets King Biscuit Time et Black Affair qui valent tous deux le détour, mais c’est le premier sous son seul nom. Et c’est sans aucun doute son album le plus hi-fi. Avec l’aide du producteur Richard X (Mia, Sugababes, Kelis -donc un gros de l’électro pop-), Mason accouche d’un disque de soul électronique bien agréable, entre espoir et tranquillité.

Entièrement composé à la sèche, Boys Outside est un disque qui explore sa dépression et son désespoir amoureux. On retrouve bien là les textes explicites que nous narrait déjà Pulp sur son mythique Separations, mais pourtant le ton n’est pas aux remords ou aux regrets. Ca n’est pas un disque de fête certes, mais "Am I just a man" montre de belles touches d’espoir. Du pur Beta Band pour le coup, avec une mélodie rêvée et un discours assumé : "Am I just a man in love, am I just a boy out of touch". On touche là une particularité dans la forme que l’on retrouvait chez le feu Band, c'est-à-dire cette habitude à répéter les textes en boucles, comme s’ils étaient samplés. Sur "Understand my heart", la rythmique hachée laisse aussi la place à un refrain aérien et planant. C’est vraiment très propre et il n’y a rien à dire.


Pour rester dans le lourd, rien de mieux que le premier single "Lost and found". Simplement grandiose, il illustre également cette propension aux rythmiques hypnotiques et aux lyrics à répétition. On reconnait la voix de Mason, unique en son genre, éthérée et cotonneuse au possible. Et quand ça commence à tomber dans le côté Cold Play, Mason envoie un break bienvenu à 2’50" et c’est reparti pour un tour, juste avant que la routine n’apparaisse. "Stress position" est le morceau le plus proche de Jarvis Cocker. Je ne sais plus où j’ai lu que ce morceau c’était de l’électronica glaciale avec un cœur, mais c’est bien vrai. Ne pas se fier non plus à "Yesterday" qui commence comme un Kanye West avant de partir en house des Baléares drivée par un piano. Un côté électronique marqué que l’on retrouve aussi sur le dernier titre "Hound on my heel’s" proche du minimal.

Et puis Boys Outside c’est aussi la fin d’une longue histoire, la notion d’en être ou de ne plus en être, la vie, la mort. Sur "I let her in" le texte est encore une fois glaçant : "She came to my head last night, I let her out, I let her in". Tout comme sur "All come down" le rythme est plus chill & relax qu’ailleurs. Sur ce titre bien précis, la voix de Mason est complètement soul, et déversée sur un rythme dance laidback. Sans offense, parfait pour la sieste.

En bref : très joli premier effort solo du chef des Beta Band. Des textes touchants, des rythmes hypnotiques et un interprète en apesanteur à chaque seconde, belle surprise !





Son Myspace et l'album en streaming

A lire aussi : Pulp - Separations (1992)

Le future classique "Lost and found" et le poignant "I let her in" :




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29 mai 2010

Driving On City Sidewalks - Where Angels Crowd To Listen (2007)

Venu de Toronto, Driving On City Sidewalks oeuvre dans une veine post-rock, ou plus pop-folk ("Tear", "Repair"), proposant sur cette sortie cinq titres bien conçus... mais sans réel relief et ayant pour défaut de sombrer dans les ennuyeux travers du post-rock.

"To finish the race" instaure pourtant une ambiance intéressante, secouée par des guitares plombées et animée par un chant sensible, de même sur "Where angels crowd to listen" où un chant féminin enjôleur apporte un petit plus, l'organe masculin faisant ensuite dans le hurlé, mais le duo joue de façon trop systématique sur le registre de l'émotion, en dépit d'une évidente sincérité, et finit par lasser, l'ensemble s'avérant uniforme malgré les efforts mis en place pour diversifier le contenu.

Si "And ever since..." impose un climat à la fois sombre et feutré, impossible de se libérer d'une impression de déjà-entendu, de déjà-fait, les Canadiens ayant tout intérêt, s'ils souhaitent se démarquer, à surprendre et à inclure d'autres "ingrédients" dans leurs compositions, dont on sent qu'elles peuvent, étoffées et dégagées de cette orientation un peu trop éprouvée, convaincre de façon durable. Le paysage sonore dévoilé par le dernier titre, "Farewell to knowing it all", se prêtant à l'innovation, on espère donc qu'à l'avenir Driving On City Sidewalks s'adonnera à l'élaboration d'un univers plus individuel, pour lequel on le sait prédisposé.

