27 juillet 2009

The Decemberists - The Hazards Of Love (2009)

On avait laissé Colin Meloy et sa bande en 2006 sur le moyen The Craned Wife, on l’avait par contre beaucoup apprécié sur Picaresque, et on savait qu’il ne reviendrait pas en 2009 là où on l’attendait. Ce serait trop facile. Les Decemberists ont choisi pour leur retour un disque radical, que l’on suit avec passion ou que l’on rejette avec force. Un opéra rock en 2009, vraiment ? Risqué, prétentieux, anachronique, le choix du songwritteur est en tout cas remarquable. A une heure où l’aléatoire et le zapping sont légion, The Hazards Of Love ne peut s’écouter que comme un film, du début à la fin, de préférence avec chaîne hi-fi poussée dans ses derniers retranchements. Avec le goût qu’on lui connait pour la narration ("The mariner’s revenge song") Meloy construit une épopée intense et sans coupure, entre ballade folk doucereuses et déchaînements électriques monstrueux. Soit un génie, soit un Tommy.

L’histoire, un amour impossible entre Margaret, jeune villageoise interprétée par Becky Stark, et William, créature mystérieuse des bois, forcément jouée par Colin. D’autres personnages peuvent intervenir dans cette odyssée, comme la reine de la forêt alias Shara Worden de My Brightest Diamond. L’équipe au complet et aidée par quelques membre de My Morning Jacket, le concept album à l’ancienne peut commencer.

Un thème, "The hazards of love", que l’on retrouve plus de quatre fois dans le disque, reliés les uns aux autres par des enchaînements travaillés qui prennent leur temps (une heure pour 17 titres). Eh ça commence sec avec la sinistre monté d’orgue introductive. Lumineuse et tragique à la fois, elle plante le cadre de ce conte musical en mode crescendo jusqu’à la fin. "A brower scene", première salve de guitares électriques évoque d’emblée les papas Led Zeppelin et Fairport Convention. Des influences anglaises pour un groupe de Portland, où va le monde se dit-on.


Aussi à l’aise dans la douceur du picking acoustique ("Isn’t a lovely night ?") touché par la grâce (et un final en pedal steel) que dans le déchaînement de fureur "The wanting comes in waves / repaid" pièce maîtresse et centrale, véritable morceau de bravoure progressif de plus de six minutes, avec cordes orchestrales et chœurs d’enfants. Le riff de guitare à 1’45" donne froid dans le dos si vous avez des watts chez vous. De même, les interventions féminines y sont toujours de bon aloi. Les amateurs de White Stripes et autres Black Mountain devraient également apprécier.

Sans cesse proches de l’excès, ou en plein dedans selon l’humeur, les Decemberists étalent en tous cas l’étendue de leur talent sur un paquet de titres passionnants, qu’on aime ou qu’on déteste. Personnellement il m’a fallu de très nombreuses écoutes (depuis mars) pour y rentrer. Mais rien que pour la section rythmique de "The rake’s song", "The Queen’s rebuke/The crossing" ou "The abduction of Margaret", ça vaut le coup.

En bref : amateurs de romantisme démesuré sur fond de heavy folk britannique joué par des américains : sortez du rang. Les autres : rompez.





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Le site officiel, le Myspace et l’album en streaming

"The wanting comes in waves / repaid" :


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