27 avril 2009

Interview - Jacques Duvall


"Un sacré crooner belge entouré d’un backing band exemplaire pour de succulents textes en français sur fond de musique américaine seventies. Parfait." Voilà comment nous avions décrit en bref le dernier album du belge Jacques Duvall. Visiblement sensible à notre chronique, Jacques a répondu sans détours et avec humour à nos questions sur Le Cowboy et la Callgirl, son deuxième album solo.

Qu’est-ce qui a changé entre le premier et le deuxième album ?

J'ai pris deux ans dans la tronche. Ce qui me procure cette sidérante maturité. Car, sachez-le, cet album-ci est l'album de la maturité.

Le choix du chant en français a-t-il toujours été une évidence ?

Eh bien non, figurez-vous que j'ai débuté en anglais. Ma première chanson publiée c'était pour les Runaways, un band de Los Angeles constitué uniquement de gonzesses. Il y avait là entre autres Joan Jett, qui a fait un carton toute seule un peu plus tard avec "I Love Rock'n'roll". J'ai poursuivi dans la langue de Shakespeare pour Telex, Sparks, Lisa Ekdahl et quelques autres. Mais je suis vite passé à la langue de Johnny Hallyday ensuite, car je l'utilise plus volontiers dans la vie courante. Il faut savoir que ma boulangère ne cause pas un mot d'anglais.

Comment s’est passée la rencontre et la collaboration avec Freaksville ?

Les Phantom sont le meilleur groupe de rock'n'roll du monde, j'ai une chance de malade de pouvoir bosser avec eux. Je n'ai pourtant rien fait pour mériter ça. C'est ennuyeux, je risque de payer cette injustice flagrante plus tard. Je vais sûrement développer un cancer du colon. Pour en revenir à Freaksville Records, Benjamin Schoos c'est Berry Gordy, Link Wray et Tintin en une seule personne. Ce garçon est étonnant!

L’eurovision, ça a encore un sens ?

Heu, parce que ça en avait un ? Vous voulez savoir pourquoi j'ai écrit la chanson qui va représenter la Belgique, c'est ça? L'important ce n'est pas de savoir où j'exerce mon métier mais comment. On m'a laissé faire comme je voulais, c'est la seule garantie que je demande, quel que soit le client.

Vous avez travaillé avec énormément d’artistes, qui est le plus fou ?

J'ai travaillé avec un grand nombre de malades mentaux. Lio remporte la palme haut la main. Je l'aime pour la vie.

De quoi êtes-vous le plus fier ?

Je suis très fier de tout mon parcours. Cette attitude frise la prétention. En même temps je sais quand même aussi que ce ne sont que des chansons. Il est fort probable qu'en dehors de ça ma vie soit un fiasco.

Un regret ?

Aucun vainqueur de la Star Ac n'a jamais fait appel à mes services. Pourtant moi je n'aurais pas pris de pseudo pour écrire pour eux. Ah si, quand même, Elodie Frégé m'a commandé une chanson. Enfin sa maison de disque plutôt. Elle, elle m'a jeté et elle a réécrit un autre texte dessus elle-même. Plutôt bien d'ailleurs, "Je te dis non" ça s'appelait son texte. J'ai bien enregistré (sourire).

La pochette du Cowboy et la Callgirl est magnifique. Etes-vous intéressés par les comics, la Bd ?

J'aime les arts mineurs, ceux qui ne sont pas encore pollués par la respectabilité. Donc oui, les comics j'aime ça. Une amie m'a fait découvrir récemment les illustrateurs de Pulp, Robert Maguire et Glen Orbik par exemple, c'est trop beau.


Qu’est-ce qui vous inspire le plus dans l’écriture de vos chansons, l’Europe ou les USA ?

Je suis un cowboy européen, comme Lucky Luke ou comme les héros de westerns spaghetti. Chez nous en Belgique il y a un chanteur, Bobbejaan Schoepen, qui se promène dans une limousine avec des cornes de bœuf sur le capot, je considère ça comme le summum de la classe. C'est très bien de singer les Américains! Comme on n'est pas comme eux on finit par créer quelque chose de différent sans même le faire exprès. Vous voyez Giorgio Moroder? Un Allemand qui croyait faire de la soul music avec ses synthétiseurs. Du coup il a inventé la disco!

Suivez-vous de près les nouveaux canaux musicaux (Myspace, blogs…) et qu’en pensez-vous ?

Je dois dire que j'ai fait plein de découvertes sur Myspace. Florence Denou par exemple, qui a écrit la plus belle chanson de l'an dernier : "Les beaux draps". C'est le genre de truc qu'Alan Vega ne parvient plus à pondre, minimaliste mais très intense. Et puis Salomé Califano, qui a la voix la plus sexy de la galaxie et une guitariste d'enfer. J'étais déjà fan de Sunday Doll, le groupe qu'elle avait avec Fred Sko. Il y a aussi Ana Pankratoff, qui a le sens de la mélodie folk, un peu comme David McNeil peut l'avoir. Et j'allais oublier Alka, qui vampirise des chansons de Biolay, elle va détrôner Mylène Farmer dès demain. Quoi? Ce sont toutes des jolies filles? Oui mais vous savez que je suis au-dessus de ça, franchement!

Qu’écoute Jacques Duvall ces derniers temps ?

Outre les sirènes dont on vient de parler j'écoute le dernier album de Tony Truant. Il y a un morceau qui s'appelle "Fantôme", je pense que Tony l'a écrit uniquement pour moi, pour personne d'autre. Vous devriez être plus fiers de Tony Truant, hé les journalistes parisiens!

Quelque-chose à rajouter en particulier ?

J'ai un pote qui se moque de moi quand il lit mes interviews. Il me dit : "Tu as de nouveau donné ton avis? Est-ce que tu te rends compte à quel point c'est pathétique?". Il a raison, merde, c'est pathétique. Je vais aller me jeter du pont de l'Alma.

Le site officiel et le Myspace


A lire aussi : Jacques Duvall - Le Cowboy Et La Callgirl (2009)

2 Comments:

Dave said...

Belle interview, drôle et intéressante. J'aurais bien aimé en savoir un peu plus sur son boulot avec Telex, mais bon c'était pas vraiment le sujet.
En tout cas, merci Ju !
A+

Nickx said...

Excellente et drôlatique interview !

Même si je n'ai pas complètement adhéré à son univers musical, je pense qu'il est important d'avoir des "personnages", des mecs décalés comme ça qui existent !

Et Duvall, à l'instar de son compatriote Arno, en est un !

Bon boulot, Ju !