En bref : un essai à creuser et à rendre plus singulier pour un groupe talentueux mais encore trop influencé.





Leur Myspace

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25 mai 2010

The Apples In Stereo - Travellers In Space And Time (2010)

Et c’est reparti pour une couche. Au cas où vous ne l’auriez pas encore compris, l’esprit fondateur du mythique label psyché pop lo-fi Elephant 6 est encore vivant. Et Robert Schneider l’un de ses fondateurs originaux n’est pas prêt d’être en panne d’inspiration. Souvenez-vous, il nous avait laissé en 2007 avec l’indispensable (j’insiste) New Magnetic Wonder, disque délirant et sans limite de pop euphorisante, et cette année le concept qui peut paraître pompeux est le suivant : composer un disque de rétro pop futuriste, à destination des générations futures. En gros imaginer la musique avec dix ans d’avance. Bien-sûr on est très loin d’un tel objectif, et la musique de Schneider n’est qu’une proposition, mais alors quelle proposition ! Pour lui c’est sûr, l’avenir sera fait de "shiny soul music with robots and humans singing together".

Mais attention il y a un hic, et autant prévenir tout de suite, certains seront définitivement allergiques à cette vision du futur, presque rétrograde. D’une part à cause de la voix de Schneider, toujours pincée quand elle n’est pas vocodée, et d’autre part en raison du côté pop ultra kitsch bien que complètement assumé. Tout ici n’est qu’humeur légère, sons de science fiction et bons sentiments. Le futur pour Schneider ressemble à s’y méprendre à ce que faisait Electric Light Orchestra, avec une bonne touche de beats à la Michaël Jackson (période Off The Wall), de refrains Beatles et de synthés The Cars. Schneider semble avoir découvert le vocoder hier et ne s’en défait pas. En pur accro du studio, il a peaufiné pendant plus d’un an ces chansons qu’il qualifie de "dix fois plus pop" que tout ce qu’il a pu réaliser auparavant. Alors je conçois que ça puisse irriter, mais perso moi je mords cent fois à l’hameçon.


Toujours chez Simian Records depuis que Frodon leur a passé la bague au doigt, les Apples In Stereo sont par contre bien loin de leur formation d’origine. Le contrepoint vocal féminin Hilarie Sydney n’est plus là, et John Dufilho le nouveau batteur s’impose en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Quelques membres des Olivia Tremor Control sont tout de même encore de la partie, mais c’est l’allumé binoclard qui semble assurer l’essentiel de la fête, laissant pour un temps les guitares au placard, et ressortant pour l’occasion sa collection de synthés vintage. Et tout comme sur New Magnetic Wonder, on est vite effaré par sa facilité à composer des tubes. Je ne vous ferai pas l’affront de tous les citer, car en fait chacun des 14 morceaux en est un, quasi instantanément, c’est incroyable. Chaque refrain reste scotché des heures au fond du cerveau tant chaque gimmick semble avoir été répété des heures durant. Du grand art hi-fi complètement contagieux, le disque de l’été pour ceux qui oseront y goûter sans honte.

En bref : les Apples In Stereo de Denver continuent dans l’indifférence la plus totale et de manière vraiment irrévérencieuse à distiller des perles power pop cette fois-ci teintées de disco. Un disque à passer en boucle un sourire béat en travers du visage. Si l’avenir ressemble à ça je suis partant.




Pour info : bien qu’anecdotique, Schneider continue d’exploiter sur cet opus son échelle musicale non Pythagorienne basée sur des logarithmes mathématiques, notamment sur "CPU".

Leur site officiel et leur Myspace

A lire aussi : The Apples In Stereo - New Magnetic Wonder (2007)

La bombe "Dance floor" avec le clip qui va bien, une autre bombe disco qu’est le magique "Nobody but you" et dans un tout autre genre, plus Mc Cartnien, le bien nommé "Wings away" :






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18 mai 2010

Nice Face - Exterminator/F.U.B.A.R. Over You (2008)

Un brin provocatrice je vous l’accorde, la pochette de ce maxi rarissime (500 petits exemplaires) n’est qu’un moyen salace pour moi de vous introduire à ce jeune artiste américain qu’est Ian Magee, domicilié à Brooklyn mais bel et bien signé à Chicago chez Hozac Records. J’aurais aussi bien pu vous parler de Immer Etwas son dernier album imparable et impressionnant de maîtrise, mais je ne pouvais rater une telle provocation visuelle et sonore. Que ce soit dans la forme (son garage dégueulasse) ou dans le fond (Staline en thème récurrent, à voir d’ailleurs l’artwork alternatif avec Hitler en train de f*** Staline) Nice Face ne fait pas dans la dentelle, mais le fait bien.

