27 juillet 2008

Stereolab - Margerine Eclipse (2004)

Lorsque paraît le 8ème album (hors compiles) de Stereolab en janvier 2004, le groop -tels qu'ils aiment s'orthographier- sort d'une période tourmentée, puisque son clavier 
Mary Hansen vient de décéder, lors des fêtes de Noël de la manière la plus navrante qui soit (mais en est-il d'intelligentes ?) : renversée lors d'une balade à vélo dans les rues de Londres. Ce nouveau disque, le dernier en date, lui est affectueusement dédié, jusqu'au diminutif de Marge présent dans plusieurs titres. A sa sortie, Stereolab qui sort de plusieurs disques en demi-teinte, fournit par ce triste fait divers du grain à moudre aux aficionados les plus indécis/

Membre de longue date qu'elle était, Mary Hansen n'a jamais fait de l'ombre au noyau du groupe, le binôme alors en scène comme à la ville Tim Gane/Laetitia Sadier. Multi-instrumentiste discrète, ses backing vocals bien que reconnaissables, n'étaient pas à ce point dépositaires du son Stereolab, d'ailleurs l'on défie quiconque de noter la différence sur ce disque où Laetitia se dédouble. Non, au-delà de la perte humaine, c'est aussi la vision de cette australienne aux cheveux de feu qui reste à l'esprit.
L'atmosphère, sourde et dépressive ? Que nenni. Jamais disque de Stereolab n'avait paru plus solaire, plus apaisé. Déjà, le formidable et volumineux EP "...Sudden Stars" avait donné le ton, conjointement à la démise de Mary. Margerine Eclipse est un disque fourmillant de trouvailles sonores, de passionnants interludes entre les morceaux, toujours dans cette atmosphère lounge qui caractérise le groupe. Mais ce qui est nouveau depuis quasi une décennie, vraisemblablement depuis l'excellent Emperor Tomato Ketchup (96), c'est que Stereolab a songé à se pencher sérieusement sur l'écriture de chansons, sur un ensemble qui fait bloc, et tient la route sous forme d'album magistral.

Toujours cette myriade de claviers, sonorités de Korg et Farfisa acidulées, ces basses rondes et cette batterie souple et élastique, mais à nouveau au service de chansons charmantes, irrésistibles, sucrées, avec un très léger voile de mélancolie pour certaines, mais toujours avec cette dynamique dansante, swingante propre à Stereolab.
De "Vonal Declosion" à "Dear Marge", que du bonheur : "...Sudden Stars", l'un de leurs plus féeriques singles est bien entendu inclus. Le groop, très inspiré, balance de redoutables intros à ses morceaux qui fonctionnent comme autant d'hypnotiques ritournelles. Et puis, hein, avait-t-on déjà entendu Tim Gane faire hurler ses guitares comme sur le teigneux "Margerine Rock" depuis les plus belles heures d'Emperor Tomato Ketchup - et là on pense aussitôt à 'The Noise Of Carpet".
Quand enfin au détour du roué "Bop Scotch", Stereolab parvient à retranscrire très librement un incunable northern soul de Sandi Sheldon, l'on se dit que ce groupe n'était peut-être pas ce collectif bobo et intellectuel que certains avaient hâtivement cru bon de désigner.
Margerine Eclipse  même suivi par le très bon Chemical Chords (2008) allait cependant préfigurer le chant du cygne du groupe. Un long hiatus avant la reformation tardive.

En bref : Stereolab délaisse enfin son krautrock devenu encombrant pour livrer son album le plus abouti à ce jour. De la musique d'ascenseur, mais de qualité.




Le site officiel du groupe dont le loop correspond aux premières notes de "...Sudden Stars"

leur myspace
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un clip d'animation sur "Margerine Rock"


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