28 mai 2008

MGMT - Concert à la Laiterie de Strasbourg le 24/05/08


Enfin, enfin, enfin la première date française de la tournée de MGMT, après un passage par Paris en Février. Nous brûlions, brûlions, à force d'écouter Oracular Spectacular depuis des mois, alors que nous brûlions déjà trop pour attendre la sortie française. Depuis, nous leur en avions même pas voulu d'apparaître sur toutes les couvertures. Après tout, le délire devait être collectif et solidaire. Et ce soir, nous ne leur en voudrons même pas d'avoir attiré autant d'adolescentes à leurs premiers rang. Celles-ci s'affolent à l'arrivée du duo, accompagné d'un batteur et d'un bassiste, dans un registre vestimentaire évidemment seventies. Mais dès le premier titre Weekend Wars, les regards s'échangent en périphérie du public qui avait décidé qu'il s'amuserait ce soir. La chose devient évidente lors des chansons suivantes, et surtout après Time to Pretend : le groupe ne donne rien sur scène.

Ou pas grand chose. MGMT joue son album dans le désordre, rapidement, précisément. Deux inédits, un solo de guitare vaguement psyché, et puis s'en vont. MGMT fait le concert promotionnel d'un groupe lambda, alors que nous venions vivre une grande messe psychédélique. En réalité ils ont l'air un peu perdu, l'air de ne pas comprendre comment ils sont arrivés là, ni ce que nous attendons d'eux. Mince, est-ce que tout était de la faute de Dave Friedman? Leur a-t-il produit un disque au-dessus de leurs moyens? Pourtant ces chansons extraordinaires émanaient bien de ces deux garçons, qui avaient de leur corps ouvert la porte d'un monde merveilleux à travers des clips faits de couleurs hypnotiques, d'images improbables, et d'héroïsme mythique. Mais MGMT ne propose rien de tout ça ce soir; alors qu'ils devaient nous inviter à entrer dans ce monde tant rêvé, ils nous en ont fermé la porte au nez. Les chansons ont toutes perdu de leur magie. Les plus grandes étaient toutes petites (Kids, The Youth). Les plus colorées étaient toutes ternes (Future Reflections). MGMT, nous ne vous avons jamais demandé de vous produire en professionnels, de contenir votre jeunesse, votre folie, vos fantasmes. Nous voulions vous voir danser les bras en l'air, décomplexer le jeu de scène, aller au bout de ce que vous aviez amorcé. Vous nous avez mis la tête dans les étoiles, et ce soir vous nous avez fait redescendre sur cette Terre que nous n'aimions plus tellement. Oui les garçons, maintenant nous vous en voulons.

Pour se faire une idée, Pieces of What au célèbre Later Live Show:

4 Comments:

Ju said...

Quel dommage... J'espère qu'ils assureront plus aux Eurockéennes.

M.Ceccaldi said...

un producteur aurait donc le pouvoir de sublimer le talent d'un groupe, qui, livré à lui même, ne donnerait rien ? je veux bien le croire, tout ça reste mystérieux pour moi.
Est-ce que qqn a écouté et aimé le disque de scarlett J. produit par Sitek ? Les Inrocks adorent, Libé déteste.

Emmanuel said...

Je n'ai pas écouté "David et Scarlett". Mais il faut reconnaître que Time to Pretend doit beaucoup à ses effets de production (sur les voix, les basses), et qu'en restituer l'émotion sur scène signifiait faire passer des choses par le corps, y mettre toute sa conviction... Tout ça manquait de joie, simplement.

Anonyme said...

Je suis allée à ce concert tout en sachant que restituer un album tel que "oracular spectacular" sur scène était proche de l'impossible. J'ai évidemment été un peu déçue par cette prestation mais cela n'enlève rien à la qualité de cet album, fort heureusement. En espérant voir autre chose demain aux eurockéennes...