02 mai 2007

Pantha du Prince - This Bliss (2007)

Nous ne sommes qu'en mai. Pourtant j'ai déjà envie de considérer 2007 comme un grand cru dans le domaine des musiques électroniques. L'heure est à l'ouverture, après le rigorisme des années minimales. Non pas que le séduisant adage "less is more" ne soit plus d'actualité. Mais à la délicieuse répétition métronomique de la tech minimale, dont les Allemands sont rois, s'incorporent peu à peu les attributs de la techno dite émotionnelle, qui revient très fort alors qu'elle n'était plus qu'un cadavre il y a encore trois ans. Voici donc le retour des nappes profondes, des cordes et du lyrisme assumé!

Une nouvelle génération de dj's/producteurs incarne, souvent sans le savoir, ce mouvement qui s'affirme au fil de disques qui pourraient rapidement devenir des classiques. Hendrik Weber aka Pantha du Prince (aka Panthel...) est l'un d'eux. Mais lui sait où il va - le sait-il trop? Car monsieur est un intellectuel, qui n'hésite pas à citer Warhol et Beckett parmi ses principales influences. Sur son site perso, il est question de "romantisme digital". Or l'essence du romantisme de Baudelaire, Delacroix ou Chopin, c'est de se laisser submerger par les sensations, puis, grâce à une maîtrise irréprochable des moyens, d'ordonner et d'harmoniser ces vagues d'émotions... mettre de l'ordre dans son chaos intérieur, en somme. Tout au long de This Bliss perdure effectivement cette impression d'une musique qui s'échappe et se rattrape sans cesse. Bien sûr, ce n'est pas du Chopin... Loin s'en faut. Mais cet album, sorti chez Dial Records et distribué par l'inévitable Kompakt, scrute à sa façon les mêmes terres mélancoliques et les mêmes cieux opaques.

Si toute cette théorie vous irrite, contentez-vous de faire tourner votre platine et de confier votre cerveau à cette épopée druggy et comateuse, idéale pour les nuits insomniaques et les petits matins frissonnants. Laissez fondre votre cortex dans les basses rondes et distantes, les rythmiques heurtées et l'élégant psychédélisme d'Eisbaden et Moonstruck. Confrontez-le ensuite aux carillons mystiques de Walden 2. Si vos deux hémisphères en réclament encore, jetez-les dans l'abysse de Saturn Strobe, le meilleur titre de l'album, avec ses violons progressifs et orgasmiques. Avalez enfin quelques petites Seeds of Sleep en guise de somnifère. Et allez vous coucher, humilié et heureux: Pantha du Prince vous a vaincu.

En bref : l'album de nuit parfait pour les amateurs de musique électronique allemande.



www.panthaduprince.com
www.myspace.com/panthaduprince

1 Comment:

Fabien said...

Scotching time ! Isn't it clear ? Thanks Dave