17 mars 2009

The Chills - Submarine Bells (1990)

En matière de pop à guitares, il y a bien longtemps que les ricains et les roastbeefs mènent la danse. Et puis il y a ceux qui sont coincés sur leur île, fort loin, dans un océan dont on oublie le nom. La Nouvelle Zélande a au moins cet avantage, son éloignement géographique faisant office de filtre qualitatif, ne laissant rentrer sur le pays que le meilleur. Inspirée alors par les désormais classiques R.E.M. , Smiths et autres Echos And The Bunnymen, une communauté musicale voit le jour entre 1980 et 1990 au pays des kiwis, principalement sur le désormais culte label Flying Nun. The Clean, The Verlaines ou encore The Bats font partie de l’aventure, et The Chills de Dunedin sont leur porte drapeau. En 1990 ils sont enfin prêts pour leur troisième et livrent ce petit album (36 min) quasi parfait.

La production de Submarine Bells qui vient d’être récupérée par Slash (Warner) est alors confiée à Gary Smith, surtout connu pour avoir été le producteur des Pixies. Discrète, elle donne la part belle et on s’en doute aux arrangements de cordes, et à leur mariage plutôt inhabituel avec des orgues Casio. C’est Andrew Todd’s qui s’occupe des claviers justement, alors que Donna Savage chante en guest sur quelques titres. Un batteur et un bassiste complètent la formation menée par le non encore cité et pourtant indispensable Martin Phillips, cerveau du groupe, et seul membre indécrottable qui survivra aux vingt line-up différents de la carrière de The Chills.

Originellement, et vous l’aurez peut-être compris grâce à la pochette dont je ne sais finalement que penser, Submarine Bells se veut un manifeste contre les essais nucléaires français à Mururoa. Des préoccupations environnementales qui rapprochent encore plus l’œuvre des orientations de Michaël Stipe, dont le Murmur trouve de nombreux échos dans ce disque, tant dans la manière d’amener les pop-songs chaloupées, que dans la voix, le raffinement et le romantisme. Troisième album du groupe donc, Submarines Bells comprend leur plus grand succès commercial (encore que) sous l’intitulé "Heavenly pop hit", rien que ça. Presque innocemment, les mélodies s’installent et ne nous quittent plus.

Certains morceaux filent carrément la patate : "The oncoming day", "Familiarity breeds contempt" alors que d’autres restent du domaine de la ballade, comme le somptueux éponyme. A noter également les 40 secondes de "Sweat times" largement intercalables entre deux titres d’un certain collectif animal, ou encore le traitement original de la guitare sur "Singing in my sleep". Le groupe aura par la suite bien du mal à redécoller de son petit chef d’œuvre, notamment à cause des problèmes de drogues de Martin Phillips, qui tente pourtant en 2003 un comeback aussi bien solo qu’en groupe dont je n’ai pas eu d’échos.

En bref : s’inscrivant en redécouvreurs de talents parce que recevant la musique américaine et anglaise sur le tard, le groupe fer de lance d’une génération de néo-zélandais apporte une vision presque pure de la pop music, pour notre plus grand plaisir.
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A lire aussi : R.E.M. - Murmur (1983)
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Le site officiel, le Myspace et l’album en streaming
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"Leather jacket", pas sur cet album, mais permet de se faire une idée :

1 Comment:

Nickx said...

Une très bonne scène que cette (déjà ancienne) scène néo-zélandaise !

Je conseille vivement les Bats dont parle Ju, véritable compromis entre le meilleur de REM et de Yo La Tengo !