06 mars 2007

Jim Derogatis - Lester Bangs, mégatonnique rock critic

Mégatonnique rock critic est une biographie de Lester Bangs, critique rock américain des années 70 et 80 et icône de la presse underground de l'époque. Une des plumes les plus célébrées du temps du flower power, puis, au moment de l'apparition du punk. Rolling Stone, Creem, le New Musical Express et le Village Voice ont accueilli ses chroniques enflammées, acerbes et sans concessions. Des chroniques qui se voulaient aussi énergiques et puissantes que le son rock.


Lester Bangs est né Leslie Conway Bangs en décembre 1948. Il voit le jour dans la bourgade d'Escondido, dans le sud de la Californie. Son père meurt alors que Leslie est encore enfant. Sur sa mère, témoin de Jéhovah, repose alors l'autorité dans la famille. Elle tente d'inculquer à sa progéniture des principes et une morale religieuse ferme.
Leslie se fait appeler Lester et dévore les écrits de la beat generation. Kerouac, Burroughs, Ginsberg mais aussi Bukowski et Hunter S. Thompson constituent son panthéon. Il remplit rapidement ses premiers cahiers à spirales. Des poèmes, des récits autobiographiques mais aussi ses premières critiques de disques.
Kick out the jams du MC5 sort en 1969. Lester, depuis quelques mois déjà, envoie ses articles aux différents magazines underground de la côte ouest. Il aime écrire. Rolling Stone, créé deux ans auparavant par Jann Wenner (un ancien élève de Berkeley), publie la critique de Kick out rédigée par Lester. Une critique violente alors que le groupe de Détroit connaît un immense succès à l'heure de la contre-culture. "C'est de la boue" écrit-il. Quelques années plus tard il se rétractera pour encenser l'album. Les débuts sont à l'image du bonhomme. Une histoire d'ombres et de lumières, une tentative de réexploration des sentiers beat.
Alcoolique notoire misanthrope. D'une instabilité terrifiante. Lester Bangs pouvait écrire une ode critique passionnée de plusieurs milliers de mots sur le Transformer de Lou Reed. Mais ensuite insulter son idole lors de leur première rencontre. Il traita Led Zepellin de "pédales émaciées" et bouillit de respect devant Blank generation de Richard Hell and the Voidoids, un des premiers manifestes punk américain. Il n'eut de cesse d'ingurgiter barbituriques et de passer des nuits à maculer des feuilles de ses entrailles acides.
Jamais dans la masse ou la majorité. Lester Bangs navigait au large. A contre-sens souvent. Il accompagna les débuts du punk (on lui prête d'ailleurs l'invention du terme) et se rendit à Kingston dans l'Ark studio de Lee Perry. Astral Weeks était un de ses disques préférés. Il acclama David Bowie, descendit Bob Marley et rencontra William Burroughs. Il mis en musique ses textes et forma un groupe médiocre qui implosa en quelques concerts. Il chia sur le punk qu'il avait accompagné et se réfugia dans le free jazz. En quelques anecdotes se devinent facilement les contours d'un personnage romanesque.
A 33 ans, l'âge du Christ, il fut retrouvé mort sur son sofa, les yeux ouvert et un vynil tournant sans fin sur sa platine. Il écoutait "We don't need a reason" du groupe anglais Dare.


Lester Bangs fut certainement le critique musical le plus lu et acclamé dans l'histoire du genre. Errant dans les marges et provocateur, il fut admiré telle une rock star. Pour autant, ne peut-on pas réduire Lester Bangs à une simple création romanesque décadente en quête de beat attitude? A une plume talentueuse nourrie d'acide?
Quoiqu'il en soit, Mégatonnique rock critic reste une lecture plaisante, bourrée d'anecdotes et de pistes musicales à explorer. Une fois le bouquin refermé, je me suis dit : "C'est pas mal. Un peu anecdotique mais pas mal". Viscérale conclusion...

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1 Comment:

Anonyme said...

Lester Bangs est icarné par le très bon Philipp Seymour Hoffman dans l'excellentissime "Almost Famous" de Cameron Crowe, lui même ancien critique rock chez Rolling Stone.