26 mars 2009

Le Tigre - This Island (2004)

Ex fer de lance des riot grrrls, ces jeunes femmes hurlantes du début des 90's, au sein de son précédent et radical combo Bikini Kill, Kathleen Hanna, la jolie brunette (à droite, sur la pochette), décide de fonder un groupe emblématique de ses combats post-féministes hardcore et bien orientés à gauche, dans son nouveau projet, à l'orée des années 2000.
Avec l'aide de Johanna Fateman, et bientôt rejointes à partir de Feminist Sweepstakes (2001) par JD Samson aux platines et qui va donner sa véritable orientation butch au groupe, cette dernière va créer un trio versé dans l'electro sucrée qui n'en oublie pas d'être énervée.

D'ailleurs, dès Le Tigre (2001), c'est le carton, notamment avec l'irrésistible single qu'est "Deceptacon", que l'on peut entendre en fond sonore dans un générique sur 3 lors de reportages télévisuels. This Island est donc le 3ème album - hélas, le dernier à ce jour, même si le groupe officiellement n'a pas splitté - et c'est une merveille de fun, de refrains, de rythmes virevoltants sur un genre de muzak saupoudrée de guitares bien punky. 

Au passage, et ceci a son importance, nous nous trouvons ici, et une fois de plus, face à un groupe 100% new-yorkais, que l'on peut même dire natif de Brooklyn, puisque Kathleen, pas véritablement la plus lesbienne du lot -elle s'est un jour battue avec Courtney après s'être vanté d'une aventure avec Kurt Cobain.- n'est autre que l'épouse de Adam Horowitz (Ad Rock des Beastie Boys).
Et d'ailleurs, la filiation intervient tout à fait, tout comme ces hymnes proto-punk bricolés avec 3 samplers désoeuvrés font penser à des Beasties séminaux, ainsi qu'à une ex-déclinaison des rappeuses de Brooklyn de Luscious Jackson.

Dès "On The Verge" -aucune polysémie équivoque- le ton est donné. Ce sera slogans vengeurs, boite à rythmes frénétique, barrés saturés et synthés chic. Telle une lionne (un comble pour qui se dit un tigre ), Kathleen assène ses brûlots sans coup férir, un peu à la manière d'une Poly Styrene échappée de X Ray Specs.
Vlan, un p'tit coup de pied dans les couilles, pour t'apprendre à me mettre la main aux fesses ! "Seconds" est une merveille de rock teigneux, tel qu'on n'en avait plus entendu depuis le "Bodies" des Sex Pistols, placé lui aussi en 2ème position et avoisinant les pas tout à fait 2 minutes chrono. A peine le temps de se relever de cet uppercut, que "Don't Drink Poison" est là pour donner le coup de grâce d'une des plus couillues (eh oui !) entames d'album entendues depuis des lustres.

Les filles savent cependant ménager leurs effets, et calment (à peine) le jeu sur l'irrésistible single "After dark" et les non moins poppy "Nanny nanny boo boo" et "TKO", des manifestes, -et accessoirement des classiques que le Blondie de la période disco a oublié d'écrire- avant d'achever ce sans-faute de face A, avec la très sensuelle et ralentie "Tell You Now", où l'on jurerait entendre l'esprit (ce phrasé troublant à la Kate Pierson) des magnifiques B52's.

La deuxième face en décevrait presque, tant la première moitié du disque est ébouriffante. S'articulant, en gros, autour d'une reprise assez scolaire du "I'm So Excited" des Pointer Sisters que les très bons Fancy reprendront aussi, et de quelques coups de gueule lesbiens, soient les expériences vécues par JD Samson sur "Viz" (terme indiquant la reconnaissance après coming-out) et "New Kicks". Puis sont délivrées quelques autres sucreries de pop dansante de bon aloi. Dans cette musique, pas de place pour la matière grasse. Vivent les filles, quoi !


En bref : de l'electro ludique et efficace comme on l'aime. Un groupe avec une (vraie) conscience politique qui, pour une fois, a quelque chose à dire. Des refrains, des couplets qui emportent l'adhésion. On en redemande.







"Seconds" live aux Eurockéennes :

2 Comments:

M.Ceccaldi said...

Ah le féminisme lesbien!! c'est mon préféré...
merci pour cette découverte.
bises
J

Emmanuel said...

Quel choc! Kathleen ne serait donc pas lesbo???
Merci pour la vidéo, j'étais à ce concert, devant JD Samson mon idole!
Mon dieu, à croire que l'électro sucrée engendre des commentaires adolescents...