07 mai 2009

Masomenos - The Third Eye (2009)

Auriez-vous cru qu’un jour un disque estampillé Costes pourrait être chroniqué sur Dodb ? Personnellement, je n’y aurais pas mis ma main à couper, ni quoi que ce soit, d’ailleurs. C’était sans compter sur le sens du marketing de la maison parisienne, qui a tout de même fini par sentir que le vent avait tourné et que la compilation bobo-lounge était devenue synonyme de beaufitude post-moderne. La série “Costes présente...”, dont voici le second volume, a donc été pensée pour redorer le blason de la compagnie hôtelière et lui rendre une crédibilité sur la scène électronique. Et c’est le duo Masomenos qui a été choisi pour assumer cette lourde (pour ne pas dire impossible) tâche, d’abord avec la compilation mixée Bon Voyage (2007), ensuite avec ce premier album, lui aussi mixé, à paraître le 11 mai.

Les douze morceaux proposés résument idéalement le son de ce binôme ultra-fashion composé de la DJ et graphiste Joan Costes (qui a dit “pistonnée” ?) et du réalisateur/producteur Adrien de Maublanc. Sur une base house aux basses lourdes, Masomenos se livre à d’astucieux collages en utilisant des samples et citations inattendus, comme sur "Ma Saucisse” (!), où résonne la "Gnossienne n°1" d’Erik Satie - le titre évoque par ailleurs le Ricardo Villalobos des débuts, le côté dubby en plus. Sans doute le meilleur moment du disque. Si le tempo ne ralentit presque jamais sur Third Eye et s’avère à la longue un poil répétitif, les ambiances varient suffisamment pour éviter l’ennui - exception faite d’un petit passage à vide à mi-parcours. Le Camerounais Firetongue apporte une touche afro-latine avec ses percus et sa guitare. Quant à Curro Savoy, siffleur attitré d’Ennio Morricone pour les B.O. de Sergio Leone, il fait quelques apparitions pour accentuer l’aspect cinématographique du voyage.

Pas de grosses nappes synthétiques, ni d’arpèges en cascade : c’est bien à l’école minimale qu’ont été éduqués Joan et Adrien. Le son est plutôt sec, et les samples comme posés en retrait d’une rythmique toujours assez funky. En fait, Masomenos fait souvent penser à Nôze dans sa manière de disséminer les éléments instrumentaux dans ses programmations. Cette analogie est absolument évidente sur “Valse”, track euphorique réalisé avec le Turc Sis, qui rappelle fortement “You Have To Dance”. Nôze faisait d’ailleurs partie des invités de la release party de Third Eye à l’Elysée-Montmartre, il y a quelques jours. On a connu pire parrainage.

En bref : un premier album intéressant, même s’il s’agit davantage d’une compilation de maxis. Des samples intelligents, beaucoup d’humour et un univers funky et coloré... Entre Nôze et Villalobos, les frenchies de Masomenos signent une belle pièce de house minimale. A surveiller.



Le site et le Myspace de Masomenos

A lire aussi : Nôze - Songs On The Rocks (2008) et dOP - The Genius Of The Crowd (2009)

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