"Exterminator" donc. 2’45" au compteur. Tout est dit. Cela pourrait être le côté Mister Hyde de Dick Dale. Un son galopant et réverbéré, qui à aucun moment ne prend soin de regarder en arrière. Entre synthés froids (Devo) et guitares pour le coup bien abrasives, mieux vaut sortir couvert. Pour "F.U.B.A.R. Over You" c’est la même. Mais toujours ce côté pop reconnaissable. Dans le genre on n’avait pas fait mieux depuis le regretté Jay Reatard (pas une semaine passe sans que Blood Visions ne passe à la maison). Derrière le bruit on entendrait presque Donovan et son "Sunshine superman", mais alors bien passé à la moulinette.

En bref : du primal en mode pop, de la guitare qui crisse et une énergie en mode "vers l’infini et au-delà", que demande le peuple ?




Le Myspace

A lire aussi : Titus Andronicus - The Airing Of Grievances (2009)

A défaut d’un des deux titres du maxi, découvrez "A minor altercation", l’une des autres bombes Nice Face :



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14 mai 2010

Concours Avi Buffalo + Boogers, places à gagner


Le Réservoir à Paris accueille le mardi 18 mai prochain une bien belle affiche pop. En première partie vous trouverez le frenchy Boogers qui a fait sensation avec son tube "I lost my lungs" passé en boucle sur Nova et qui est extrait de son premier album riche et varié As clean as possible. Et bien entendu la tête d’affiche sera réservée aux Californiens de Avi Buffalo, tout jeune quatuor en provenance de Long Beach et qui nous livre cette année un premier album chez Sub Pop tout à fait sympathique, dans le genre MGMT première mouture. Enfin on vous laissera vous faire votre propre idée puisqu’à cette occasion Dodb vous fait gagner l’un des 10 pass pour 2 pour cette soirée. Pour cela c’est très simple, il suffit de répondre à la question suivante :

Quel autre groupe déjà chroniqué sur Dodb vient de Long Beach ?

Et d’envoyer vos réponse avant lundi 17 au soir (attention c’est très bientôt) à contact@desoreillesdansbabylone.com avec "Concours Avi" en intitulé de message. Bonne chance à tous !

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"Remember last time" et "I lost my lungs" :






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13 mai 2010

Concours Soirée Custom avec Dr Dog + Wallis Bird + Eldia, places à gagner


Le prochain rendez-vous live mensuel des Inrockuptibles se tiendra le jeudi 27 mai au Nouveau Casino de Paris. Au programme ce soir-là du rock sous influence psyché en provenance de Philadelphie (le fameux quintet Dr Dog), mais aussi le folk plus délicat de l’Irlandaise Wallis Bird, sans oublier la pop à l’ancienne des Parisiens d’Eldia, dont le premier album Yayaya est une petite tuerie, vraiment.

A cette occasion Dodb et les Inrocks vous permettent de gagner l’un 2 pass 2 personnes mis en jeu. Pour cela il suffit de répondre à la question suivante :

Citez un titre d’album déjà chroniqué sur Dodb contenant le mot "Dog" ?

Et d’envoyer votre réponse avant le mardi 25 mai à http://www.blogger.com/contact@desoreillesdansbabylone.com avec l’intitulé "Concours Custom". Bonne chance à tous.

Ouverture des portes à 20h. PAF 15€.
Plus d’informations sur le blog Custom

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"Favorite Murderer" par Eldia :


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12 mai 2010

Verone - La Fiancée Du Crocodile (2010)

Même si ce duo à la scène est aussi un couple dans la vie, qu’on se rassure, Verone n’a rien à voir avec la pathétique comédie musicale Roméo et Juliette.

On croque à pleines dents dans La fiancée du crocodile (label bordelais Talitres Records), leur deuxième album. La pochette est à l’image de leur musique : surréaliste et riche en couleurs.

Déjà remarqués en 2005 sur leur premier opus Retour au zoo, les titres animaliers de Verone résonnent davantage dans cet album aux sonorités plus organiques.

Entre folk-rock, langueurs pop, goût pour les années 70 et inspiration de blue grass (considéré comme une branche de la musique country où les morceaux alternent très souvent des solos d'instruments), leur palette instrumentale est large et originale. Syntés, vocodeur, ukulélé, banjo, calimba (percussion), mélodica mais aussi robot-mixeur, sac de billes ou encore moule à gâteau font partie de leurs nombreux attributs.

