11 octobre 2007

Art Brut - Concert à Bordeaux le 9 octobre 2007

C’est à vélo que je me rends ce soir au concert des anglais d’Art Brut aux dépends d’un autre show qui a lieu le même soir, celui d’ I’m from Barcelona, préférant pour un soir le rock post punk spontané à la pop hippie ensoleillée du nord. Atterri on ne sait comment dans mon baladeur, le premier jet Bang bang rock ‘n roll m’avait suffisamment fait bouger la tête ces dernières semaines pour que je décide de franchir le pas et profiter de leur passage en France.

La Converse aux pieds est de rigueur et la salle du BT59 continue de se remplir lorsque débute le hors d’œuvre de la soirée avec le duo mixte indépendant bordelais Minuscule Hey. Epaulés d’un véritable troisième larron sous forme d’une boîte à rythme, Laurent et Emily n’ont pas grand-chose à envier à Jack et Meg White. La même brutalité, la même manie de déconcerter les mélodies avec des compositions bancales et détraquées. Le binôme s’est fait connaître en soirée. Il pourrait d’ici peu en animer bien d’autres. J’ai pour ma part investit dans leurs maquettes, qui sait, ça vaudra peut-être quelque chose sur ebay dans quelques années.

Revenons à nos moutons et à la bande d’ Eddie Argos qui est ici ce soir pour dépoussiérer nos oreilles. Formation du sud de Londres active depuis 2003, Art Brut est surtout connu pour son leader charismatique Eddie Argos. Dandy malgré lui, Eddie est repéré et lancé par le label Rough Trade à qui il n’avait rien demandé. En 2005, il fait la couverture de Rolling Stone. Une franchise qui les dépasse se monte et voit naître des Art Brut 2, Art Brut 3… Pourtant, Eddie avoue sans complexe qu’il ne sait pas chanter. Pour faire vite, Eddie Argos c’est un peu Mr Tout le monde, le gars joufflu qu’on ne remarque pas derrière sa mèche, le gars qu’on entend rire à gorge déployée à une blague potache au fond d’un pub anglais autour d’une énième tournée de Guiness. Comme à l’accoutumée, c’est en chaussettes qu’il débarque sur scène et qu’il débute chaque set par un coup de pied Bruce Lee dans le vent.

Art Brut génère en général deux types de réactions : ceux qui aiment le côté parodique et auto dérisoire et ceux qui sont outrés et qui crient à la supercherie. Je préfère être du premier bord et savourer les textes lucides et sarcastiques de We form a band ou de Bad weekend. C’est vrai qu’ils ne se font pas que des amis en fustigeant les institutions en place que sont NME ou Top of the pops. Mais quand c’est fait avec humour et désinvolture, ça passe. Pour moi c’est le cas. Et puis au-delà des textes, ça dépote sévère. Jasper Future, nouvelle recrue à la guitare, use et abuse de grimaces et de mouvements de bras endiablés pour accompagner son jeu de cordes très punk. Ian Catskilkin joue le rôle de la seconde guitare et se livre régulièrement à du face to face avec son acolyte. Freddy Feedback, seule fille du band, reste quant à elle discrète en alignant ses basses au fil des chansons. Mickey B, impressionant à la batterie sera l’auteur de nombreux mouvements rythmiques originaux et participatifs avec le public qui ne demande que ça, participer, sauter, battre des mains, répondre en cœur.

Un concert d’ Art Brut c’est un peu ça, une pincée de Clash, une poignée de Fall et surtout une personnalité originale, lorsque Mr Argos décide de descendre avec nous et d’entamer une danse bras dessus bras dessous avec la foule. En l’occurrence le bras c’était le mien. Formidablement placé au premier rang, j’étais tellement loin d’Eddie que je pouvais lire à tout moment l’heure à son poignet. Sans être fan, ça fait toujours plaisir de partager ça avec un Monsieur de la musique. Ca les rend plus humains ces étoiles de l’industrie du disque.

Renvoyant mes craintes au tapis, la tracklist de ce soir tient plus qu’il ne faut la route : une quinzaine de titre et trois de mieux pour le traditionnel rappel. Bien sûr les hits sont là Bad weekend, Moving to L.A., Emily K et mon préféré, My little brother, hymne de revival brit rock d’un adulte qui découvre que son petit frère écoute du rock, "My little brother has just discovered rock & roll, he’s only twenty two and he’s out of control" . Tellement ça.

Ce soir et jusqu’en janvier 2008 les petits oiseaux sont sortis et ont capturé les moments, les fumeurs ont pu fumer et les non fumeurs aussi par la même occasion. J’essuie la sueur sur mon front et enfourche mon vélo. Je m’éloigne dans la nuit et le son d’Art Brut martèle encore mon cerveau. Je me prends alors à penser que finalement, c’est peut-être seulement ça, être rock en 2007.





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