16 septembre 2008

Hatchback - Colors of the Sun (2008)

Celui-là tombe à point nommé. Pas un disque d’automne, mais d’été indien, de ce foutu été indien dont on ne verra pas la couleur. Contemplatif, il émane d’un de ces artistes qui croient au pouvoir visuel de la musique, à sa capacité descriptive, à ses affinités avec le paysage et l’espace. Est-ce un hasard si Samuel Milton Grawe AKA Hatchback, gagne sa vie en tant que rédacteur en chef de la revue d’architecture Dwell ?

Proche de celui de Quiet Village, le son de Hatchback ne pourrait être qu’un millième avatar du revival disco-baléarique qui fait actuellement rage : synthés lofi, rythmiques italo-disco, et kitsch assumé jusqu’aux piaillements d’oiseaux d’un “Horizon” descendu en droite ligne de Vangelis... Ce premier album, paru hier sur Lo Recordings (Black Devil Disco Club, compilation Milky Disco...), mérite pourtant une attention soutenue pour ses qualités mélodiques et orchestrales ainsi que pour son côté “paradis en toc”, constamment à la lisière de l’abandon cosmique et de l’indigestion à la guimauve. Même si l’ensemble respire l’easy-listening ibizesque, Hatchback fait de flamboyants détours par la new-wave comateuse et innocente d’Art of Noise (“Closer to forever”) ou par le krautrock (“The Lotus and the Robots”, “Everything is Neu”, dont le titre est suffisamment explicite), fort de l’appui guitaristique de son complice Dan Judd AKA Sorcerer - avec lequel il sortait un splendide Windsurf EP en début d’année.

Les titres plus purement disco sont de petites merveilles d’orchestration, à l’image de “Jetlag”, qui débute comme un edit du “Rendez-vous dans l’espace” de Telex avant de partir à coup de nappes et de congas dans une house touffue et gazeuse. Le producteur de San Francisco ne manque pas non plus d’insuffler à ses compositions un certain mauvais goût prog-rock réminiscent de ses amours adolescentes qui provoquera probablement l’ire de ce bon Nickx (curieux de savoir ce que tu en penses...). Quoi qu’il en soit, des amateurs de Lindström à ceux d’Aeroplane, nombreux sont ceux qui s’épanouiront dans ces paysages aux couleurs certes criardes, mais tellement hypnotisantes.

En bref : Vous ne saviez plus comment prolonger l’été, au moins mentalement ? Le premier album kraut-disco du San-Franciscain Hatchback, ouvragé et ostensiblement hédoniste, est peut-être votre dernière chance. En tout cas, l’une des belles surprises de cette rentrée.



Les pages Myspace de Hatchback, de Sorcerer et de leur projet commun Windsurf.
Le site de Lo Recordings, avec l’album en streaming.

A noter : Hatchback s’apprête à sortir, avec Sorcerer, un premier album de Windsurf sur le label de Prins Thomas, Internasjonal.



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