Certains textes comme "L'élixir du Suédois" ou "Le bal de l'empereur" sont nés sous la plume de Fabien Guidollet dès 2005. Dans chaque titre, il conte une histoire exotique peinte par sa voix mélancolique mais pas triste. En interludes, la voix presque chuchotée de Delphine Passant apporte une dimension sensuelle à leur univers, entre jungle et savane, où l’on est transporté dès les premières notes de "La fiancée du crocodile".

L’introduction du calimba, notamment dans "Silence radio", procure douceur et zenitude. Bananeraie, natte à l’ombre des palmiers… la sieste est communicative et on s’étale sans broncher dans leur "Hamac".

Egalement peuplé de silences opportuns, de riffs de guitare rock et de voix instrumentalisées, chaque morceau s’ouvre sur une nouvelle facette de Vérone. Démonstration faite avec "Etre beau ou mourir", véritable cri du cœur : la voix de Fabien plus dure et les envolées électro-rock clament le pamphlet de notre stupide course à la beauté ou à la laideur, à coup d’effets de distorsion et d’énumération de mots pour rendre l’ambiance plus sombre et combative.

Le portrait du quotidien comme "Transparent" chez le poissonnier ou le charleston et rythmique "Garage" au banjo renvoie à l’essentiel de cet album. Nous promettre une « croisière sur le Nil » ou de « vivre sur une île », puisque La fille du crocodile est une invitation au voyage que l’on accepte les yeux fermés.

En bref : les instruments organiques et les textes de Verone distillent dans ce deuxième opus fraîcheur et exotisme, mais la voix souvent monocorde du chanteur, pourtant énergique, manque de nuances dans certains morceaux.





Le Myspace

“L'élixir du Suédois” dans la Session de Libé Labo mise en ligne le 11 mai 2010 :


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11 mai 2010

Surfer Blood - Astro Coast (2010)

Le voilà le premier disque sans faute de 2010. A mon goût en tous cas. Tout y est bon, de la durée, 40min - ce qui est largement suffisant quand on a des choses à dire et qui permet de se le repasser en boucle assez facilement -, à l’univers - la Floride, le surf (même si comme chez les Beach Boys on trouve très peu de dompteurs de vagues dans le groupe d’amis) - en passant par les textes, et enfin les influences (bien existantes mais pas écrasantes). Il y a aussi des tubes de poche à foison ("Swim", "Floating vibes"), avec tout ce qu’il faut de refrains irrésistibles, de gimmicks accrocheurs et de structures complexes. Et puis surtout cet effet "premier album", bien souvent celui qui reste dans la légende (Slanted And Enchanted, The Blue Album, Psychocandy… pour ce qui nous intéresse ici).

Pavement pourquoi ? A l’évidence pour ce côté slackeur US. Quand la guitare se ballade en intro de "Floating vibes" on sent la même nonchalance qui animait la bande à Malkmus en 1992. La fluidité au naturel. L’impression de sonner comme du "classic indie rock" instantanément et à chaque instant. Armé de ruptures, de reprises, de ponts, ou encore de hand claps le morceau se déroule sans encombre. C’est la même avec "Anchorage", autre grand morceau de guitare branleuse du disque. En fait autre constat, Astro Coast est un album de guitares, définitivement. John Paul Pitts également chanteur s’en donne à fond sur la sienne, guidant littéralement les morceaux et laissant les percussions un peu en fond. Comme sur l’intermède instrumental "Neighbour riffs" qui déroule sa surfeuse sur quelques percussions syncopées trop vite assimilés à celles de Vampire Weekend, qui ici n’y est pourtant pour rien (allez, peut-être un peu sur "Take it easy", et encore…).


Deuxième chromosome de ce génome insouciant, Rivers Cuomo et Weezer. Le premier single "Swim" diffusé depuis novembre 2009 sur la toile a tout d’un essai de pop catchy. John Paul Pitts y abandonne son falsetto habituel à la Mike Low et il gueule bien fort ses soucis sur des riffs punk. C’est pareil sur "Harmonix" dont l’intro m’évoque celle de "No cars go" des Canadiens en feu. A la fois la mélancolie et l’énergie, et des réverbs bouillonnantes que l’on doit davantage aux Jesus & Mary Chain. Pareil sur "Twin Peaks" et ses structures alambiquées pourtant on ne peut plus pop. Un titre ensoleillé de plus à mettre au profit du groupe de Palm Beach en Floride. Juste 4 ou 5 types comme vous et moi, mais qui ont trouvé la formule qui leur correspondait.

