17 mai 2009

Arcade Fire - Miroir Noir, Neon Bible Archives (2009)

Généralement peu convaincu par les dvd musicaux, il fallait vraiment que celui-ci traite du phénoménal groupe montréalais pour que j’engage 70 minutes de ma précieuse vie à le visionner. Réalisé par Vincent Morisset ami et collaborateur du groupe et filmé par le caméraman à emporter Vincent Moon, le film est un documentaire sur la production et la tournée (essentiellement européenne) de Neon Bible, deuxième album incontournable des canadiens sorti en 2007. Edité de manière originale, à savoir dans un premier temps mis en libre service sur Pitchfork en décembre dernier, puis mis en téléchargement sur site dédié, et enfin en vente en dvd standard ou de luxe, Miroir Noir en français dans le texte ne ressemble finalement à aucun autre rockumentaire.

Renié par Moon qui le qualifie de "zapping infernal et épileptique" ou encore de "gâchis", je me dis que l’on n’a définitivement pas vu le même film, où qu’il y a contentieux derrière tout ça. Parce que justement, Miroir Noir est tout sauf un documentaire classique. C’est même à l’opposé un extraordinaire film d’art impressionniste, qui déjoue avec classe tous les clichés du genre. Pas d’interview, pas de voix off, pas de trash, pas de complaisance, et une ligne directrice finalement laissée aux fans sous forme de messages vocaux (plus ou moins loufoques) laissés sur un répondeur propre à l’album, où les gens ont pu "poster" des commentaires suite à l’écoute du disque.

Eh l’on s’en doute, si l’on est un minimum rentré dans l’univers des canadiens, ces témoignages loin de tomber dans le pathos soulignent l’impact énorme que Funeral et Neon Bible ont eu sur des milliers de personnes. "Espoir", "vérité", "mystique", "simple", "ferveur" difficile pour ces voix sans visage de mettre des mots sur ce qu’ils ont ressenti, et l’émotion est présente dans chaque silence, chaque intonation, chaque murmure.



Anti chronologique, Miroir Noir débute là où tout se termine, ou presque. L’Olympia, 19 mars 2007, Win Butler et ses comparses descendent dans la foule et entament ce "Wake up" d’anthologie au porte-voix largement diffusé depuis sur le net. Frissons. Un peu plus loin, c’est le titre "Black mirror" qui est mis en avant au travers d’une représentation en mode festival. C’est l’une des particularités de ce film, d’avancer à tâtons dans le répertoire des canadiens, avec de nombreux interludes artistiques, composés d’images floues, avec du grain, au ralenti, en noir et blanc, en couleur… Et surtout de progresser sur chaque titre comme cela se produit sur album, c’est-à-dire commencer le morceau dans l’intimité, puis grandir, grandir, et terminer sur scène où le morceau prend son envol.

L’on assiste aussi à la naissance des chansons, dans l’église de Farnham sur laquelle je peux enfin poser des images. Régine Chassagne, dans un nouveau plan "frissons" pose ses fragiles petits petons sur les pédales de l’orgue, et cette incroyable symphonie retentit. "Intervention". Vient ensuite le fameux "Neon bible" de la Blogothèque à neuf dans l’ascenseur (les Gipsy King auraient-ils fait mieux ?), où Richard assure les percussions en déchirant un magazine. S’en suivent balances, préparations mentales, Win tête contre le mur, Régine qui s'amuse, comme toujours. "Cold wind" sur des images de concert, magnifique.
Puis vient la violence soul de "My body is a cage" et le merveilleux "Windowsill" encore une fois en ascenseur, mais cette fois-ci uniquement en duo, Régine au rythme, Win à la guitare. Eh quand l’ascenseur démarre, la scène devient tout simplement magique. Quand on voit ce couple faire ce qu’il fait, je ne sais pas, magique… Le temps de commencer "Keep the car running" à capella dans la froideur de l’hiver canadien, puis de rajouter quelques violons, et de passer à un "Ocean of noise" multi sessions. Si l’on a vu la tournée, on se doute que le gros est encore à venir.

Montage alternatif de l’immense "Neighborhood #3 (Power out)" sur les scènes de la Garden Nef et des Arènes de Nîmes, puis enchaînement fatal sur "Rebellion (Lies)". Que de souvenirs. Je me dis que j’ai eu une sacré chance d’assister à cette tournée dont on parlera encore longtemps tant tout était parfait. Groupe, albums, chansons, puissante scénique, ce visuel autour de la bible de néon. Frissons, frissons, encore des frissons…

En bref : que vous soyez fan ou non, Miroir Noir est un exceptionnel film sur un groupe et une tournée qui resteront dans l’histoire, bourré de moments épidermiques, d’images émouvantes, et de titres qui sont tous déjà des classiques. Un grand témoignage sur un groupe qui n’en mérite pas moins.





Le site officiel et le Myspace

"Windowsill" pour l’intimité et "Rebellion (Lies)" pour le grand spectacle :




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