14 juillet 2025

The B-52's - Whammy! (1983)

Le 4ème long format des B-52's prend les fans à rebrousse-poil. Essentiellement acoustique jusqu'alors, le quintette d'Athens fort des hits revisités de Party Mix!  (1981), va en effet se piquer au jeu du synthétique. L'une des raisons principales étant le parti-pris du batteur Keith Strickland qui s'est lassé de son instrument et souhaite s'orienter davantage vers les synthés et la guitare. Celle-ci et on y revient, est encore tenu par le fabuleux Ricky Wilson, musicien adepte du less is more, au jeu et aux accordages inclassables. Ce dernier s'est fait connaître avec ses acolytes, son pote Keith,  sa soeur Cindy (chant) et Kate Pierson (chant, claviers) et Fred Schneider (chant parlé).

Le quintette le plus camp de la galaxie - les choucroutes des filles, leurs frusques improbables,  les membres tous queer excepté Cindy - ont déjà triomphé via deux précieux premiers albums plus communément appelés le jaune et le rouge ; comme l'on disait naguère le bleu et le rouge pour les deux compilations multiplatinées des Beatles. Sur le rouge intitulé Wild Planet et qui est peut-être son sommet créatif, les B-52's créent cette musique hybride faite de rock and roll fifties et de pop hédoniste. Les voix souvent à l'unisson de Cindy, enfantine et suraiguë,  et de Kate plus grave, chantent d'irrésistibles hymnes d'inspiration comics SF mâtinés de textes de séduction aussi bien soumis que mutins. Et tout ce petit monde gesticule sous le son aigrelet du Farfisa tenu par Kate. Pas de solo, pas de saturation inutile, l'esprit de danse et de fun est ce qui prévaut.
Après le semi-échec de Mesopotamia (1982) l'album précédent produit par David Byrne, un certain nombre de titres laissés sur le carreau lors de ces sessions sont remis en jeu pour Whammy!
Pour les raisons évoquées, la rythmique devient principalement synthétique et on en a un aperçu dès "Legal tender" qui chante la gloire de la contrefaçon de billets de banques. Le rythme est assez lent mais comme toujours avec les B-52's, assez lascif. Est-ce l'influence vaudou du studio de Nassau où est enregistré le disque ? En tout cas, "Whammy kiss" qui célèbre l'envoûtement par le baiser "whammy" devient très vite un autre classique du groupe. Tout comme l'hilarant "Song for a future génération" où en vrai geeks de culture trash, les membres du groupes se présentent tour à tour sous des atours de créatures SF. "Trism" a également ses airs futuristes bien que l'on ne sache trop s'il ne s'agit pas en fait d'une simple achronie. Pas besoin de chercher trop loin sur l'odyssée en absurdie de "Butterbean, envoyée au taquet avec la guitare twang tourbillonnante de Ricky. Que l'on retrouve également sur l'une des autres réussites de l'album (elles sont nombreuses) "Queen of Las Vegas" et son déchirant "Dont leave me..." asséné par Cindy.
Pour le reste, un inhabituel instrumental pour clôturer l'album ("Work that skirt") et une reprise plutôt anodine d'un morceau de Yoko Ono ("Don't worry") mais toujours plus écoutable que l'original et voilà le contenu d'un disque peut-être un peu trop passé sous silence mais l'un des favoris du groupe et qui mérite sans aucun doute d'être réévalué. Pour des raisons contractuelles, "Don't worry" sera retiré des futurs pressages et remplacé par "Moon 83", remix d'un morceau emblématique du premier album ("There's a moon in the sky")

Whammy! est aussi hélas le dernier album auquel participera intégralement le génial Ricky Wilson. Ce dernier atteint du syndrome HIV décédera brutalement deux ans plus tard et alors que l'excellent Bouncing Off The Satellites (1986) est en partie écrit. Raison de plus si besoin était,d'apprécier son jeu minimaliste et unique sur cet hymne clubbien qu'est Whammy!

En bref : le baroud d'honneur in extenso des B-52's dans leur mythique formation originelle. De la SF à gogo et des chansons délirantes toujours animées de l'esprit fun et danse du popotin des Fab Five d'Athens.

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