28 février 2016

Brainticket - Cottonwoodhill (1971)

De même que les Electric Prunes seraient nos empereurs du garage psyché Nuggets, les Byrds, les rois du folk rock, les Beach Boys, dieux pop sans rivaux, le Jefferson Airplane meilleur attelage freak(sco), les divins Mamas and the Papas, plus grands chanteurs du monde, Syl, Labbi et James les plus grands soulmen de la terre, eh bien Brainticket ne serait-il pas le plus important krautrock band de l'histoire ?

La question mérite d'autant plus d'être posée qu'à l'exception de quelques entrées ici où là dans les excellents bouquins de Philippe Thieyre ou de la collection Le Mot et Le Reste, cet aréopage psyché "européen" est largement (et inexplicablement) ignoré des anthologies.


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26 février 2016

Interview - Alloysious Massaquoi, Young Fathers (2016)

Vanité es-tu là ?
© Pauline Alioua
Les lecteurs réguliers de DODB se souviennent peut-être de cette chronique faite en 2014 de Dead, premier album des Young Fathers. On y détectait alors un son hybride et hautement explosif, soufflant sur les braises du trip hop période Mezzanine et autres premiers efforts des regrettés TV On The Radio... La déflagration entrainée par les écossais continue depuis de se répandre, Mercury Prize 2014, un 2ème disque signé dans la foulée White Men Are Black Men Too et à présent cette collaboration d'une logique implacable avec Massive Attack, porteuse du titre "Voodoo In My Blood" sur lequel Alloysious Massaquoi, pierre angulaire du trio d'Edinburgh, pousse la chansonnette. On a recueilli quelques mots de ce dernier, sagesse d'âme et noblesse de coeur, pour une discussion à la résurgence politique certaine...


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05 février 2016

Jacco Gardner - Paloma (Nîmes) 03/02/16


A peine remis de l'arthrite causée quelques jours plus tôt par les frénétiques parties de Pacman et d'antediluviennes joutes Pong lors du set DJ d'Arnaud Rebotini dans un Paloma transformé à l'occasion en vaste penny arcade, nous revoilà dans notre salle fétiche pour célébrer la pop made in Europe. Du frog, du teuton, du batave, il y en a pour tous les goûts.


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28 janvier 2016

Aut' Chose - Une Nuit Comme Une Autre (1975)

A part les québécois, personne ne doit vraiment connaître Aut' Chose. Pourtant, le groupe montréalais des années 70 emmené par le charismatique Lucien Francoeur (textes et voix) et son acolyte Pierre André Gauthier (guitare et synthés) a depuis longtemps acquis le statut de formation culte chez nos frères d'Amérique. Avec cinq albums au compteur, Aut' Chose a largement contribué à changer le paysage musical à Montréal. Mais ce sont surtout les deux premiers albums qui sont intéressants. Un peu plus tôt la même année, sortait Prends Une Chance Avec Moé, un disque déjà très éclectique. Mais Une Nuit Comme Une Autre sorti un peu plus tard la même année est pour moi le plus malade, à la fois glauque, moderne et électrique.


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24 janvier 2016

The Ex/Getatchew Mekuria - Moa Anbessa (2006)

Ça fauche sévère en ce moment, entre Galabru, Boulez, Lemmy, Bowie, le mari de Céline Dion, eh oui, la faucheuse n'a pas toujours bon goût. Quand certains font toujours la même chose sans intérêt pendant 50 ans ("the ace of spaaaaades"...), d'autres se réinventent presque à chaque instant, et c'est bien la cas de The Ex. Groupe hollandais anarchopunk des années 80, The Ex aurait pu rester dans l'ombre des squats, mais c'est bien le contraire qui s'est passé. Musiciens de haute volée, ils traversent les années hardcore avec des albums classiquement mais brillamment ancrés dans l'anarchopunk à la Crass, puis font des choses de plus en plus originales (il faut écouter Pokeherrie), jusqu'à vriller complètement à la rencontre des musiques non occidentales et plus particulièrement du jazz éthiopien moderne des années 60, celui sous le charme duquel est tombé Jarmush pour la BO de Broken  Flowers. Désormais, ils donnent régulièrement des concerts en Éthiopie et terminent leurs tournées en laissant aux musiciens locaux leur matos. La classe, non?

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18 janvier 2016

Serge Gainsbourg - L'Homme a Tête de Chou (1976)

Parfois il peut s'avérer utile de démystifier un artiste. Moins pour l'exercice de style  que pour le rappel de certaines vérités. Parce que son héritage est colossal même s'il ne comporte guère que 16 albums en quelque trente ans de carrière, parce que le grand Serge demeure l'un des rares frenchies pris au sérieux outre-Manche et outre-Atlantique, et que son influence peut s'entendre à peu près partout, on a tendance à manquer d'objectivité avec lui : Gainsbourg, le Zidane de la pop, de la chanson d'ici (et sans le coup de boule ni les collusions occultes avec le Qatar qui plus est), a donc été déifié jusqu'à écoeurement : Que peut-on dès lors retenir de notre vache sacrée ?


