08 mai 2009

Magma - Concerts à l'Usine de Istres et au Théâtre du Rhône de Bourg Les Valence

Magma. 40 ans d’évolution. 9 albums en studio, tout autant en live. Ce qui au final n’étonne pas : le groupe prend sa véritable dimension sur scène; il recompose au grès des dates les morceaux "figés" dans la cire et travaille chaque soir de nouveaux titres comme à des sessions d’enregistrement publiques.

Cet anniversaire (40 ans donc pour ceux du fond qui ne suivent pas, le groupe s’est formé en 1969) est le prétexte à une tournée mondiale et donne l’occasion à la formation de rencontrer son public de plus en plus nombreux. Les générations s’accumulent au fil des ans si bien que la musique de Magma rassemble à la fois les sexagénaires fidèles depuis l’origine et les jeunes adultes en quête d’une alternative. Cette alternative n’est peut-être pas dans les propositions de certains groupes actuels. Ils rabâchent parfois trop des sonorités acquises à la fin des années 70 début 80. Leurs univers semblent surfaits, impersonnels. D’autres groupes s’expriment à travers le festif à caractère régional. Mais là aussi il semblerait que la lassitude s’empare de celui qui suit le chemin "qui tourne en rond" autour du clocher du village. Bref, la coulée de lave magmatique, puissante et tranquille, suit son sillon de plus en plus long, de plus en plus large. Le voyage est riche en paysages, en couleurs. Un univers en éternel mouvement.

Pour revenir aux concerts en eux-mêmes, et pour être très précis, sur scène Magma a la formation suivante (et par ordre alphabétique s’il vous plaît) : Hervé Aknin au chant, Benoît Alziary aux vibraphone et claviers, Philippe Bussonet à la basse, Isabelle Feuillebois au chant, James McGraw à la guitare, Bruno Ruder au piano electrique, Stella Vander au chant et Christian Vander à la batterie et aussi au chant. Le choix des titres ne se fait pas dans une sélection d’incontournables du groupe, la tracklist opte plutôt pour une relecture d’anciens morceaux ("Hhaï", "Zombies") imbriqués dans des compositions récentes et inédites ("Felecite Thosz", "Whohst Klahmeuhn" entre autres) ainsi qu’un titre souvent joué live depuis longtemps par le groupe, "Emëhntëht Rê". Une version studio de ce dernier n’aurait été enregistrée que récemment et demeure inédite à l’heure actuelle.


Le set se compose de trois parties distinctes : deux parties d’environ cinquante minutes chacune et le rappel; rappel où selon les dates sont joués "Kobaïa" (morceau d’ouverture du premier album sorti en 1970 intitulé sobrement Magma) et "Ballade", titre inédit. Nous n’avons pas pu écouter la ballade ces soirs-là pour différentes raisons. Le voyage sur les deux longues plages se fait sans problème au gré d’envolées martiales, de passages planants, d’accalmies romantiques. La voix de Stella Vander n’a pas perdu de sa grâce et de sa précision. Le travail de Benoit Alziary au vibraphone est impressionnant, malheureusement en retrait sur la balance du concert de Bourg Les Valence (ça rime, cool). Les mauvaise langues diront que la voix de Hervé Aknin est un peu juste car ils sont déçus de l’absence de Klaus Blasquiz (chanteur originel de Magma). Mais sa voix est agréable et s’harmonise bien avec le duo féminin. Le jeu du bassiste reste carré, je n’ai rien entendu de très notable mais fais-je erreur ? Le guitariste est dans la lignée des gratteux de progressif et il sait être toute à la fois saillant et lancinant. Les seuls petits défauts majeurs des deux représentations sont un solo de piano (eux, ils appellent ça un morceau inachevé, pourquoi pas) et la fin de "Emëhntëht Rê/Funerarium Khant" un poil long et éprouvant (c’est voulu je pense et ça fonctionne mais on en sort un peu épuisé). Christian Vander est toujours en possession de sa douce puissance et parvient encore à insuffler une énergie sourde et permanente. Ce ronron volcanique est parfois accentué d’envolées ou de syncopées qui galvanisent les morceaux. Le vrai clou pour l’auditoire est quand Christian Vander utilise son réel talent vocal. Ce moment de jubilation est partagé à l’unisson sans retenue.

Le voyage d’à peu près deux heures sur le sentier kobaïen semble n’avoir duré qu’une micro- seconde. C’est avec une cruelle déception que les lumières de la salle se rallument. On ne se sépare pas sans que le groupe et le public ne se soient mutuellement remerciés de ce petit bout de chemin partagé ensemble. Fini le voyage imaginaire, retour à l’implacable réalité. Reste à savoir écouter notre cœur, à ne pas hésiter à fermer les yeux (attention à la marche quand même) afin de prolonger dans notre cerveau, fragilisé par cette récente émotion, le voyage sur cette planète, pas si éloignée que cela de la notre finalement, ils l’ont nommé Kobaïa.

Un grand moment dans la lignée des voyages spatio-temporels pendant lequel le laid devient beau, la guerre devient paix, le chaos devient musique. Une alchimie musicale des temps immémoriaux.

le myspace

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