11 mai 2010

Surfer Blood - Astro Coast (2010)

Le voilà le premier disque sans faute de 2010. A mon goût en tous cas. Tout y est bon, de la durée, 40min - ce qui est largement suffisant quand on a des choses à dire et qui permet de se le repasser en boucle assez facilement -, à l’univers - la Floride, le surf (même si comme chez les Beach Boys on trouve très peu de dompteurs de vagues dans le groupe d’amis) - en passant par les textes, et enfin les influences (bien existantes mais pas écrasantes). Il y a aussi des tubes de poche à foison ("Swim", "Floating vibes"), avec tout ce qu’il faut de refrains irrésistibles, de gimmicks accrocheurs et de structures complexes. Et puis surtout cet effet "premier album", bien souvent celui qui reste dans la légende (Slanted And Enchanted, The Blue Album, Psychocandy… pour ce qui nous intéresse ici).

Pavement pourquoi ? A l’évidence pour ce côté slackeur US. Quand la guitare se ballade en intro de "Floating vibes" on sent la même nonchalance qui animait la bande à Malkmus en 1992. La fluidité au naturel. L’impression de sonner comme du "classic indie rock" instantanément et à chaque instant. Armé de ruptures, de reprises, de ponts, ou encore de hand claps le morceau se déroule sans encombre. C’est la même avec "Anchorage", autre grand morceau de guitare branleuse du disque. En fait autre constat, Astro Coast est un album de guitares, définitivement. John Paul Pitts également chanteur s’en donne à fond sur la sienne, guidant littéralement les morceaux et laissant les percussions un peu en fond. Comme sur l’intermède instrumental "Neighbour riffs" qui déroule sa surfeuse sur quelques percussions syncopées trop vite assimilés à celles de Vampire Weekend, qui ici n’y est pourtant pour rien (allez, peut-être un peu sur "Take it easy", et encore…).


Deuxième chromosome de ce génome insouciant, Rivers Cuomo et Weezer. Le premier single "Swim" diffusé depuis novembre 2009 sur la toile a tout d’un essai de pop catchy. John Paul Pitts y abandonne son falsetto habituel à la Mike Low et il gueule bien fort ses soucis sur des riffs punk. C’est pareil sur "Harmonix" dont l’intro m’évoque celle de "No cars go" des Canadiens en feu. A la fois la mélancolie et l’énergie, et des réverbs bouillonnantes que l’on doit davantage aux Jesus & Mary Chain. Pareil sur "Twin Peaks" et ses structures alambiquées pourtant on ne peut plus pop. Un titre ensoleillé de plus à mettre au profit du groupe de Palm Beach en Floride. Juste 4 ou 5 types comme vous et moi, mais qui ont trouvé la formule qui leur correspondait.

Aussi capables de lâcher les chevaux, "Fast jabroni" porte bien son nom. Un morceau magique qui va à mille à l’heure et qui grésille comme le meilleur de Girls ou Wavves. Difficile de ne pas se lever du bon pied avec ça. Son pendant mou "Slow jabroni" traîne plutôt la jambe dans une ambiance enfumée, avant de laisser monter les guitares et une ambiance très Beach Boys. Enfin, mon petit préféré : "Catholic pagans" qui non content de posséder l’une des plus belles et plus simples intro de l’année, est aussi peut-être le meilleur morceau de Weezer. Ca donne envie d’apprendre tout ça à la guitare.

En bref : 10 titres qui frisent chacun la perfection. De la pop à guitare à son plus haut niveau. La relève des groupes 90’s est prise. Et un pas en avant pour 2010.




Le Myspace

A lire aussi : Weezer - The Red Album (2008)

"Catholic pagans" en live KEXP et "Floating vibes" en live aussi :



8 Comments:

tuysbx said...

L'album est bien nerveux ça c'est net, mais le côté Weezer est vite soulant à mon goût.

Unknown said...

Merci Ju ! Bon, ça m'éclaire un peu pour le début des hostilités à Barcelone (-;

M.Ceccaldi said...

tout ça donne bien envie d'écouter ; mais dis donc, le godfather of slackers ce serait pas plutôt Jay Macis ?
bises

Ju said...

@ tuysbx : encore que je trouve que ce n'est pas forcément la référence que l'on entend le plus. 2 ou 3 titres, pas plus...

@ Mickael : oui ça devrait bien envoyer je pense.

@ HH : pour moi les Godfather du cool c'est Pavement ! Mais bon ils étaient potes tous ces gars là.

M.Ceccaldi said...

j'espère que tu nous racontera ce qu'est devenu le cool rock de Pavement sur scène, et si on retrouve l'émotion des disques
J

Ju said...

T'inquiètes pas pour ça. Apparemment ceux qui étaient au dernier concert parisien ont été ravis..

Francky 01 said...

Superbe critique Ju.

Moi aussi, j'ai adoré ce premier album. D'ailleurs, sur mon blog, j'en ais fait la critique. Pour ceux que cela intéresse : http://muziksetcultures.blog.sfr.fr/kultures_et_politiks/2010/05/-astro-coast-de-surfer-blood-.html

Ce sera surement un concurrent sérieux pour le podium de fin d'année !

Rien à voir mais hier, c'était les 30 ans de la disparition tragique de Ian Curtis. Pour ceux qui aurait loupé, Bernard Lenoir sur France inter a passé leur unique concert parisien en 1979. Il était déjà là avec une autre émission.
Peut être il la mettront en podcast !!!

A + +

alex twist said...

un de mes disques préférés de 2010, donc j'approuve ce que tu as écrit!