03 février 2008

Ratatat - Classics (2006)

Parfois, je m'endors, je commence à rêver. Presque instantanément, je me retrouve perdu dans la jungle. Il fait nuit, mais le reflet de la lune m'éclaire suffisamment pour que je trouve mes repères : je suis entouré par une végétation luxuriante. Les arbres sont démesurément grands, ils s'élancent vers le ciel en cherchant la lumière. Ils se sont voués tout entier à cette quête : leurs branches se développent méthodiquement pour capter le moindre rayon. Leur maillage quasi hermétique m'enferme. Heureusement, je vois toujours le ciel, et je distingue encore la lune.

Le sol est recouvert d'herbes touffues, de feuilles ; des fruits pourrissent dans l'humidité du sol. De grosses plantes aux couleurs chatoyantes se distinguent de la masse sombre formée par la végétation. Je marche en sachant qu'à tout instant, je risque de tomber sur des créatures hostiles. C'est le Douanier Henri qui me l'a dit : une fois, un nègre s'est fait attaqué par un jaguar ! Mais les similitudes s'arrêtent là.

Car pas de jaguar. Ratatat fait sortir du bois un intrépide Wildcat. Un morceau élégant à la démarche chaloupée, il avance, traîne le pas, supérieur. Il n'a pas l'air dangereux. Plusieurs fois, il grogne d'arrogance pour bien faire signifier sa présence. On se laisse entraîner, happer par son jeu. Il est facile de se faire hypnotiser ! En atteste Gettysburg et ses riffs vigoureux, tout en circonvolutions, ressassant irrémédiablement le même thème. Métronome. Il en exhale une puissante mélancolie. Les compositions reposent essentiellement sur l'emploi d'une puissante ligne de basse. Elle lèche, râpe et accroche un peu, mais soigne toujours ses boucles mélodiques. Guitare et clavier flânent conjointement, sans se presser. Ils déambulent sur Montanita, un peu las, graves et tristes ; se retrouvent adagio sur Loud Pipes. Déjà, Nostrand clos le spectacle et il est temps d’émerger, heureux de se réveiller.

Classics est le deuxième opus instrumental de Evan Mast (E*Vax) et Mike Stroud qui forment le groupe new-yorkais. Il se situe dans la continuité du premier album éponyme : on retrouve ces mêmes ambiances, puissantes et étouffées, ces riffs entêtants, entraînés par des basses lourdes et rondes.

Jamais avares dans leur tambouille, deux autres albums, Remixes (2004) et Remixes Vol. II (2007) dispensent, quant à eux, des reprises de canons hip-hop assaisonnés par le soin de deux DJ.

En bref : L’abum projette rapidement dans une jungle musicale dense, presque étouffante avec ses boucles entêtantes et des riffs griffants et mordants. Animal.



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3 Comments:

Ju said...

je ne t'avais pas encore souhaité la bienvenue Antoine, c'est maintenant chose faite. Autant je n'avais pas réussi à trouver ton Leslie Winer, autant je me suis délecté ce weekend au son de ce Classics. Merci pour l'info et bonne continuation mec.
Ju.

Unknown said...

très belle chronique ! très juste. Et puis ce disque est vraiment génial je trouve...
Mon audioblog: Sous les pavés la plage: mrmeuble.blogspot.com ;)

Antoine said...

Salut,
Merci pour le mot de bienvenue.
Les instrus de Ratatat valent vraiment le coup, tout comme leur discographie d'ailleurs.
Et j'espère bien les voir en live, un jour...