13 avril 2008

Half-Handed Cloud - Halos + Lassos (2006)

19 chansons, 29 minutes : nous n’avions pas vu ça depuis Wire? Pourtant, il n’est pas question ici de punk nerveux et bruitiste. On joue de la pop, mais détendu, décomplexé ; on s’autorise même à être un peu brouillon. Mais Half-Handed Cloud, homme seul ou presque, n’a pas la paresse de ses pareils lo-fi qui pensent qu’y mettre l’Amour et l’envie suffit à faire des chansons. Si les siennes tiennent si bien debout, c’est qu’elles reposent aussi et surtout sur des idées. D’excellentes idées, tant dans l’écriture que dans les structures.


Si le son est pop, la forme est nouvelle. Nul besoin pour convaincre de répéter des couplets et des refrains ; on en oublie même l’idée, lourde au possible : on enterre les boulets et on s’accroche aux nuages. Half-Handed Cloud écrit des mélodies immédiates et éternelles, qui touchent à l’instant et ne s’oublient jamais. Comment pourrait-on se détacher, simple exemple, de l’air délicieux de Foot on the brake ? Halos+Lassos est un peu un disque peluche, quoique moins grossier dans ses contours : un disque attachant, à serrer dans ses bras, une gueule irrésistible et un corps tout doux.


Des formes rondes et des couleurs vives. Tout, y compris les guitares et les choeurs, semble sorti des mêmes claviers electro-rigolos. Les virages ont l’effet euphorique ; du psychédélisme sans les drogues ; l’ivresse est créative. Les idées sont larges mais la vision est claire. Un Grandaddy sans concession : Grand-Père est mort, alors allons cueillir des fleurs en sautillant, et chantonnons la-la-la. Halos+Lassos est incroyablement inspiré, il est tout aussi inspirant. On veut faire des choses avec, se l’approprier, marcher, courir, sauter, prendre les claviers. Une expérience légère et intense, où surtout personne ne sera blessé.


Les titres s’enchaînent sans transition : on ne sait plus où les morceaux commencent ni où ils s’achèvent. On accélère, on ralentit, mais on ne prend surtout pas le temps de s’arrêter : on refuse le surplace. Un petit train plein de couleurs pour la visite d’une Amérique pastorale : l’allure est folle mais la direction maîtrisée. Le disque est sorti sur Asthmatic Kitty, label des copains Castanets et Sufjan Stevens, qui devient ainsi un porte-parole pertinent, Poésie à l’avant, d’une Amérique dont on est, quoi qu’il en soit, même si l’on en souffre, éperdument amoureux.

En bref : Une pop electro-rigolo, aussi attendrissante qu’étourdissante, et qui allie, fait rare, au geste lo-fi une écriture et une composition profondément inspirées.




Le site, le Myspace et le label
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A voir, le collage artisanal des clips de Tongues that possess the Earth instead (qui rappellera les premières vidéos de Belle&Sebastian), et de Feed your sheep a burning lamp.



1 Comment:

Ju said...

Bienvenue à toi Emmanuel,
Bravo pour ta chronique et merci pour la découverte de cet artiste.

Sauras tu passer le difficile cap de la deuxième chronique?

A+
Ju