19 mai 2008

Interview - Think Twice

Il y a un peu plus d'un mois je vous signalais la sortie de Coco killed me, deuxieme album de Think Twice, groupe franco-irlandais transféré de FCom à Dialect. Séduit par leur mixture de punk-rock, de funk blanc et d'indietronica, j'ai demandé à Benoit Raymond, bassiste et guitariste du trio, d'apporter quelques éclaircissements aux bienheureux lecteurs de DodB.

Quels ont été vos parcours respectifs avant la formation de Think Twice ?

Macdara faisait des performances, du spoken-word et de la trompette.
JC était a la fois vendeur de disques et DJ. Pour ma part, j'ai joué dans differents groupes de rock.

Choisir d'appeler le groupe Think Twice avait-il un rapport avec la guerre en Irak, comme un avertissement à G. W. Bush ?

Le groupe s'est formé à cette époque- on voyait des manifestations à travers le monde, on y participait - on croyait que les manifestations pouvaient avoir un effet. Nous avons trouvé le nom avant que la guerre ne commence. Pour moi il s'agit d'un nom qui veut dire "pense avant d'agir". C'est un peu une blague pour nous parce que nous gardons une distance avec ce que nous faisons, mais nous souhaitons quand même garder une part de spontanéité.
JC a trouvé ce nom et quand il nous l'a proposé, je l'ai tout de suite vu écrit sur des sacs de lycéens au stylo bille...

Ce second album est moins politique que le précédent. Avez-vous abandonné vos revendications ?

Nos revendications sont assez modestes dans le premier album. Nous disons ce que beaucoup de gens pensent déjà. Ici, nous avons fait le choix de prendre des masques et de raconter des histoires, de celles qui arrivent à tout le monde. Avec un côté plus dramatique, évidemment, que nous essayons de restituer sur scène.
Dans le prochain album nous allons raconter l'amour politique! Parfois la réalité dépasse la fiction... Par l'amour on transgresse tout, le vol d'Hélène était le début de la guerre de Troie, on est capable de choses merveilleuses pour l'amour comme des pires...(clichés!)

D'où vient cette idée d'album concept, et comment avez-vous conçu l'histoire de Coco et Neverbeen ?

Nous étions bloqués. Alors c'était plus facile de raconter une histoire fictive. Nous étions très innocent au moment de la sortie du premier album, nous pensions que nous allions devenir célèbre très vite. Du coup ça allait être très facile de trouver de l'inspiration entre les cocktails et le champagne.
Mais ça ce ne s'est pas passé comme ça. Il y a eu une longue traversée du désert en ce qui concerne les paroles. J etais désespéré et, lorsque JC a propose cette idee, j'ai sauté sur l'occasion de raconter une histoire parmi tant d'autres, derrière un masque.
Je m'en fous un peu de ces groupes où le chanteur raconte sa vie, et ses galères. Sauf dans le rap, et même là c'est un peu une blague parfois. J'ai lu que Bruce Springsteen se dit à chaque fois avant d'aller sur scène : "C'est la chose la plus importante au monde que je vais faire mais en même temps c'est que du rock n' roll".
Aujourd hui le rock n'est plus un lieu de rébellion ou de questionnement. C'est devenu un rituel. J'ai imaginé un chanteur de rock dans l'avenir, dans une ville où la créativité est à la portée de tout le monde, mais pas la renommée. Au debut de l'histoire, Neverbeen n'est plus tellement à la mode. Son moment de gloire est déja passé. C'était assez facile une fois l'idée trouvée. C'est une longue histoire que je continue d'écrire. Il y a encore des morceaux a ajouter pour raconter la suite...
On nous a critiqué pour avoir fait un exercice de style, mais il n'existe pas d'histoires nouvelles que l'on puisse raconter. On peut seulement trouver de nouveaux agencements. Nous ne prétendons pas avoir réinventé la roue. La musique est vaste et nous apportons notre caillou à l'édifice...

Cette histoire d'amour entre une rockstar sur le retour et une lolita insouciante rappelle les intrigues de beaucoup de films mythiques, comme "Badlands", "Taxi Driver"... Etes-vous des fans de cinéma, et ces films vous ont-ils inspiré ?

Nous aimons tous les bons films et les mauvais aussi. Je ne connais pas Badlands mais je connais l'histoire de Starkweather et Fugate, qui l'a inspiré . Est-ce que tu connais l'histoire de Gary Gilmore? En 2007, le film Natural Born Killers qui est aussi le titre d'un livre sur Starkweather et Fugate a aussi inspiré un couple meurtrier au Canada.
Il vaut mieux faire de l'art que de la réalité. Surtout quand il s'agit de tuer- parce que le sang, ça tache.






Votre musique croise acoustique et électronique, vous faites le grand écart entre scènes rock et électro. Pensez-vous faire partie d'un "renouveau" du rock à la française ?