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11 janvier 2016

David Bowie - Aladdin Sane (1973)

Préambule, il y avait ce compagnon collégien qui présentait cette particularité de mimétisme physique avec son idole, comme souvent je l'ai remarqué, les adorateurs et ou fans exclusifs de l'Artiste. Reviennent alors quelques noms d'anonymes en tête, et plus universellement de personnes  plus connues dont celui évident de Jérôme Soligny.

Direction les racines pop et les galettes RCA, les premiers Iggy (produits et coécrits par... Bowie), Transformer du Lou, (produit et écrit etc)..., et assez vite l'intégrale du caméléon, dont très vite ce classique sans âge.... sur lequel le compagnon émettait de sérieux doutes sur sa fonction catchy

Grave erreur, Aladdin Sane est sans nul doute l’un des albums les plus fédérateurs et les plus accessible de Bowie, en dépit ou plutôt de la versatilité de ses influences et des voies empruntées.
Impossible déjà d'aborder Aladdin Sane sans mentionner la pochette flash éclair la plus célèbre du rock, celle qui de Nick Cave à Jay Jay Johanson en passant par... Kiss a été déclinée tant et tant de fois. L"androgynie à son sommet.

C'est dans cet écrin, et entouré pour la dernière fois en studio (ou quasi, il y aura l'album de reprises Pin Ups plus tard dans l'année) de ses Spiders from Mars, que Bowie envoie la purée glam : que n'a-t-on dit ou écrit sur ces "Watch that man", 'The Jean genie"dont l’allusion à Jean Genet n’était semble-t-il que phonétique , "Cracked actor" où affleurent les influences Warholiennes, une reprise survitaminée du "Let's spend she night together", totalement à son avantage,  les hommages aux amis et héros contemporains tels Marc Bolan ("The prettiest star"). Lesquels côtoient des titres étonnamment baroque, cabaret, "Brechtiens" ; car c'est là la nouveauté Bowiesque : une nouvelle texture sonore apportée par le grand piano du nouveau venu Mike Garson.

Il faut entendre ce dernier déverser des cascades de notes, sur les très décadents "Aladdin sane" (qui justifie à lui seul la possession de ce disque), "The prettiest star" "Time", "Lady grinning soul"". Bowie a-t-il jamais mieux chanté et sur une palette aussi vaste que sur ce 6ème opus solo ?

Car le bougre, en parfaite phase avec quelque style que ce soit, aborde la musique noire : par un excellent doo-wop ("Drive-in Saturday") tout d'abord, puis par un morceau très ambitieux, qui annonce les splendeurs soul de Young Americans ou de Station to Station à venir ; un "Panic in Detroit" aux percussions et aux choeurs féminins irrésistibles.

Comme un trait d'union de son oeuvre passée et à venir, David Bowie offre beaucoup plus qu'un disque parfois qualifié à tort de transition : il signe de sa patte intemporelle 41' de bruit blanc et de tripes noires, du rock le plus primesautier à la pop la plus ouvragée et exigeante.
Le testament de Ziggy Stardust assurément. Mais pas celui de Bowie qui n'est pas prêt d'être mort.

En bref : chacun ira s'abreuver à sa guise dans cette oeuvre on ne peut plus immense. Ici se mêlent rock et cabaret, testostérone et décadence dans une intelligence, une cohésion rarement atteinte. 



"Drive-in Saturday" :


 "Panic in Detroit" :


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23 décembre 2015

Top Dodb 2015


Nos lecteurs les plus fidèles auront sans doute remarqué que l'année 2015 n'a pas été la plus productive en terme de chroniques pour Dodb. La faute à de nouveaux projets chronophages et de nombreux changements chez les désormais six chroniqueurs actifs de l'équipe, aujourd'hui disséminée entre Montréal, Paris, Avignon et Genève. Mais la faible quantité de comptes-rendus ne saurait refléter le large panel de disques qui ont tourné ces douze derniers mois sur nos platines respectives. Et si le traditionnel indie-rock n'a pas particulièrement brillé par son originalité cette année (mis à part la révélation Algiers, le retour de Turzi et la confirmation de King Gizzard), nous avons adoré le jazz épique de Kamasi Washington, qui prend logiquement et haut la main la première place de ce classement, mais aussi la house discoïde de Syracuse, la vraie fausse bande sonore de Chassol ou encore les synthétiseurs de l'espace de Doug Hream Blunt. Sans plus attendre découvrez ci-dessous notre top 15 collectif de l'année ainsi que nos tops respectifs encore plus riches et variés.

Bonnes fêtes et à l'année prochaine !


