29 septembre 2007

Okkervil River - The stage names (2007)

Will Shef doit être content. Capitaine courageux menant de main de maître depuis 4 albums sa barque d'Okkervil River sur les rives d'un folk pop accessible et passionnant, Will s'est retrouvé seul sur les routes lors de sa tournée 2005, à écrire des textes éclairés sous forme d'hommage amoureux à la pop seventies au fond de motels miteux. Le tout à la sauce texane. D'une force émotionelle sidérante, Win signe en 9 morceaux un pavé colossal au final héroïque, renversant et jouissif à la fois. Il a puisé dans sa fibre littéraire et a écrit 9 histoires cohérentes démontrant un talent de parolier attachant. Sans aucun autre doute possible Okkervil River atteint le sommet de sa carrière.

On peut dire que le projet lui tenait à coeur, et c'est avec maîtrise et confiance en soi que Will peut enfin exprimer pleinement ses thèmes de prédilection avec plus de sobriété et de grandiloquence. D'une énergie positive immesurable, c'est une ode poétique sur les seventies, sorte de rock folk alternatif et entraînant. Grâce à un rythme bien plus soutenu que sur ses précédents albums, même les titres les plus calmes envoient (Savannah Smiles, Girl in port), sans doute à cause des récurrents handclaps et du nombre impressionnant d'instruments au compteur. L'oeuvre d'Okkervil River en sort grandie et essentielle.

C'est aussi cet amour pour la culture musicale qui fait la force et la maturité de ce disque. Plus One, concept original et ludique consistant à rajouter 1 à des titres de chansons connues, 99 Luftballoon se mutant en 100 Luftballoon, 7 miles high en 8 miles high... Cet extrait du Final Cut des Pink Floyd dans le title track, simple et beau, comme un merci à l'auditeur, pour lui avoir fait confiance. Sur Unless it's kikcs, les Stones et Neil Young ne sont pas loin. Will semble hurler au monde entier qu'Okkervil River n'est pas un groupe folk de bouseux mais bien un groupe rock cultivé et talentueux. Il semble inviter l'auditeur, par ses handclaps entraînants, à une grande balade faite de choeurs et de pianos, qui fait mouche sur chaque titre et qui vient enfoncer définitivement le clou sur the last titre, John Allyn Smith Sails, avec son coup de théâtre incroyable, ultime preuve de bon goût: un revirement de la chanson à mi- parcours qui vient reprendre le Sloop John B des vénérés Beach Boys, et le multiplier par puissance mille. Triomphant, Will semble jeter à la figure de son auditeur un "Je l'ai fait! Régalez-vous."

Mises à part leurs origines texanes communes, il existe de nombreuses similitudes entre Will et Win Butler d' Arcade Fire, sur les élans lyriques et le souffle habité notamment. Elaboré comme un vynil, sur 2 faces aux ambiances distinguées, la chanson folk traditionnelle et le Motown des années 67 semblent réconciliés et apaisés pour célébrer le classicisme des 70's, sur ces simples rimes parfaites "From the bridge on Washington avenue, the year of 72, i broke my bones". Avec Okkervil River, le label Jagjaguwar déjà producteur des très bons Besnard Lakes peut désormais compter sur une valeur sûre, sur un groupe qui ne sera plus jamais comme avant et qui pourrait marquer définitivement l'année musicale 2007. Indispensable.

En bref: Meilleur album 2007 pour moi (sans compter Neon Bible hors catégorie). Okkervil River devient un groupe majeur grâce à son disque à la fois le plus accessible et le plus abouti. Un chef d'oeuvre.
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Premier Single de l'album et pas forcément le meilleur, pour dire...


Souvenez-vous, For Real, premier "tube" d'Okkervil River...


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