18 août 2008

The Magnetic Fields - Distortion (2008)

N'en déplaise à Nickx, je me charge de prendre la Distortion à bras-le-corps, et les Champs Magnétiques avec des pincettes. Ce temps passé à se demander qui en écrirait la chronique (Distortion est sorti en février!) est peut-être le signe du doute que suscite cet album : comment appréhender un tel changement chez the Magnetic Fields? Certes, Stephin Merrit nous a appris à le suivre de la pop à violons à la pop à guitares, de la pop en ukulélé à la pop en synthés. Mais ce au sein d'un même album, si bien qu'au final, nous pouvions reconnaître et s'attacher au style de The Magnetic Fields.

Ici, Stephin Merrit, accompagné d'une nouvelle chanteuse à qui il laisse l'interprétation de la majorité des chansons, nous propose un son que nous n'avions encore jamais entendu chez son groupe. Distortion, renvoie, comme son titre le fait à un premier degré, à la noisy pop de la fin des années 80, celle de My Bloody Valentine, ou The Jesus and Mary Chain. Gulp. Et peu après la sortie du dernier album de The Raveonettes dans le même créneau, il est intéressant d'écouter ce que devient cette pop lyrique, collage poétique de chants mélodieux et de murs de révérbérations de guitares dissonnantes, après un passage entre the Magnetic Fields.

Encore une fois, tout est dans le titre. Alors que les précurseurs de la noisy pop étaient habités d'un grand sens de la poésie, the Magnetic Fields en reprennent le son pour raconter les pires horreurs, soit des histoires de vieux soûlards, de solitaires frustrés, ou de pétasses californiennes. Distortion est bien tordu, et tord le cou aux sens communs de la beauté. Stephin Merrit est un grand iconoclaste: l'icône de la pochette n'est pas innocente, ô loin de là. Distortion est donc une bonne blague, dont les textes sont au fond tristes et horribles comme il se doit, et d'autant plus hilarants.

Mais les blagues les plus courtes sont les meilleures, et il faut avouer que sur la longueur, plusieurs mois après, l'album ne présente plus beaucoup d'intérêt. Toutes ces guitares peinent à rendre ces chansons vraiment attachantes. Seuls les titres les plus enjoués restent drôles et musicalement efficaces: "Three Way", "California Girls", "Too Drunk to Dream". Les autres ne restent que drôles. Mais peu importe puisqu'ils ne donnent plus très envie de les réécouter. On les aurait en réalité sûrement préféré dans un habillages de violons... Mais tant pis; de toute façon, the Raveonettes n'ont pas fait mieux.

En bref: The Magnetic Fields se jouent de la noisy pop. Bonne blague! Bonnes chansons! Mais nous préférions les violons!




Le site officiel de Stephin Merrit et de ses projets.
Le Myspace de The Magnetic Fields.
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A lire aussi : The Magnetic Fields - Live à KarlstorBahnhof, Heidelberg le 03/07/2008

3 Comments:

Nickx said...

Tu as rudement bien fait de chroniquer, Man ! D'abord parce que les Magnetic Fields n'étaient ma chasse gardée, ensuite (et je crois qu'on s'était mal compris)parce que Distortion ne figure pas encore dans ma discothèque (j'y remédierai, n'aie crainte ! Enfin, parce que c'est toujours un plaisir de te lire - ton article sur le club teuton, génial !

Enfin, de manière générale, ta chronique me paraît intéressante, car elle permet de remettre en perspective certains disques qui se soumettent à la plus terrible des épreuves, celle du temps !

D'ailleurs, on devrait le cas échéant apporter des modifs ad hoc pour les albums qui après coup, n'étaient que des écrans de fumée !

Et vice-versa, confirmer après coup qu'on ne s'est pas "renié" sur un jugement pour le moins laudatif : ainsi le Histrionics de Scenario Rock que je considère de plus en plus comme un disque majeur, n'en déplaise à ce cher Dave ! Et Toc !

Nickx said...

Fabien aura rectifié de lui-même , car c'est de lui que je parlais pour le Scénario Rock ! Dont acte.

Matador said...

Oh, les Raveonettes ont quand même fait mieux! Mais ils sont moins second degré, je me trompe?