14 février 2012

Concert - Orelsan à Barbey (Bordeaux) le 04/02/12

Ce n’est pas tous les jours qu'on vous parle de hip-hop français ici et je vais m'y coller. J'espère que vous n'avez pas changé d'article en voyant de qui il s'agissait. Dans la catégorie "je me réveille au dernier moment", je m'aperçois vendredi matin qu’Orelsan passe à Angoulême le soir même. Séduis par l'idée d'aller se taper une petite excursion dans la capitale de la bédé en s'y prenant au dernier moment, je me renseigne et m'aperçois que c'est complet. Bon. La bonne nouvelle c'est qu'il est à Bordeaux le lendemain. La mauvaise c'est que c'est complet aussi... Donc un petit merci au staff de Barbey qui trouvera une petite place à Dodb.

Est ce qu'on doit présenter Orelsan en 2012? Vous avez forcément entendu parler (à défaut de l'avoir écouté) son nouvel album Le Chant Des Sirènes sorti en septembre dernier et qui a bénéficié d'une couverture médiatique assez énorme pour un album de rap de nos jours. Perdu D'avance sa première galette sortie il y 3 ans (ma préférence à moi), n'avait bizarrement pas eu la même chance. Les mauvaises langues diront que c'est grâce à toutes les polémiques que provoquent les titres du monsieur. Sûrement pas grâce à ses qualités de rappeur. Orelsan (comme Booba), c'est pile le genre de mec que j'aime défendre et que les gens adorent détester, le type dont tu dis du bien en soirée et pour lequel tu es sûr de provoquer des réactions négatives, surtout venant de ceux qui ne l'ont pas écouté. Il est l'empereur du statut Facebook, le prince de la citation MSN, vos potes qui postent des trucs que vous ne comprenez pas comme "on change pas une équipe qui fait match nul" ou "ma gueule de bois ferait passer Pinocchio pour un vrai petit garçon", c'est lui. Pour moi, Orelsan est surtout un comédien doublé d'un des meilleurs "punchliners" de France, un des derniers rappeurs français qui a une vraie qualité d'écriture dans son style très "personnel". Du coup, le ptit Aurélien sait faire des CD et des polémiques, mais sur scène? Il vaut quoi le Eminem de Basse-Normandie?

J'ai toujours trouvé un peu dommage que la programmation Hip-hop en Gironde ne vaille pas celles d'autres styles musicaux, notamment la pop. Excepté aux vibrations urbaines de Pessac ou au Garorock, les concerts de rap sont rares dans le coin. Et du coup on ne va pas bouder notre plaisir. La première partie est assurée par Beasty, un beatboxer bordelais qui va se charger de chauffer la salle avec son cours sur l'histoire et les techniques de son art. Celui qui a été sacré champion de France de beatbox l'an dernier va régaler la salle de ses imitations de Rahzel ou de Biz Markie et surtout chauffer la place pour le lascar que tout le monde attend. D'ailleurs, en observant un peu les gens venu l'écouter, Orelsan semble attirer un public très varié, y compris des groupies qu'on aurait plus attendu dans un concert de Matt Pokora.

Ca va être le tour d'Orelsan, la lumière tombe, le public réclame l'artiste. Trois silhouettes en soutanes arrivent sur scène. Les capuches tombent et comme prévu, Il déclenche les hostilités avec le premier extrait de son album : "Raelsan". Fidèle à l'imagerie créée autour de ce personnage, il porte le fameux masque du clip. Il est accompagné du binôme de son premier groupe (Casseurs Flowteurs): Gringe, mais aussi de Ablaye qui fait ses backs et de Skread son DJ et producteur. En concert, Orelsan est accompagné de trois instrumentistes. Il enchaîne avec ses titres qui sont pour moi les plus enthousiasmants, le fameux revival des 90's (moment d'anthologie le jogging LC Waïkiki) enchainé par le titre qui a placé Orelsan dans le top 5 des Lyricist français: "Jimmy Punchline". On aura même droit à "Saint-Valentin", pas la plus fine de ses chansons mais une des plus marrantes. En fait, ce concert est un peu un spectacle. A grands coups de costumes, de petites mises en scènes et d'accessoires, Orelsan nous emmène dans son univers. Il nous raconte ses galères avec les meufs ("Double vie", "50 pourcents"), ses soirées alcoolisées ("Soirée Ratée", "Des trous dans la tête") et sa condition d'adulescent de 25/30 ans ("Différent", "Perdu d'avance"). La fin du show m'a un peu moins conquise, les chansons de son dernier album s'enchaînent et j'accroche définitivement moins à celui-ci. "1990" et "Suicide social" sont de très très bons morceaux mais le reste de l'album est beaucoup plus moyen, beaucoup moins efficace. A ceci près qu’Orelsan arrive toujours à caler quelques punchlines dans ses morceaux et ainsi sauver la mise.

Le seul bémol, c'est son flow. Ses textes sont bien écrits mais son interprétation est moyenne, il y a bien quelques rares fulgurances mais on est quand même loin des cadors du hip hop hexagonal comme Disiz par exemple. Mais quand même, Orelsan à Barbey, c'était un vrai bon concert de Hip-hop, un show bien construit, une grosse débauche d'énergie, un public au rendez vous et puis du son qui tabasse.

Le 14 avril, il y a Youssoupha qui vient défendre son nouvel album à Barbey, ça devrait plaire aux bordelais, le disque s'appelle Noir D****. On se voit là bas?

Texte de Seb.

"1990" et "Jimmy Punchline" :




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