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28 novembre 2015

Girl Band - Holding Hands With Jamie (2015)

On ne pouvait passer sous silence plus longtemps ce premier long effort des irlandais de Girl Band, témoignage musical primal d'un être au déséquilibre latent. C'est bien connu, la folie des uns commence là où s'arrête celle des autres, un relativisme de mise et nécessaire avant de plonger dans cette descente aux enfers, dont on ne peut ressortir sans stigmates. Âmes sensibles s'abstenir.


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23 novembre 2015

Kurt Vile - L'Epicerie Moderne (Feyzin) 21/11/15


Pour tout rocker, il y aura une date spéciale qui désormais comptera : celle du premier concert vécu après... DODB vous comptait il y a quelques jours son baptême d'un genre particulier à Montréal pour une déflagration sonique de Fuzz. La version hexagonale aura pour cadre la banlieue sud lyonnaise, et plus spécialement l'Epicerie Moderne, à Feyzin.


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19 novembre 2015

Fuzz - Concert au Théâtre Fairmount, Montréal le 17/11/15


C'est bien évidemment dans un état d'esprit particulier que nous nous rendons ma chère et tendre et moi au théâtre Fairmount en ce mardi 17 novembre 2015. C'est le premier. Le premier concert d'après. En ces temps malades où aller voir un show de rock n' roll peut s'avérer mortel, le déplacement prend vite des allures de résistance. Comme un besoin d'exorciser et de se défouler. Et pour le coup, quoi de mieux que Fuzz en live pour chasser le démon ? A ce jour pas grand chose.

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15 novembre 2015

Kraftwerk - Le Silo (Marseille) - 12/11/15


A peine 24 heures avant qu'il ne devînt potentiellement mortel de se rendre dans une salle de concert, et dans un timing très serré (ach, rikeur chermanik), nous sommes dans la place au moment même où les rideaux s'ouvrent lentement au son guttural de "Mensch Machine".

Devenus rares ces 20 dernières années et spécialement en France en dehors de quelques performances dans des prestigieuses venues (musées, expositions), les quatre de Düsseldorf, vrais créateurs de l'electronica moderne, s'offrent une série de dates françaises en ce second semestre 2015.


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11 novembre 2015

Allen Toussaint - Southern Nights (1975)

                      1938-2015

Les grands noms de la soul et du R&B sont certes moins âgés que les (rares) légendes du blues ou du jazz qui subsistent ; mais hélas ils ne sont guère plus nombreux en 2015.

Depuis le 10 novembre 2015, Allen Toussaint a rejoint les Marvin, Curtis, James, Isaac, Gil, Solomon ou autres Bobby passés de l'autre côté. Le jour de sa mort, il venait de donner un concert à Madrid.


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02 novembre 2015

Eyedress - Astral Travelling Man (2015)

La publication samedi dernier sur Bandcamp (en version digitale uniquement) du nouvel album d'Eyedress, Shapeshifter, me donne l'occasion de revenir sur l'incroyable année de Idris Vicuña, et notamment sur le bouleversant Astral Travelling Man « sorti » en avril dernier. En quelques mois, Eyedress aura ainsi publié, en plus des morceaux qu'il poste quasi quotidiennement sur ses comptes Soundcloud, pas moins de trois albums, dont une vraie fausse mixtape intitulée Winner's circle, hallucinant marathon hip-hop nocturne, mélancolique et orgiaque de plus de quarante titres, en réalité véritable album de son second avatar Babe Slayer (nom donné à son « label ») enregistré avec plusieurs vocalistes vraisemblablement issus de la scène de Manille aux Philippines où Vicuña est basé. Probablement faute d'argent et de structure, ces trois albums n'ont jamais été pressés sur disque. Ils ont simplement été rendus disponibles par son auteur sur différents réseaux sociaux (le garçon est présent – parfois même en double – sur Facebook, Soundcloud, YouTube, Twitter, Instagram, Tumblr et désormais Bandcamp). N'ayant qu'une existence virtuelle, nébuleuse (Winner's circle se compose entre autres de quelques extraits réorganisés d'Astral Travelling Man ainsi que de morceaux enregistrés à diverses époques) et éphémère (ils ont été retirés de ses comptes quelques semaines après leur parution), ces albums sont comme des fantasmes d'albums, des collections rêvées de chansons publiées sur un label tout aussi imaginaire et fantasmatique.


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01 octobre 2015

Yatha Sidra - A Meditation Mass (1974)

1974, Freiburg en Allemagne, les Fichter Brothers (anciennement Brontosaurus) aidés de deux amis créent le groupe Yatha Sidra et réalisent un album concept unique qui ne verra pas de successeur. Le thème ? On s'en doute grâce à la pochette et au nom du band, un voyage musical cosmique et extatique aux frontières du progressif et du new-age. Quatre tracks sobrement intitulées "Part 1", "Part 2", "Part 3" et (accrochez-vous) "Part 4", instrumentales à 90% du temps, comme une longue suite en deux thèmes, chacun divisés en deux parties. Si la musique de Popol Vuh, Jethro Tull ou Pink Floyd vous dit quelque chose, la suite devrait vous intéresser.


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