08 septembre 2013

La Femme - Psycho Tropical Berlin (2013)

Vous trouvez que décidément la pop française est bien gentille. Vous vous êtes lassés de Lescop, de Aline et vous avez un peu honte d'écouter la même musique que vos parents qui se souviennent de leur boum des années 80. Pourtant, ce son un peu naïf et ce kitsch travaillé à l'extrême, vous l'aimez bien.

Peut-être que La Femme est le groupe que vous attendiez.


Issus de tout l'hexagone, les membres de La Femme s'unissent en 2010 à partir du noyau formés par les deux membres compositeurs, Sacha Got et Marlon Magnée, qui eux se sont connus à Biarritz. Surf et hétéroclisme, rien de tels pour concocter un mélange qui accumule succès sur succès depuis trois ans grâce à la présence scénique du groupe. Entre Surf Wave, New Wave et Cold Wave, La Femme ne cesse de nous hypnotiser.

La pochette trouble encore les repères. On hésite entre une illustration revenue du temps de l'Art Nouveau, une pochette psyché ou la couverture d'une roman de science-fiction. En tout cas, elle annonce bien que nous sommes en présence d'un OVNI musical.

En fait, même si cela fait déjà quelques années que nous sommes dans un nouveau millénaire, c'est un album de fin de siècle, décadent, qui exprime un certain nombre de doutes dans lesquels nous sommes plongés.

Surfant avec l'air du temps, c'est le thème de l'identité sexuelle, et de ses ambiguïtés, qui est sans doute un des fils directeurs les plus intenses de l'album. C'est alors la chanson "Si Un Jour" et son slogan "devenir unisex" qui peuvent nous servir de porte d'entrée pour découvrir l'album. Ici c'est la voix féminine qui veut abandonner "son moulinex" pour devenir un homme. De chanson en chanson, la Femme est mythifiée, à la fois danger mortel, être déshumanisé et cause des chagrins d'amour, autre grand thème de l'album dans "Nous étions Deux" ou "Saisis La Corde". Mais ces rythmes obsédants ou effrénés issus de leurs claviers eighties sont aussi le signe de l'empressement de la jeunesse, une jeunesse qui rêve de voyage ("Welcome America", "Packshot" dans lequel la femme reste encore ce qui doit être fui), et qui se vit dans ces véhicules arpentant les routes ("Antitaxi", "Amour Dans Le Motu"), une jeunesse tout droit sortie d'une version adoucie de Crash de l'écrivain J. G. Ballard.

En bref : La Femme nous offre un premier album à la fois frais et enivrant. Après avoir fait vibrer les festivals de cet été, sa pop surf et ses paroles chaotiques resteront des compagnons appréciables pour affronter l'hiver.




3 Comments:

Nickx said...

Le groupe que beaucoup aiment détester !
Pourtant, leur new wave sautillante et surannée en vaut bien d'autres, et ils ont un visuel fort.

A noter le couac que je relatais lors du This is Not a Love Song Festival qui n'était pas du à la performance du groupe mais bien à l'organisation dudit festival qui les avaient confinés dans une salle trop exiguë.

Et puis des deux groupes français qui marchent fort actuellement, il vaut mieux eux que Fauve !

D'ailleurs je vais peut-être aller les revoir avec Pony Taylor !

Li-An said...

C'est quand même un plaisir très régressif pour des vieux comme moi qui ont passé la BAC à l'époque de ce son. La vidéo donne vraiment envie de lancer "Salut les p'tit clous !".

Nickx said...

Oui tu as raison : :)

C'est sûr que La Femme n'a pas inventé l'eau tiède à couper le beurre ; mais pour leurs meilleures chansons, cela reste frais et donne envie de guincher !

Et puis comme dit l'autre, mieux vaut piquer deux bons riffs qu'en pondre deux mauvais !