Aussi capables de lâcher les chevaux, "Fast jabroni" porte bien son nom. Un morceau magique qui va à mille à l’heure et qui grésille comme le meilleur de Girls ou Wavves. Difficile de ne pas se lever du bon pied avec ça. Son pendant mou "Slow jabroni" traîne plutôt la jambe dans une ambiance enfumée, avant de laisser monter les guitares et une ambiance très Beach Boys. Enfin, mon petit préféré : "Catholic pagans" qui non content de posséder l’une des plus belles et plus simples intro de l’année, est aussi peut-être le meilleur morceau de Weezer. Ca donne envie d’apprendre tout ça à la guitare.

En bref : 10 titres qui frisent chacun la perfection. De la pop à guitare à son plus haut niveau. La relève des groupes 90’s est prise. Et un pas en avant pour 2010.




Le Myspace

A lire aussi : Weezer - The Red Album (2008)

"Catholic pagans" en live KEXP et "Floating vibes" en live aussi :




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10 mai 2010

Rosemary's Baby - Keep The Faith ? (2010)

Venu de Nantes et Angers, Rosemary's baby se distingue à nouveau, après un cinq titres datant de 2007, sur cette nouvelle sortie énergique et souvent inspirée. Un rock tranchant, plein d'allant ("Bad friend"), crédite le quatuor, qui dès la fine intro de "Kill me again" met toutes les chances de son côté. Le côté poppy de cette amorce voit des guitares rageuses le mettre joliment à mal, le mélange entre new-wave et rock bourru initié par le groupe fonctionnant ici à merveille, entre sensibilité et énergie débridée. La bonne impression se confirme sur "The great fear", electro au début puis fait ensuite d'un rock une fois encore mordant, mélodique aussi, rythmé et bien maitrisé. Aucun faux pas n'est à déplorer et les Rosemary's baby emportent, dans le flux de leurs rythmes affirmés, l'adhésion de l'auditeur.

Des claviers bien investis introduisent le noisy et percutant "The ripper", au refrain obsédant, à la voix déviante et rageuse, avant que le rythme se fasse plus insidieux sur "Eternal is a criminal", bien équilibré entre force de frappe et moments plus tempérés. Le groupe impose sa patte et s'affirme de façon indiscutable, d'autant que la pop-rock alerte de "Lost control" s'avère elle aussi tout à fait réjouissante, portée par des mélopées souvent soignées, et une trame urgente, aux guitares acérées alliées à une rythmique sans écarts, qui impulse d'ailleurs des accélérations bienvenues à ce cinquième morceau.

C'est alors que se profile "Starting block" dont le chant en Français altère la qualité en dépit d'une instrumentation puissante, et dont l'orientation rappelle de façon un peu trop évidente les groupes français oeuvrant dans un créneau rock faussement remonté, tels Eiffel ou Deportivo.

Qu'à cela ne tienne, "One of them" répare l'erreur avec son tempo lourd et ses soudaines envolées hautement appréciables suivies de breaks de claviers eux aussi probants. Puis "Bad friend" et son allant presque punk-rock, et ses gimmicks guitaristiques décisifs, assied définitivement la valeur de la formation menée par le chanteur-guitariste Sébastien Magnette. "Love (Or the hardest way to become a nice guy)" et ses airs à la Thugs mettent fin à l'album avec un certain brio, faisant par là-même de l'oeuvre en présence une réalisation fiable, sans réelles faiblesses si ce n'est... le recours au Français (sur un seul titre, ce qui ne prête pas à conséquence), dotée de nombreux morceaux de belle facture.

En bref : second effort concluant pour un groupe dont la quête d'identité est manifestement en bonne voie, et dont on espère que ses prochaines sorties le verront creuser plus en avant encore le sillon de ce rock racé et bien exécuté.




Le Myspace de Rosemary's Baby

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08 mai 2010

The Besnard Lakes - Are The Roaring Night (2010)

The Besnard Lakes are the roaring night : fin d'un tryptique passionnant pour les Besnard Lakes, commencé en 2003 avec Volume 1, et poursuivi en 2007 avec Are the Dark Horse, tout en nocturnes rugissantes, en lieu et place de la noire toison chevaline du précédent album.

Les trois albums, en effet, conçus comme des récits d'espionnage, modulent les mêmes thèmes de façon obsessionnelle - agent secret, réception radio par ondes courtes, cryptographie - et creusent le sillon d'un post-rock trés avancé, entre parties vocales éthérées et shoegaze progressif.