Non, le rock est plutôt en train de mourir. Le rock est devenu une musique tout à fait acceptable et parfois c'est désolant. On veut rester underground tout en étant plus connus (Il ne faut jamais dire ça). La french touch est mauvaise et on vient du label ou tout ça a demarré!
Il n'y a plus d'écart entre l'electro et l'acoustique. Les deux sont pareils pour nous. On fait de la musique pour nous amuser et pour sentir quelque chose qui est vrai pour nous. Qui nous fait sourire.

On sent une grande influence des Talking Heads sur vos compositions. Est-ce un groupe important pour vous ? Quelles sont vos références principales ?

Talking Heads est un de nos groupes préférés. Mais on ne l'écoute pas souvent. On aime aussi ESG, Gang of Four, LCD soundsytem évidemment (bien qu'ils nous ont tout volé parce qu'on existait avant eux!), Blur, James Chance & the Contortions. Ben écoute Led Zeppelin et Mylène Farmer. JC écoute LFO et Mireille Mathieu et Macdara écoute Miles Davis et Enya.

Comment travaillez-vous ? Qui compose, qui écrit ? Quelles machines et instruments utilisez-vous ?

On compose et écrit ensemble. On utilise l'ordinateur pour enregistrer. Ben joue de la basse et de la guitare. JC construit les morceaux, joue les claviers et écrit les batteries. Macdara écrit les paroles, il les dicte dans le micro et joue un peu de claviers et de la trompette. Cette façon de faire change en ce moment pour des raisons personelles: copines et voisins fachés par le home studio, moins de temps libres pour faire 300 prises, donc nous allons essayer de nous installer dans un "vrai" home studio. En ce moment nous répétons à Mains d'Œuvres mais nous sommes intéressés par toutes sortes de propositions! Si vos lecteurs peuvent nous proposer des possibilités!

Pourquoi avez-vous quitté FCom pour Dialect ?

On s'est quitté d'un commun accord. Tous les labels de musique traversent une période très difficile. Fcom n'en est pas exclu. Quand ils ont vu la direction nettement plus rock que nous prenions ils n'étaient pas sûrs de pouvoir nous suivre. Maintenant avec Dialect nous sommes sur un label qui aime l'éclectique et qui souhaite prendre des risques. Pari gagné puisque nous sommes rentrés en playlist sur Nova avec le morceaux Last Call. Maintenant, nous souhaitons faire vivre l'album sur scène, ce qui commence à se passer avec des lives de plus en plus délirant. Les gens pogotent à nos concerts et nous sommes en train de faire plusieurs morceaux juste pour ca! J'ai aussi un faible pour la tektonik dansée par des filles à forte poitrines. Nous essayons d'intégrer ce type de danseuses à nos shows. De faire coexister ces deux publics. D'ailleurs notre public est principalement féminin... Le public qui nous comprend le mieux.
Il faut savoir que beaucoup de ces chansons sont écrites par Coco, la jeune Lolita, c'est elle qui me les a dicté.


Quels sont vos projets à court et moyen terme ?

Le projet à court terme est de créer un live qui s'articule bien autour de cette histoire. Le moyen terme est de préparer le prochain album dans un esprit plus rock, avec des morceaux que nous allons commencer à jouer sur scène pour pouvoir ensuite entrer en studio. Nous réflechissons aussi, comme beaucoup de groupes, a l'avenir de la musique. Comment exister? Comment rencontrer son public? Et si la musique était comme la poésie? Une forme artistique qui n'est plus tellement importante pour des gens qui se contentent d acheter des compils. L'histoire de Coco et de Neverbeen est aussi une tentative de raconter l'histoire de rock. Et peut-être une version de la fin de l'histoire du rock.

Votre playlist du moment ?

Lupe Fiasco
Les hesitations de Nicolas Sarkozy, les espaces entre ses déclarations.
Kenna - Say Goodbye to Love.
Les gens dans le métro (mon lecteur mp3 est cassé).
Napalm Death
Jelly Roll Morton
Ten Years After - Watt
Country Joe & The Fish - Electric Music for the mind and body


Quelque chose à ajouter ?

Merci de vous intéresser à nous. Ce qui est bien sur votre site c'est que nous voyons que vous êtes intéressés par la musique. Des organisations comme la votre donnent une raison d'être aux musiciens et montrent la voie de l'avenir.
Nous jouons au Nouveau Casino le mardi 27 mai à 20 heures. Si vous êtes fan de nous venez parce que nous allons donner le concert de notre vie - on va se donner à fond. Chaque fois avec nous c'est tellement proche de l'underground que c'est peut-être la dernière fois que nous jouons! En concert nous avons un batteur et un guitariste qui déchirent. Et nous avons donc notre "posse" féminin, qui essaie d'inventer une nouvelle sorte de tektonik.
Propos recueillis par Dave

A noter : Think Twice sera en DJ set au Divan du Monde le 24 mai, en live au Nouveau Casino le 27 mai et le 27 juin a la Fleche d'Or.

Le Myspace de Think Twice
Celui de Dialect Recordings

1 Comment:

Ju said...

Bien vu Dave, interview très sympathique.

Bonne chance à eux.

A+
Ju