02 mai 2012

I:Cube - "M" Megamix (2012)

24 titres brillants, enchaînés sur un train d’enfer et couvrant une trentaine d’années de musique électronique : le nouvel album d’I:Cube est un monstre et il ne faudra pas compter sur moi pour briser l’unanimité qui semble entourer sa sortie. Sans même parler de la qualité intrinsèque des morceaux, le seul choix de structurer le disque comme une mixtape est un coup de génie. Et un choix fort. Alors que la version originale de "Transpiration", sortie en EP au début de l’année, dure plus de 6 minutes, cette bombe dancefloor est ici réduite à une portion congrue de 3 minutes environ. Il en va de même pour presque tous les morceaux, dont des versions longues paraîtront en 12" dans les semaines qui viennent. Du coup, M Megamix semble littéralement déborder de bon son. C’est la grotte d’Ali Baba, l’exhumation de tous les trésors qui dormaient sur les disques durs de Nicolas Chaix, ce mec discret dont la légende dit qu’il est un boulimique absolu de musique.



Quand j’écris qu’I:Cube couvre 30 ans de dance music, ce n’est pas qu’une formule. D’un titre à l’autre, et parfois au sein d’un même titre, il passe de l’italo disco le plus régressif à la techno la plus acid, d’une jackin house festive à une électro (au sens premier du terme) froide et industrielle. Le tout est balancé à la gueule du pauvre auditeur, dont le cerveau peut ensuite se ramasser à la petite cuillère. C’est presque trop ! A peine remis de la claque cosmique d’"In Alpha", voilà que se profile l’énorme basse dubby d’"Interludio", qui sonne comme du Carl Craig dans le texte.

Et après s’être envolé pour Chicago le temps de visiter le très old-school "Club Miniature", on s’aperçoit que ce n’était qu’une sorte d’intro pour l’un des grands moments du disque, "Le Rocher Aux Singes", une immersion ultra-intense dans une jungle de sons analogiques. Puis il y a "Deflation", ses éructations animales et son rythme hypnotique. Et ainsi de suite... Un marathon, je vous dis.


A travers cette débauche de beats et d’idées, on peut s’amuser à retrouver les traces des travaux antérieurs du Parisien et à en dégager une sorte de portrait. Le voyage en sous-marin de "Transparent Sea Creatures" évoque vaguement la sublime "Adore", tandis que les synthés ascensionnels de "Magnetic Mambo" font forcément penser à ceux de "Was Better In 88", commis sous le nom de DJ Ringardos en 2010. Ailleurs on retrouve l’atmosphère deep house plus posée de Château Flight (son duo avec Gilb’R), des bribes d'ambient dignes de son Live at the Planetarium (2006), ou des pièces de disco déviante rappelant les récents Cubo Edits.

Sous la diversité des formes, il y a un style, parfois brutal, souvent naïf et enfantin, qui suinte la sincérité et l’amour des machines, de leur simplicité et de leurs sonorités si particulières. Ce style, qui était déjà le sien à l'époque de Picnic Attack (1997), frôle parfois le surréalisme et tient en haute estime tout ce qui relève de l’accidentel, du fortuit. Non, I :Cube n’est pas "Too Old For This" comme il veut nous le faire croire, il donne toujours l’impression de s’amuser comme un gosse et de prendre son pied en manipulant des samples improbables, tout en bousculant notre conception de ce que doit être un album de musique électronique.

En bref : M Megamix est tellement généreux que l'on n'a pas fini d'en explorer les méandres. Conçu comme une mixtape frénétique et foutraque, ce nouvel album résume la carrière d'I:Cube tout en condensant 30 ans de dance music. Colossal.





Cet album est disponible à L'International Records, 12 rue Moret, Paris 11ème (m° Ménilmontant) et sur son site internet !

A lire aussi : I:Cube - Cubo Edits (2012)


1 Comment:

Anonyme said...

Super Chronique...aussi bon que cet album :)