Et toujours cette ambition poétique dans les textes, cette cohérence dans l'élaboration des albums, chez un groupe structuré autour du couple Jace Lasek/Olga Goreas, duo vocal en studio, amoureux transis à la ville. Alors que les compositions de Are the dark horse fonctionnaient sur la logique du crescendo, et la mise en branle progressive de chaque instrument, Are the roaring night marie le clair et l'obscur, et joue des contrastes. Car rien n'est trés évident dans cette nuit sonore, où les amants s'espionnent et butent sur d'indéchiffrables regards :"what's in your empty eyes?".

"Like the ocean, like the innocent" : la voix de tête de Lasek, dès le début du premier morceau, nous propulse vers des hauteurs stratosphériques, tandis que, sans prévenir, batterie et guitare nous font revenir brutalement sur terre. La voix, elle aussi, atterrit, dévale l'octave et gagne en puissance ; même si les aigus de Lasek ne sont pas trés cristallins, sa voix est portée par un souffle certain dès qu'elle se fait plus grave. C'est, d'ailleurs, particulièrement beau sur "Light up the night", morceau dépouillé à l'ambiance liturgique, où la voix fait montre d'une "sacrée" puissance.

Sublime "Chicago train", avec bleu à l'âme (ville oblige, "sweet home Chicago", si on veut) pour séparation amoureuse déchirante sur quai de gare. Une longue introduction suspend magiquement le temps, avec ces cordes et cette voix qui étirent délicatement les durées. Mais le riff de guitare contracte soudainement la douleur et nous assombrit l'âme.

"Albatros", vieille compo ressucitée pour l'occasion, rappelle immanquablement les Beach boys, en déroulant ses harmonies vocales à deux, aux aigus survoltés, jusqu'au déluge shoegaze, massif, joué regard au sol, et qu'on n'attend pas. Tellurique et stratosphérique à la fois.

La face B s'ouvre sur le magnifique "Land of living skies", après intro bruitiste hantée. Mise en musique de la morsure du remord ("this fire that follows me"), le texte est superbe, servi par un crescendo qui renoue avec le style du cheval noir.

"I'll be sitting on that beach

Thinking "was it ever too late?"

What once was great all falls into place

We make our mistakes and take them to our graves
".

Changement de tempo sur l'entêtant et ironique "And this what we call progress", adresse à "l'indien sans âge" génocidé, porté par une section rythmique qui approfondit les basses, et prend nettement ici le dessus. Puis, après passage ébourriffant par l'église ("Light up the night") et défoulement vocal, l'album se termine sur la poésie naïve et apaisée de "The lonely moan" ("we caught the sun, it was so simple, so simple"). Trip psyché pour la route, on décroche le soleil à deux, et on congédie la batterie pour flotter doucement entre les eaux de l'omnichord et celles de l'orgue Hammond.

Hypothèse de lecture au final : l'espionnage n'intéressait les Besnard Lakes que comme métaphore de la relation amoureuse, et, plus encore comme mise en récit distanciée d'une histoire d'amour fondatrice, celle du couple nodal.

En bref : un troisième album à la hauteur du second, et un cycle qui s'achève sur la beauté d'un clair obscur. Les Besnard Lakes tiennent le cap d'un rock délicat et puissant, déchiré entre le ciel et la terre, et qui n' a de cesse de travailler l' harmonie.






Le site officiel et le Myspace

"Chicago Train" :



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05 mai 2010

Javelin - No Mas (2010)

C’est avec méfiance que je me suis lancé dans l’écoute de cette galette hautement fashion portée aux nues par nombre de blogs. Un duo de Brooklyn qui fait le buzz, avec un album à la pochette dégueulasse et criarde… Combien de fois avons-nous entendu ce refrain ces deux-trois dernières années ? Pourtant Javelin ne ressemble pas à la moyenne des groupes chill-psych-folk dont nous abreuve Brooklyn. No Mas est un sacré bordel, un patchwork très ludique où voisinent beatmaking hip-hop, pop façon sixties, exotica et électro-funk robotique, le tout dans une ambiance joyeusement irrévérente, mais finalement assez cohérente.

Beaucoup de gens les comparent aux Avalanches, et c’est justifié. Même si l’album ne sonne pas du tout comme Since I Left You, et n’atteint pas la même puissance, l’éclectisme de Javelin, sa propension à construire de véritables chansons autour de samples disparates, et son sens de la mélodie qui fait mouche, rappellent indéniablement le collectif australien (qui doit sortir son deuxième album depuis des années – qu’en est-il au juste ?). Mais chez Javelin, il est quasi impossible de distinguer les samples de ce qui a effectivement été joué sur des synthés et des drum pads qu’on imagine vétustes.

