12 mai 2007

Elliott Smith - New moon (2007)

Et si nous parlions légende. Celle d’un auteur compositeur interprète disparu trop tôt pour rejoindre ses pairs génies hors pair, Jim, Jimi, Janis, Jeff et Kurt au panthéon de ceux qui marquèrent la musique par leur talent et leur personnalité. Certains avaient choisi la démesure, d’autres la prouesse technique, Elliott Smith lui, c’était la discrétion. Boulimique de travail, ce fut l’un des songwriteurs les plus doués de sa génération.

Parce qu’il est indispensable de connaître son histoire pour pénétrer le sens de ses mots et de ses notes, Elliott est né dans le Nebraska de famille musicienne. Accessoirement diplômé en philosophie et en sciences politiques, il compose ses premières chansons très tôt et devient vite un folk singer solitaire aux mélodies sophistiquées et énigmatiques. Le temps de 6 albums tous plus beaux les uns que les autres, il dépeint des univers sonores dont les thèmes sont la dépendance aux drogues, la dépression, la trahison, son quotidien en somme. N’échappant pas au cliché de l’artiste perturbé, sa consommation d’héroïne devient vite un problème et le mène à cette tragique nuit d’octobre 2003 où il est retrouvé mort à 34 ans, deux coups de couteau dans la poitrine. Officiellement c’est un suicide, officieusement l’enquête n’est toujours pas bouclée.

Sa présence aux Oscars pour la bande son du film de Gus Van Sant Will Hunting fut mal vécue. Alors que la consécration auprès d’un plus large public se profilait, le monde du rock indépendant l’accusait de trahison à cause de sa signature chez le tout nouveau méga label Dreamworks en 1998 aux côtés du pourtant non moins passionnant Eels. Lui même se considérait à l’époque comme un poisson rouge perdu dans un océan de requins.

Quoi qu’il en soit c’est aujourd’hui qu’est livré ce deuxième disque posthume après Basement on the hill, un double album de 24 titres recueillis lors de sessions d’enregistrement entre 1995 et 1997, période la plus prolifique pour Elliott qui correspond aux sorties de son album éponyme et de Either/or. Une chose est sûre, Elliott y est plus vivant que jamais, intarissable d’inspiration, on avait presque oublié à quel point ses productions minimalistes touchent au plus profond. Tout en douceur, les mélopées folk teintées de mélodies pop accompagnent une voix d’une pureté incroyable. Même après toutes ces années, on a l’impression de retrouver un ami, qui par ses mélodies simples et rêveuses accompagnées de guitare sèche nous plongent dans un état étrange.

Tantôt sublime, tantôt intimiste, la musique d’Elliott est un véritable hymne aux loosers, une preuve supplémentaire s’il en faut que la déchéance humaine est source de création. Pour une fois sur un disque posthume, la quasi totalité des titres sont effectivement inédits. L’occasion pour le fan que je suis (vous l’aurez compris) de ressentir la joie de trouver un trésor d’une valeur inestimable, l’assurance d’écouter 24 titres exceptionnels. C’est pourquoi je ne vous orienterai pas sur un titre en particulier mais plutôt sur la discographie du garçon que vous pourrez ensuite conclure par cet ultime adieu d’une étoile filante dans un ciel musical qui lui doit tant.

Pas encore d'extrait de New Moon sur Radio Blog et trop ancien pour qu'il y ait un Myspace donc je vous mets un ancien morceau que j'aime bien, Clementine:



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