17 mai 2008

The Fearless Freaks, The Flaming Lips - Bradley Beesley (2006)

The life and times of an American invention ?!? dit le sous titre, pas de doutes, j'ai bien le dvd Fearless Freaks entre les mains. Connu pour être l'un des plus intimes portraits jamais réalisé sur un groupe, ce rockumentaire s'attache à pénétrer dans l'histoire des membres de la formation qui nous a livré ces 20 dernières années une poignée d'albums incarnant à juste titre la quintessence psyché pop, depuis Hear it is en 1986 jusqu'à At war with the mystics en 2006, j'ai nommé et vous l'aurez deviné, les Flaming Lips. Clap, clap, clap!!!

On y apprend beaucoup sur la double carrière des Lips, dont la deuxième est la meilleure, jouant vite et fort à leurs débuts puis évoluant vers l'expérimentation de ballades cosmiques, qui verront leur apothéose dans la naissance d'un disque culte en 1999, The soft bullettin, souvent comparé au Pet Sounds des Beach Boys dans la manière d'alambiquer les voix. Un trouble obsessionnel de créativité qui passe entre temps par de sévères partie de tirages de cheveux sur des projets visionnaires mais torturés, comme organiser des Parking session (diffusion en simultané de 50 cassettes d'autoradios sur 50 véhicules différents dans un parking pour créer un morceau) ou encore Zaireeka, objet musical fou, que peu ont expérimenté, album conçu en 4 cd différents destinés à être diffusés sur 4 système audio simultanément et créant ainsi une interactivité sans fin par le biais de mutes ou d'echos.

Ce ne sont que des exemples parmi tant d'autres, qui témoignent du besoin pour le groupe d'Oklahoma city de perpétuellement se recréer, pour se raccrocher à la vie. Leurs concerts, fou furieux de mise en scène, de costumes et d'astuces interactives ont fait dire des plus aigris qu'ils étaient des génies des artifices, d'autres plus pondérés évoquent l'art de l'ornementation, et puis il y a les fans, dont il faut se sentir un minimum proche pour apprécier le film à sa juste valeur. Les autres apprécieront le portrait, réalisé avec soin par un voisin, d'une jeunesse déjantée et insouciante, qui file inexorablement vers la vie d'adulte, forcément moins glamour. Un voisinage amical dont les hobbies sont les drogues douces, la peinture, le foot, les motos et la musique. Wayne Coyne, le cerveau du groupe, chevelure poivre et sel de la quarantaine et regard éclairé d'un gamin de 10 ans, y apparaît au naturel, sincère, naïf, presque trop gentil pour une soit disant personnalité du rock. Un homme attachant et humaniste que l'on aimerait avoir comme voisin, dont la scène la plus chargée de sens est ce moment de vie quotidienne, un improbable tondage de gazon dominical en règles, vétu d'énormes lunettes roses, chemise blanche, short et bottes vertes fluos.

D'autres moments sont plus difficiles, comme la scène hallucinante où Steven Drozd fait la démonstration de sa dépendance à l'héroïne, une séquence autement épidermique rattrapée plus loin par l'ouverture optimiste genre "Je m'en suis sorti par la musique". Mais il en faut, parce que dans la vie tout n'est pas tout rose, comme ce quartier américain idéalisé par des enfants mais souvent miteux, animé de fusillades, un endroit où pour certains, la seule famille est soit morte soit en prison. Plus rocambolesque, la coupe de cheveux de Mickaël Ivins, raison pour laquelle il a d'ailleurs été engagé. C'est l'occasion également de faire la connaissance avec le visage de Dave Friedmann, l'homme derrière les machines (auteur du récent Oracular Spectacular des jeunes MGMT) qui depuis 1992 et la signature avec Warner s'occupe de la production de la totalité des albums, se construisant ainsi une patte et une réputation Lipsienne.

Et puis, peut-être plus que tout dans ce documentaire, il y a ce décor, cette Amérique que l'on aime tant regarder, filtrée au travers des yeux de Bradley Beesley, si colorée, si contrastée, où chaque image est un plan de cinérama 16/9. Issu de 400 heures de rush étalés sur 15 ans, son film est effectivement un sommet du genre, évitant les pièges de la simple biographie en émaillant son récit de scènes décalées, et bien évidemment, à l'aide d'une mise en musique qui colle plus que jamais à son sujet. La bande son d'une vie. rare et étonnant.

En bref : Film documentaire de rock majeur sur un groupe contemporain qui ne l'est pas moins.
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Note: Au casting vous retrouverez pêle mêle Beck, Jack et Meg White, Cat Power et bien d'autres.

Le site officiel et le Myspace

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La bande annonce de The Fearless Freaks :



A lire aussi : The Flaming Lips - Yoshimi battles the pink robots (2002)

1 Comment:

Anonyme said...

une pointe de malice qui fait de lui plus qu'un simple délire grandiloquent,
une apothéose scénique érigée en oeuvre d'art. Je conseille du même Brad
Beesley, la vision de "UFOs at the zoo", concert filmé sur leurs terres
d'Oklahoma City, dont on aperçoit quelques extraits dans ce documentaire.
Princécranoir

http://princecranoir.mabulle.com/