Bon, c’est vrai, certains des 15 titres de l’album ne sont pas loin d’être insupportables, notamment à cause de voix irritantes et d’un côté dance music de supermarché qui ne l’est pas moins. Je préfère me concentrer sur les quelques bombes qu’il recèle, dont certaines étaient déjà parues dans des versions différentes. Le morceau d’ouverture, "Vibrationz", est celui qui a le plus circulé sur le net. C’est une sorte de plage hip-hop instrumentale carillonnante qui fait entrer de la manière la plus douce possible dans l’univers très ensoleillé des New Yorkais. Car No Mas est le type même de disque à écouter en lézardant en maillot de bain. Le swing psychédélique de "Merkin Jerk", ou la délicieuse tranche de funk qu’est "Tell Me What Will I Be?" sont là pour le prouver.

Difficile d’éviter le name-dropping pour évoquer le son du binôme : on reconnaît ici un sample de batterie de Led Zep, là les influences de Tom Tom Club ou The Go! Team, ailleurs des clins d’œil au Wu Tang, au groove des musiques de films françaises des 70’s, ou encore aux Belges de Telex ("Moscow 1980", l’un des pires morceaux de l’album)… Les références abondent mais on reste dans une musique simple et fraîche, pas intellectuelle pour un sou, qui frôle même par moments l’easy-listening. Note pour plus tard : cet été, au moment de faire les valises, ne pas oublier No Mas, de Javelin.

En bref : un joli petit patchwork, plein de fraîcheur, entre hip-hop, funk, et dance-pop, idéal pour une séance de chill au soleil.



Javelin - Tell Me What Will It Be.mp3
Javelin - The Merking Jerk.mp3

Le site officiel
Le Myspace
Le site et le Myspace du label Luaka Bop


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KiNK/Iron Curtis/Ladzinski - Halal Prepared Vol.1 (2010)

En voilà un qui a le vent en poupe ! Ces derniers mois, les blogs spécialisés ne cessent de vanter les mérites de KiNK, Bulgare versé dans la deep-house dont je vous avais touché deux mots à la sortie de son très bon Psyche Funk EP. L’histoire est celle, classique s’il en est, du type sorti de nulle part qui se fait remarquer grâce à un ou deux tracks bien troussés et se retrouve, en deux temps trois mouvements, à bosser pour des labels de référence comme Ovum, Dirtybird ou Mule Electronic. Toujours impeccablement produite, élégante et très deep, la musique de KiNK souffre cependant d’un manque de personnalité flagrant, comme vient le prouver ce nouveau morceau, "Kiss The Sky".

J’avais déjà noté la forte ressemblance entre Psyche Funk et le son de Pépé Bradock, même si ça restait de l’ordre du clin d’œil. Ici, on s’approche presque du plagiat – de très bonne qualité, certes, mais du plagiat quand même ! "Kiss The Sky" ressemble à tel point aux anciennes prods du divin Pépé, et en particulier à "Deep Burnt", que ça en devient douteux… Evidemment, le track fonctionne plutôt très bien. Mais pour un fan de Bradock, subsiste quand même cette impression de déjà-vu assez troublante. C’est d’autant plus troublant que, comme le note l’excellent site LWE, l’autre maxi récent de KiNK (Rachel EP, sur Ovum) contient un plagiat presque grossier d’un vieux titre de Jeff Mills. En même temps, il faut déjà y arriver, à plagier Mills et Bradock ! Et tant que le plaisir est là, il n’y a pas lieu de se plaindre.

Le reste de cet EP, premier d’une série présentant les artistes du label londonien Boe, contient deux plages de house bien conventionnelles, orientées très old-school. La plus intéressante émane de l’Allemand Iron Curtis, qui saccade les synthés et balance du gros clap sans vergogne aucune. En revanche, était-il vraiment nécessaire de nous imposer le track un peu lourdingue du Britannique Ladzinski ?

En bref : KiNK n'est pas loin de plagier Pépé Bradock, mais sa contribution à cet EP (par ailleurs moyen) reste une tuerie deep-house en bonne et due forme.




