02 décembre 2008

Sebadoh - Harmacy (1996)

Admirable calembour qui venait à point nommer clôturer de belle manière une décennie ou presque - un ultime et inutile album viendra s'ajouter 3 ans plus tard- de la carrière de Lou Barlow via le plus intéressant de ses projets.
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Accompagné de son fidèle Jason Loewenstein, l'ex-transfuge de Dinosaur Jr, réussit à broder une collection de 19 morceaux dont le partage, pas forcément équitable, s'établit comme suit : les ballades folk électrifiées délicates et intimistes pour Lou, les brûlots rageurs et débridés à chant nirvanien pour Jason.
C'est le très joli et en demi-teinte "On Fire" qui ouvre l'album. Là sur un tempo assagi, et un tapis de guitares mélancolique, la voix enrubannée de Barlow n'est pas sans évoquer celle de Nick Drake. Où dans un registre beaucoup moins rentre-dedans que ses devanciers, les plus belles réussites se nomment entre autres "Nothing Like You", "Beauty Of The Ride", "Willing To Wait", ou encore l'admirable "Too Pure". Tandis que Loewenstein vient lui opposer les violents et âpres "Crystal Gypsy", "Zone Doubt", "Love To Fight" ou autres "Worst Thing" qui fleurent bon le Sebadoh ancienne formule, celui délibérément lo-fi du fantastique III (1991).
Quelques instrumentaux parsèment aussi ce disque bicéphale ; tous portent la marque de fabrique des débuts : le boucan de "Sforzando !" qui n'est pas sans rappeler le manifeste du groupe "Gimme Indie Rock" ; dans le même esprit, il y aussi "Hillbilly II", ou encore la narration laid-back de "Weed Against Speed".
En haut de ce très indiscipliné attelage, trône Bob Fay, batteur-monsieur Loyal qui flaire l'embrouille, et le dispute à Loewenstein sur le très énervé "I Smell A Rat" qui clôt le 7ème album du groupe.

Après un long hiatus Sebadohallait revenir aux affaires ; ainsi la reformation de Dinosaur Jr n'aurait duré qu'un temps ; Lou étant sans doute définitivement cette fois-ci vacciné de l'esprit despotique et des cheveux filasses et crades de Jay Mascis. C'est un bon point pour la musique indie tant il est vrai que les deux groupes de Boston ont toujours plus valu par la somme de leur moitié que par leurs entités parallèles.

En bref : l'un des très bons disques d'un genre, le lo-fi, terminologie absconse qui ne l'est plus tout à fait. Déjà expert d'un son plus doux avec The Folk Implosion et Sentridoh, Lou Barlow démontre que Sebadoh est bien l'arbre qui comptait dans une forêt comptant entre autres Pavement, Dinosaur Jr ou Silver Jews.




"On Fire"

1 Comment:

M.Ceccaldi said...

Cette chronique arrive au bon moment...
The return of the rat / i smell a rat... Il y a vraiment un phénomène communautaire dans cette scène indé américaine des 80's que le grunge révèle au grand jour en 91.
bises
J