23 février 2009

Morrissey - Years Of Refusal (2009)

Tout un poème la sortie du 9ème opus du Moz. Car mine de rien, celui-ci était annoncé comme devant paraître peu après le best-of de 2008. Mais une fois de plus, les démêlés de notre dandy avec un label étaientt passés par là.
Du reste, Morrissey et les labels, c'est tout un poème, et ça n'est pas le moindre des gimmicks attachants et rigolos dans lesquels se complait le bonhomme. En effet, après le faux revival RCA de Southpaw Grammar (1995), l'hilarant clin d'oeil au néoclassicisme de Deutsches Grammophon, pour Ringleaders Of The Tormentors (2006) et sa pochette clin d'oeil à André Rieu qui voyait l'anglais renouer avec une inspiration quelque peu laissée en berne depuis le splendide Vauhall And I (1994), voici l'étiquette Polydor.


 Les pochettes sont aussi de plus en plus tordantes et euh.... énigmatiques depuis le mafioso mitraillette au poing de You Are The Quarry (2004) ; là c'est un bébé, appartenant semble-t-il à l'ancien manager de l'artiste. Serait-ce qu'après avoir trouvé l'âme soeur sur l'album précédent, le dégingandé engliche aspirerait à la paternité ? La réalité semble toute autre, et comme souvent avec Morrissey, lorsque l'humour, le second degré font défaut à ses disques, c'est leur marque de fabrique qui en souffre, tant il est vrai que le Moz n'a pas son pareil pour rire de ses semblables comme à ses dépens. Et même si ces chansons remontent à il y a presque 2 saisons, soit le temps du bonheur romain, elles semblent empreintes d'une certaine amertume, et sous leurs dehors goguenards laissent poindre la fêlure ;  n'en déplaise à la morgue affichée de"All You Need Is Me". Plus grave, Morrissey n'en finit pas de faire confiance au groupe d'affreux bûcherons qui l'accompagne depuis plus d'une décennie. Ici, ça bastonne, ça fait vriller les guitares, le grand Steven n'a jamais aussi bien chanté, forçant même les aigus les plus outrés (le refrain de "Something Is Squeezing My Skull") , mais bien souvent, cela sonne vain, comme sur l'effroyable final de "Mama Lay Softly On The Riverbed".

 Alors, il y a des couplets qui font mouche, la délicate "I'm Throwing My Arms Around Paris", le final "Sorry Doesn't Help", "I'm Ok By Myself", mais dans l'ensemble tous ces enchaînements bourrins, ces arrangements rustres qui renverraient Your Arsenal (1992) dans les cordes de l'oeuvre ciselée, font bâiller. Un album long à voir le jour pour des problèmes contractuels, mais à l'inspiration hélas inversement proportionnelle à la durée d'exécution et d 'élaboration.

En bref : Morrissey délaisse à nouveau le nectar millésimé au profit du gros rouge qui tache. On est en droit d'apprécier cet enrobage, d'autant que le ramage du chanteur est intact. Tout comme on peut se montrer passablement déçu par la qualité des chansons de cette 9ème livraison. 



11 Comments:

Ju said...

Moi j'avais vraiment bien aimé Ringleaders Of The Tormentors, et celui-là pour l'instant je le trouve un peu bourrin, sans doute la faute aux bûcherons...
Bises.
Ju

Nickx said...

J'ai réécouté Ringleaders....récemment, et bon...même s'il était de toute façon beaucoup plus varié, le dernier album ne souffre vraiment pas la comparaison !

Mais bon....Morrissey mérite qu'on en parle, juste parce qu'il s'agit de Morrissey ! Respect !

Anonyme said...

il est pas mal cet album mais pas top non plus. on dirait un peu du heavy metal par moment non ?

M.Ceccaldi said...

si vous voulez savoir à qui Morissey a piqué l'idée de sa pochette : http://www.encyclopedisque.fr/disque/24820.html

preuve d'une baisse de forme certaine...

Nickx said...

Tu es dur là !

Qui c'est ce gus ? LOOOOOOOL

Anonyme said...

Une des déceptions de l'année.. J'y ai mis quelques étoiles pour Morrissey, mais la musique est véritablement chiante...

Et le clip de "I'm Throwing..." est parfaitement horrible également :-/

Unknown said...

Je l'écoute en boucle et c'est vrai que je n'arrive pas à retenir la ritournelle de la moitié des chansons. Elles sont assez lisses et les lyrics n'ajoutent rien à l'univers de Moz. Mais bon ça reste du Moz et j'achète les yeux fermés

Unknown said...

au fait, je vous ai découvert par les news de ulike (http://fr.ulike.net/news). Beau blog collectif que vous avez là.
Long live Moz!

Unknown said...

Morrissey fait du rock. Et alors ? il en a toujours fait, et de bonne facture. J'ai l'impression que tout le monde veut du malheureux, du mièvre, du lancinant, alors que le génie fait que Moz seul sait faire du rock, du pop, et même adapter du classique ("the teachers..."), tout en restant touchant et infiniment sensible. Son talent, il l'exprime d'une manière belle et bien Rock, ce qui me rappelle les bonnes heures du "your arsenal", produit par le "late Mick Ronson". Ce Years of Refusal est un excellent album Rock du grand Moz, et il se trouve que les Smiths en ont fait eux aussi à leur époque...

Nickx said...

Ce n'est pas tant le son rock qui pose problème, à l'écoute de cet album - encore qu'en faire autant des tonnes cache forcément quelque chose !

C'est simplement que les chansons sont bien moins bonnes qu'à l'accoutumée, c'est tout !

Les deux précédents albums contenaient aussi leurs lots de morceaux couillus, mais étaient autrement plus réussis !

Alors, c'est vrai que j'avoue une préférence évidente pour "Vauxhall and I", et que je trouve "Your Arsenal" peu intéressant, mais faut-il en déduire pour autant que tout cela n'est qu'affaire de mièvrerie ou de "son" ? Je ne crois pas !

Mozophile said...

Bien d'accord avec Bob: c'est du grand Morrissey, au sommet de son art, un de ses meilleurs albums et peut-être le plus abouti. Notamment, I'm throwing my arms around Paris est magnifiquement simple, efficace et émouvant, et aurait fait un gros tube à une époque moins médiocre.

All you need is Moz.