BOE007 A1 KiNK - Kiss the Skybyboerecordings

Pour mémoire, le titre de Pépé Bradock :




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04 mai 2010

The Ruby Suns - Sea Lion (2008) & Fight Softly (2010)


Les Ruby Suns, pour beaucoup c'est un disque un peu hype sorti en 2005, avec une pochette enfantine gorgée de sucre. Lecteurs des Inrocks et autres canards musicaux à la pointe découvraient cette pop venue de loin, très loin. Auckland, Nouvelle Zélande pour être exact. Venu de Los Angeles, le californien Ryan Mc Phun est ce que l’on peut appeler un back-packer. Jamais en place, sans cesse en quête de dépaysement, il a construit non sans l’aide de quelques amis un joli petit début de discographie voyageuse. Ce que l’on sait moins, c’est que trois ans avant le coup de projecteur, en 2005, les Ruby Suns fraîchement formés livraient un album éponyme exemplaire. De la sunshine pop en veux-tu en-voilà, complètement touchée par la grâce Wilsonienne ("Criterion", quel morceau !). Les huit kiwis d’alors y enchaînaient sans vergogne mélodies en extase, harmonies vocales lumineuses et instrumentations vintage avec une production minimale, comme l’ont fait ensuite (ou même pendant) les Apples In Stereo.

Trois ans plus tard, Ryan Mc Phun modifie quelque peu son line-up, encore une fois au gré de ses voyages et rencontres, et livre l’opus destiné à exposer le groupe au plus grand nombre. Au programme un album presque world tant les influences jouent à saute-mouton entre les continents. Entre l’espagnisant "Oh mojave", le polynésien "Tane mahuta" ou l’africain "Ole Rinka", il y en a pour tous les goûts. L’album est très riche, très dense malgré la baisse d’effectif, et surtout il annonce déjà le travail à venir de Panda Bear. La majorité des titres sont en effet à moitié noyés sous des atours ouatés, sortes d’échos psychés qui font chanceler le corps et l’esprit. Sans véritable single, les Ruby Suns se sont effectivement ouvert des portes avec ce charmant disque patchwork, tout en commençant à s’éloigner de leurs débuts 60’s.

Enfin, cette année, les Ruby Suns sont de retour. Et pas de doute, une fois de plus, Merriweather Post Pavillion est passé par là. Dès "Sun lake rinsed" la voix de Ryan se fait plus perchée et lointaine, et les instrumentations électroniques et hachées. Seulement n’est pas Panda Bear qui veut. "Dusty fruit" est bien sympa, mais "Brother sport" marchait beaucoup mieux. Plusieurs autres titres dans le même genre sont carrément indigestes. Je pense à "Mingus and pike" ou "Cinco" qui pourtant placés en début de disque n’aguichent pas forcément. On y trouve beaucoup plus d’ambiance et de bruit que de musique au final. Alors sauvons ce qui doit être sauvé : "Cranberry" qui à 1’50" se transforme en intro de l’Ile de la Tentation mais qui procure une transe agréable. Mais aussi "Haunted house" qui ressemble comme deux gouttes d’eau au dernier Yeasayer, et enfin "How kids fail" dont les nappes synthétiques ont le mérite de s’emballer un peu plus que la moyenne.

En bref : 3 disques inégaux mais un auteur certainement pas en manque d’inspiration pour un groupe de sunshine pop de plus en plus drogué. On attend le prochain virage.




Le Myspace

A lire aussi : Animal Collective - Merriweather Post Pavillion (2009)

Les albums en streaming de Sea Lion et Fight Softly

Les Ruby Suns avant ("Criterion"), dans un concert à emporter mythique, et après, avec "Cranberry" :




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Concours Festival Europavox 2010, places à gagner


Pour avoir participé à sa première édition il y a 5 ans, le festival clermontois des musiques actuelles européennes a toujours tenu une place de choix chez nous. C’est un des seuls à promouvoir la diversité musicale européenne de cette façon-là, principalement autour de la Coopérative de mai mais également dans 4 autres lieux. Cette année le festival auvergnat se déroulera du 20 au 23 mai et Dodb vous propose de gagner l’une des 2 places mises en jeu pour la soirée du 22 mai qui réunira entre autres JJ (le seul suédois signé chez Secretly Canadian), The Nits, Richard Hawley, Hindi Zahra ou encore Bigott. Pour cela il suffit de répondre à la très difficile question suivante :

Comment s’appelle l’album de JJ précédent celui sorti cette année intitulé n°3 ?

Et d’envoyer vos réponses avant le 12 mai prochain à l’adresse contact@desoreillesdansbabylone.com . Bonne chance à tous.

Le site du festival

"Let go" de JJ extrait de n°3 :


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