20 février 2008

Interview - Revolver

La première chose qui vous confond, lorsque vous découvrez Revolver sur scène, c’est le contraste entre l’extrême jeunesse du trio et la maturité de sa musique. Avec leurs visages poupins, Ambroise, Christophe et Jérémie, appliqués comme des écoliers, maîtrisent indéniablement leur sujet et livrent une pop acoustique et vocale singulière, imbrication inédite de mélodies liverpooliennes et de chansons de la Renaissance. De la “pop de chambre”, comme ils l’appellent.

Trois voix, deux guitares (Christophe et Ambroise) et un violoncelle (Jérémie) : le dénuement règne. Cordes et voix se superposent et chaque variation mélodique prend une ampleur presque mystique. Ambroise, qui tient le rôle de chanteur principal, entonne les couplets, tout en anglais, d'une voix limpide et assurée. Un harmonica dylanien s’invite sur quelques titres, comme sur “Get around town”, le mini-tube probable de Revolver. Lors d’un concert (organisé par l'association Nouveaux Cinémas) dans la salle bondée du Truskel, j’ai pu juger de l’enthousiasme que suscite le groupe, notamment auprès des demoiselles, étonnamment attentives. Depuis quelques mois, le buzz a tendance à s’amplifier et Revolver enchaîne les concerts dans différentes salles parisiennes (Flèche d’or, Maroquinerie, OPA...).

L’originalité et le potentiel du trio n’ont pas échappé à la maison de disques Delabel (division de la major EMI), qui s’est empressé de le signer, en septembre dernier. Les compères n’avaient alors que 19, 20 et 21 ans. Aujourd'hui, ils s'apprêtent à sortir un ep de 5 titres, qu'ils ont fini d'enregistrer au début du mois. Christophe revient pour nous sur la courte mais prometteuse histoire de Revolver.

La genèse

« J’ai rencontré Ambroise au lycée. On se connaît très bien, on jouait déjà ensemble à cette époque. Jérémie avait connu Ambroise très jeune : ils chantaient tous les deux dans les choeurs de la maîtrise Notre-Dame de Paris. Jérémie a persévéré dans la musique classique. En plus du chant lyrique et du violoncelle, il s’intéresse maintenant à la direction d’orchestre. Lui et Ambroise se sont retrouvés, presque par hasard, en 2006. Moi, j’étudiais le cinéma à la fac de Nanterre. On a commencé à jouer tous les trois et on a fondé Revolver. »

« Pop de chambre »

« Il y a eu une sorte d’échange musical très intéressant avec Jérémie. Il est devenu fan des Beatles, et moi de Schubert ! Et il nous a fait connaître des compositeurs de la Renaissance comme Clément Janequin (1485-1558) et Josquin des Prés (vers 1450 - 1521). Ces artistes faisaient des morceaux courts, très simples, avec entre trois et cinq voix : de vraies petites chansons pop. On a aussi découvert Henry Purcell (1659-1695), que nous considérons maintenant comme l’équivalent d’Eliott Smith en musique classique. Dans notre musique, le côté “Renaissance” vient surtout des polyphonies et du violoncelle. Pour le reste, le mode de composition, la structure des chansons, tout ça est très pop. »


La signature

« L'année dernière, au printemps, on a jeté un œil sur notre page Myspace, et on avait un message d’un type de Delabel qui nous disait que notre musique les intéressait. Au début, on a cru à une mauvaise blague. Mais, au mois de septembre, on s’est retrouvé dans les bureaux de la maison de disques. Le directeur artistique nous a dit que le concept de “pop de chambre” leur avait beaucoup plu, et aussi le fait que nous jouons uniquement en acoustique. Et on a signé. »

En studio

« Fin 2007, on est allé au Danemark sur invitation de SoKo. Elle nous a proposé de faire sa première partie sur 4 ou 5 dates. C’était dingue, parce qu’on a joué dans des salles de la taille de l’Olympia (1000-1500 places), alors qu’on était habitué aux petits bars parisiens. Au fil des concerts, on a sympathisé avec Robin Leduc, le guitariste de SoKo. C’est dans son studio, dans une cave, à Paris, que nous avons enregistré notre ep.
Ce disque, Delabel nous l’a surtout fait enregistrer pour nous permettre d’apprendre, de nous familiariser avec les techniques de studio, les phases de mix, de mastering. C’était passionnant. En plus, on a eu de bonnes surprises musicales, comme sur “Get around town”, une chanson qu’Ambroise et moi avons composé avant que Jérémie nous rejoigne. L’apport du violoncelle et le traitement studio ont transformé la chanson de manière vraiment intéressante. »

Sur leurs platines

« Ambroise est dans sa période Elvis et rock des 50’s à mort... Il y a beaucoup d’enregistrements intéressants de cette période, des albums enregistrés live. Un peu comme ce qu’ont pu faire les Kills, plus récemment. Pour ma part, j’écoute beaucoup “Niandra LaDes and Usually Just a T-Shirt”, le premier disque solo de John Frusciante, le guitariste des Red Hot Chili Peppers. C’est un album magnifique, qui date de 1994, réalisé au moment où il venait de quitter le groupe et sombrait dans la déchéance junky. J’écoute aussi énormément Howe Gelb et Giant Sand. »

Propos recueillis par Dave (merci à Christophe, Davy et Fanny)

Leur Myspace

0 Comments: