20 février 2009

M. Ward - Hold Time (2009)

Toute nouvelle sortie de M. Ward est pour moi un évènement. Aussi, me suis-je retrouvé il y a quelques mois à chroniquer ici l'album Volume one de She and Him, duo entre le chanteur sus-mentionné et la jeune actrice à la gueule d'ange et à la voix cristalline Zooey Deschanel. Aujourd'hui, on retrouve Matthew mais cette fois-ci en solo, pour un nouveau projet attendu impatiemment depuis son précédent opus, Post-War, en 2006.


Autant le dire d'emblée, le défi à relever était de taille pour le natif de Portland. Après trois disques sublimes de folk songs racées - The transfiguration of Vincent tenant pour moi le haut du pavé - un nouveau chef-d'oeuvre était espéré. Manque de bol, Hold time ne répond pas à ces gourmandes attentes. S'il ne commet aucun crime de lèse-majesté et délivre quelques titres de blues-folk totalement envoûtants, il n'égale pas ses prédécesseurs et ne porte pas, pour moi, la marque d'un véritable et profond bel album.


Il est vrai, je ne suis pas un grand amateur des “featurings” et autres collaborations. Du reste, si elles demeurent ponctuelles peuvent-elles être appréciables. En trop grand nombre, j'aurai parfois tendance à croire qu'elles peuvent diluer un album, effacer légèrement la griffe et la présence d'un auteur, nuire à l'installation d'un climat, d'une ambiance. C'est mon avis concernant Hold time où, sous la houlette du producteur et multi-instrumentiste Mike Mogis (Saddle Creek), se succèdent au micro la chanteuse de folk-country Lucinda Williams, Tom Hagerman (DeVotchKa), Rachel Blumberg (The Decemberists), Jason Lytle (de feu Grandaddy) et Zooey Deschanel. Un bien beau casting qui, en dépit de sa qualité intrinsèque, dessert à mon goût largement le disque par son omniprésence.


L'inspiration blues des années 50-60 à la Roy Orbison, déclarée et défendue, est plutôt classieuse comme l'est par ailleurs la reprise de Buddy Holly “Rave on”, cinquième titre de l'album. Cependant, là aussi, cette référence trop franche à une noble tradition musicale américaine semble nous éloigner des disques chauds et intimes, éminemment personnels, composés par Ward dans le passé. L'écriture est là, la voix suave du chanteur communique toujours un plaisir inouï, mais la sauce ne prend pas réellement.


Ma sévérité n'a d'égal que l'étendue du talent de M. Ward. Si elle est vive, elle doit aussi être nuancée. En effet, Hold time n'est pas un mauvais album, loin de là, et certainement parviendra-t-il à populariser encore davantage son talentueux géniteur. Quelques titres sortent du lot et renouent avec les ballades vaporeuses et à fleur de peau de The transfiguration of Vincent (2003), Transistor radio (2005) ou Post-war (2006). La délicate “Stars of leo” avec son embardée progressive de guitare acoustique et de batterie en est un parfait exemple. Son enchaînement avec la christique “Fisher of men”, plus entraînante avec ses riffs de guitare électrique et sa ligne rythmique country, est tout simplement délicieux.


En dépit des quelques critiques (humbles et amicales) que l'on peut lui adresser, M. Ward réussit néanmoins un de ses paris avec ce disque. Produire une musique intemporelle et inclassable, littéralement suspendu dans le temps. “If only I could hold the time” sussurre-t-il de sa voix feutrée sur le titre éponyme de l'album. Oui, Matthew, tu peux, sois-en sûr...


En bref : M. Ward reste M. Ward. A savoir, un incontournable de la chanson américaine. Pour les novices, Hold time vous offrira une voie d'entrée capitonnée vers son oeuvre. Pour les familiers du personnage, en dépit d'un léger sentiment de déception, vous n'hésiterez certainement pas à écouter et réécouter ce disque. Simplement parce qu'il s'agit du nouvel M. Ward... une raison largement suffisante.






A noter : Comme nous l'avions déjà annoncé, M. Ward sera en concert le 26 février prochain au Café de la danse de Paris (Plus d'info).


Au passage, on peut signaler que le chanteur a récemment déclaré qu'un Volume two, fruit d'une nouvelle collaboration avec Zooey Deschanel, était en préparation pour 2009.


Le site web et le myspace de M. Ward


A lire aussi : She and him - Volume one (2008)


Starsofleo.mp3

Raveon.mp3 (Reprise de Buddy Holly)


Le clip de “Hold time” :



3 Comments:

Dave said...

Une chronique très juste d'un album qui m'a aussi un peu déçu. Pas un titre du niveau de "Sad Song", "Helicopter" ou "Poison Cup". Mais comme tu l'as dit, ça reste de la belle ouvrage, et j'ai quand même hâte de voir ce que ça va donner en live.
Bises
Dave

Anonyme said...

Pareil... pour l'instant ce disque ne m'a pas vraiment envoûté, mais je ne l(ai pas encore beaucoup écouté.

Anonyme said...

Moi je trouve que ce garçon ne nous déçoit jamais et là encore, il trouve les arguments pour nous convaincre (les arrangements surtout !.