08 avril 2009

Culoe De Song - The Bright Forest EP (2009)

On le sait depuis le carton du “Township Funk” de DJ Mujava, l’Afrique du Sud est le théâtre d’une révolution électronique passionnante, qui voit se croiser kwaito et house, tradition et apports européens et américains. Loin de l’esthétique ghetto-dance de Mujava, Culolethu Zulu (trouvez-moi un nom plus trippant !) produit une afro-house assez similaire à celle dont nous gratifient souvent des artistes comme Henrik Schwarz, Ron Trent ou Osunlade. Comme si ce natif de Durban se réappropriait une certaine vision fantasmée de l’Afrique, celle des Occidentaux.

C'est certainement ce délicieux paradoxe qui a retenu l’attention du label teuton Innervisions, qui a repéré le tout jeune homme (seulement 18 ans !) alors qu’il effectuait un “stage d’été” à la Red Bull Music Academy de Barcelone, l’été dernier. Aussitôt écouté, aussitôt signé, le DJ, dont c’était le premier séjour hors de son pays, abandonne ses études et commence sa carrière sur les chapeaux de roue avec une poignée de remixes (dont celui du “Let Me Go” de Reggie Dokes), un projet avec Mzee (Ocha Records), et l’EP qui nous intéresse. Et si l’histoire a des airs de conte de fées, l’écoute de The Bright Forest montre que rien de tout cela n’est dû au hasard, mais plutôt à l’énorme talent de ce petit prodige.

Le tunnel rythmique d’”African Subway”, en face B, est déjà un monument d’hypnose, mais c’est le morceau-titre qui réunira à coup sûr tous les suffrages. “The Bright Forest” est l’un des tracks deep-house les plus épiques entendus depuis un bail. Téléportés dans une jungle où retentissent les cris de bêtes sauvages, on se laisse guider par un piano timide, bientôt submergé par un mur de cordes à la Badalamenti, qui monte et monte encore tandis que s’emballent les percus. C’est simple, élégant, puissant, et incroyablement mâture pour un si jeune musicien. D’entrée de jeu, pour sa première grosse sortie, Culoe De Song nous laisse pantois. Et terriblement curieux quant à la suite des événements. Il n’est plus permis d’en douter : le salut de la musique électronique viendra de l’Afrique !

A noter : La version digitale contient un titre bonus, “Super Afro”.

En bref : bonne pioche pour le label berlinois Innervisions qui fait vivre un conte de fées à un tout jeune DJ sud-africain qui n’en demandait sûrement pas tant. Un futur grand de la musique house, comme le prouvent ces deux immenses pièces deep-afro au parfum épique.



Ecoutez une compilation mixée de ses productions, et cet excellent mix réalisé par ses soins pour le podcast du site Resident Advisor, le mois dernier.

Son Myspace
Le site d'Innervisions

A lire aussi : DJ Mujava - Township Funk (2008) et Tokyo Black Star - Black Ships (2009)

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