02 octobre 2009

Film Noir - I Had A Very Happy Childhood (2009)


Film Noir fut sans problème l'un des coups de coeur de 2009. Ce groupe parisien existant depuis 2 ans déjà, publiait alors à la rentrée automnale son premier effort.
L'album, précédemment sorti en 2008 sous une version alternative - pochette, mix et tracklisting différents - avait reçu un accueil plutôt favorable même si confidentiel.

Ce disque évoque un ex-ténor du rock indé défricheur, à savoir les belges de dEUS pour ce mix de rock indé, jazz, l'usage particulier du sax, qui n'est pas sans évoquer les vétérans de Tuxedo Moon aussi. Bref, tout un tas de choses qui furent passionnantes en leur temps. Le fantôme du géant Julian Cope affleure ici ou là, également ("Red purple black and blue") sur l'un des temps forts du disque, dans lequel certains ont distingué un phrasé dylanien : ce qui n'est pas faux ! La remarque vaudrait d'ailleurs pour la ballade en traîneau et ses clochettes qu'est "By the bay"

I had A Very Happy Childhood commence en tout cas de manière chaloupée, par une sorte de swing élégant mâtiné d'Hammond, ("In a courtroom") qui insuffle ce feeling jazz irrésistible. Oan Kim, chanteur et leader du groupe, possède vraiment un beau phrasé et un accent impeccable.
Puis s'ensuit "An Accident", morceau trépidant au staccato de guitare presque punk -et qui évoque dans l'esprit, les Buzzcocks. Même constat pour son presque frère jumeau "It's goodbye". On est  sinon rapidement séduit par la juxtaposition de morceaux généralement assez différents, et porteurs de tant de références chéries, qui s'enchaînent avec légèreté,.
Ailleurs,  quelques titres champêtres ("The Farmer" ou la rencontre d'un jazz Dixie façon Nougaro, "The Road") ne sont pas sans rappeler à notre bon souvenir cet épatant groupe folk qu'étaient les Violent Femmes au début des années 80. La voix y est bien-sûr pour beaucoup, tantôt ingénue, tantôt plaintive.

La morgue du très réussi "Short men long shadows" amène par exemple à ressusciter le chant filtré et sardonique de Mark E. Smith, dans un bel exercice post-punk, tandis que"The Shooting Game" revendique sans doute sa dette énamourée aux Smiths. Sur d'autres titres, n'était le timbre de velours de son chanteur sur "The Thief Is In The Tree", le groupe chasse sur les mêmes plates-bandes que Tom Waits, autre influence communément perçue.

La musique de Film Noir, c'est une musique libre -meilleure conception de la musique qui soit ?- jouée sans autre volonté que de se faire plaisir à soi-même, tout le contraire des oeuvres putassières, soumises à un cahier des charges, et qui encombrent le marché.
Chef d'oeuvre passé inaperçu auprès du grand public et à redécouvrir toutes affaires cessantes.


En bref : l'excellente surprise francilienne de la rentrée 2009. Un groupe habité, aux confluents de musiques diverses qui vont du jazz au rock indé le plus intransigeant.




le site,

le site de photo de Oan Kim

Un extrait live de "Red purple black and blue"

3 Comments:

Anonyme said...

La merveille de Film Noir: les chansons font rêver, voyager, et nous rappellent plein de groupes indés fantastiques qu'on a adoré, tout en restant parfaitement originales.
De la musique travaillée et honnête.


Félicitations +++

Poison.

Ju said...

Pour avoir calmement et dans son intégralité écouté ce disque cet après-midi aux côtés de l'auteur de cette chronique, je peux certifier que c'est un excellent album, et que ce groupe est très prometteur. Avec Scenario Rock et Pony Hoax, on tient un troisème mousquetaire de luxe.
Merci.

Eric said...

Je me suis procuré leur album après les avoir vu en live à "L'international" sur Paris. Excellente préstation scénique. L'album a un son plus pop, moins rock que sur scène en fait, j'espère qu'ils vont suivre cette voie pour leur prochain enregistrement, "Red purple black and blue" était géante sur scène j'en ai eu des frissons, poussez moi ce son de guitare sur le prochain album merci!!!