08 décembre 2008

Les U.S.A. contre John Lennon - David Leaf & John Scheinfeld (2008)


Documentaire produit en 2006 mais à peine sorti cette année dans un réseau de salles limité, Les U.S.A. contre John Lennon est un film instructif sur les bouleversements socio politiques apparus aux Etats-Unis entre 1966 et 1976 et surtout sur les réactions de la pop star installée là-bas depuis 1971. Côté contexte, rien n’est oublié : guerre du Viet Nam, manifestations, Black Panthers, Watergate… tout y passe, comme si Lennon s’occupait de la psychanalyse de l’Amérique. Position anti chrétiens, anti racistes, anti guerre, union controversée avec Yoko Ono, le plus rebelle des Beatles ne s’est pas fait que des amis là-bas, on le sait. Jusqu’à son assassinat en 1980 aux pieds de son domicile, Lennon aura été sujet de controverse. Ses accointements avec les radicaux Jerry Rubin, Bobby Seale ou John Sinclair lui rapportent d’être surveillé par le F.B.I., normal quand on connait la paranoïa de ce gouvernement. Et c’est d’ailleurs un peu le faux scoop de ce documentaire qui bien qu’honnête tire des ficelles bien trop évidentes et évite les sujets qui fâchent (arrêt de l’engagement politique contre la fameuse carte verte). David Leaf et John Scheeinfeld (spécialistes du docu avec des réalisations sur Pete Sellers, Bob Hope, Dean Martin, les Bee Gees…) sont apparemment des fans de Lennon et ça se sent.

Cependant rendons à César ce qui lui appartient, Les U.S.A. contre John Lennon contient son lot d’images d’archives toutes plus savoureuses les unes que les autres. Il y a les sérieuses, sur Nixon, Hoover ou le Viet Nam, agrémentées par les commentaires du journaliste Carl Bernstein ou du vétéran Ron Kovic (souvenez-vous, Né un 4 juillet c’était lui) et les franchement humoristiques, comme la conférence de presse donnée sous un drap (et qui rejoint le débat actuel du CV sans photo) ou le passage sur l’hirsute John Sainclair (qui se commente lui-même dans le film) condamné puis relâché pour avoir proposés deux joints à une policière en civil (sic). Quant à l’émotion, c’est Yoko Ono qui l’apporte lorsqu’elle décrit ces années de bonheur mais que l’on sent arriver l’inéluctable. Sans oublier cette scène insurmontable d’autodafés de disques des Beatles lorsqu’ils se mettent les américains à dos en déclarant être plus connus que Jésus. Que de beaux vinyls sacrifiés au nom de quoi ? D’une boutade ? Je vous le demande ?

D’autres séquences sont fascinantes, comme ces bed-ins organisés par le couple ou comment afficher son engagement antimilitariste en restant au lit pour prôner la paix. Car c’est cela le thème principal de ce film finalement, la paix, si simple à obtenir si l’on écoute John, le Peacenik comme on l’appelle. Et c’est là qu’intervient la musique dont je n’ai même pas encore parlée. Jamais je n’avais remarqué la naïveté des textes de Lennon durant cette période : "Imagine", "Give peace a chance", "Power to the people", "Working class hero" et pourtant ce sont tous des hymnes imparables, des chansons intemporelles écrites comme on ferait ses lacets, avec une facilité déconcertante. Et là, malgré le côté trop arrangeant du film, on se dit que ce gars là avait vraiment quelque chose d’exceptionnel, et on se met à envier les journalistes des images d’archives qui assis en tailleur autour du lit du Monsieur l’écoutaient prôner la paix en chanson. Ca ne devait pas avoir de prix. Peace !

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La bande annonce en VO et "Give peace a chance" autour du lit :


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