22 février 2008

Hank Mobley - Workout (1961)

Le jazz est un sport de combat. Bien sûr, il ne met pas en scène l’affrontement de deux musiciens dans le cadre d’une compétition, où seul l’un des deux participants sortira vainqueur. Il ne s’agit, non plus, de terrasser l’adversaire à coup d’accords de piano pour l’un, ou par la bourrade d’un solo de saxo pour l’autre. Non. Simplement, en terme de « volume de son », comme il se fait pour la boxe en termes de poids, il est possible d’établir des divisions entre les différents musiciens. Hank Mobley est le champion poids moyen de saxophonistes ténor, comme Coltrane est de son côté, le champion chez les poids lourds. Sa réputation de « poids moyen » dans le milieu du jazz n’est en rien un défaut de qualité. Il définit sans ambages son « son », « not a big sound, not a small sound, just a round sound. ».

En 1951, il fréquente dès l’âge de 21 ans un des pionnier du bebop, le percussionniste Max Roach. Il participe, en 1954, aux Jazz Messenger, formation d'un certain Horace Silver. Au terme de cette expérience, Hank façonne le technique nécessaire qui lui permettra de trouver son véritable style musical. Il s’investit pleinement dans le hard-bop. Sa musique est bien évidemment mâtinée d’influences venant du rhythme and blues et du blues. Alors, sur Workout, on trouve l’immense guitarise Grant Green et l’implacable Philly Joe Jones aux percussions. Les deux autres musiciens, Wynton Kelly au piano et Paul Chambers à la basse, avaient déjà collaboré avec lui sur son précédent - et non moins intéressant - album Soul Station.

Workout n’est pas une simple promenade de santé. Il est le résultat d’un entraînement forcené de sportifs de haut niveau. On le sent, les cinq compères n’en sont pas à leur premier essai. D’emblée sur le morceau éponyme, les caisses de Philly imposent un rythme effréné qui ne faiblit jamais. La piste damée, il semble facile de réaliser le parcours. Le quintet fonctionne à merveille. La guitare de Green électrifie l’air et échauffe les esprits. Sur le désinvolte "Uh Huh", on expérimente le « round sound » ce son velouté de Mobley ; le thème est repris à merveille par chacun des musiciens. Ils dévoilent tour à tour l’étendue de leur brio. La communion des saints. La messe dite, les trois derniers morceaux sont des invitations à prolonger la fête : le mouvement se doit donc d’être suivi.

La même année, Hank enregistre Another Workout - publié en 1986 (?). On raconte qu’il encore meilleur que le Workout, mais c’est une autre histoire… Zut, on dirait qu’il y en a encore pas mal à raconter.

En Bref : Hard-bop coulant, décontracté et toujours animé, Workout est une pièce travaillée avec le plus grand soin.

4 Comments:

Dave said...

Mille fois d'accord avec tout ça. Grant Green, Eddie Harris, Lee Morgan, Horace Silver, Donald Byrd, Lou Donaldson... Il faudrait parler de tous ces artistes magnifiques et des montagnes de chef-d'oeuvres qu'ils ont empilées. Merci à toi, Antoine!

Anonyme said...

Salut les amis,

Juste une info pour les amateurs de dancehall jamaicain :
BOUNTY KILLER SERA EN CONCERT EXCEPTIONNEL LE 03 AVRIL AU MANS (salle de l’Oasis) pour une représentation unique dans l’ouest. Ne loupez pas cet artiste incontournable !!!

Ju said...

Tu as raison, ce Workout est vraiment excellent. Même pour les personnes légèrement "réticentes" au jazz, ce genre là coule tout seul et sait se faire fort agréable. Je l'ai testé avec du monde autour et personne n'a bronché. Test réussi, je cours récupérer Another workout.
Merci pour la découverte.
Ju.

Emeric Cloche said...

Voilà un truc parfait pour aller à la plage ! Yippie.