26 août 2008

The Magnetic Fields - 69 Love Songs (1999)


En 1981, Jean-Michel Jarre sortait son Champs Magnétiques ; peu de temps après, Stephin Merritt créait la première et la plus fameuse de ses entités, les Magnetic Fields.
Aucun rapport évidemment.

Les Magnetic Fields impressionnent avec cette somme de travail, que dire ce pavé, édité en 3 CD distincts en 1999, avant de voir compiler ses 3 volumes et plus tard d'être enfin édité en coffret 25cm vinyle.
On n'enlèvera pas au leader stakhanoviste des Magnetic Fields le Merritt d'être conceptuel : en 2004, il publiait I, dont toutes les chansons commençaient par la lettre I (Ministry en ferait de même avec le W, amusant !) ; en 99, il conviait donc ses amant(e)s à un ébouriffant 69.
Quoique....à bien y réfléchir, il n'est pas sûr que cette improbable histoire de laisse de chien ("Fido Your Leash Is Too Long") ou cet étrange récit de poulet décapité ("A Chicken With Its Head Cut Off") soient des déclarations en bonne et due forme ; en revanche le mot "love" apparait 11 fois dans un titre, sans compter les innombrables corollaires que sont les "cuckoo" et autres "heart" ; donc on peut raisonnablement valider l'entreprise.
Plus sérieusement,  c'est là le côté roots-hicks-bluegrass de l'oeuvre -, il reste en tout point remarquable que ne se dissimulent très peu de ratages dans la jungle de ce disque ; allez disons 3, 4 déconnades, 2 poilades, 1 merde (trouvez-là !) quelques morceaux bouseux un peu auto-indulgents, pas désagréables, mais pas fondamentaux non plus. Il en reste un ratio nettement supérieur au Double Blanc.

Pour ce qui est des chansons sympatoches, l'on pense notamment aux airs folkloriques qui trahissent les origines celtiques du groupe (enfin de son leader, parce que pour le dénommé John Woo au violoncelle.....) telles la très crin-crin "Wi' Nae Wee Bairn Ye'll Me Beget" ; mais l'oeuvre entière, dans un habile mix de pop new wave 80's qui peut évoquer aussi bien O.M.D ("Let's Pretend We're Bunny Rabbits"), Young Marble Giants et leurs mélodies syncopées ("If You Don't Cry"), que XTC ("Parades Go By") ou la meilleure folk (l'élégiaque "Bitter Tears" chantée par l'énigmatique LD Beghtol (?), est remarquable de constance.
Au milieu de cela, quelques brûlots noisy pop et bardées d'écho évoquent même le meilleur de The Jesus And Mary Chain (sans la fuzz barbelée, toutefois),  ces "When My Boy Walks Down The Street", "(Crazy For You But) Not That Crazy", "Yeah, Oh Yeah !", "Washington, D.C" où le gang des frères Reid aurait invité Moe Tucker à en pousser une.

Cette même Moe Tucker si bien incarnée -en fait, super vocaliste contrairement à la batteuse aphone du Velvet- par la violoniste Claudia Gonson, interprète des superbes "Sweet Lovin' Man", "Yeah, Oh Yeah !" ou autres "Acoustic Guitar".
Et Stephin Merritt dans tout ça ? Il se taille nonobstant la part du lion, avec les vibrantes envolées sur piano de "My Only Friend", "Busby Berkeley Dreams", le merveilleux et si caractéristique de son art - mélancolique mais faussement candide - "I Don't Believe In The Sun", il y a aussi la narcoleptique et nimbée de ouate "Love In The Shadows".
Merritt, qui outre les innombrables chevauchées, banjo en bandoulière, s'offre même une récréation reggae "It's A Crime" et va jusqu'à singer Tom Waits sur "Love Is Like Jazz".
Il est en fait responsable des deux tiers des interprétations ; les autres échéant aux accompagnateurs indiqués, ainsi qu'à la douce Shirley Simms, responsable des très convaincants "Come Back From San Francisco" et "No One Will Ever Love You" et son envoutant feedback.

Patchwork gonflé et résumé d'un siècle de musique occidentale, 69 Love Songs est une oeuvre majeure qui invite donc au rapprochement des corps.
Sans se départir toutefois d'un romantisme fin de siècle.

En bref :  Assurément difficile à compiler en best-of  ; trop de belles et tuantes chansons dans tous les styles formant à n'en pas douter le point d'orgue de la discographie des Magnetic Fields.




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Le site où tout trouver sur les Magnetic Fields ainsi que sur les autres groupes de Stephin Merritt et le Myspace
"The Book Of Love" du disque 1


"Epitaph For My Heart" du disque 2




Le libidineux "Underwear" du disque 3


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