08 novembre 2009

Linkwood - System (2009)

C’est en Linkwood (Nick Moore) que Trus’Me a placé toute sa confiance pour la première sortie album de son label Prime Numbers, dont je vous ai déjà dit beaucoup de bien. Comme pour toutes les précédentes prods, rien n’a été laissé au hasard, jusqu’au graphisme léché dont les à-plats de couleurs rappellent les artworks de nombreux albums de jazz des 60s et des 70s. L’orfèvre écossais a passé plus d’un an à travailler sur ce disque et le moindre beat témoigne d’un perfectionnisme forcené. Mais ça, c’est loin d’être une surprise. En revanche, là où je m’attendais à une débauche de deep-soul, je découvre un album infiniment plus varié et complexe, et dont la dominante serait plutôt… l’électro-funk !

Plus proche de Kraftwerk ou Cybotron que de Moodymann, la menaçante et métallique "Robot Parade" révèle d’entrée une facette inédite du musicien, à mille lieues du son soyeux dont il est coutumier. Il y aurait presque de quoi se sentir trahi. Après ça, les 8 minutes de pure soul de "Tears" rassurent forcément. Dans la veine de ses énormes "Lost Experiment" et "R.I.P.", Linkwood lâche un instrumental cinq étoiles à base de Moog et de vibraphone, sur lequel Reggie Watts pose son chant limpide, et même quelques petites phases de scat. Après la funky mais pas bouleversante "Falling", on pénètre dans la seconde et meilleure partie du disque par "Pumpernickel", dont les chœurs nonchalants et les échos de cuivres me font penser à des groupes en Tom, genre Tomboy ou Tom Tom Club. Même s’il est excellent, il ne fait aucun doute que ce morceau n’est là que pour faire monter légèrement la sauce avant l’énorme "Fudge Boogie".

Là, impossible de me brider, il faut bien que je l’avoue, je suis complètement gaga de ce titre depuis la première écoute. "Fudge Boogie" correspond exactement à mon idée de ce que doit être la funk aujourd’hui : raffinée mais dansante, synthétique mais humaine... Il y a indéniablement du Metro Area dans cette savante superposition de claviers (joués par le maître Fudge Fingas) et ce beat qui résument le meilleur du disco-garage new yorkais et de la house, mais avec une densité bien contemporaine. Avec en prime cette voix de diva qui clame : "I need you baby, and I get what I want / If I don’t get it, it’s because I don’t want it"… C’est pas du Roland Barthes, mais ça flanque des frissons... La qualité ne baisse pas avec la bombe housey "Chicago", l’impeccable dub-techno du morceau-titre (qui n’a rien à envier aux patrons du genre comme Echospace ou Beat Pharmacy) ou la très, mais alors très deep "Nectarine" et ses arpèges dignes de Larry Heard. La variété des genres, loin de plomber l'écoute, donne toute sa cohérence à ce System. Bluffant.

A noter : l’album est déjà sorti en CD mais la sortie du triple vinyle a été retardée. A surveiller !

En bref : un premier album parfaitement construit qui voit Linkwood s’éloigner de la sempiternelle house soulful pour balayer un spectre électronique beaucoup plus large, sans aucune faute de goût. A star is born !





Linkwood – Fudge Boogie.mp3



Le Myspace de Linkwood

Celui du label Prime Numbers

A lire aussi : Compilation Prime Numbers (2008) et Linkwood - Miles Away (2004)

0 Comments: